Carson McCullers

J'ai retiré mes questions parce que je ne voulais pas qu'Ysandre se sente obligée de justifier sa version.

je n'ai plus la ballade du café triste sous les yeux, mais il serait interessant de voir comment Lymon se présente, et, dans ce qui est notifié explicitement dans le texte, ce qui concerne son attitude et son rôle dans le café-épicerie, le manège de ses oreilles pour séduire Marcy, "l'assaut" qu'il donne contre Amelia dans la bagarre finale.

Pour le jedi, je suis ignorant

Rien à voir non plus avec un lémurien dont la bonté foncière est la caractéristique principale, universellement reconnue...

J'ai rendu le livre à ma médiathèque depuis. Je me souviens tout de même quand j'aurais le temps j'en parlerai à moins que Moon ou Ysandre puissent nous éclairer ?
Je te taquinais Ysandre

ne crois pas que je me sente obligée de quoi que ce soit, mon Rotko ! je ne me sens obligée que lorsque mon coeur me le dit. Alors, pas de problème avec vous.
Pour ce qui est du Jedi, , c'est la seule chose... ? Etre ? qui m'a fait du bien dans Star wear. je dis Etre, parce qu'il ressemblait à ce que je voudrais "être". C'était le prototype (oh ! quel horrible mot) de la bête humaine presque parfaite
Pour en revenir à Lymon, je vais encore réfléchir, (parce que , bizarrement, je réfléchis sur un livre qui ne m'a pas vraiment plu) et comme je lis peu en ce moment (plein de choses manuelles à faire...) j'ai du mal à me recentrer.
Heureusement, vous êtes là, les Grains, pour me rappeler que j'aime lire, réfléchir, et surtout ! que j'aime les autres.
"bonté foncière, universellement reconnue ? " heing, Roko ? tu es sur de ça ? mais non tu plaisantes, comme d'habitude, et te moque de moi. Mais je ne t'en veux pas ! ceux qui me connaissent très bien disent que je suis "une poire" ! comme ça, tu es renseigné .....

je sais ma titite, je ne prends jamais mal ce qui vient de toi, ou de pas mal d'autres d'ailleurs, parce que tu es aussi taquine que Rotko, et moi, dans la foulée !
et Mile ! le taquin !!!!!
ne pas oublier Merwyn qui est un maître es matière !

Non Lymon n'a rien à avoir avec le Jedi ( c'est un autre sujet à mon avis) Il n'a pas la science il est opportuniste et malveillant et complètement acquis à Marcy

IL est proche du Kobold

bah, bien sûr, aucun rapport avec le Jedi !

Ceci dit je suis comme toi Yoda était mon personnage préféré

Ouf, je n'ose même pas imaginer le cheminement qui a mené de Mc Cullers à G. Lucas

C'est cruel, mais je regrette parfois qu'elle ait trouvé un entourage satisfaisant après la publication de ses premières oeuvres. La qualité de sa production s'en est nettement ressentie.

J'ai découvert Carson avec cette lecture commune de La ballade du café triste, je me suis débrouillée ensuite pour lire sa biographie écrite par Jacques Tournier, A la recherche de Carson. C'était un personnage plutôt hors norme qui m'a étonnée, intriguée et séduite. Cet été je poursuis ma découverte avec Frankie Addams, Reflets dans un oeil d'or et Le coeur est un chasseur solitaire...j'espère ne pas être déçue

Reflets dans un oeil d'or

Fini ce jour.
Dévoré.
Maintenant, j'ai mal aux yeux.

Mais ce roman transpire la tragédie (qui est d'ailleurs annoncée dès les premières lignes) et on se demande qui sera sacrifié sur l'autel du mal être des divers protagonistes.

Je n'ai rien à ajouter à ce qu'a dit Rotko.


Une question : laisse t-elle si peu d'espoir dans ses autres livres ?


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le mieux serait de lire Frankie Adams

