Jonathan Coe [Angleterre]

jonathan coe :
vous saviez qu'il avait écrit sur humphrey bogart et james steward ? oui ? bon, moi j'en savais rien

Cécile a écrit:

... moi non plus.

Je viens de terminer "la pluie, avant qu'elle tombe"
...
j'avais lu de lui "testament à l'anglaise ", adoré
"la maison du sommeil", bien aussi
"bienvenue au club", bof

J'ai fini mon Russo, alors je vais bientôt l'attaquer, sauf qu'il y a aussi le Indridason dans la PAL et j'hésite, mais bon...
Je suis tout étonnée de ton "bof"
Je me suis vraiment régalée avec Bienvenue au club et Le Cercle fermé. J'ai bien aimé la façon dont on voit évoluer ces "ados sous Thatcher" en "adultes sous Blair"
Avec cette peinture très acerbe de la société anglaise et beaucoup de tendresse pour les personnages.
Tu peux en dire plus sur ce qui motive ta déception ?

J'ai littéralement "dégusté" ce roman dans lequel Jonathan Coe s'exprime d'une manière toute en nuances, très délicate.
Des thèmes que l’on découvre à travers l’histoire d’une lignée de femmes marquées par le manque d’amour, de filiations ratées où les mères paraissent incapables de s’occuper de leurs filles qui, à leur tour, saccageront leurs relations avec leurs descendantes.

On suit leur parcours parsemé de rares moments de bonheur à travers la voix de celle qui fut le témoin privilégié de leurs vies.
L'amie homosexuelle qui, au soir de sa vie, enregistre ses souvenirs sur cassette en regardant des photos qui font remonter à son esprit les moments d’enfance, d’adolescence, de l’âge adulte et de la vieillesse. Des images jaunies qui efffacent le temps parce que liées à des souvenirs précis, vivants, bouleversants.

Tout l’art de Coe consiste à rendre familiers, terriblement présents, ce personnage de femme parvenue à la fin (programmée) de sa vie aussi bien que tout ce qu’elle décrit entre deux gorgées de bourbon.

La pluie avant qu'elle tombe

Etonnée de l'atmosphère légère, vive (même si la tristesse est là de bout en bout) de ce roman.... J'avais gardé un souvenir étouffant frisant l'ennui de Testament à l'anglaise

Un bon roman, bien écrit, bien construit, aux personnages subtilement mis en scène.

Un peu plus de sourire et il serait parfait....

Le cercle fermé


L'autre jour je ne savais pas quoi lire alors j'ai pioché un roman au hasard et je suis très bien tombée !
Jonathan Coe est à coup sûr un grand romancier et sa littérature est tout sauf anecdotique.
Même si je n'avais pas lu le tome précédent, j'ai tout de suite accroché aux personnages et j'ai trouvé la description des années Tony Blair absolument époustouflante.
C'est drôle - d'un humour grinçant so british ! - et passionnant. Jonathan Coe distille par petites touches des analyses de la société contemporaine et à travers ses personnages en montre les différentes facettes. C'est l'occasion de pointer du doigt les mensonges politiques, les arnaques économiques - mais jamais trop lourdement. C'est aussi l'occasion de peindre l'écart des générations, la peur qui s'infiltre et qui corrompt le jugement.
Mais les différents personnages ne sont pas qu'un prétexte pour montrer tout cela. On suit leur évolution avec avidité, attendant chaque retournement de situation.
Pour ne rien gâcher c'est très bien écrit, d'une écriture fluide qui n'hésite pas à emprunter les formes modernes de la communication (comme les e-mails).

Un petit passage assez représentatif et qui m'a fait rire - mais jaune :

Citation :

Dans sa voiture, en route pour Le Petit blanc sur Brindley Place, Benjamin lui demanda : "Pourquoi c'est l'enfer de voir papa et maman ?
- Tu les as vus récemment ?
- Je les vois toutes les semaines, répondit Benjamin d'un ton de supériorité qui le fit grimacer.
- Tu ne les trouve pas bizarres ? A moins qu'ils n'aient toujours été comme ça. Quand j'ai dit à papa qu'on allait en ville ce soir, tu sais ce qu'il m'a répondu ? "Faites attentions aux voyous." "
Benjamin fronça les sourcils."Aux voyous ? Quels voyous ?"
- Aucune idée. Il n'a pas précisé. Mais il était convaincu que si on allait au centre-ville un jeudi soir, on allait se faire attaquer par une bande de voyous quelconque. Il a pété les plombs."

Moon, faut que tu lises le premier,
ce qui est d'autant plus jouissif, c'est de voir quels adultes donnent
les adolescents que l'on suit..
La résignation, le reniement de valeurs ô combien importantes par le passé !

