Nina Berberova [Russie]

Berberova Nina, l’accompagnatrice, chez librio ou Actes Sud

Citation :

« Je passais rapidement comme une ombre, sans regarder le public. Je prenais place en baissant les yeux, je posais mes mains sur le clavier. Elle, elle distribuait ses sourires et ses regards comme si elle ne pensait à rien qu’à ceci : « me voici. Vous voilà. Voulez vous m’entendre ? Je vais chanter pour vous. Quelle joie de vous faire plaisir ! »

Au concert comme dans la vie, Sonetchka la pianiste, est ignorée alors que Maria Nikolaevna, la soprano mène une vie brillante, adulée de tous.

Aussi, bien qu’attachée à la cantatrice, elle voudrait la punir de son insolent et constant bonheur, comme si elle, si petite, pouvait jouer un rôle dans la cour des grands.

Berberova donne la voix à cette femme frustrée de bonheur, qui fait des rêves de midinette :

Citation :

« [...] être deux, avec quelque un et pour que, de temps en temps, cela ressemble… Je lui aurais ciré ses chaussures le matin je lui aurais repassé ses mouchoirs, essuyé son rasoir humide. Je l’aurais attendu pour dîner, quelquefois je me serais serrée contre lui, pour que mon cœur sente sa chaleur ».

On l’écoute, la plaint-on vraiment ? Elle a le cœur trop sec, même le lecteur se détourne d’elle.

Et c’est Berberova qu’on admire, pour ce récit sobre qui dissèque les âmes sans concession.

Je me souviens d'avoir lu plusieurs livres de Nina Berbérova il y a bien longtemps C'était triste des vies douloureuses d'émigrés mais j'ai vite accroché car elle exprime ce qu'on peut avoir au fond de nous sans oser le dire C'était parfois morbidePas une pointe d'humour.je vais les retrouver et ils vont descendre 3 étagères maintenant que j'ai fini d'arracher la tapisserie de la chambre (ça n'a rien à voir mais il faut que je bricole )

berne a écrit:

Je me souviens d'avoir lu plusieurs livres de Nina Berbérova [....]C'était triste des vies douloureuses d'émigrés [...] .je vais les retrouver et ils vont descendre

oui oui, descends-les et parles-en car je ne les ai pas lus ! la prmière partie de l'accompagnatrice parle de la misère et de l'exil, avec sans doute des souvenirs personnels. l’Accompagnatrice ,écrit en 1934 ne fut publié qu’en 1985. On y voit déja le caractère autoritaire du régime sur les artistes :

Citation :

Quelques messieurs désinvoltes commencèrent leurs visites ; ils ne demandaient pas où et quand Maria Nicolaevna allait chanter, ni ce qu'elle allait chanter.
C'était comme s'ils la réquisitionnaient, et ils lui donnaient des ordres, poliment bien sûr, mais sans admettre d'objections : tantôt il fallait monter dans un camion qui était devant la porte pour assister à une réunion au Kremlin, tantôt il fallait chanter à la Philarmonie des morceaux bien précis, et cela un jour bien précis et pas un autre, tantôt il fallait accepter un engagement au Bolchoï pour l'hiver suivant.

A propos des artistes et tout particuliérement d'une cantatrice et d'un violoncelliste (Rostropovitch)

Galina Vishnevskaya, a russian story, HJP

Galina est une cantatrice qui raconte ses débuts en musique, sa rencontre avec Rostropovitch, et les années noires vécues en URSS. Voilà un document facile à lire qui en dit long sur la tyrannie exercée par un Etat totalitaire sur des artistes, fussent-ils de premier rang.

On frémit en pensant que suite à des tracasseries de tous ordres, Rostro en venait à perdre son talent, à se contenter de jouer "facilement", voire à s'abandonner à la facilité...

on voit aussi les difficultés d'autres musiciens comme Chostakovitch. Un index permet de retrouver facilement les personnages et les oeuvres.

En outre, on voit la vie quotidienne. Exemple, l'énorme différence entre les habitudes alimentaires pour bébé entre Americains et Russes. Les démêlés de Rostro avec la farine pour nourrisson qu'il utilise pour la première fois, sont à hurler de rire. Il fait du béton !

Ces petits entr'actes servent de pauses. Dans ce récit on prend conscience de la continuelle tension de l'artiste soucieux d'atteindre la perfection de son art. Pour Galina, il s'agissait de former sa voix, de bien connaître sa tonalité, ce qui, vous le verrez, peut donner lieu à de funestes erreurs de diagnostic.

Je n'ai pas trouvé sur chapitre.com de traduction française, mais la version anglaise est disponible sur amazon.

Le mal noir de Nina berberova, traduit du russe par Luba Jurgenson, chez Actes sud débute sur l'histoire de 2 boucles d'oreilles.



Le diamant de l'une de ces boucles est atteint par le "mal noir", ce qui lui ôte toute valeur.

Et on verra que ce récit aborde le thème du couple à Paris, et à New York, que dans ces couples possibles, le narrateur est incapable d'aimer.

Il est, comme la boucle d'oreille, atteint du "mal noir" :

Citation :

Une fêlure qui vivait en moi depuis des millions d'années.

Le récit est en même temps une évocation de la solitude.

A New York, le narrateur écoute les confidences d'une femme :

Citation :

Je me suis mariée il y a six ans, et maintenant je divorce, mon mari m'a quittée. Il m'a dit : je ne sais pourquoi, mais on ne peut pas vivre avec toi. une femme doit être un tout petit peu drôle. E toi, tu ne l'es pas du tout.

le narrateur ne peut que répondre :

Citation :

Je suis moi-même un miroir qui ne reflète rien.

Ce récit, on a du plaisir à le refeuilleter, il offre constamment de très belles pages.

- Un conseil : ne lisez surtout pas la quatrième de couverture ; elle révèle une donnée que l'auteur précise "vouloir cacher pour l'instant".

Autrement dit, en informer le lecteur avant la lecture est particulièrement mal avisé !!

Le livre du bonheur:


4è de couverture:
En 1923, à Paris, le suicide du célèbre violoniste Sam plonge Véra dans une grande agitation. Avec son ami d'enfance, c'est tout un pan de sa vie qui vient de mourir, convoquant le passé, les souffrances, les doutes. À partir de cet événement aussi essentiel que dramatique, la jeune femme part en quête d'un bonheur, celui qu'elle cherchait déjà autrefois, celui qui s'épanouit dans l'amour lorsque, les deuils ayant été accomplis, la joie peut enfin naître au monde.

Mon avis:
J'ai découvert Berberova avec ce livre.Très belle écriture témoignant d'une grande sensibilité.
Au fur et à mesure nous accompagnons l'héroïne dans la maturation de son processus de recherche du bonheur.
Après des expériences de dépendante/passive elle apprendra à mieux reconnaître ses besoins, à être plus "égoïste" et réussira à vivre une relation amoureuse épanouie.
Certains passages sont demeurés flous pour moi, je ne pense pas en avoir saisi tout le sens et le manque de "présence" et de "profondeur" de la plupart des personnages m'a quelque peu dérangée et a fait que je n'ai pas vraiment été "passionnée" par cette lecture.

Le livre du bonheur

On peut trouver ce court récit (158 p) chez J'ai lu.
Ne pas se fier au titre...