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 Pouchkine [Russie]

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rotko
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rotko
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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyVen 06 Jan 2012, 19:41

oui, Amadak, envoie la suite du discours de Dostoievski,

si c'est trop long, je ferai les amenagements nécessaires, mettre en "caché" (spoiler) par exemple, et d'un clic, on fait apparaître le texte.

je suis étonné que Dara n'ait pas aimé la fille du capitaine, c'est un récit linéaire, avec des aventures comme dans un Jules Verne, et de courts chapitres/épisodes.

Pas grave. Ce n'était sans doute pas le bon moment col

Amadak, tu liras le texte (la fille du C) - ou non, dans de bonnes conditions. Sur GDS* on ne marche pas à "lectures forcées" Smile
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Amadak
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MessageSujet: pouchkine -Russie Dostoïevski et son discours sur Pouckine   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyVen 06 Jan 2012, 20:07

merci ,Rotko, je l'enverrai par étapes .Dostoïevski qui étai presque oublié à cette époque a renouvelé son prestige après ce discours.
Pour la fille du capitaine, je le lirai dans un moment plus propice.
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darabesque
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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyVen 06 Jan 2012, 20:16

tu n'as pas tort Rotko parfois le moment n'est pas le bon pour entamer une lecture. c'est pour cela que je garde toujours précieusmeent parfois des mois des années un roman que je n'ai pas "abouti" ça peut se faire un autre jour lol

justement ce récit est trop en- dehors de ma sphère pour que je m'y attache. un livre doit me faire vibrer et là ben ... bof
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MessageSujet: pouckine   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyVen 06 Jan 2012, 20:28

Le discours de Dostoïevski

Prononcé le 8 juin 1880 devant la Société des Amis de la Littérature russe.

Pouschkine est un phénomène extraordinaire, et peut-être le phénomène unique de l’âme russe, a dit Gogol. J’ajouterai, pour ma part, que c’est un génie prophétique.

Pouschkie apparaît juste à l’heure où nous semblons prendre conscience de nous-même, un siècle environ après le grande réforme de Pierre, et sa venue contribue fortement à éclairer notre chemin.
L’activité intellectuelle de notre grand poète à trois périodes. je ne parle pas, en ce moment, en critique littéraire ; je ne songe qu’à ce qu’il y a pour nous de prophétique dans son œuvre. J’admets que ces trois périodes n’aient pas entre elles des limites très tranchées. Ainsi, selon moi, le commencement d'Oniéguine appartient à la première et à la fin de la deuxième période, alors que Pouschkine a déjà trouvé son idéal dans la glèbe natale.

Il est d’usage de dire que Pousvhkine, à ses débuts, a imité les poètes européens, Parny, André Chénier et surtout Byron. Sans doute les poètes de l’Europe ont eu une grande influence sur le développement de son génie, et cette influence, ils l’ont gardé jusqu’à la fin de la vie de Pouschkine. Néanmoins, les premières poésie même de Pouschkine ne sont pas seulement une imitation : l’indépendance de son génie y perce déjà. Jamais, dans des œuvres simplement imités, on ne verra une telle intensité de douleur et une si profonde conscience de soi-même.

Prenez, par exemple, les Tsigannes, poême que je place dans la première période de son activité créatrice. Je ne parle pas seulement de sa fougue, qui ne saurait être aussi puissante, s’il ne faisait qu’imiter. Mais dans ce type d’Aleko, héros du poème, se révèle déjà une pensée forte et profonde, éminemment russe, qui se manifestera plus tard en toute sa plénitude dans Oniéguine, où l’on croirait voir reparaître Aleko, non plus sous un aspect fantastique, mais sous une forme réelle, tangible et compréhensible.

Dans ce type d’Aleko, Pouschkine a déjà trouvé et marqué du sceau de son génie le personnage de l’infortuné vagabond, errant sur sa terre natale, de ce martyr russe historique, né forcément de notre société violemment séparée du peuple. Ce n’est pas dans Byron qu’il l’a rencontré. Ce vagabond russe sans gîte poursuit aujourd’hui encore sa carrière et ne disparaîtra pas de longtemps. S’il ne va plus rejoindre les Tsiganes, pour trouver chez eux son idéal de sauvage vie errante et l’apaisement au sein de la nature, il se jette dans le socialisme, qui n’existait pas encore à l’époque d’Aleko. Il cherche toujours, non seulement la satisfaction de ses instincts personnels, mais encore le bonheur universel. Le vagabond russe a besoin du bonheur universel pour s’apaiser.