Oui oui je viens de le commencer, tout à fait réjouissant ! En fait on peut les lire dans n'importe quel ordre puisque à la fin du deuxième tome (Le cercle fermé) Jonathan Coe parle d'une conversation entre Patrick et Sophie et c'est cette conversation qui démarre le premier tome (Bienvenue au Club). Bien sûr ça m'enlève pas mal de surprises, mais bon, ce n'était pas prémédité.

L'horrible Paul Trotter version l'adolescent c'est génial... (entre autres).

La pluie avant qu’elle tombe

Rosamond est morte mais une confession enregistrée doit être remise à Imogen. 20 photos sont disséquées, expliquées, que ce soient les lieux, les odeurs, les couleurs de l’endroit où elles ont été prises. Rosamond veut expliquer des années quarante à ce jour, le long parcours de femmes d’une même famille, du moins des femmes aux liens très forts.
Livre un peu angoissant, certes bien écrit, mais que j’ai trouvé personnellement obscur. Quelques détails m’ont échappé sans doute.
Je termine en me disant : je n’ai pas tout compris ou alors trop hermétique ? je ne sais mais je l’ai lu quand même avec plaisir.

B.S. Johnson, histoire d'un éléphant fougueux
de Jonathan Coe , traduit par Vanessa Guignery, chez Quidam Editeur.


" Raconter des histoires, c'est raconter des mensonges ", tel était le refrain obsessionnel de l'écrivain britannique B.S. Johnson (1933-1973), adepte d'une écriture-vérité au service d'une sincérité absolue et d'une mise à nu des sentiments, admirateur du Nouveau Roman et fervent défenseur d'innovations formelles de tous ordres qu'il mit en pratique dans des ouvrage aussi poignants et insolites que Albert Angelo, Chalut, Les Malchanceux, Christie Malry règle ses comptes ou R.A.S. Infirmière-Chef.

Issu de la classe ouvrière, évacué de Londres pendant la Seconde Guerre mondiale, sujet à des expériences mystiques, à la fois isolé et très entouré, Johnson ne cessa tout au long de sa carrière de s'inspirer des épisodes de sa vie personnelle pour livrer au lecteur une émotion brute et exorciser ses propres démons

selon l'éditeur.

darabesque a écrit:

La pluie avant qu’elle tombe

Rosamond est morte mais une confession enregistrée doit être remise à Imogen. 20 photos sont disséquées, expliquées, que ce soient les lieux, les odeurs, les couleurs de l’endroit où elles ont été prises. Rosamond veut expliquer des années quarante à ce jour, le long parcours de femmes d’une même famille, du moins des femmes aux liens très forts.

Ce serait un roman à clefs qui renverrait notamment à Rosamond Lehman, auteur anglaise de romans sentimentaux.
Jonathan Coe :

Citation :

Les photographies ont cette capacité, ce pouvoir : elles capturent des moments éphémères mais parfois incroyablement chargés de sens. La narratrice de La Pluie, avant qu'elle tombe égrène des instants de ce type.

Un critique y voit un plaidoyer en faveur de la liberté et de l’indépendance des êtres, l'éloge des qualités humaines : les personnages sont des êtres fragiles, un peu velléitaires, avançant avec courage, mais à tâtons dans le monde.

Jonathan Coe, revient avec un nouveau récit intimiste, La vie très privée de Mr. Sim (Gallimard),

Max Sim, est un antihéros par excellence, voué à l’échec dès sa naissance... Il découvre les papiers intimes de son père.
l’échec est l’un des ressorts du comique…

Dans la vie[...]de Sim, Coe passe de la comédie légère à la tragédie, du vaudeville picaresque à la démystification féroce d'un monde que des technologies machiavéliques transforment en un gigantesque miroir aux alouettes.
présentation détaillée dans l'Express.

Il semble chouette ce livre.

Pour le moment je suis toujours dans Le testament à l'anglaise et je découvre des passages vraiment horrifiants sur Dorothy et l'industrie agro-alimentaire. Beurk mais quelle famille !

J'ai lu de lui "La pluie avant qu'elle tombe", dont j'ai gardé un agréable souvenir même s'il ne m'a pas bouleversée. "Le testament à l'anglaise" est sur ma liste, vivement que son tour arrive !

rotko a écrit:

Ce serait un roman à clefs qui renverrait notamment à Rosamond Lehmann, auteur anglaise de romans sentimentaux.

Euh...

Je m'insurge modestement... mais fièrement !


C'est un bon auteur, avec un travail sur la psychologie fouillé, qui dépasse le simple roman "sentimental".