j'ai presque fini Frankie Addams et j'aime beaucoup, je vous en parlerai

Frankie Addams

Frankie a douze ans, c'est une grande bringue aux épaules étroites qui cet été là n'a plus l'âge de dormir dans le lit de son père et dans le même temps elle n'est pas assez âgée pour intégrer d'autres groupes de filles. Alors dans la cuisine avec son cousin John Henry et la bonne noire Bérénice elle passe beaucoup de son temps à poser des questions existentielles telle que " quelle est notre place dans le monde ? comment se sentir faire partie d'un nous qu'elle cherche désespérément ? ..." toutes ces questions reviennent de façon incessante dans son esprit.
Puis arrive l'annonce du mariage de son frère Jarvis avec Janice et aussitôt Frankie croit avoir enfin trouvé ce nous et se fait désormais appeler Jasmine et partira à la conquête de la ville en annonçant qu'elle n'y reviendra plus jamais et voyagera avec son frère. C'est ainsi qu'elle ira au café La lune bleue où elle découvrira pour la première fois qu'elle peut être l'objet de désir auprès d'un soldat. A partir du moment où elle s'imagnie partir avec son frère le monde l'intègre, elle se sent appartenir à un tout.
Mais cela ne se passe pas ainsi et Frankie devenue F Jasmine sera bientôt Frances.

Ce roman de Carson reprend les thèmes chers à l'auteure : la difficulté à communiquer, l'androgynie et la difformité ( épisode de la foire ), la solitude et l'ambiguité sexuelle. Un très beau roman que je place avant Reflets dans un oeil d'or mais après La ballade du café triste....me reste à lire Le coeur est un chasseur solitaire

ce livre peut voyager

Selon Brautigan

Citation :

"Il n'y a pas pire enfer que de se rappeler intensément un baiser qui n'est pas venu."

Frankie a trop misé sur le mariage de son frère et son intégration au couple ...

je crois qu'on n'en a pas fini avec Lyme, le nain contrefait, dont on a discuté en page 3 de ce fil :

Citation :

il devient une sorte de nain maléfique (avec des oreilles particulièrement mobiles ! on pense à un gnôme nordique), dévoué au mal absolu, caractéristiques absentes au début du récit

.

il nous faudrait lire Loki de Georges Dumézil


Loki est une divinité nordique sans culte, sans fonction précise, mais extrêmement présente parmi les dieux dont il est l'ami, l'auxiliaire aussi précieux que redouté. C'est un être malin, vantard, expert en métamorphoses (serpent, femme, saumon...), source de querelles et de méchantes farces. Incapable de reculer devant une malice irréparable et mortelle, il finit traqué par les dieux, et n'échappe pas à un supplice qui déchaîne à son tour les forces du Mal.

Carson McCullers, Frankie Adams

Rien de commun avec Reflets dans un oeil d’or, ou la ballade du café triste.

Ici c’est la vision de Frankie du haut (1) de ses douze ans qui gouverne le récit. Elle s’ennuie, entre Bérénice, la gouvernante noire, et John Henry, le cousin plus jeune, à la fois réconfortant et agaçant.

Mais l’histoire de Frankie - elle changera bientôt de prénom (2), n’est nullement ennuyeuse. On l’écoute, comme Frankie écoute Bérénice, pour l’inattendu de ses révélations et la couleur musicale de sa voix (3) .

La grande affaire, celle qui occupe l’esprit et le cœur de Frankie, c’est le mariage de son frère avec Janice, à Winterhill, ce qui suppose un voyage, et bien plus encore, échafaude-t-elle, car elle a tout prévu de son avenir, ailleurs plutôt qu’ici.

De Faulkner, Carson McCullers garde la pesanteur du sud, le contexte racial vécu comme carcéral par les gens de couleur, mais aussi par leurs proches, dont Frankie qui parle et se dispute avec Bérénice tout l’après-midi.

Mais aux prisons, à la présence du crime, comme chez Faulkner, Carson McCullers ajoute du Virginia Woolf, le monologue intérieur, la densité de l’instant, qu’on goûte dans sa voix comme l’épaisseur du passé dans la voix de Bérénice.

De la naïveté il y en a, chez Frankie, mais elle touche souvent à la lassitude, à l’envie désespérante que tout change, - ce qui n’est pas acquis, évidemment.

Citation :

Mais comme l'espérance est violente !

(1) elle est grande pour son âge.
.
(2) Frankie, F.Jasmine, Frances.

(3) ce qu’on appelle le ton.

Citation :

le contexte racial vécu comme carcéral par les gens de couleur, mais aussi par leurs proches

Voici ce que dit Bérénice, la nourrice de Frankie, dans son "sociolecte".


Je suis encore plus emp’isonnée que vous
-
Pa’ce que je suis noi’. pace que je suis un femme de couleu‘, chacun est p’isonnier d’une façon ou d’une aut’. Mais les gens de couleu’ sont au-delà de la limite. Ils sont étouffés dans un coin pa’ eux-mêmes Aussi nous sommes d’abord p’isonnier comme tout êt’humain. Et en plus comme gens de couleu’. Quelquefois un garçon comme Honey a l’impression qu’il ne peut plus espé’er (1).

