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| | Pour une littérature bien convenable ? | |
| | Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Pour une littérature bien convenable ? Lun 07 Mai 2007, 15:18 | |
| Dans le monde du dimanche 22 lundi 23 p. 16, Jonathan Littell s’interroge sur les écritures de Cho Seung-Hui, auteur de la tuerie de Virginia Tech. Ce jeune homme avait écrit dans un atelier d’écriture, à la fac, de petites pièces de théâtre mises depuis sur Internet par ses condisciples. Littell écrit : - Citation :
- cela relève tout autant de la psychopathologie que de la littérature, [...] personne n’a su lire ces textes
qui traduisaient à l’écrit ce qu’il ne savait pas dire dans la communication orale, et qu’il a exprimé en passant à l’acte. | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Lun 07 Mai 2007, 15:55 | |
| intéressant mais à prendre avec des pincettes ce genre d'infos ! | |
| | | troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Lun 07 Mai 2007, 16:04 | |
| Néron n'avait-il pas conscience d'être un grand artiste ? Mais rassurez-vous, citoyens : le nouveau gouvernement devrait mettre en place des structures d'isolement pour personnes produisant de l'art déviant. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Lun 07 Mai 2007, 16:47 | |
| Nancy Huston répond dans « le monde des livres » du vendredi 4 mai page 2 ( Art, folie et responsabilité) : - Citation :
- On croit rêver, Jonathan Littel, l’auteur des célébrissimes bienveillantes suggère dans un article que cho seng- hui, le tueur de Virginia Tech était en fait un artiste méconnu et qu’il aurait fallu alerter non la police, non les autorités de l’université, mais un éditeur.
Elle ajoute, poursuivant une réflexion qu’elle attribue à Littell - Citation :
- A ce train -là, les éditeurs devraient aller compulser les écrits des individus (ah là là, je n’ose même pas les appeler « malades mentaux) internés à l’hôpital psychiatrique de Ville Evrard et publier tels quels ces milliers de pages de souffrance, de névroses, de ratiocinations, de cauchemars et de fantasmes, dans l’espoir d’en faire des best sellers.
Pour Nancy Huston, - Citation :
- le geste fondamental de l’artiste est non pas de transcrire telle quelle la matière brute de la souffrance humaine, mais en la réfractant à travers une ou plusieurs consciences particulières, nous aider à la comprendre et, peut-être même parfois, on ne sait jamais, à l’alléger.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 05:35 | |
| Le malheur est que John Littell n’a pas tenu les propos que lui attribue Nancy Huston à propos de la recherche d’un éditeur par un artiste méconnu ! Voyez plutôt ce que dit Littell - Citation :
- A leur lecture, nul ne pourra dire que Cho Seng-Hui avait du talent ; pourtant ces brève pièces maladroites et juvéniles, bien mieux que de nombreuses œuvres publiées, nous disent crûment la vérité d’une rage sans fond.
- Citation :
- Or Cho Seng Hui, avec ses moyens insignifiants malhabiles, disait beaucoup en ces quelques pages […]il a tenté d’écrire, de mettre en scène devant ses pairs, des éléments de son désarroi.
Que penser des procédés de Nancy Huston ? | |
| | | schlass pilier
Nombre de messages : 69 Age : 40 Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 15:20 | |
| Je ne vais pas en rajouter sur ce sujet | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 15:59 | |
| Il ne s'agit pas de juger la romancière N.H, ou le talent respectif des auteur (J.L) ou scripteur (CSH), dont il est question ici, mais de voir si la critique est honnête et sur quels principes elle se fonde. C'est pourquoi la question précédente "que penser de tels procédés ?" est oratoire, les vraies questions viennent ensuite.
Je crois que ces points ont besoin d'être éclaircis sur un forum qui s'intéresse à la littérature et qui propose des échanges sur les ouvrages. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 16:03 | |
| Pour enfoncer le clou, Nancy Huston, décidément très en forme, s’en prend à Michel Houellebecq qu’elle caractérise par une seule phrase avec des « gros mots » (con, bite chatte) et à Sarah Kane, - Citation :
- « dont les pièces tant prisées de nos jours par les théâtres européens regorgent de meurtres, sodomisations forcées, cannibalisme et mutilations en tout genre, et dont l’acte artistique ultime a été de se pendre à l’âge de 28 ans. »
Peut-on ironiser sur le suicide d'une personne dont « l’acte artistique ultime a été de se pendre à l’âge de 28 ans.» ? | |
| | | troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 16:48 | |
| Eh bien Rotko nous pouvons déduire de tout cela que Nancy Huston n'est pas honneste. Cependant cette assertion est très intéressante à méditer : - Citation :
- le geste fondamental de l’artiste est non pas de transcrire telle quelle la matière brute de la souffrance humaine, mais en la réfractant à travers une ou plusieurs consciences particulières, nous aider à la comprendre et, peut-être même parfois, on ne sait jamais, à l’alléger.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 17:02 | |
| Nancy Huston paraît fixer à la littérature des règles de bonne conduite comme dans « professeurs de désespoir » où elle accablait comme « désespérants » Thomas Bernhardt,(à qui elle trouvait finement une ressemblance psychologique (!) avec Hitler) Cioran, Kafka - oubliant Céline, sans doute jugé optimiste ! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 17:06 | |
| - troglodyte a écrit:
- .
