Lydie Salvayre

Lydie Salvayre, la déclaration, Julliard.
2260007481
Une valse à deux temps.

Dans un premier temps,la déclaration à son épouse : non pas des mots d'amour, mais le dégoût de soi et la haine des autres. Le narrateur charcute les plaies, avive les douleurs, l'écriture devient poison.

A tel point que j'ai pensé : ce roman donne mauvaise haleine à ceux qu'il touche ! j'abandonne, ou j'ai des nausées. Je déverserai ma bile sur GDS* !

Puis le narrateur va chez ses parents : bonjour l'ambiance ! des discours loufoques, on a la rate qui se dilate et on rit de bon coeur. Le recours aux religions orientales ? désopilant. La recherche d'une âme-soeur par minitel ? du délire.

Et après ? quand je ris, je me déconcentre et je ne prends plus au sérieux les malheurs du narrateur. Je l'abandonne à son sort.

Le texte donné par Provence est interessant : alors que faut-il penser de lydie Salvayre ?
(trop de y dans ce nom-là, je tape à côté des touches !)

Je n'ai pas lu La déclartation.
Par contre, j'adore les deux livres que j'ai lu d'elle : La compagnie des spectres et La conférence de Cintegabelle.
Un humour décapant, une écriture phénoménale. Je vais en lire d'autres d'elle, c'est certain, elle m'époustoufle!

son petit dernier dont j'ai oublié le titre (le vif du vivant ?) avait bonne presse.
ici un entretien avec Lydie

http://perso.wanadoo.fr/erato/horspress/salvayre.htm

Elle est venue passer l'AM chez nous, pour un café littéraire organisé par la bibliothèque municipale. Normal, elle habite à deux pas, pas pu nous refuser ça . Elle vaut le déplacement. Elle est extra cette nana !

Coucous tous,

J'ai lu deux livres de Lydie Salvayre, ce qui m'a un peu retenue d'en lire d'autres, je l'avoue

- Passage à l'ennemie : ou l'histoire d'un inspecteur qui infiltre un gang, ca c'était assez marrant, somme toute
- Les belles âmes : ou les voyages touristiques au coeur de la misère.. personnellement j'ai détesté ce livre, même si je l'ai lu en entier

Roudi

L'ennui quand on a lu un livre qui ne nous a pas plu, c'est d'éprouver des réticences pour lire un autre livre du même auteur. Or c'est parfois injuste, je le sais bien.

Oui, mais ce qui est bien, c'est quand d'autres personnes, sur Grain de Sel par exemple, nous disent qu'elles ont aimé tel ou tel autre livre du même auteur. Ca oriente le choix du livre qui va peut-être nous réconcilier avec l'auteur.

Et puis la lecture dépend tellement de l'état d'esprit dans lequel on se trouve que bon... parfois, ca vaut aussi la peine de relire un livre non aimé, ou de recommencer un livre non fini. La vision peut en être toute autre.

Je retiens donc La compagnie des spectres et La conférence de Cintegabelle pour une future lecture.

roudita a écrit:

, ca vaut aussi la peine de relire un livre non aimé, ou de recommencer un livre non fini.

eh oui ! Sur de chaudes recommandations , j'ai repris Le Dieu des Petits Riens d'arundhati Roy Arundhati Roy, que j'avais abandonné à deux reprises ! c'est mon record ! et j'ai été très content

Je viens de lire Passage à l'ennemie dont Roudita disait du bien et je ne suis pas déçue.
Puis, avec l'actualité épique de la flicaille à Sarko, ce serait bien qu'il le lise !

J'avais bien aimé Passage à l'ennemie et je vous recommande La méthode Mila....féroce et drôle
un auteur qui n'a pas froid aux yeux sans pour autant tomber dans la caricature grotesque

Lydie Salvayre a des adeptes convaincantes ; j ai posté sur la declaration, si tu n'es pas d'accord, "rentre-moi dans le chou". Je n'ai lu que ce livre-là et des éloges sur les autres livres (rire).

j'avais abandonné La compagnie des spectres et Cintegabelle....je ne suis donc pas une inconditionnelle de cet écrivain mais elle m'intrigue assez pour ouvrir chacun de ses nouveaux romans....quitte à les refermer dés la première page...
La déclaration vient d'être ajouter à ma liste des "à lire".....