On verra ce qu’il devient plus tard !

J'ai beaucoup aimé cette scène qui finit dans les larmes pour les trois personnages.

L'Effrontée comédie dramatique réalisée en 1985 par Claude Miller serait une adaptation libre du roman Frankie Addams (traduction française de The Member of the Wedding) de Carson McCullers.

Un film qui a lancé charlotte Gainsbourg et dont on a de bons échos. Nul doute pourtant que le contexte soir différent du livre au film...

Reflets dans un œil d'or

Tout est étrange dans cette histoire : les personnages, et l’atmosphère. Au sein d’une garnison, dans un quasi huis-clos, évoluent deux couples, un soldat, et un serviteur. D’emblée, sans que je puisse dire pourquoi, l’ambiance parait des plus lourdes, pleine de non-dits.
L’auteur sait, au fur et à mesure, nous faire rentrer dans l’intimité des personnages, et nous les présenter, et brosser leurs caractères, et, mettre ainsi une pression jusqu’à la dernière ligne.
Carson Mc Cullers, nous invite dans l’intimité de deux couples, dont chacun des composants présente leur part d’ombre, leur croix à porter. Les attirances "anormales" des uns, la frigidité d’une autre, ou au contraire le feu qui couve pour une autre….le feu comme le nom de son cheval, qui dans cet univers est le seul être vivant à peu près normal. Les refoulements s’expriment à demi-mots.

Citation :

« Il était subjugué par un mélange de répulsion et d’attirance, comme si, complètement nu, le jeune soldat et lui s’étreignaient corps à corps dans une lutte mortelle. »

La mort n’est jamais bien loin, dès le départ, elle rôde, cachée quelque part, derrière quelqu’un…mais qui ?
Bien qu’aucun des personnages ne me paraisse plus sympathique que l’autre, j’ai apprécié la qualité d’écriture de Carson McCullers : des mots choisis, une syntaxe élaborée, un vocabulaire imagé, et, cette façon de mettre de faire sentir les choses et les gens. L’ouvrage n’est pas très épais, c’est peut-être aussi pour cela, il n’y a pas de lassitude ; les chapitres sont équilibrés, le texte en est donc assez aéré pour ne pas étouffer.

C'est particulier pour moi car je n'ai pas du tout aimé Reflets dans un oeil d'or Il m'a semblé sans âme
J'ai été conquise par La ballade du café triste et Frankie Adams J'ai en prévision Le coeur est un chasseur solitaire

Je replonge en ce moment avec plaisir dans les nouvelles de McCullers.

Madame Zilensky et le roi de Finlande est une nouvelle très courte mais agréable à lire.

McCullers se propose ici de s'amuser avec le lecteur qui est soumis, sans le savoir, à un petit test. Notre vivacité d'esprit est mise à l'épreuve. Autant le dire - actuellement en vacances et vivant sur une cadence très ralentie - j'ai fait piètre figure!

Madame Zilensky est pianiste, elle fait son arrivée sur un campus universitaire où elle vient enseigner la musique.

Elle est accompagnée de ses trois enfants, et se montre vite très prolixe. Elle raconte non sans plaisir plusieurs épisodes de sa vie au chef du département de musique, M. Brook, qui s'efforce de l'accueillir de son mieux.

Dès le départ, on a le pressentiment que quelque chose ne tourne pas tout à fait rond chez la protagoniste, sans vraiment savoir quoi, jusqu'à ce que M. Brook réalise où se situe le problème. Le lecteur aurait pu, avec un peu d'attention, le comprendre avant le personnage.

C'est un texte très court que je peux partager, cependant, je n'ai que la version originale.

on peut le télécharger en américain sur cette page.

Dans les messages précédents, on a parlé de la ballade du café triste, une oeuvre un peu à part, qui, à mon avis, se référe à la figure mythique du nain maléfique.

Ballade du café triste 1/2

J'ai lu avec intérêt vos commentaire sur La ballade du café triste. Je ne partage pas trop l'idée que Cousin Lymon serait véritablement "maléfique", comme le dieu nordique Loki, ou un troll (un troll, c'est grand, c'est une force de la nature, souvent c'est bête ; mais pour le gnome, je suis d'accord ). À mon avis, il n'y a pas chez Cousin Lymon de machiavélisme, il serait plutôt foncièrement égoïste, opportuniste et influençable. Sa méchanceté n'est pas calculée, et quand arrive Marvin Macy, il est impressionné par le personnage, voire fasciné. Lui qui n'a fait que raconter des aventures qu'il n'avait jamais eu, lui qui n'est que vantardise, voilà qu'il est en face d'une légende, d'un type qui a fait les quatre cents coups et bien plus. Je pense que Marvin Macy est un peu la réalisation de ce qu'il prétend être, et le côté mauvais du personnage ne le dérange pas, vu que lui-même est toujours un peu sur le fil du rasoir.