Oh ! la grande majorité des Russes n’en demande pas tant. La plupart d’entre eux se contentent de servir placidement le pays comme fonctionnaires, employés du fisc ou des chemins de fer, commis de banques, etc., et ne s’inquiètent que de gagner leur vie d’une façon ou d’une autre. C’est tout au plus si quelques-uns poussent le libéralisme jusqu’à un vague « socialisme européen », tempéré par la bonhomie russe ; mais ce n’est qu’une question de temps.

Qu’importe que celui-ci ne commence qu’à peine à s’agiter, alors que celui-là heurte déjà du front la porte fermée ! Il suffit que quelques-uns soient agités pour que tous les autres soient inquiets. Aleko ne sait pas encore exprimer nettement son angoisse. Tout cela est encore à l’état vague, chez lui, il n’a que la nostalgie de la nature, des rancœurs contre la société mondaine, des tendances, en quelque sorte, cosmopolites, des larmes sur la vérité qu’on a perdue, qu’on ne peut retrouver. Il y a en lui un peu de Jean-Jacques Rousseau.

En quoi consiste cette vérité ? C’est ce qu’il ne nous dira pas, mais il souffre sincèrement… La vérité est-elle ailleurs ? dans les terres européennes qui ont une ferme organisation historique, une vie sociale nettement définie ? Il ne comprendra pas que la vérité est en lui-même, et comment le comprendrait-il ? Il est comme un étranger dans son propre pays, il a désappris le travail, il n’a pas de culture. Il n’est qu’une poussière flottante dans l’air. Il le sent et il en souffre. Appartenant sans doute à la noblesse héréditaire, probablement propriétaire de serfs, il s’est offert la fantaisie de vivre avec des gens qui ne reconnaissent pas de loi ; il a promené un ours qu’il montre…

Comme de raison la femme, la « femme sauvage», selon l’expression d’un poète, pouvait lui rendre l’espoir de la guérison, et c’est aveuglément qu’il s’éprend de Zemfira. « Voilà, dit-il, où est ma guérison et peut-être mon bonheur, ici, au sein de la nature, parmi des hommes qui n’ont ni civilisation ni lois ! » Mais lors de ses débuts dans la vie sauvage, il supporte mal l’épreuve et tache ses mains de sang. Les Tsiganes le chassent, sans vengeance et sans dépit, loyalement et magnifiquement :

Laisse-nous, homme orgueilleux.
Nous sommes sauvages. Nous n’avons pas de lois ;
Nous ne tourmentons pas et ne punissons pas.

à suivre
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MessageSujet: pouchkine -Russie   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyDim 08 Jan 2012, 14:18

[url]pouckinePouchkine [Russie] - Page 2 Pouchk10[/url]
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MessageSujet: pouchkine -Russie   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyDim 08 Jan 2012, 14:22

je fais une petite pause sur le discours de Dostoïevski pour envoyer un superbe article sur Pouchkine:
Pouchkine [Russie] - Page 2 Pouchk10
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MessageSujet: article sur Pouchkine   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyDim 08 Jan 2012, 14:42

Alexandre Sergueievitch Pouchkine
Moscou, 26 mai 1799 Saint-Pétersbourg, 29 janvier 1837

Le cas d'Alexandre Pouchkine est unique dans l'histoire de la littérature universelle. En effet, s'il est possible d'étudier les lettres françaises, anglaises, allemandes, italiennes, espagnoles, sans se référer constamment au même écrivain pour expliquer les travaux de ceux qui lui ont succédé, il est impossible de parler des grands auteurs russes sans évoquer celui à qui ils doivent tout. Certes, il existait une littérature en Russie avant Pouchkine, mais la littérature russe proprement dite est née avec lui.

