Jean Echenoz

Vous m'avez donné envie de plonger dans cet "Océan mer "ou de me frotter à cette "Soie" de Barrico, auteur que je ne connais absolument pas (sauf de nom) mais c'est bien une des raisons d'être sur ce forum!
J'espère y trouver un peu de poésie ou un peu de rêve, choses qui m'ont manqué à la lecture de "Ravel" (1)

J"ai en fait été déçue, j'attendais autre chose de la biographie de cet artiste, mais le style correspond en fait parfaitement à la personnalité de celui-ci: précieux, sec, empétré dans des détails tout comme Ravel dans ses manies ...

Echenoz ne nous le rend pas spécialement attachant, mais difficile de trouver prise sur un personnage aussi égocentrique et solitaire que Ravel sans doute ?

(1) aux éditions de minuit

les premières pages de Ravel sont ici

Citation :

[...] C'est un des derniers jours de 1927. Il est tôt. Ayant peu et mal dormi comme chaque nuit, Ravel est dans de mauvaises dispositions comme chaque matin, sans même savoir comment s'habiller ce qui aggrave cette humeur.

Le passage que l'on peut lire est un des plus réussis et il se situe au début.
Le cérémonial de Ravel prenant son bain...Une belle écriture, c'est indéniable, et c'est celà qui m'a laissée un peu sur ma faim.
Les caractères sont bien brossés et même vivants, le style collé à l'époque. On est, c'est certain, transplanté sur cette croisière avec eux et en celà Ravel réussit son pari.
Mais les détails tout au long du récit, finissent par plomber un peu l'atmosphère. Je n'y ai pas vu l'intérêt .
Echenoz veut sans doute nous imprégner de cet aspect si méticuleux du compositeur?

Je pense que je reviendrai sur cet auteur, mais sur un autre sujet alors !
Je pensais en fait que l'auteur du "Boléro" m'aurait davantage apporté de rève... :|

Pour moi, c'est moins le boléro que le concerto pour la main gauche qui a mes préférences. Il avait été composé à la demande d' un pianiste amputé du bras droit, Paul Wingenstein, le frère du philosophe, qui finalement n'a pas voulu du concerto !!

je ne te conseille pas Au piano, toujours aux éditions de Minuit.

Ce n'est pas le roman que je préfère. Ma motivation de le lire était que j'aime Ravel (ça me rappelle mon enfance,on écoutait Ravel et la musique Espagnole) On y trouve les descriptions précises de Jean Echenoz mais comme c'est la fin d'une vie d'un homme malade ,c'est triste et en ce moment on n'en a pas envie,,,,,,,,,,
D'habitude Jean Echenoz est plus heureux, ses personnages sont des "déambulateurs" on marche ,on se balade et on peut sourire;;;;;;;;;;;;

Echenoz est assez particulier comme auteur:scratch:
d'un roman à l'autre on n'a pas du tout la même chose
"L'équipée malaise" est très distrayant ( avec toujours des personnages farfelus pour pas dire bizarres ) :rabbit:

rotko a écrit:

je ne te conseille pas Au piano, toujours aux éditions de Minuit.

Tiens, moi j'avais bien aimé "au Piano"... C'est le premier d'Echenoz que j'ai lu, et il m'avait donné envie d'en lire d'autres dont "Je m'en vais", "Nous trois", "Un an"..

Je serai bien incapable de vous dire ce que j'en ai pensé, là comme çà, de mémoire... Ce qui me prouve au moins une chose : je n'ai pas ADORE sinon, je m'en souviendrai très bien

Sur Au piano les avis sont tranchés. Moi je n'avais pas aimé, mais d'autres lecteurs avaient apprécié cette histoire de pianiste qui a le trac avant son récital.
Certains détails m'avaient fait penser à Samson François dont de méchantes langues disaient qu'il jouait le verre à (portée de) la main...

Ce qui m'a surtout surprise c'est la critique très élogieuse dont "Ravel" a pu bénéficier à sa sortie alors que sincèrement, il ne valait pas un tel encensement .
Sinon, le roman nous décrit assez bien cette courte période (lors de sa tournée américaine) et l'on y retrouve certains évènements marquants de sa vie. Notamment l'épisode du "concerto pour la main gauche" composé pour Willgenstein dont parle Rotko.

