Satyajit Ray

le monde d'Apu.
Sur une intrigue simple, Satyajit Ray réalise une belle oeuvre, dense et touchante. Les attitudes sont un rien théatrales mais la mise en scène est remarquable pour les paysages et décors. Les personnages sont lumineux.

Dans la deuxième partie du film, le cinéaste a sans doute réduit une periode qui durait plusieurs années dans le roman initial.
Toute l'histoire tourne autour du personnage principal, un étudiant talentueux qui veut être écrivain : le manque d'argent et l'adversité l'amènent à travailler dans des conditions difficiles.

C'est aussi une histoire d'amour inattendue :



Ce film fait partie de la TRILOGIE D’APU : La complainte du sentier - L’invaincu - Le monde d’Apu

Youssef Ishaghpour,


125 p. Editeur : La Différence

L’œuvre de Satyajit Ray constitue un continent, non pas tant parce qu'il s'agit de l'Inde, mais à cause de la diversité des problèmes, des approches. des genres et des styles de ses films. Satyajit Ray a été, à lui seul, tout un cinéma, ayant dû parcourir un monde complexe, en tout sens et à tous les degrés de l'échelle sociale, historique et culturelle.

Pendant près de deux siècles, la pénétration occidentale, en l'occurrence celle de l'Empire britannique, a été très forte au Bengale. C'est pourquoi cette relation intrinsèque entre l'Orient et l'Occident, entre tradition et modernité, se trouve au centre de ses grands films, et donc au centre du présent essai. La Trilogie d'Apu, Le Salon de musique, La Déesse, Charulata, Les Joueurs d'échecs sont indubitablement des chefs-d’œuvre du cinéma mondial.

Je reverrai avec plaisir le salon de musique :

"Le monde d'Apu"



Calcutta, 1930. Apu rêve de succés littéraire, mais faute d'argent il doit interrompre ses études et affronter le monde du travail. Un jour son ami Pulu l'emmène au mariage de sa cousine. A la suite d'un accés de folie du jeune marié, Apu, venu en tant que simple invité, se voit contraint d'épouser la jeune femme pour lui éviter le désohonneur. Malgré les difficultés économiques du ménage, ce mariage précipité se transforme en un profond amour. Mais ce bonheur lui sera brutalement retiré.

De l'immensité du paysage aux détails infimes et délicats et jusqu'aux gestes les plus humbles, les déplacements feutrés de la caméra illustrent l'intimité des personnages avec finesse et subtilité. Le dernier volet de la Trilogie d'Apu est un chef d'oeuvre de modernisme., illustration parfaite et intemporelle de la vie d'un jeune couple et de l'accomplissement d'un homme.

"Tonnerres lointains"

En 1942, un village perdu du Bengale ignore la Deuxième Guerre Mondiale. Un couple de brahmanes, en échange de conseils religieux, de soins médicaux et de formation scolaire, vit des offrandes des villageois pauvres. Mais ces privilèges sont remis en question lorsque la pénurie du riz, due à la guerre, s'installe durablement. Les liens sociaux s'altèrent et les brahmanes sont alors exposés à la violence des villageois...


Couronné d'un Ours d'Or au festival de Berlin, Tonnerres Lointains a été mal accueilli en Inde, car Satyajit Ray y fait apparaître les ravages de la famine qui, sous l'effet du conflit armé, dévasta le Bengale en 1943 et fit périr cinq millions de personnes. Ce film est pourtant l'un des plus beaux de Ray : s'inspirant à nouveau de l'oeuvre de Banerjee, l'auteur de la Trilogie d'Apu, il est tout à la fois un retour aux sources et un appronfondissement de son art. Oeuvre de la maturité, où les palettes de couleur illustrent paradoxalement un monde en plein désarroi. Tonnerres Lointains est une nouvelle fois la preuve de l'immense talent de l'un des plus grands cinéastes du 20ème siècle.