Ses prédécesseurs bornaient leur ambition à copier les modèles occidentaux. Ils s'exprimaient en russe et pensaient en français. Lui, le premier, pensa et s'exprima en russe. Et pourtant, il était un sang-mêlé, puisque son grand-père maternel, Abraham Hannibal, avait été cédé par le sultan de Constantinople à l'ambassadeur de Russie qui recherchait des négrillons débrouillards afin d'égayer la cour de Pierre le Grand. Comblé de prévenances par le tsar, le petit Hannibal, vite surnommé "le Nègre de Pierre le Grand", avait eu une brillante carrière dans son pays d'adoption.

Son petit-fils, Pouchkine, avait hérité de lui, à travers les femmes, d'une physionomie quelque peu africaine : teint basané, tignasse crêpée et œil de feu. Au lieu d'être gêné par ses origines exotiques, Pouchkine en tirait orgueil. Toute sa vie, si brève, si cahoteuse, si inspirée, témoigna de son double besoin de jouir du présent et de créer pour l'éternité.

Très jeune, il s'imposa à l'admiration de ses contemporains et ouvrit de tous côtés les voies où s'engouffrèrent, plus tard, les héritiers de sa pensée. Il ne se contenta pas d'être le plus pur poète lyrique de son siècle. Le théâtre russe était encore bien pauvre : il lui donna Boris Godounov et les "quatre petites tragédies" qu'il négligea de développer. Il s'attaqua à l'histoire russe avec son étude sur l'Émeute de Pougatchev
.
Il inaugura le roman historique russe avec La Fille du Capitaine, le roman fantastique russe avec La Dame de Pique, la poésie populaire russe avec ses contes en vers du Tsar Saltan et du Coq d'or.
Regardez-le, il est partout à la fois. Et nulle part il ne s'attarde. Quelqu'un l'attend derrière la porte.
"Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol", disait Dostoïevski. Mais le Manteau de Gogol n'est-il pas issu du Maître de Poste de Pouchkine, et n'est-ce pas Pouchkine qui a livré à son jeune confrère les sujets des Âmes mortes et du Révizor ?
Lermontov n'a-t-il pas découvert sa route en commençant par imiter Pouchkine ? Tourgueniev ne s'est-il pas inspiré de la Tatiana d'Eugène Onéguine pour décrire la jeune fille russe idéale dans ses propres romans ? La Guerre et la Paix de Tolstoï n'est-elle pas une orchestration somptueuse des thèmes esquissés dans La Fille du Capitaine ? Et le "réalisme hallucinant" de Dostoïevski ne se trouve-t-Regardez-le, il est partout à la fois. Et nulle part il ne s'attarde. Quelqu'un l'attend derrière la porte. "Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol", disait Dostoïevski.

Mais le Manteau de Gogol n'est-il pas issu du Maître de Poste de Pouchkine, et n'est-ce pas Pouchkine qui a livré à son jeune confrère les sujets des Âmes mortes et du Révizor ? Lermontov n'a-t-il pas découvert sa route en commençant par imiter Pouchkine ? Tourgueniev ne s'est-il pas inspiré de la Tatiana d'Eugène Onéguine pour décrire la jeune fille russe idéale dans ses propres romans ? La Guerre et la Paix de Tolstoï n'est-elle pas une orchestration somptueuse des thèmes esquissés dans La Fille du Capitaine ? Et le "réalisme hallucinant" de Dostoïevski ne se trouve-t-il pas déjà en puissance dans La Dame de Pique ? Il n'est pas absurde de prétendre que tel ou tel écrivain français ne doit rien à Racine, ou à Flaubert, ou à Stendhal, mais tout écrivain russe est, plus ou moins, l'émule de Pouchkine.

Pourtant, cet homme pressé d'écrire était aussi pressé de vivre. Quel chaos que son existence ! Amours fulgurantes, une femme chassant l'autre, passion du jeu, révolte contre le pouvoir impérial, exil à la campagne pour quelques vers satiriques, retour en grâce sous le règne du terrible Nicolas 1er, mariage avec une jeune beauté à l'œil charmant et à la cervelle vide, tracasseries policières, mondanités, jalousie, ragots...

Un brillant officier français, Georges d'Anthès, admis à servir dans l'armée russe, fait une cour assidue à l'épouse du poète. Des lettres anonymes incitent Pouchkine à provoquer l'impudent en duel. Et le plus grand écrivain russe de son époque tombe, à trente-sept ans, frappé à mort par la balle d'un étranger.

