Olivier Adam

Falaises, d’Olivier Adam. (EDITIONS DE L’OLIVIER)

Autres ouvrages de l’auteur :

Je vais bien, ne t’en fais pas (POCKET) son premier roman

A l’Ouest (POCKET)
Poids léger (POINTS SEUIL)
Passer l’hiver (POINTS SEUIL)

Falaises est un excellent roman.

Le narrateur revient avec femme et enfant dans la chambre d'hôtel, à Etretat, d'où naguère sa mère malade est partie pour aller se tuer...
Retour sur une enfance et une adolescence dans un pavillon de banlieue. Images de la mère, en souffrance, puis d'un père qui a tout faux...
Une écriture absolument magnifique pour dire une douleur invaincue, la difficulté de survivre à son passé...
J'ai beaucoup aimé...

Citation :

« J'ai trente et un ans et ma vie commence. Je n'ai pas d'enfance et, désormais, n'importe laquelle me conviendra. Ma mère est morte et tous les miens s'en sont allés. La vie m'a fait une table rase où Claire et moi nous nous asseyons, où Chloé s'est invitée, un sourire très doux au coin des lèvres ».

Citation :

« Que savons-nous de ceux qui nous embrassent alors que nous sommes encore des enfants ? Rien. Nous les embrassons en retour et c’est tout, on les serre du plus fort que l’on peut et ils nous répondent en nous serrant plus fort encore. »

Citation :

« Nos vies sont les mêmes. Nos vies se débattent, crient dans la nuit, hurlent et tremblent de peur. Infiniment nous cherchons un abri. Un lieu où le vent siffle moins fort. Un endroit où aller. Et cet abri est un visage, et ce visage nous suffit. »

le 23 Août, un livre qui comptera à la rentrée : A l’abri de rien'de Olivier Adam, Editions de l’Olivier.



une mère de famille crève un pneu sur une route déserte. Un réfugié kossovar lui vient en aide et elle découvre le monde des deshérités...

Passer l'hiver est un recueil de 9 courtes nouvelles dont le titre dit assez l'objectif.
Traverser la mauvaise passe, le froid et la neige présente dans les 3 premières nouvelles : Pialat est mort, A l'usure, Cendres.

On découvre divers personnages, dans des conditions bien concrètes, et on les approche pudiquement et discrètement, comprenant à la fin de la nouvelle, une des clés. Olivier Adam joue de l'économie là où Régis Jauffret, à mon goût, pratiquait la surcharge [dans Fragments de la vie des gens.]

Cendres.

Citation :

Cela faisait une heure que je roulais et mon café était froid. Je roulais dans la nuit, j'étais crevé et mes yeux se fermaient tout seuls, je prenais des rues n'importe lesquelles, des rues désertes et je roulais au pas. Le bruit des pneus dans la neige, le souffle du chauffage, la radio en sourdine, tout ça emplissait mon crâne et bruissait à l'intérieur.

A l'abri de rien

Mon deuxième coup de coeur dans cette rentrée littéraire après le Claudel (dont à propos duquel personne ne semble avoir quelque chose à dire, d'ailleurs )

L'écriture à fleur de peau, la capacité d'empathie totale qui est le propre d'un très grand auteur... Ecriture nerveuse, qui fait semblant d'imiter la vie sans la plagier bêtement, parce qu'il y a en réalité un énorme travail sur le style.
Marie, la narratrice est une femme au foyer qui s'ennuie à mourir, même si elle a deux enfants superbes et un mari gentil, conducteur de bus scolaire. Elle est fragile, Marie, dépressive. Forcément, quand la mort vous emporte une grande soeur de 19 ans alors qu'on en a 18... ça laisse des traces. Petit à petit, Marie perd le fil de sa vie, Marie ne parvient plus à faire les gestes du quotidien, ne repasse plus les chemises de son homme, oublie même d'aller chercher les enfants à l'école. Et puis un jour, elle rencontre les réfugiés, ceux qui n'ont même plus de Sangatte pour s'abriter, ceux que la ville (Calais) appelle les "Kosovars", que tous fuient, méprisent, craignent. Sauf un groupe de bénévoles qui sert la soupe sous chapiteau, qui aide pour les formalités administratives. Certains même risquent la prison pour oser héberger une nuit les plus souffrants, leur permettre de prendre une douche, de passer une soirée "normale"... C'est le cas d'Isabelle, que Marie va suivre, comme hypnotisée à la fois par ce petit bout de femme et par la douleur qu'elle découvre dans les regards des réfugiés... Mais ces quelques semaines de militantisme ne la guériront pas. Au contraire... et je n'en dis pas plus.
Un très grand roman sur la douleur. J'avais aimé Falaises, j'aime encore plus celui-ci.

