Michel Tournier

La goutte d'or, je l'ai je l'ai trouvé ce matin même sur un stand de bouquin à un euros, j'avais vu une émission d'Apostrophes (ina.fr) ou il "défendait" Gaspard Melchior et Balthazar devant une brochette ecclésiastes, c'était assez drôle.
Le roi des Aulnes fait partie de mes livres favoris, et Les météores m'attendent depuis un moment...

A l'intention d'Ode et des Grains intéressés, un très beau passage tiré de Vendredi ou la vie sauvage :

Citation :

Robinson n'avait jamais été coquet et il n'aimait pas particulièrement se regarder dans les glaces. Pourtant cela ne lui était pas arrivé depuis si longtemps qu'il fut tout surpris un jour en sortant un miroir d'un des coffres de La Virginie de revoir son propre visage. En somme il n'avait pas tellement changé, si ce n'est peut-être que sa barbe avait allongé et que de nombreuses rides nouvelles sillonnaient son visage. Ce qui l'inquiétait tout de même, c'était l'air sérieux qu'il avait, une sorte de tristesse qui ne le quittait jamais. Il essaya de sourire. Là, il éprouva comme un choc en s'apercevant qu'il n'y arrivait pas. Il avait beau se forcer, essayer à tout prix de plisser ses yeux et de relever les bords de sa bouche, impossible, il ne savait plus sourire. Il avait l'impression maintenant d'avoir une figure en bois, un masque immobile, figé dans une expression maussade. A force de réfléchir, il finit par comprendre ce qui lui arrivait. C'était parce qu'il était seul. Depuis trop longtemps il n'avait personne à qui sourire, et il ne savait plus ; quand il voulait sourire, ses muscles ne lui obéissaient pas. Et il continuait à se regarder d'un air dur et sévère dans la glace, et son cœur se serrait de tristesse. Ainsi il avait tout ce qu'il lui fallait sur cette île, de quoi boire et manger, une maison, un lit pour dormir, mais pour sourire, personne, et son visage en était comme glacé.

C'est alors que ses yeux s'abaissèrent vers Tenn. Robinson rêvait-il ? Le chien était en train de lui sourire ! D'un seul côté de sa gueule, sa lèvre noire se soulevait et découvrait une double rangée de crocs. En même temps, il inclinait drôlement la tête sur le côté, et ses yeux couleur de noisette se plissaient d'ironie. Robinson saisit à deux mains la grosse tête velue, et ses paupières se mouillèrent d'émotion, cependant qu'un tremblement imperceptible faisait bouger les commissures de ses lèvres. Tenn faisait toujours sa grimace, et Robinson le regardait passionnément pour réapprendre à sourire.

Désormais, ce fut comme un jeu entre eux. Tout à coup, Robinson interrompait son travail, ou sa chasse, ou sa promenade sur la grève, et il fixait Tenn d'une certaine façon. Et le chien lui souriait à sa manière, cependant que le visage de Robinson redevenait souple, humain et souriait peu à peu à son tour.

merci Manic   ce passage est très beau et émouvant

De rien, Ysandre... Je savais qu'il te plairait et que tu le (re)lirais

merci Nicyrle très beau , émouvant..je le relirai de temps en temps

Je ne connaissais pas ce texte , je t 'en suis reconnaissante     

Contente de t'avoir fait plaisir, Ode  
Si tu en as l'occasion, lis Vendredi ou la vie sauvage, c'est un livre court, facile à lire et intense. Tournier disait qu'il le trouvait plus réussi que Vendredi ou les limbes du Pacifique et je suis d'accord avec lui, même si le second est très beau aussi...

Merci du conseil ma Nicyrle , je vais regarder sur le catalogue de la bibliothèque  

je viens de regarder et il se trouve à la biblio dans la partie jeunesse je le prendrai en novembre
peut-être les deux ..m^me si le premier est mieux réussi
je les ai noté sur ma liste qui lol s'agrandit
génial je en tomberai jamais à court de titres hihi grâce à vous tous

J'ai beaucoup aimé "vendredi ou la vie sauvage", du coup je l'ai même acheté à mon petit cousin qui n'a pas encore 10 ans. J'ai parlé avec sa mère de Tournier, elle en avait lu la plupart des oeuvres.
Par contre il est difficile de trouver un autre titre de cet auteur en librairie.

à la biblio de Namur il y a d'autres titres

Le Médianoche Amoureux
Un couple sur le point de se quitter invite ses amis, pour leur annoncer la mauvaise nouvelle, à un festin "un médianoche d'amour et de mer"
Au menu produits de la mer pêchés et cuisinés  par l'homme lui même et histoires racontées par les convives.
C'est le lien entre ces histoires très disparates. Certaines sont plus savoureuses que d'autres, selon les goûts des lecteurs sans doute et peut-être leur humeur du moment.
Tournier revisite des contes et légendes de façon originale.
En tout 20 nouvelles, la première se terminera bien puisque le couple après avoir écouté les (19) histoires de leurs amis restera ensemble.
J'ai adoré

Suzanne, je suis ravie que tu aies aimé Le médianoche amoureux.    Quelle(s) nouvelle(s) as-tu préférée(s). Personnellement, j'ai un faible marqué pour Ecrire debout, histoire inspirée du vécu de l'auteur, qui se prête très bien à une lecture à haute voix (j'en ai fait l'expérience en public) et j'ai beaucoup apprécié, dans un autre genre, Pierrot ou Les secrets de la nuit que je possède également dans un tirage à part d'album grand format pour enfants. Une année, il y a longtemps, je l'ai fait lire à une classe de sixième qui, ensuite, l'a illustrée à sa façon et nous avons montré le résultat à Tournier, à la fois surpris et charmé.
Il a vraiment l'art de détourner les contes et d'en tirer la substantifique moelle.  

C'est vrai que pour "écrire debout" j'ai pensé à toi et à tous les enseignants de mon entourage.
Les 2 nouvelles qui se suivent "Théobald" et la pyrotechnie assez proches dans l'esprit m'ont surprise et amusée (et attristée aussi)
Toutes les légendes et en particulier celle de la musique surtout à cause de la phrase de l'autre "Ce qui prouve que Dieu

Spoiler:

Celle des 2 cuisiniers et d'autres encore mais je crois que je les citerais presque toutes.