Ce qu'en dit Berne m'incite tout de même à y revenir, sans doute pour "Je m'en vais". Les autres critiques que j'ai pu lire sur "Le piano " sont partagées, donc je m'abstiendrai !

J'ai commencé Courir, le nouveau (nouvel?) Echenoz qui, après avoir traité il y a deux ans d'un musicien (Ravel), s'intéresse cette fois au cas d'un sportif (Zatopek).

A l'instar du titre, la quatrième de couv est superbe de concision; je vous en donne ci-dessous l'intégralité:

Citation :

On a dû insister pour qu'Emile se mette à courir. Mais quand il commence, il ne s'arrête plus. Il ne cesse plus d'accélérer. Voici l'homme qui va courir le plus vite sur la Terre.

J'en suis à peu près au tiers et pour l'instant, c'est un vrai régal. Par son sujet d'abord, mais non moins par le style: ce (cet?) Echenoz est un amoureux de la langue, il y a une trouvaille littéraire presque à chaque phrase. Je trouvais ses fictions pures du début un peu gratuites, mais le tournant qu'il a pris depuis Ravel (en s'intéressant à des vrais personnages, même s'il brode et choisit un angle d'attaque très particulier) donne à mon sens une épaisseur nouvelle à ses livres, c'est désormais un des écrivains français que j'ai le plus de plaisir à lire.

Vraiment ? J'y reviendrai peut-être alors. J'avais lu Je m'en vais il y a quelques années et sans avoir détesté, je n'y avais pas trouvé un intérêt majeur.

J'ai lu, il y a longtemps"Le méridien de greeenwitch" et "Les grandes blondes"

Il m'en reste un souvenir d'un très bon écrivain.

Comme il ya de nouveaux livres de lui , je vais y aller voir

Solweig a écrit:

Vraiment ?

. . ce n'est que mon humble avis

fontelle a écrit:

je vais y aller voir

. . oui, ça vaut le voyage...

J'ai beaucoup aimé son roman Cherokee sur lequel j'ai fait une petite chronique ici. Son style si particulier m'a donné envie de découvrir les autres romans de l'auteur. Ce que je ferai certainement au vu de vos avis.

je crois qu'Echenoz dans certains romans divise ses lecteurs en inconditionnels ou en sceptiques.

Quand j'ai lu Au Piano, c'est peu de dire que je n'étais pas interessé, alors que d'autres criaient aux trouvailles, à l'originalité etc. sans trop prouver leurs dires, à mon avis.

Pris de scrupules, j'avais consulté les critiques, et l'ensemble n'était pas convaincu. Toutefois, pour des romans comme Ravel, l'accueil fut bon. Idem pour courir où à lire entre les lignes, on suggère que le roman est nettement son meilleur, ce qui tendrait à dire qu'auparavant, il n'était pas une qualité sûre.

J'attends donc d'entendre, dans un mois, Echenoz lui-même lire des pages de Courir : ce sera l'occasion de le redécouvrir sous son "meilleur jour", j'espère.

L'avis du Temps :

Citation :

Courir est l'un des plus jolis livres écrits sur le sport, et singulièrement sur la course à pied [...]. La course à pied est une expérience intérieure.

L'écriture économe, froide et claire de Jean Echenoz rend exactement les silences du taiseux, tout autant que le langage de son corps.

En revanche dans libération, raphael sorin dans sa "chroniques "lettres" ouvertes se pose la question : Echenoz est-il tabou ?

Citation :

Jean Echenoz, l’éternel adulé ? Son Ravel m’avait semblé aussi sec qu’une biscotte sans sel, et bien pompé dans la dernière et meilleure bio du compositeur (chez Fayard).(1)

Je vais acheter Courir dès demain pour me faire ma petite idée et on en reparlera puisque Zatopek, avec Bahamontes et Fangio, fait partie de mon panthéon sportif.

Maurice Ravel par Marcel Marnat chez Fayard.

oui, Sorin est assez fielleux, juste avant Echenoz, il s'était "payé" Le Clézio...
En plus, il me paraît normal qu'un livre traitant de Ravel puise les faits dans les biographies de... Ravel. Echenoz n'a jamais prétendu réinventer la vie du musicien, mais plutôt restituer une période de sa vie selon un angle assez particulier et surtout avec un coup de plume assez remarquable. Donc, sauf à démontrer des "emprunts formels" caractérisés, je ne crois pas qu'on puisse parler de livre "pompé".

Courir aux Editions de Minuit.

