Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Forum littérature, roman, polar, poésie, théâtre, BD, SF, auteurs et livres du monde entier sur le forum littéraire et tous les arts, cinéma, peinture ...
Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots.
Nombre de messages : 752 Age : 65 Localisation : Morbihan Date d'inscription : 18/08/2006
Sujet: Véronique Ovaldé Lun 11 Aoû 2008, 15:00
Et mon coeur transparent Editions de l'Olivier
Premières phrases :
La femme de Lancelot est morte cette nuit. Le jour de leur rencontre, quand il lui avait annoncé, Je m’appelle Lancelot, il avait pris un air tout à fait désolé, un air contrit qui l’avait conquise. Elle avait répondu, Eh bien, qu’à cela ne tienne, je t’appellerai Paul. Elle avait éclaté de rire quand il avait ajouté que son patronyme était Rubinstein. Lancelot Rubinstein. Il s’était senti à la fois vexé et charmé par le rire de sa femme –qui n’était pas encore sa femme. Elle avait un rire qui rebondissait, un rire qui faisait de petits sauts sur les surfaces lisses et réfléchissantes alentour. Lancelot Rubinstein s’était dit qu’il allait avoir du mal dorénavant à s’en passer. Ç’avait à voir avec quelque chose de chaud et de laineux. C’était ce qu’il s’était dit ce soir-là, le soir du jour de sa rencontre avec sa femme. Lancelot était un homme qui pouvait penser qu’un rire était chaud et laineux.
Difficile d'accrocher au premier abord : la rencontre entre Lancelot et Irina est des plus loufoques (Lancelot reçoit sur la tête une chaussure, celle d'Irina, lançée par la fenêtre), il quitte sa femme Elisabeth, après 19 ans de vie commune, d'une phrase : je vais partir Irina se trompant de prénom.... découvrant que les meubles disparaissent en sortant de leur appartement..... et puis :
Je vais filmer des ours. Un trou s'ouvrit sous Lancelot, il y avait un gouffre sous ce lit, il était aspiré dans un abîme où il pourrait autant qu'il voulait hurler et se débattre, il se retint aux draps, se crispa, il sourit mais ça ne ressemblait à rien, il répéta, Filmer des ours ? et elle hocha la tête et dit très doucement : Oui, tu te souviens, c'est mon métier.
Là j'ai abandonné, à regrets... Pour le reprendre plusieurs semaines plus tard...plus disponible à cette fantaisie, cette poésie, contrebalancées par des phrases courtes et brutes souvent en début de chapitre comme nécessaires pour amorcer la suite : Lancelot se prépare un thé. ou Kurt Bayer n'a pas vu Lancelot. un effet plutôt raté à mon avis qui casse le ton...
Quelques chapitres très courts en exergue: Une ombre vit sur le visage de ceux qui ont perdu quel- qu'un. L'ombre d'une plante grimpante. Elle croît à leur insu et, quand ils pensent que personne ne les surville, elle baigne lurs traits d'absence, de gravité et de perplexité. C'est un démon discret qui habite leur visage. Il se cache dès que quel- qu'un le regarde.
.../...
Irina serait une luciole. Une luciole grillée. Un faible bruit de cuisson et la lumière s'éteindrait. Que reste-t-il donc d'Irina dans sa petite boîte en métal ?
Au final un roman d'amour mélancolique, construit comme un thriller mais qui n'en est pas un... avec une question centrale : la vie de couple se doit-elle d'être transparente ?
Le livre a reçu le prix France culture -Télérama 2008
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
« Ce que je sais de Véra Candida » (L'Olivier), sorti le 20 août reçoit les eloges de rue 89
Citation :
Dans une Amérique du Sud imaginaire, trois femmes d’une même lignée semblent promises au même destin : enfanter une fille et ne pouvoir jamais révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Elles sont toutes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Parmi elles, seule Vera Candida ose penser qu’un destin, cela se brise. Elle fuit l’île de Vatapuna dès sa quinzième année et part pour Lahomeria, où elle rêve d’une vie sans passé. Un certain Itxaga, journaliste à L’Indépendant, va grandement bouleverser cet espoir
mona pilier
Nombre de messages : 752 Age : 65 Localisation : Morbihan Date d'inscription : 18/08/2006
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Dim 13 Sep 2009, 14:53
suis en train de le lire ...