Cependant cette assertion est très intéressante à méditer :
- Citation :
- le geste fondamental de l’artiste est non pas de transcrire telle quelle la matière brute de la souffrance humaine, mais en la réfractant à travers une ou plusieurs consciences particulières, nous aider à la comprendre et, peut-être même parfois, on ne sait jamais, à l’alléger.
bien sûr, et là se posent les vraies questions : Les textes de Chuo Seung-Hui étaient des textes destinés à un atelier d’écriture : ne devaient-ils pas être lus comme des textes, quelle que soit leur valeur littéraire ? La critique littéraire doit-elle évincer ou stigmatiser les écrivains désespérants ou grossiers, ou déequilibrés ou habités par des fantasmes ? S’il faut éviter au théâtre « les meurtres, sodomisations forcées, cannibalisme et mutilations en tout genre », que faire de Shakespeare, et des tragiques grecs, notamment ? Ne risque-t-on pas avec des jugements moraux de tomber dans la littérature bien pensante et n’est-ce pas déplacé d’assigner aux écrivains (comme à la sécurité sociale !) le but de nous rendre optimistes et de « soulager nos souffrances » ? | |
| | | troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 08 Mai 2007, 21:16 | |
| L'écrivain n'est-il pas celui qui se laisse emporter par l'inspiration, quitte à parfois sortir de la morale pour arriver en des zones inconnues de l'humain ; n'est-il pas un explorateur ? J'imagine que cette Mme Huston est une Bushiste. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Sam 12 Mai 2007, 05:30 | |
| - Citation :
- Si, je suis constamment choqué. Lisez donc mes livres, c'est un amoncellement de millions de chocs. C'est un alignement non seulement de phrases, mais d'impressions de choc. Un livre doit être aussi un choc, un choc qui n'est pas visible de l'extérieur
Thomas Bernhard dans un entretien de 1986. Thomas Bernhard RÉCITS(1971-1982) Gallimard, Collection Quarto Trois jours - L'Origine - La Cave - Le Souffle - Le Froid - Un enfant - Marcher - Oui - L'Imitateur - Les Mange-pas-cher - Le neveu de Wittgenstein - Entretien avec André Müller | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 26 Juin 2007, 03:51 | |
| Barbey d' Aurevilly defend la hardiesse à parler de tout, au début de la vengeance d'une femme, bien qu'il y presente des idées assez reactionnaires, mais gardons le positif - Citation :
- Quand quelqu'un de plus crâne que les autres a tenté d'être plus hardi, Dieu sait quels cris il a fait pousser ! A y bien regarder la litterature n'exprime pas la moitié des crimes que la société commet mystérieusement et impunément tous les jours, avec une fréquence et une impunité charmantes[...]
Demandez [ aux confesseurs ] le nombre d'icestes (par exemple) enterrés dans les familles les plus fières et les plus elevées et voyez si la littérature qu'on accuse tant d'immorale hardiesse a osé jamais les raconter [...]
La litterature moderne, à laquelle le bégueulisme jette sa petite pierre, a-t-elle jamais osé les histoires de Myrrha, d'Agrippine, et d'Oedipe qui sont, croyez-moi, toujours et parfaitement vivantes.. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Ven 23 Juil 2010, 11:04 | |
| - Kervinia a écrit:
- Je suis choquée.
Je viens de voir sur wikipedia que Sarah Kane s'est suicidée à 28 ans. voir plus haut ce que disait Nancy Huston de Sarah Kane - Citation :
- Sarah Kane,
« dont les pièces tant prisées de nos jours par les théâtres européens regorgent de meurtres, sodomisations forcées, cannibalisme et mutilations en tout genre, et dont l’acte artistique ultime a été de se pendre à l’âge de 28 ans. » Peut-on ironiser sur le suicide d'une personne dont « l’acte artistique ultime a été de se pendre à l’âge de 28 ans.» ? | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Ven 23 Juil 2010, 12:15 | |
| Je n'ai jamais lu NH, qui attend dans ma bibliothèque, mais je la trouve drôlement vacharde ! Thomas Bernhard est un immense écrivain. Quant au suicide de Kane, elle est qui pour en parler ? La modestie n'a pas l'air de l'étouffer, celle-là... (Vais pas la lire tout de suite, la mégère...) | |
| | | Ernst pilier
Nombre de messages : 256 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/04/2010
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 27 Juil 2010, 08:08 | |
| - rotko a écrit:
Peut-on ironiser sur le suicide d'une personne dont « l’acte artistique ultime a été de se pendre à l’âge de 28 ans.» ? Là tu te répètes, mon cher Rotko. Je te sens bien près de condamner moralement Nancy Huston comme pas convenable. Ne sens-tu pas ce risque ? Tiens, et entretemps, voilà que Crevette la trouve immodeste et mégère... Je ne jugerais pas sur le fond, mais qui est excessivement moraliste et qui ne l'est pas ??? | |
| | | Ernst pilier
Nombre de messages : 256 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/04/2010
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 27 Juil 2010, 08:15 | |
| Pas une accusation, hein ! juste pour dire "Va savoir !"