La disparition brutale de Pouchkine a servi sa légende. Il n'a pas connu l'empâtement physique et moral, les cheveux blancs, le petit ventre, la faiblesse de la vue, les honneurs enfin. C'est en pleine santé, en pleine force qu'il s'est envolé, arraché par un coup de vent. Il y a un contraste saisissant entre ce destin de désordre et cette œuvre de mesure. S'il avait écrit comme il vivait, Pouchkine eût été un poète romantique, inégal dans son inspiration. S'il avait vécu comme il écrivait, il eût été un homme pondéré, sensible et heureux. Il n'a été ni l'un ni l'autre. Il a été Pouchkine.

Plus d'un siècle et demi après sa disparition, il demeure, pour les Russes, paradoxalement, vivant, avec ses frasques, ses illuminations, sa gouaille et son génie. Et si sa poésie perd - hélas ! - les trois-quarts de son charme dans les traductions, il mérite l'admiration unanime pour ce qui émane encore de lui à travers les écrans trompeurs des langues étrangères. Quand on examine la vie de Pouchkine, on peut y déceler un roman d'amour entre lui et l'Europe. Il avait la nostalgie de l'Occident, souhaitait se rendre en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Espagne, évoquait ces pays dans ses œuvres, mais le despotisme de Nicolas 1er lui interdisait de quitter la terre russe. Il avait été fortement marqué par les littératures française et anglaise, mais batailla pendant vingt ans pour échapper à leur influence. Il souffrait en Russie et voulait être russe jusqu'aux racines. Ses premiers vers furent écrits en français et ce fut un Français qui le tua.

Henri Troyat de l'Académie française


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MessageSujet: le discours de Dostoïevski   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyMar 10 Jan 2012, 07:09

bonsoir: Mes excuses à mon ami Rotko, à ceux qui attendaient la suite du discours j'ai dû laisser tomber. Un problème qui ne concerne que moi, et que je ne peux pas résoudre. Je suis la première à regretter cette gaffe.

Nestor : pas de problème.
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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyJeu 12 Jan 2012, 17:41

Je suis surprise, moi aussi que Darabesque n'ait pas aimé La fille du capitaine.

Roman d’initiation, roman d’amour, roman historique, Pouchkine mélange les genres dans cette oeuvre. On pourrait même dire que le récit tient de l’épopée par moments ! Et tout cela dans un court récit très russe, dont le rythme s’accélère au fil des chapitres. J’ai beaucoup aimé, peut-être parce que je connais mal l’histoire russe, la relation du fait historique de la révolte menée par Pougatcheff ; le personnage est habilement campé et surtout l’alternance entre sa violence et ses brusques accès d’humanité, son sens du code d’honneur d’une certaine manière dans sa relation avec Piôtr, le jeune héros, lui donnent de l’épaisseur et de l’authenticité.

Je pense d’ailleurs que ce moujik, parfois presque sympathique, mériterait une analyse approfondie en particulier à cause de la scène du songe qui me paraît essentielle : Piôtr endormi dans le traîneau en pleine tempête s’endort, il rêve qu’il revient chez lui ; mais il redoute d’avoir à affronter la colère de son père qui lui reprochera ce retour. Sa mère lui dit que son père est alité et l’attend. Or celui qui git dans le lit n’est pas son père, mais il le remplace, lui dit sa mère ( !), c’est un moujik à barbe noire qui lui sourit, se lève brusquement en brandissant une hache, la pièce est jonchée de cadavres, le jeune héros est incapable de fuir.. Il se réveille ensuite et le moujik de son rêve c’est celui qu’il découvre en arrivant à l’auberge, celui à qui il donnera sa touloupe de lièvre, l’imposteur Pougatcheff. Je vois un symbole fort dans ce rêve car Pougatcheff semble représenter moins le père que la face obscure et révoltée du héros lui-même, incapable d’agir efficacement quand il se trouve en face de Pougatchef en personne et retrouvant sa vertu et son courage quand il le quitte.

J’ai aussi remarqué le soin avec lequel Pouchkine a caractérisé ses personnages secondaires, je pense à la femme du capitaine du fort, véritable chef de la garnison ! au vieux et dévoué serviteur, Savéliitch, qui passe son temps à se plaindre. Enfin il y a le traître, Chvabrine dont l’auteur trace à plusieurs reprises un portrait physique incisif et éloquent.