Tant mieux ! si on ne dit rien sur le Claudel,(1) c'est parce qu'on ne l'a pas lu, et sur olivier Adam, même topo, je le lirai plus tard.

j'ai été surpris de lire, sinon une mauvaise critique, du moins un billet reservé d'Alice Ferney qui parlait de sentimentalisme. or c'est un reproche qu'elle a dû entendre souvent elle-même, à tort je trouve, et j'ai été bien surpris qu'elle en fasse un grief à autrui.

Citation :

Olivier Adam [...] s'emmêle à son personnage : cela donne du « ça, ça, ça ». Avec ça, nous serons servis de quelques déclarations générales censées faire une vision du monde : « On ne se remet jamais de rien, la vie est une merde, rien ne nous distingue vraiment les uns des autres, on ne se connaît pas », etc. C'est toujours un peu vrai, un peu faux, et déjà écrit. Pour finir, quand il frotte sa plume à l'actualité des sans-papiers, c'est un peu de Madame Royal contre Monsieur Sarkozy. C'est généreux et démagogique. Au fond, À l'abri de rien est un roman dans l'air du temps, peu écrit, peu senti, plein de bons plutôt que de vrais sentiments, à l'image de la quatrième de couverture qu'a rédigée son éditeur.

(1) j'ai encore une petite dent contre lui depuis j'abandonne où il parlait des hyènes dans le cadre des dons d'organe.

La seule critique négative sur le livre est justement celle d'Alice Ferney, que j'avais lue avant de vous parler de A l'abri de rien.
Et en plus, c'est dans le Figaro
D'ailleurs, je n'ai jamais réussi à finir un des bouquins de cette dame doucement "psy" et délicatement nombrilistes, comme je les déteste du genre je t'aime moi non plus...
Donc peu me chaut qu'elle démolisse Adam ! Je maintiens

Tu as raison de maintenir. Ce billet ne sent pas très bon.

En revanche j'ai lu Alice Ferney et j'avais bien aimé Grâce et dénuement.

Une fiction passera sur FR3 en octobre : Maman est folle, Téléfilm de Jean-Pierre AMERIS, avec Isabelle CARRE et Marc CITTI . Olivier Adam a participé au scenario.

Olivier Adam explique bien que son personnage, une exilée à l'interieur, découvre par hasard les exilés de l'extérieur, les kosovars sans papiers.
C'est par hasard, au cours d'ateliers d'écriture dans le pas-de- calais, non loin de Sangatte, qu'il a conçu l'idée de son roman. On reconnaît dans le personnage de Marie des souvenirs de Rossellini.

Alors là ceux qui ne lont pas lu doivent se le procurer au plus vite !
Lu à sa sortie (j'avais adoré Falaises et Je vais bien ne t'en fais pas) j'ai été profondément bouleversée par ce roman que j'ai reçu comme un boomerang!
On ne peut qu'être happé par le récit de Marie, cette descente aux enfers où elle va risquer de se perdre et la descriptrion sans pathos mais au plus près des mots du quotidien de ces réfugiés.
Un roman qui prend aux tripes et d'où l'on ressort un peu différent.
Adam ne nous épargne rien , ses phrases sont des uppercuts que l'on reçoit à vif, et la violence de ses émotions n'a d'égale que la sincérité avec laquelle il les couche sur le papier.
Les Kossovars ne resteront que ces ombres errantes pour la plupart, et Marie cette femme lumineuse et si sombre pourtant, déchirée de l'intérieur entre l'amour qu'elle porte à ses enfants et le besoin d'exister par ce don de soi quasi désespéré.

A lire absolument , un livre magnifique!!

Alors déjà avec le commentaire de Maïa, le livre était dans ma liste, maintenant il va bientôt être sur ma table de chevet.
Merci pour ce commentaire enthousiaste

De rien Utopie! J'espère vraiment vous faire partager mon plaisir, ce roman est quelque chose de très fort et d'assez unique.
Certains le trouveront trop sombre. Ce côté ne m'a pas génée car l'auteur ne s'apesantit pas sur la détresse de Marie. Ses phrases sont courtes, hachées, le rythme est rapide, la ponctuation parfois absente pour accentuer l'effet vertige.On est emporté par le souffle ravageur de ce récit qui ne nous lache pas une seconde.
Olivier Adam nous communique sa profonde empathie pour ces réfugiés, pour Marie, sa famille, les hommes en général. Impossible d'y rester insensible.