krol neophyte
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 14/11/2009
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Sam 14 Nov 2009, 22:02
C'était comment "Ce que je sais de véra candida" ? Je viens de finir "et mon coeur transparent" et j'ai été un peu déçue, en tout cas, très partagée... Des choses m'ont agacée comme cette façon de ne pas mettre la ponctuation des dialogues et de mettre des "il dit", "il se dit" partout... Je me suis parfois ennuyée et forcée à aller jusqu'au bout. Mais j'ai apprécié certains passages comme le chapitre court cité par Mona et d'autres amusants comme les scènes entre Marie Marie et Lancelot. J'attends donc que "Ce que je sais de véra candida" paraisse en poche pour le lire et me faire une autre opinion de cette écrivain.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Ven 19 Fév 2010, 12:08
Le titre Ce que je sais de Vera candida (éditions de l’Olivier) est révélateur d’une chronique orale sur des itinéraires de femmes qui n’ont pas beaucoup de choix. Comme dit la Grand-mère, Rose Bustamente, à Vera Candida, sa petite fille,
« Parfois on se met dans des situations qu’on ne maîtrise pas et qu’on ne veut pas maîtriser. On ne fait pas toujours ce qui est bon pour soi. »
Mais la grand-mère - dont on découvre la vie a du caractère, et quand elle se fait prendre dans une toile, elle s’en sort avec les moyens du bord. C’est sa leçon de conduite à Véra : « Ne pas perdre de vue [sa] colère et [sa] juste rage ».
Les jambes sont faites pour partir, suffit de les activer. La vie n'a que faire des états d'âme.
Je sais qui est la grand-mère, qui fut la mère, et je vais rejoindre Véra Candida dans cette histoire tonique, menée rondement.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Jeu 25 Fév 2010, 17:52
Ce que je sais de Vera candida
A son tour, Véra Candida décide de mener sa vie comme elle l’entend - ou plutôt comme elle peut sous la pression des évènements ; si on participe à ses craintes et à ses hésitations, on ne tombe jamais dans le mélodrame.
Au contraire ! Il semblerait que le personnage donne du tonus à l’auteur, et à son écriture.
Comme dans toute vie, les rencontres jouent un rôle, et les jolies filles en tirent un bénéfice supplémentaire quand, comme Véra Candida, elles sont intelligentes et résolues. Par moments, le récit devient picaresque, avec des péripéties et des retournements de situations.
L’auteur a su rendre ses personnages sympathiques, et on épouse tout naturellement leur cause, heureux de leurs moments de bonheur, détestant qui leur veut du mal, et approuvant leurs décisions courageuses :
Véra tranche vite, et on lui emboîte le pas, allègrement !
mona pilier
Nombre de messages : 752 Age : 65 Localisation : Morbihan Date d'inscription : 18/08/2006
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Dim 28 Fév 2010, 11:13
oui, ce livre, très différent du précédent, m'a beaucoup plu aussi.
Une fiction-fable très réussie, bien menée, aux personnages contrastés
un rythme soutenu et un ton direct et franc
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Dim 04 Sep 2011, 05:28
On y retrouve le thème éternel de Véronique Ovaldé : l'identification d'une femme. Mais, fait plus rare chez elle, c'est un homme qui en détient les clés : le lieutenant Taibo, personnage touchant, enquêtant sur une histoire de villas cambriolées, pris entre une mère et sa fille. Ici, c'est le réalisme féérique.
Astazie pilier
Nombre de messages : 711 Age : 69 Localisation : ouest Date d'inscription : 03/05/2011
Véronique Ovaldé nous entraîne de nouveau dans une ville inconnue, sise certainement en Amérique Latine. Toujours ce pays imaginaire, où une jeune fille va convoler avec le prince charmant. Gustavo a épousé Vida en lui donnant la sécurité et la richesse.
" Le sol de la cuisine est en grès, comme dans toute la maison . C'est une pierre étrange qui semble adapter sa température à la vôtre , Vida marche pieds nus, ce qui agace Gustavo, et elle sait parfaitement pourquoi cette habitude l'agace, il pense qu'elle lui vient de son enfance au village".
Vida a vécu dans l'ombre de son mari. Leur fille Paloma est partie avec un mauvais garçon. Elle ne supportait pas la vie bourgeoise de ses parents. Un jour, lors de leur absence, la villa a été occupée, rien n'a été dérobé. Gustavo appelle la police, et le lieutenant Taïbo vient constater qu'il y a eu occupation, mais étrange, sans effraction, rien n'a été ni cassé , ni volé.