Tonnerres Lointains
J'en retiens des superbes images de campagne Indienne, , Ray filmant lentement ces paysages aux couleurs somptueuses comme s'il ouvrait un album de photos. Le realisateur offrant ces coloris aux goût suaves comme la cuisine de ce pays. L'histoire nous contant au tout debut le plaisir pris par ce couple de brahmanes à s'installer dans un village de paysan où ils se trouvaient être les seuls de leur caste. La caste des Brahmanes étant celle des lettrés, des prêtres et des médecin, elle tire sa fierté de l'admiration qu'elle impose aux paysans locaux et aux castes inferieures,. Malheureusement, la guerre et son pendant la famine vont changer la donne et le couple va connaître les affres de la faim et du déshonneur, jusqu'à se sentir inutiles pour la société, cette prise de conscience de la hierarchie des castes et du bouleversement établi par la guerre (que l'on ne verra pas un seul instant, à part de lointains avions dans le ciel) sont finement rendus par Satyajit Ray, dont j'aime la mise en scène cinematographique et regrette de ne pouvoir revoir l'onctueux "Salon de Musique"...

pour continuer sur "Tonnerres Lointains" j'ai relevé une violence inhabituelle chez Ray dans ce film (scène de pillage du magasin, tentative de viol, assassinat, etc...), mais le sujet du film le demande. C'est un film contant le bouleversement d'une société habituée au calme par l'arrivée de la guerre et de la famine. Dans ce film, le brahmane Gangacharan est joué par Soumitra Chatterjee qui interpretera Apu dans le troisième volet de la Trilogie (le Monde d'Apu) que j'ai egalement loué et je reverrai cet acteur avec plaisir...

Brièvement, le salon du musique 1958

Uun film indispensable, auquel il faut être disponible : il est lent, mais il tient ses promesses. Je l’ai vu trois ou quatre fois.

Pour le thème, il tient du guépard de Visconti : l’accession d’une nouvelle classe à la fortune et au pouvoir amène d’autres valeurs (financières essentiellement), brutales et arrogantes. Par ailleurs Satyajit Ray, en noir et blanc, et l’égal de Visconti dans le maniement d’une caméra qui révèle les personnages et leurs mondes.

Le salon de musique, à bien des égards, un huis clos, peint la fin d’un monde. Splendeur des palais, goût des arts, raffinement des moeurs, mais aussi oisiveté élégante et désintéressée, humaniste aussi par les règles anti-usuriers instaurées sur les domaines.

Le film est un voyage intérieur dans la vie personnelle du Maharajah, dont les pertes familiales annoncent et accompagnent le déclin matériel et social.

C’est aussi un merveilleux spectacle, avec ses grandeurs : les concerts, la danse, et ses revers, le palais désert, les tableaux abîmées, les terres englouties par les eaux…

Le regard du Maharajah caresse les objets et lieux aimés dont la disparition progressive annonce l’issue fatale. Aux grandes lumières succèdent les bougies, bientôt ce seront les ténèbres.

Le regard et l'attention du Maharajah indiquent au spectateur l'attitude à adopter devant les Arts.

La critique du ciné-club de Caen

Le monde d'Apu :

Je viens de terminer le Monde d'Apu, un film bouleversant, plus fort peut être que Tonnerres lointains, en tous les cas je l'ai préféré. C'est un film de 1930, d'une force toute moderne, avec des personnages profonds tels que le cinéma occidental de cette epoque presentait peu..Les gestes, les sentiments tout est filmé avec lenteur, retenue et beauté. Ce cinéaste est vraiment tres interessant, je découvrirai avec plaisir un ou des autres de ses films...Belle redecouverte, je vous encourage à voir ce film...

il y a 3 films. Tu as vu lequel ?

j'ai la complainte du sentier (pather panchali) et L'invaincu (aparajito). Dans l'ordre.

Le dernier volet de la trilogie : "Le monde d'Apu" celui où Apu se marrie un peu contre son gré...

la complainte du sentier (pather panchali), le premier volet de la trilogie du monde d'Apu raconte son enfance rurale, jusqu'à son départ pour la ville, avec la famille retrouvée.

