Tobie Lolness Timothée de Fombelle
Tome 1 : La vie suspendue
Tome 2 : Les yeux d’Elisha
Tobie a 13 ans et ne mesure qu’1,5 millimètre, taille tout à fait normale à cet âge quand on appartient au peuple de l’Arbre.
Quand commence le récit, Tobie fuit un ennemi redoutable qui en veut à sa vie. Il a le tort d’être le fils d’un savant qui refuse de livrer sa dernière invention : un robot qui pourrait creuser profondément dans l’arbre en utilisant la sève comme énergie motrice. Cette invention, mal utilisée, risquerait de mettre le grand chêne ne péril.
Chassée des Cimes, la famille Lolness a dû se réfugier dans les Basses Branches mais ça ne suffit pas à satisfaire la cruauté et l’arrivisme de Jo Mitch, éleveur de charançons, entrepreneur de travaux publics, esclavagiste forcené.
Entre amitié et trahison, Tobie ne sait plus à qui faire confiance. Et qui sont ces « Pelés » au teint brun que Mitch, Léo Blue et leurs semblables rendent responsables de tous les malheurs du peuple de l’arbre ?
Pendant trois ans, Tobie erre à travers ce monde végétal, métaphore de notre planète
Les deux volumes de ce roman se lisent d’une traite.
Roman ouvertement militant, écologiste, antiraciste fait découvrir un univers complet, fascinant, à hauteur de l’infiniment petit.
On peut aussi apprécier l’écriture de T. de Fombelle, qui livre aux jeunes lecteurs des réflexions existentielles ; comme celle du vieux Jalam :
« Je ferme la marche. Si je reste derrière, je prendrai ma retraite quelques enjambées plus tard… C’est toujours ça de gagné […] partir, c’est vivre un peu plus » (p43).
Des jeux sur la langue émaillent le livre :
« On connaît la réputation des bûcherons. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont du mal à aborder avec sincérité les sujets sensibles. Eux-mêmes se moquaient parfois de ce qu’ils appelaient leur « langue des bois ». L’expression s’est ensuite transformée en « langue de bois » et s’est répandue bien au-delà de leur corporation. On observe la même évolution pour la formule « gueule des bois » qui rendait hommage au goût des bûcherons pour la fête. » (p155).
Et puis, il y a l’inénarrable soldat Patate, sorte d’héritier du Berrurier de F Dard : « C’est moi, sauf votre respect, votre obligeance. Souffrez que je vous aie fait peur ? […] je m’excuse de vous demander pardon de l’ingérence de ma curiosité, mon major, mais pourquoi vous êtes-vous mangé l’épaule ? » (p14)
Les deux tomes sont joliment et malicieusement illustrés par François Place.
(à partir de 11 ans ; mais je ne désespère pas que Sphynx le lise un jour)