James Ivory

Maurice de James Ivory

Pourquoi le film m'a-t-il légèrement ennuyé alors que le début du livre m'intéresse ? J'avais l'impression de voit un film costumé avec des gravures de mode (cf la couverture de "Maurice" chez 10/18.), des personnages stéreotypés d'une société figée. Il est vrai que la version doublée n'arrange pas les choses...

Pourtant le film avai tle mérite de suivre le roman qui traite du tabou homosexuel : le professeur évite le passage de Platon qui mentionne, dit-il, "l'horrible vice des Grecs",, le docteur refuse d'écouter son patient, Maurice met du temps à accepter son homosexualité, durham la refuse et la dissimule par un mariage, les proches nient les évidences...

Là où Forster est dépouillé, James Ivory installe toilettes, dîners et décors à n'en plus finir, jusqu'à installer une froideur que brisent parfois des élans de violence.

Difficile de faire des images et des textes sur l'homosexualité ! tiens, je vais ouvrir un fil en sciences humaines.

J'ai revu : Chambre avec vue de James Ivory

J'avais bien aimé le film et le revoir ne m'a pas enchanté, j'ai trouvé l'univers dépassé, trop de décorum et si l'auteur dénonce la société bourgeoise, le fond reste une histoire sentimentale assez ordinaire.
J'ai eu le même sentiment avec Jane Austen et les séries de Maupassant...

La critique de la bourgeoisie et des mondanités de l'époque est bien vu même si le fond de l'histoire reste assez superficiel.
J'ai l'impression que cette époque ne me touche pas, trop lointaine, dépassée. La critique est judicieuse et pourrait être aussi vraie aujourd'hui mais vraiment j'éprouve un ennui, dû à l'époque ? à l'histoire ?


Début du XXe siècle. Lucy Honeychurch, une jeune anglaise de bonne famille, visite Florence en compagnie de sa cousine, une vieille fille. Dans la pension ou elles sont installées, Lucy rencontre George Emerson. Devant l'attirance de Lucy pour George, sa cousine la ramène en Angleterre ou Lucy doit épouser Cécil Vyse, un être ennuyeux...

Citation :

Grand succès populaire couronné de nombreux prix, Chambre avec vue confronte les sentiments à l’hypocrisie de la société victorienne par le biais d'une adaptation du roman d’[url]E.M. Forster[/url].

Un happy end ... un peu long à venir ...

Le film de James Ivory, à mon sens, pêche pour "Maurice", dans deux domaines :

- le rythme : celui du livre est rapide, avec de courts chapitres et des interventions d el'auteur qui expliquent les attitudes et l'évolution des sentiments. James Ivory suit trop fidèlement les scènes - qu'il fait durer, sans donner les jalons fournis par les commentaires.

- la parti pris esthètisant, qui veut des paysages verts en plein été, y compris pour l'Acropole sous le soleil ! Les maisons de deux familles sont en très bon état, alors que la demeure de l'ami de Maurice reflète le laisser-aller, avec des poteaux de portail qui penchent, des fuites dans les toîts, sorte de dossier à charge contre des aristocrates incompétents, qui prétendent à la direction des affaires de l'Etat.

Voir EM Forster

Hier soir sur ARTE, un film exceptionnel (et dans notre monde de superlatifs, ce mot si galvaudé est réhabilité ici) :
Les vestiges du jour.
Film de James Ivory avec Anthony Hopkins, Emma Thompson, Christopher Reeve, Hugh Grant...

d'apres le livre de ishiguro.

Citation :

Stevens, majordome depuis trente ans, s'accorde quelques vacances. Il voudrait revoir miss Kenton, l'ancienne gouvernante qu'il aima autrefois et laissa épouser un autre homme. Car Stevens a voué sa vie à servir son maître, lord Darlington...

Devoir. Ce mot, Stevens le porte comme un corset, le ressasse comme un commandement sacré. Dans le château fastueux, Stevens régente l'ordre immuable des choses. Un objet déplacé, un souffle de poussière menacent son honneur. Comme la percée d'un sentiment amoureux, comme toute opinion personnelle qui pourrait contrarier son maître. Au point de renvoyer deux servantes juives, lorsque son grand homme, aux sympathies pronazies, reçoit en secret des dignitaires allemands. Anthony Hopkins, magistral, parvient à rendre cet implacable larbin touchant, discrètement pathétique. Un frémissement parcourt comme une onde ce grand corps rigide. Un infini de nuances chavire dans ces yeux bleus.
source Télérama

A la fin du film, une métaphore avec un pigeon qui pénètre dans la pièce où se tiennent Anthony Hopkins et Christopher Reeve. Le pigeon est passé par la cheminée, comme le Père Noël. Le volatile s'envole dans la pièce et tente de s'échapper en cherchant une ouverture au plafond. Sans succès, bien évidemment. Il se pose ensuite au sol et Superman le prend dans ses mains, le conduit à la fenêtre, et le relache. Travelling arrière, la caméra s'éloigne du château par les airs. Générique de fin.
Une métaphore se glisse la dessous. J'en suis convaincu, mais elle m'a échappé. Si vous avez une idée...

les vestiges du jour,

je suis moins enthousiaste qu'Harelde sur ce film que j'avais vu sur écran.