Je laisse de côté le personnage de la belle et la romanesque histoire d’amour entre elle et le héros, c’est le côté le plus désuet du livre mais en même temps je reconnais qu’il donne au récit une allure de conte qui finit bien et c’est assez plaisant.
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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyJeu 12 Jan 2012, 19:12

Nicyrle je suis vraiment navrée Happy mais en fait je dois avouer que j'ai toujours eu du mal à lire les écrivains russes de tout temps. Alors je dirai pour ma défense que je ne me suis pas bonifiée !

Je suis assez sectaire en fait quand je réfléchis un peu, car j'ai la même réticence quand je lis un roman asiatique. Et pourtant! je sais ce que vous allez tous me dire!!

tu dis là tout ce que tu as "vu" dans "la fille du capitaine" effectivement tu dois avoir raison. en plus de toute façon ,je reste rarement sur une défaite alors qui sait, un autre jour, je le relirai peut-être et qui plus est peut-être qu'l m'atteindra? col

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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyJeu 12 Jan 2012, 22:36

Chère Darabesque, surtout ne culpabilise pas ! Chacun a le droit d'aimer ou non un livre mais c'est vrai que te connaissant, j'ai été surprise que tu n'accroches pas.
Cela dit, la littérature russe est particulière, l'asiatique aussi d'ailleurs ! Pour ma part j'ai eu un coup de foudre, très jeune, pour Tourgueniev et son Premier amour , j'ai été littéralement fascinée par Dostoïevski, je suis venue plus tard à Pouchkine... Sait-on pourquoi d'emblée on aime un auteur ou un livre ? Cela reste mystérieux même si par la suite, on s'efforce d'analyser ce qu'on éprouve.
Et puis, comme tu le dis toi-même, il arrive que, revenant à un auteur qu'on n'avait pas apprécié, on se met à le lire autrement : ce qui se passe alors reste tout aussi déconcertant !
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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyMar 09 Oct 2012, 20:48

Après avoir été repris pour l'opéra par Rimsky-Korsakov, le conte ''le coq d'or'' est actuellement réinventé au théâtre de la Croix Rousse à Lyon. Le spectale est présenté du 9 au 12 octobre, la mise en scène est de Jean Lacornerie.

Un roi guerrier, un mage, un coq en or, une princesse mystérieuse règnent sur ce conte en forme d’énigme.
Un mage offre au roi Dadon un coq magique pour protéger les frontières de son royaume.
A chaque fois qu’une armée ennemie se présente, le coq chante indiquant comme une girouette le front de l’attaque...


En parcourant le fil je constate qu'il n'a pas été question d' Eugène Onéguine, un texte que j'aime beaucoup.
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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyMer 10 Oct 2012, 05:02

et rimsky-korsakov d'ajouter son grain de sel

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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyDim 11 Aoû 2013, 05:46

la genèse du drame final :

Natalia est une écervelée: elle court les couturiers, écoute béatement les compliments et suscite le désir de tous les noceurs. C'est une allumeuse. Elle plaît même au marquis de Custine, pourtant réputé pour son amour des rudes soldats. Pouchkine s'occupe de «faire aller la marmite» et aligne des vers pour payer ses dettes. Le tsar le nomme gentilhomme de la chambre. Pouchkine est content - et humilié.

Un nouvel arrivant fait route vers Moscou : Georges-Charles d'Anthès, fils d'un fabricant de baïonnettes alsacien, qui hésite entre une carrière militaire en France, une vie de complots anti-louis-philippards et un grade dans l'armée russe.


La fin de Pouchkine
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MessageSujet: Re: Pouchkine [Russie]   Pouchkine [Russie] - Page 2 EmptyVen 04 Oct 2013, 11:58