Le réalisateur sait filmer les enfants, leurs regards, les attitudes, les comportements chapardeurs, les brouilles, et les joies. Les villageois sont durs : tel propriétaire ne pense qu'à ses biens, telle villageoise chasse et humilie la grand mère devenue sénile. A croire que l'âge adulte durcit les coeurs !

le film est empreint de poésie : les jeux dans les sous bois, avec des moments de cinéma pur (comme on a parlé de poésie pure) : les insectes sur la nappe de l'étang, le tremblement des feuilles de nénuphar sous l'action du vent, les premières gouttes de pluie.

Un film attachant parce que vu par les yeux candides de l'enfant dont Satayajit Ray se fait le sensible interprète.

Une analyse fouillée de ce film de 1955 où l'influence de Renoir est évidente.

Pather Panchali


Durga, la soeur d'Apu, et la grand mère.

L'invaincu, (Aparajito).

l'adolescence d'Apu.

Le réalisateur sauve ce qu'on pressent de mélo dans le livre initial, Aparajito de Bibhutibhushan Bandopadhyay, disponible en anglais 478 p. chez HarperCollins India.

Même maitrise que dans le premier volet pour filmer Bénarès et Calcutta, les scènes d'extérieur et d'interieur, même finesse dans l'étude des liens parfois tendus mais tendres entre Apu et sa mère. Les visages sont toujours expressifs.

Deux points essentiels à mes yeux :

- la musique de Ravi Shankar joue un rôle dramatique sans emphase, soulignant la tension de certaines scènes.

- les effets de caméra suppléent au récit :

l'envol effrayé de pigeons traduit l'émotion d'Apu à la mort du père,

le vol des insectes nocturnes, traduction dela fièvre maternelle, et danse lumineuse pour le spectateur.

le film vu par le cine-club de Caen.

Apu arrive à Calcutta pour faire ses études.

rotko, sans vouloir voir autant, tu m'a entraînee dans tout le fil et le monde de Apu
je ne pouvais pas quitter tes critiques tellement enthousiastes sur ses films, je parle Satyajit Ray. Tu as vu plusieurs foi un tel ou un tel autre film.Je ne suis donc pas la seule à voir ou à lire,un film ou un livre plusieurs fois
tu es un excellent chroniqueur de tous les arts.

Bill a écrit:

"Le monde d'Apu"

Calcutta, 1930. Apu rêve de succés littéraire, mais faute d'argent il doit interrompre ses études et affronter le monde du travail. Un jour son ami Pulu l'emmène au mariage de sa cousine. A la suite d'un accés de folie du jeune marié, Apu, venu en tant que simple invité, se voit contraint d'épouser la jeune femme pour lui éviter le désohonneur. Malgré les difficultés économiques du ménage, ce mariage précipité se transforme en un profond amour. Mais ce bonheur lui sera brutalement retiré.

De l'immensité du paysage aux détails infimes et délicats et jusqu'aux gestes les plus humbles, les déplacements feutrés de la caméra illustrent l'intimité des personnages avec finesse et subtilité. Le dernier volet de la Trilogie d'Apu est un chef d'oeuvre de modernisme., illustration parfaite et intemporelle de la vie d'un jeune couple et de l'accomplissement d'un homme.

oui, ce film donne du plaisir et de l'émotion. On voit comment le réalisateur transforme un melo en oeuvre de qualité, si bien que le rythme lent ne gène pas du tout : on aime les personnages dont les visages expressifs (gros plans) traduisent les sentiments intimes, la personnalité profonde.

le film accorde aussi une grande place à l'amitié, celle qui reconforte mais aussi oriente Apu sur la voie à prendre dans son désarroi. C'est au nom de l'amitié qu'Apu et son fils prennent la route ensemble.

La qualité des prises de vue est remarquable par l'utilisation de la lumière, (projets d'avenir) qui triomphe de plans sombres correspondant aux soufffrances d'Apu.

Des images nous restent dans latête : les pages du roman qui s'envolent comme des oiseaux; la mer qui flue et reflue, comme le destin d'Apu.