Ce terme est réducteur et dépréciatif. Sauf à dire qu'une George Eliot fait aussi du roman sentimental. Ce qui n'est pas faux. Mais pas représentatif.

rotko a écrit:

Ce serait un roman à clefs qui renverrait notamment à Rosamond Lehmann, auteur anglaise de romans sentimentaux.

Crevette a écrit:

Euh...

Je m'insurge modestement... mais fièrement !

Tu as raison. C'est ton devoir de me rabrouer quand je dis des bétises.

J'ai dû répéter sottement ce que j'ai lu quelque part (d'où le conditionnel).

PUNITION : lecture commune de Rosamond dans un futur proche.


Et pourquoi pas un thème autour de la littérature vintage anglo-saxonne par exemple.

c'est quoi la "litterature vintage", comme tu dis

vintage = retro

grosso modo : les années 30/40

Colette est dedans par exemple. Tout est vintage en ce moment : la déco, les fringues...

Certains forums ont des rubriques vintage. Il y a comme une nostalgie de cette période là. Entre les 2 guerres.

Syl a écrit:

Différents romans écrits par Jonathan Coe :
- La Femme de hasard (The accidental woman) (1987)
- Une touche d'amour (A Touch of Love) (1989)
- Les Nains de la mort (The dwarves of death) (1990)
- Testament à l’anglaise (What a carve up !) (1994)
- La maison du sommeil (The house of sleep) (1997)
- Bienvenue au club (The Rotters' Club) (2001)
- Le Cercle fermé (The Closed Circle) (2004)

Alors, en ce qui concerne "Testament à l'anglaise" :
Ce que j’en ai retenu et mes impressions :

Un jeune écrivain anglais, Michael Owen, est pressenti par une vieille dame pour écrire un livre sur sa famille, les Winshaw. Famille bien connue, fortunée, dont les membres sont, pour la plupart, plus odieux et abjects les uns que les autres. Ils se détestent cordialement. Leur unique but dans la vie est la notoriété et la richesse (à n’importe quel prix).
Dans cette "belle" famille, on trouve entre autres un financier véreux, un marchand d’armes, un propriétaire de galerie d’art (qui exerce ce métier plus pour coucher avec de jeunes femmes que par amour de l’art), une « pipelette» soi-disant journaliste qui égratigne les uns et les autres dans les journaux et dans les médias, une « empoisonneuse » (reine de la nourriture frelatée, des animaux élevés en batterie et bourrés de produits chimiques, dénuée du moindre sentiment humain – c’est à ce chapitre-là que j’ai failli arrêter le livre, étant dotée d'une sensibilité exacerbée quant aux mauvais traitements infligés aux animaux ), etc.

Michael Owen sera en proie lui-même à des problèmes personnels qui, finalement, viendront s’imbriquer dans l’histoire des Winshaw.

Au travers de ces personnages, Jonathan Coe égratigne (à juste titre, je pense) la société anglaise de l’époque du « Tatchérisme».
Cette critique féroce et réaliste (petites retraites, manque de lits dans les hôpitaux, etc) de la société anglaise de l’époque au travers de la famille Winshaw, est très bien faite et la fin du livre (bien qu’un peu invraisemblable, du moins à mon avis) vaut la peine de le lire jusqu’au bout.

J'ai fini Testament à l'anglaise. Je suis hyper emballée par cet auteur que j'ai découvert ici.
Ce livre est extrêmement bien documenté, à mon avis Jonathan Coe a du abattre en sacré travail pour l'écrire.
La galerie de personnages hérisse les poils qu'il s'agisse du financier, du galériste, de la simili rédactrice de journal à sensation, ou du marchand d'armes. Ils sont tous répugnants
J'ai été très sensible à la description de l'état de l'hôpital public et du système de santé. Et puis il y a cette pointe d'humour britannique que j'affectionne tant, un bel humour noir.

Il sera l'un des invités de La grande librairie sur France 5 jeudi soir, 3 février, à 20 h 35 pour La vie très privée de Mr Sim

rotko a écrit:

Coe passe de la comédie légère à la tragédie, du vaudeville picaresque à la démystification féroce d'un monde que des technologies machiavéliques transforment en un gigantesque miroir aux alouettes.

un régal ce livre

hilarant, très bien écrit

la tragédie c'est beaucoup dire ...

j'ai ri c'est sûr ! on peut réfléchir mais cela reste assez superficiel tout en étant très intelligent

divertissant et c'est ce qu'il me fallait

bref, j'ai passé un excellent moment à le lire

mona tu parles de La vie très privée de Mr Sim ? Donc il vaut tout de même la lecture ? Chouette