Pouchkine [Russie] - Page 2 Q9vz
Nous sommes mercredi et c’est pourquoi j’étais dans le bureau de notre directeur.
   J’avais fait exprès d’arriver à l’avance. Je me suis installé et j’ai taillé toutes les plumes. Notre directeur doit être un homme très intelligent. Son bureau est entièrement meublé d’armoires pleines de livres. J’ai lu les titres de quelques-uns d’entre eux : rien que des choses érudites, si érudites que nous autres ne pouvons aucunement y accéder : tout en français ou en allemand. Et quand on regarde son expression, oh ! là là ! quelle gravité rayonne dans ses yeux ! je ne l’ai jamais encore entendu prononcer une parole inutile. C’est à peine si, quand on lui présente des documents à signer, il me demande :
   — Quel temps fait-il dehors ?
   — Humide, Votre Excellence !
   Ouais, il n’est pas de la même étoffe que nous autres ! Lui, c’est un politique. Cependant je remarque qu’il me distingue. Et si seulement sa fille aussi… Ça, c’est de la polissonnerie !... Rien, chut, silence !
    Lu L’Abeille1. Sont-ils bêtes, ces Français ! Et alors, qu’est-ce qu’ils veulent ? Moi, franchement, je te les fesserais tous avec des verges ! J’y ai lu aussi une description d’un bal, fort charmante, sous la plume d’un châtelain de Koursk. Les châtelains de Koursk ont du talent. Ensuite j’ai remarqué que la demie d’une heure avait déjà sonné et que le patron n’était pas encore sorti de sa chambre. Mais, vers une heure et demie, un événement s’est produit, qu’aucune plume ne saurait décrire. La porte s’est ouverte, j’ai cru que c’était le directeur et j’ai bondi de ma chaise avec mes papiers : or, c’était elle, elle-même, en chair et en os ! Oh ! mes aïeux, comme elle était vêtue ! Elle avait une robe blanche comme un cygne. Et d’un luxe ! Et quel regard : un soleil, parole d’honneur, un soleil ! Elle s’est inclinée et elle a prononcé :
   — Papa n’est pas passé ?
   — Oh ! là là ! Aïe aïe aïe ! Quelle voix ! Un canari, un vrai canari !
   « Votre Excellence, ai-je voulu répondre, ne me faites pas châtier, ou alors, châtié pour châtié, que ce soit de votre petite main de fille de général. »
   Mais, le diable m’emporte, la langue m’a fourché et je n’ai pu proférer que :
   — Non, mademoiselle.
   Elle m’a jeté un regard, un autre aux livres, et elle a laissé tomber son mouchoir. Je me suis précipité à toute brindezingue, j’ai glissé sur le maudit parquet, j’ai failli me casser le nez, mais j’ai tout de même réussi à rester debout et je lui ai ramassé son mouchoir. Bonté divine ! Quel mouchoir ! De la batiste la plus fine ! Un parfum d’ambre, de l’ambre, pas autre chose, fleurant à plein nez la fille de général. Elle m’a remercié et souri imperceptiblement, si bien que ses lèvres de sucre candi ont à peine frémi ; après quoi, elle est partie. Je suis encore resté là une heure, quand soudain un valet est entré et m’a dit :
   — Rentrez donc chez vous, Aksenty Ivanovitch. Monsieur est déjà sorti.
   Je ne supporte pas la valetaille : ça reste vautré dans le vestibule et ça ne vous fait même pas un signe de tête. Qui plus est, une fois, un de ces coquins s’est permis, sans bouger de sa place, de me proposer du tabac. Mais sais-tu, croquant stupide que tu es, que je suis fonctionnaire et de noble extraction ? Enfin, j’ai pris mon chapeau et j’ai enfilé moi-même mon pardessus —  ces messieurs-là ne vous aident jamais — et je suis sorti.
   Chez moi, resté couché sur mon lit la plupart du temps. Puis recopié une très jolie poésie :


       N’ayant pas vu ma bien-aimée
       Une heure qui vaut une année,
       J’ai pris en haine l’existence :
       À quoi bon vivre donc, je pense.


   Cela doit être un poème de Pouchkine. Le soir, m’étant emmitouflé dans mon pardessus, je suis allé me poster devant la maison de la demoiselle et j’ai attendu longtemps avant d’apercevoir Son Excellence encore une fois, au cas où elle serait sortie pour monter en calèche, mais non, elle n’est pas sortie.



Gogol, Journal d’un fou in Nouvelles de Pétersbourg, Le Livre de Poche classique, Librairie Générale Française, 1998, pp. 259-260-261. Édition de Jean-Louis Backès et Sylvie Thorel-Cailleteau. Traductions de Jean-Louis Backès, Bernard Kreise et Vladimir Volkoff.


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Pouchkine [Russie]
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