Ça fait de tout ça une histoire assez dérangeante, c'est sûr, avec une atmosphère mélancolique (dès le départ on sait que ça se terminera mal, puisque tout l'histoire est un retour en arrière). Tout est détourné, et ce qui m'a paru aussi intéressant dont personne n'a parlé avant, c'est le triangle amoureux bizarre. Deux hommes - une femme : on s'attendrait à ce que la "bataille" se joue entre les deux hommes pour la femme. C'est vrai que Miss Amelia ressemble plus à un homme par certains côtés ; finalement c'est un homme contre un "garçon manqué" (le terme n'est pas bon mais je n'en trouve pas de mieux) pour un nain bossu sans âge (un enfant ?). D'ailleurs l'enjeu de la bagarre, pour Amelia, c'est non seulement le nain, mais ce qu'elle a bâti avec lui (ou ce qu'elle a cru bâtir), et qu'il détruit allègrement en partant.

Ballade du café triste 2/2

En parlant de l'amour... Il n'est jamais partagé, il ne peut pas l'être semble nous dire l'auteur

Citation :

First of all, love is a joint experience between two persons - but the fact that it is a joint experience does not mean that it is a similar experience to the two people involved. There are the lover and the beloved, but these two come from different countries. Often the beloved is only a stimulus for all the stored-up love which has laim quiet within the lover for a long time hitherto. And somehow every lover knows this. He comes to know a new, strange loneliness and it is this knowledge which makes him suffer. So there is only one thing for the lover to do. He must house his love within himself as best he can ; he must create for himself a whole new inward world - a world intense and strange, complete in himself. Let it be added here that this lover about whom we speak need not necessarily be a young man saving for a wedding ring - this lover can be a man, woman, child, or indeed any human creature on this earth.

Now, the beloved can also be of any description. The most outlandish people can be the stimulus for love [...]. The beloved may be treacherous, greasy-headed, and given to evil habits. Yes, and the lover may see this as clearly as anyone else - but that does not affect the evolution of his love one whit. A most mediocre person can be the object of a love which is wild, extravagant, and beautiful as the poison lilies of the swamp. A good man may be the stimulus for a love both violent and debased, or a jabbering madman may bring about in the soul of someone a tender and simple idyll. Therefore, the value and quality of any love is determined solely by the lover himself.

It is for this reason that most of us would rather love than be loved. Almost everyone wants to be the lover. And the curt truth is that, in a deep secret way, the state of being beloved is intolerable to many. The beloved fears and hates the lover, and with the best of reasons. For the lover is for ever thing trying to strip bare his beloved. The lover craves any possible relation with the beloved, even if this experience can cause him only pain.

Je crois que ce passage explique certaines choses.
1. Sur le sexe ; c'est ambigu, bien sûr, mais je pense que la relation entre Amelia et Cousin Lymon est platonique (cf. la phrase en rouge) ; d'un autre côté, la façon dont sont traités les commérages prouvent que ce n'est pas le coeur du problème ("The good people thought that if those two had found some satisfaction of the flesh between themselves, then it was a matter concerning them and God alone.")
2. Si on entre dans la logique expliquée par ce passage, l'amour est à sens unique, et agit comme un repoussoir sur celui qui est aimé (phrase en bleu); donc le nain se lasse d'être si tendrement aimé par Amelia. De même qu'Amelia ne supporte pas d'être aimé par Marvin Macy. Finalement, la boucle est bouclée quand le nain rejoint Marvin Macy (puisque c'était le seul des trois qui n'avait pas aimé).
3. phrase en vert : on a eu les 3, dans cet ordre : l'homme (Marvin Macy), la femme (Amelia) et l'enfant (le nain), car je pense que pour pas mal de choses on peut le comparer à un enfant mal élevé, à un "sale gosse" (son âge est d'ailleurs très flou)

Désolée pour ce post méga long :sifl:en même temps, c'est vrai qu'il y a tellement à dire... Je ne sais pas si je peux dire qu'on aime ou qu'on n'aime pas (moi j'arrive pas à me positionner en tout cas  ), mais de toutes façons, cette histoire fait réfléchir !