Quant au pigeon, aucune idée, d'autant que je n'aime guère ce volatile dans les villes et les jardins.

Transition facile pour dire ce qui me gêne dans le livre et le film : le personnage principal, un domestique qui a l'âme d'un domestique. Toute sa vie aura été celle d'un larbin, même si sur le tard son regard s'ouvre un peu.

Il a reduit sa propre personne mais aussi tout le personnel (des humains !) à une fonction : celle de servir.

D'où un aveuglement sur le maître qui a des sympathies pro-nazies accentuées, et sur tous ceux qui l'entourent.

Le film m'avait paru lent, comme souvent chez Ivory, trop sensible à mon goût aux costumes et aux décors, ce qui lui vaut par certains la réputation d'être academique.

D'Ishiguro j'avais donc préféré un artiste du monde flottant.

rotko a écrit:

les vestiges du jour,
Le personnage principal, un domestique qui a l'âme d'un domestique. Toute sa vie aura été celle d'un larbin, même si sur le tard son regard s'ouvre un peu.

Il a réduit sa propre personne mais aussi tout le personnel (des humains !) à une fonction : celle de servir.

Comme beaucoup de domestiques très stylés. Dans la vieille aristocratie britannique, désuète et étriquée, ce personnage glacial ne me choque pas. Il va parfaitement avec le décor, les dorures. Un dinosaure, vestige d'une époque révolue mais qui résiste au modernisme. On est en plein dans Henri James, non ?

De plus, le père de ce domestique était lui-même majordome. Il a donc été élevé (formaté) dans ce monde de servitude. C'est la seule vie qu'il connaisse. Et il se montre incapable de s'en extraire, malgré ses efforts.

rotko a écrit:

D'où un aveuglement sur le maître qui a des sympathies pro-nazies accentuées, et sur tous ceux qui l'entourent.

Là encore, je ne suis pas sur !
Le maitre serait pro-nazi ? Il dit avoir eu un ami allemand qu'il a l'impression d'avoir trahi avec le traité de Versailles. Et l'honneur est plus fort que tout pour ce comte saupoudré de naphtaline. A tel point qu'il soutient l'Allemagne envers et contre tous. Il soutient l'Allemagne, pas les nazis. Il met à la porte les deux servantes juives pour ne pas choquer les allemands qu'il désire satisfaire. Mais, pris de remords, il s'en ouvre et dit avoir mal agit. Il n'est pas antisémite. Déconnecté, rigide à l'excès... Il n'est pas dénué de défaut, mais ce n'est pas, à mon sens un sympathisant nazi.
Quand au majordome Stevens, il est entièrement dévoué à son maître. Peut-être un peu lâche aussi. Il préfère mettre de côté ce qui pourrait le gêner et ne garder que les bons côtés.

Citation :

A tel point qu'il soutient l'Allemagne envers et contre tous. Il soutient l'Allemagne, pas les nazis. Il met à la porte les deux servantes juives pour ne pas choquer les allemands qu'il désire satisfaire. Mais, pris de remords, il s'en ouvre et dit avoir mal agi

Est-ce anodin ? ou révélateur d'une idéologie appliquée brutalement dans la sphère privée, sans autre motif de renvoi ?

Il est possible que cet aspect soit moins visible dans le film, mais il est évident dans le livre. On voit alors le majordome soutenir la cause de son maître, non par accord pour ses idées mais parce qu'il est le maître. Ce dernier organise d'ailleurs dans son chateau des reunions secrètes de partisans nazis qui rappellent les menées de Joseph Kennedy, père de JFK, à Londres comme ambassadeur.

Spoiler:

J'ai vu hier Retour à Howards End, et c'est un chef-d'œuvre.

Tout d'abord, il faut saluer Anthony Hopkins et Emma Thompson (oscarisée), ainsi que Helena Bonham Carter, sur qui repose l'intrigue, et qui sont tout bonnement excellents.

Adapté d'un roman de E.M.Forster, l'histoire se déroule dans l'Angleterre victorienne, et met aux prises trois familles très différentes : les Wilcox (très riches parvenus), les Schlegel (bourgeois descendants d'une noble famille allemande) et les Bast (pauvres).

Mme Wilcox, sur le point de mourir, fait un legs à Margaret Schlegel, femme progressiste qui lui a dévoué son temps et son amitié; ce legs, c'est la propriété de Howards End. Cependant, la famille de Mme Wilcox détruit ce testament pour conserver la maison.
L'intrigue est trop touffue pour que je la résume en entier, mais je conseille véritablement ce film. Et certains plans de Ivory sont tout simplement géniaux et d'un esthétisme hors-pair.

Pour indication, voici les nominations et récompenses du film :

* Festival de Cannes : Prix du 45e anniversaire du Festival International du Film 1992
* César 1993 : Nomination Meilleur film étranger
* Oscar 1993 : Oscar de la meilleure actrice pour Emma Thompson, Meilleur scénario adapté, Meilleurs décors
* Golden Globe 1993 : Prix de la Meilleure actrice dans un drame pour Emma Thompson
* BAFTA du meilleur film 1992