Un livre facile et agréable à lire, qui se démarque nettement des articles des journaux sportifs tels... que je ne les lis pas. Echenoz plante le contexte assez brièvement : la tchecolovaquie envahie par les Allemands, l'arrivée des Russes et la main-mise du parti communiste sur tout l'appareil d'Etat.

le jeune Emile Zatopeck (on l'appelle par son prénom, je ne crois pas avoir lu une seule fois son nom de famille) si effacé qu'on aurait envie de le prendre sous sa protection : il travaille chez Bata, l'usine à chaussures, puis se retrouve dans l'armée, toujours friande pour son prestige d'enrôler des athlètes.

Le ton se veut froid, distancé. Courir, c'est l'épopée du coureur avec des phrases en litotes.

Là, Echenoz joue sur deux tableaux, ce qui nuirait un peu à l'unité du personnage : il y a le coureur malgré lui, puis l'adepte forcené. Le laborieux, puis le tout-puissant.

Courir

Je ne sais pas si Echenoz fait du sport et de la course à pied. On pourrait le chipoter sur des détails : l'exaltation dans la compète par exemple, réduite par l'auteur à "l'horreur de voir devant soi le dos de quelqu'un", qui se traduit, naturellement, par l'envie de le dépasser

Echenoz en rajoute : pas un brin de fatigue après l'épreuve, l'athlète va au contraire à petites foulées se chercher un verre. On est loin des fins de marathon où le gagnant repart, comme cela se produit, sur une civière.

"L'Emile du marathon, lui, court dans la plus totale sérénité, sans la moindre souffrance apparente. A mi-parcours, là où les concurrents font souvent demi-tour, comme un Suédois et un Anglais l'ont escorté jusque là en tirant une langue blanche, il se tourne en souriant vers eux : bon, leur dit-il, c'était gentil de m'accompagner mais, là, je vous laisse, il faut que j'y aille."

Humour, certes, mais je m'interroge aussi sur les ralentissements et accélérations saccadées censées dérouter les concurrents. Je croirais plutôt à la théorie du métronome, une allure régulière et ralentie, puis le déchainement sur la fin, où on met "toute la gomme " quand on"en a sous le pied".

Mais Echenoz veut étonner son lecteur. C'est un roublard.

J'ai appris que lors d'une lecture publique de Ravel par Podalydès, en présence d'Echenoz, avec des oeuvres du compositeur Ravel, Echenoz avait eu droit à quelques oeuvres musicales de son cru "qui ne démeritaient pas".

Il serait donc compositeur au piano.

Je ne savais pas qu'il composait, par contre je suis presque sûre qu'il ne court pas.

berne a écrit:

par contre je suis presque sûre qu'il ne court pas.

peut-être bien, mais ça ne l'empêche pas d'arriver dans les premiers!

berne a écrit:

par contre je suis presque sûre qu'il ne court pas.

Seb a écrit:

peut-être bien, mais ça ne l'empêche pas d'arriver dans les premiers!

« Des éclairs » par Jean Echenoz, chez Minuit, ou la vie de Nikola Tesla, l'inventeur du courant alternatif dépositaire de 700 brevets et qui s'est interessé à la radio, aux rayons X, au radar, à l''air liquide, et à la télécommande. On se demande quelle ligne droit le récit pourra tirer d'un tel parcours !

Bizarre qu'Echenoz ait besoin d'un sujet répertorié pour asseoir ses romans. Un de mes proches disait que pour la première fois il s'était ennuyé avec Echenoz. Moi, j'avais déjà donné avec au Piano

rotko a écrit:

Bizarre qu'Echenoz ait besoin d'un sujet répertorié pour asseoir ses romans.

mais Dostoievski et Stendhal n'écrivaient-ils pas à partir de "sujets répertoriés"?
attention je ne dis pas qu'Echenoz est de la même trempe, mais c'est juste que cette accusation me semble un faux procès...

J'ajoute qu'il a écrit une bonne dizaine ou quinzaine de "fictions pures" avant d'explorer la voie des personnages ayant vraiment existé, donc d'une certaine manière, il a "fait ses preuves" dans l'invention... Je pense d'ailleurs que c'est fort de ce "certificat" qu'il a pu s'aventurer dans cette nouvelle voie, ce qu'il n'aurait sans doute pas pu faire plus tôt, car l'accusation aurait tué son oeuvre dans l'oeuf...