Excusez ma fougue, je suis intarissable sur le sujet Adam

A l'abri de rien

Ma lecture :
Pour les trois premiers quarts le livre m'a beaucoup plu. La fin, je l'ai trouvée davantage prévisible, dommage.
Sur fond du drame des réfugiés de Sangatte une femme s'interroge sur le sens de son existence, de l'existence peut-être. Elle focalise sur la détresse de ces hommes et leur consacre tout son temps, occultant le reste du monde, insensible aux conséquences concrètes.
D'une écriture blanche l'auteur raconte par les yeux de Marie sa recherche du sens de tout ce qui arrive autour elle et tout devient étrange, presque irréel de réalité ou de sur-réalité, à la limite de l'absurde.
C'est très fort.
On finit par se demander où est la norme.
J'ai eu l'impression que la fin prenait le parti de revenir à la norme sociale et j'ai presque trouvé que c'était dommage. J'aurais préféré qu'on reste sur l'inversion des valeurs ou tout au moins qu'on reste sur le questionnement . Dès qu'on s'interroge sur le sens, il n'est quasiment plus. Le "rejet" dans la dépression est peut-être un peu facile. Marie est malade et le problème "est réglé". Je me suis davantage interrogé sur la nature de la "norme".
Ce n'est que mon interprétation de cette histoire qui est pour moi , je répète, magnifiquement traitée pour les trois quarts

Cloclo, tu lis trop, tu devrais écrire plus.

Xian, tu vas le faire fuir
Salut, Claude, ça fait longtemps que tu n'étais pas passé par ici

Ouais....
Bonjour maïa, Xian et bj tout le monde.

Je vais me payer un Adam, il m'avait "interpellée" dans une émission de télé et je l'avais trouvé très simple et pas du tout dans le moule. De plus il avait parlé avec modération de ses écrits et cela m'avait donné envie de le connaître.
Roxane m'a encore plus donné envie de le lire
je commande illico !

Bonjour,

Je suis nouveau sur ce forum.
Je viens de finir "A l'abri de rien", qui est un très bon livre.

Le portrait de cette femme qui se détruit et s'oublie pour se reconstruire est saisissant. L'écriture est abrasive et terriblement réaliste.

J'ai juste regretté le jusqu'au-boutisme de l'auteur. Trop de noirceur empêche d'adhérer totalement à la fiction.

Je vous invite à aller voir mon blog pour la chronique complète de ce livre.

Bonjour Papito (par ici les grains te souhaiteront la bienvenue).

J'attends ce livre avec une certaine impatience à lire toutes vos critiques à tous, je l'ai réservé à la médiathèque !!!

Papito a écrit:

J'ai juste regretté le jusqu'au-boutisme de l'auteur. Trop de noirceur empêche d'adhérer totalement à la fiction.

je te rejoins sur ce point Papito.
Déjà Falaises m'avait dérangée pour les mêmes raisons.

A l'abri de rien est un livre haletant que j'ai lu d'une traite en une soirée....sans émotion cependant, sans doute en raison du ton des premières pages : dés le début le ver est dans le fruit.

Comme Molinet j'ai regretté la fin, je m'attendais à tout autre chose et c'est vraiment dommage... J'ai eu l'impression d' un beau soufflé très prometteur qui gonflait à toute allure...et pfft tout retombe juste avant la dégustation....

Par contre Olivier Adam m'a semblé atteindre avec ce livre la perfection dans l'écriture. Falaises était à mon avis moins abouti.

Monilet, maïa . lol.

Ce n'est pas moi, Claude, c'est mona, ou mola

Oups !

FALAISES (Editions de l’Olivier)

Une mère qui se suicide en se jetant du haut d’une falaise
Un père qui les ignore complètement ou bien les malmène
Voilà deux enfants à la dérive
L’un et l’autre ne peuvent oublier leur mère, elle devient le fantasme du plus jeune. S’en suivent l’alcool, la drogue, la peur, la détresse, l’engrenage.
Ce livre est si bien écrit, les angoisses de ces deux adolescents si bien décrites, sans pleurnicherie… simplement l’atroce manque de tendresse maternelle et d’amour.
La petite Chloé réconciliera -t-elle avec la vie, l’homme, le père qu’il est devenu ?
J’ai aimé la pudeur avec laquelle, Olivier Adam décrit son … mal –être. j'y ai trouvé surtout une énorme envie d'aimer et d'être aimé et aussi de comprendre pourquoi on ne l'a pas été ... après.

Voilà ! j'ai sous le coude "a l'abri de rien" .... à suivre !