Vida va rencontrer le lieutenant Taïbo, qui l'aidera à retrouver sa fille. Vida s'ennuie, mais va peu à peu reprendre goût à la vie, avec lui. Les thèmes abordés dans ce livre sont les relations du couple, mère-fille . Véronique Ovaldé a su donner une originalité à ce roman. Tout est possible, parfois mystérieux, les lieux non définis. Le village d' Irigoy est la cité natale de Vida et de l'ami de Paloma
Vida et Paloma sont deux "oiseaux", qui vont peu à peu aspirer à une autre vie. Les "vies d'oiseaux "sont des vies libres , qui s'échappent peu à peu de leur cage.
J'ai regardé la vidéo, après avoir écrit ma critique.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Mar 15 Oct 2013, 04:47
La Grâce des brigands, par Véronique Ovaldé, L'Olivier, 286 p.,
le compte rendu de bibliobs :
Elle a grandi au Canada dans une communauté mennonite spécialisée dans l'élevage de chiens de traîneau, avec un père que la «gnôle de feuilles de frêne» a rendu à peu près mutique, une mère «indéniablement dérangée» qui lui ligotait les mains pour l'empêcher de se masturber et une soeur devenue «marteau» après avoir vu une sorte de partouze printanière mêlant quelques dizaines de milliers de «serpents jarretières à flancs rouges». On comprend qu'elle ait filé à Los Angeles, ce miroir aux alouettes, sous prétexte d'y étudier «la fonction du politique dans la littérature nordique de l'entre-deux-guerres».
Quel regard peut porter un enfant sur une mère qui l'élève «comme on élève les animaux de trait, à la badine ou la schlague»? De quelle manière cela pèse-t-il ensuite sur une vie? Une femme a-t-elle réellement «autant besoin d'un homme qu'un poisson rouge d'un sac à main»? Le roman de Véronique Ovaldé frémit de toutes ces questions, qu'elle a le bon goût de ne jamais surligner.
Car tout ça est raconté comme à la veillée, presque sur le ton de l'improvisation, dans un style élastique et bigarré, tandis que la narration glisse adroitement d'une époque à l'autre, un peu comme chez García Marquez. A l'arrivée, «la Grâce des brigands» a bien le charme, à la fois inquiétant et entêtant, d'un rêve américain.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Jeu 31 Oct 2013, 06:38
"La grâce des brigands", de Véronique Ovaldé
les phrases du début Quand on ne voit plus sa famille ou quand elle a disparu corps et biens, alors ce qui pose problème c’est la façon dont on raconte l’histoire, la vilaine sœur, ce qui est ajouté, ce qui est soustrait, la façon dont je vis l’histoire, différente de celle dont ma mère l’a vécue ou ma mère ou mon père, chacun de nous a une version de l’affaire, et ces versions n’ont aucun point d’achoppement, elles ne se recoupent jamais, et les événements remémorés ne sont pas les mêmes, les dates ne sont pas les mêmes, alors il faudrait pouvoir confronter ces versions, mais puisque la famille a disparu ou bien qu’elle est muette ou démantibulée cette entreprise est impossible et ma vérité devient mensonge, elle n’est que ce que j’ai pu vivre et ressentir, elle est incomplète et blessante et invérifiable, nos versions sont comme deux ou trois droites parallèles qui jamais ne se rejoignent, raconter ma propre histoire devient un projet si artificiel et si solitaire, l’élaboration a posteriori donne l’impression d’une trajectoire, d’une volonté et d’un désir, mais ce n’est qu’une vue de l’esprit. Les détails m’emmènent toujours plus loin que je ne l’aurais voulu, ils ouvrent des digressions, des parenthèses, des souvenirs, je vois mes poupées russes s’accumuler, elles me submergent, tombent du bureau, c’est la fantasia des poupées russes.
Que faire de ces imbrications ? On se voudrait clinique, on devient baroque. Et quand tout s’est calmé, il ne reste que des fragments disjoints, les dalles disjointes du carrelage, et les interstices laissent voir la terre même, la terre battue, sa poussière, sa sécheresse et sa profondeur.
Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
Sujet: Re: Véronique Ovaldé Jeu 31 Oct 2013, 06:44
intéressante cette femme ... ça donne envie de la lire !