Marrant que ce soit une polémique entre Le Monde du dimanche et Le Monde des Livres, quelque part...
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 27 Juil 2010, 09:45 | |
| A mon avis, quand on parle littérature, on sort des argument littéraires, or Nancy Huston s'attaque à la personne en ce qu'elle a de plus vulnérable.
La plus élémentaire deontologie exige des citations exactes et non des accusations gratuites et dévalorisantes contre la personne.
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| | | Ernst pilier
Nombre de messages : 256 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/04/2010
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Mar 27 Juil 2010, 20:31 | |
| Il me semble que la vraie question n'est pas de savoir si Nancy Huston est un être vil, mais de savoir si toute subversion est art. Je déteste les censures " bien-pensantes", mais il ne s'ensuit pas qu'une "pièce de théâtre" (dont certes je n'ai supporté que le début) faite de vociférations d'acteurs/trices tout nus qui se jetaient des coeurs et boyaux sanglants de boeuf sur le corps et s'en frottaient est de l'art... mais hélas je ne sais plus de qui c'était. Ce soir même sur Arte, on nous montrait aussi un extrait de pièce avec acteurs mâles tout nus (c'est la mode, décidément), qui ne disaient rien du tout mais se tiraient le zizi, mimaient des sodomies et des postures de partouzes... je me demande comment ils faisaient pour ne pas entrer en érection . Enfin, ça ne me dérange pas du tout. Tant qu'on ne m'accuse pas de persécuter honteusement l'auteur (serait-ce notre suicidaire?) par mon indifférence. Qu'est-ce que j'y peux, à mon indifférence devant ce... truc ? au moins, le "théâtre nu" japonais (le Butô) a une démarche esthétique visible, lui, et ne consiste pas en "assouvissement". Ne pas non plus le surévaluer, d'ailleurs !! | |
| | | Ernst pilier
Nombre de messages : 256 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/04/2010
| Sujet: Re: Pour une littérature bien convenable ? Jeu 29 Juil 2010, 10:07 | |
| Ce sujet me turlupine, peut-être parce qu'on va croire que je pense comme Nancy Huston et je ne veux pas de ça. Entendons-nous bien, elle a le droit de ne pas aimer Cioran ou Thomas Bernhardt, mais si elle réclame leur censure, elle est en tort d'autant plus grave qu'elle pèsera sûrement moins lourd pour la postérité ! mais comme je ne la lis pas, ni John Littel, ni les journaux, d'ailleurs à peine fiables, je vais poursuivre une réflexion forcément plus générale. Thèse n°1: Est-ce qu'il n'y a pas un choix face à la vie ? lui dire "non" ou lui dire "oui"? Un être qui oublie tout travail sur lui-même et sur ses propres imperfections, tout repli méditatif de dix ans sous une cascade glacée (simple image nipponnisante) a t-il le droit de clamer que le monde est mal fait, injuste, et qu'il crache dessus ? n'est-il pas, lui ou elle, une poussière du hasard avec la risible prétention mégalomaniaque de s'instituer en tribunal du monde entier? et se tuer à 28 ans pour ça, comme Sarah Kane ! se tuer ! choisir la mort ! plus précieux que la vie, quoi donc ?! ce ne serait pas une connerie à dénoncer ? "Dire oui à la vie" selon le précepte de Nietzsche, n'est-ce pas notre premier, voire seul devoir ? et pour tout ce qui brise ou peut briser les colonnes de verre de notre fragile et compliqué édifice personnel, ne faut-il pas d'abord travailler à les renforcer, à les agencer de façon adéquate à passer à travers ces falaises, regardez comme elles sont hautes et étroites!
"Et maintenant, Votre Majesté, Mesdames et Messeigneurs, je vais vous démontrer le contraire!" comme disait le regretté Bernard Giraudeau en abbé de cour sémillant et sophiste dans l'excellent film Ridicule que je recommande à tous.
Thèse n°2 : Si par hasard, à propos de la mission que je me suis fixée, au sens de ma vie (et fût-ce à la suite d'efforts sur moi-même) je ne rencontre que l'échec, le ratage, mon rêve ne donnant qu'un tas de bouse, ne suis-je pas justifié à me suicider tel Sarah Kane ? n'est-ce pas une forme de rachat, le seul possible même pour un samouraï ? Et pourquoi pas entraîner dans ma mort le plus de gens possible, tel Chuo Seung-Hui ? "Si Dieu n'existe pas, tout est permis", on en revient toujours là.
J'ai l'air complètement HS, mais en fait j'essaie de centrer un peu le débat. - Toute subversion / destruction du discours / provocation a t-elle un rôle d'éveil et donc, par suite, un rôle en littérature ? - Ou bien y a t-il nécessairement un travail d'art et des règles (peut-être même éthiques) pour qu'on puisse parler de communication littéraire avec autrui ?
A mon avis c'est cela, la question de la littérature convenable ou pas convenable. | |
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