Vous m´avez fait travailler dûr ce matin, découvrant Lydie Salvayre sur Google, puisque vous en parliez, Mila et Rotko, j´ai vu cette video-interview de l´auteur, interrogée sur "La méthode Mila".
Interessante optique, nouveau regard sur Descartes de la part de cette femme qui ne se refuse pas d´établir des courts-circuits entre la litterature classique et la vie de tous les jours.
http://www.lmda.net/direct/videosalvayre.html

ce livre m'a plu et je l'ai trouvé assez loin du ton "Salvayre" que je connaissais car en dehors du premier chapitre , LS s'avère moins féroce que je ne l'aurai cru....j'ai ri, souri et compati....pas de fausse note dans ce très court, mais dense, roman qui dépeint, entre autre, l'ambiance d'une clinique psychiatrique avec beaucoup de justesse...

quant à la fin...LS laisse la porte ouverte....on peut considérer que l'auteur cède à la facilité et laisse le lecteur finir le roman
pour moi cette fin donne au roman une autre dimension, bien plus vaste que ne le laissait présager le début et j'ai trouvé ça bien

Après les 80 premières pages ( sur 188) de La Compagnie des spectres, mon intérêt amusé ne faiblit pas.

Extraits de la 4 de couv :
"Deux femmes, la mère et la fille, vivent recluses dans un petit appartement. Survient Maître Echinard, un huisier ...chargé de procéder à la saisie.....
devant l'homme de moi impassible, les deux femmes vont se livrer à de furieux soliloques et tisser le récit, aussi hilarant que monstrueux, de leurs batailles et de leurs douleurs, de leur mémoire et de leur peur."

J'ai terminé le "Salvayre" dont je parlais plus haut. Je confirme, c'est (pour moi au moins) très bon : humour, cocasserie de situation et décalage, et là-dessous interrogation sur le temps et donc sur l'identité de l'individu. J'ai apprécié, beaucoup.

Extrait de La compagnie des spectres, exposé sur Darnand de la mère :

Citation :

Nom Darnand, prénom Joseph, surnom Jo ou Jojo, qualité tortionnaire, sexe masculin, ascendants cent pour cent français, épouse française, origine aryenne vérifiée par index céphalique (échelle quatre), taille médiocre : 1, 67 m, adopte posture cambrée pour gagner quelques centimètres, signe distinctif : moustache rectangulaire de la grandeur d'un timbre-poste collée au-dessus de la fente labiale qu'on ne peut décemment désigner du nom de bouche, égout serait plus approprié, physionomie brachycéphale, teint bistre, pelage noir et dru, autant de caractères qui se laissent comparer à maints égards au pedigree de la race dominée. [...]
A l'examen racial, lut maman, présente verge trapue recouverte d'un abondant et catholique prépuce sous lequel deux testicules dissymétriques entr'apparaissent.
Maman voyons, m'exclamai-je, mais je restai bloquée sur cette aposiopèse, et ma mère en profita pour continuer la lecture de ses grossièretés.
Mal policé et brutal dans ses manières. Résultat scolaires médiocres. Darnand utilise peu de mot abstraits. Ecrivain favori : néant. Musicien préféré : néant. Darnand demeure sceptique face aux choses de l'art derrière lesquelles se dissimule trop souvent : le Juif. Il n'en dira pas plus. Inaptitude totale à comprendre les beautés de la philosophie et de la métaphysique. A l'age adulte rencontre énormes difficultés à apprendre par coeur des mots tels que Kriegsverwaltungschef ou Oberkriegsverwaltungsrat. Contourne la difficulté en hurlant Heil chaque fois qu'il croise un de ces titres remarquables.

Portrait de l'écrivain en animal domestique.

Sélectionné pour le Goncourt...

Déjà, la quatrième de couverture qui prétend que :

Citation :

Tout oppose a priori l'écrivain et le businessman. L'un incarne (ou le croit) la soif d'absolu, le goût de l'inutile, l'esprit de révolte. L'autre la brutalité affairiste et le désir violent de dominer.
Qu'advient-il lorsque l'un se met au service de l'autre ? Lorsque l'écrivain accepte d'écire la biographie, forcément élogieuse, du businessman ? Quelles fascinations s'exercent ? Quelles complicités se lient ? De quelles abdications se paient-elles ? Jusqu'où et jusqu'à quand peut-on se renier, se compromettre ?

est mensongère. Cette problématique pouvait-être intéressante. Mais quand l'écrivain en question (la narratrice) est une espèce de chiffe molle, de paillasson hystérique dont on ne sait pas ce qu'elle a pu (ou comment elle a pu) écrire qui lui donne le droit au titre d'écrivain, qui ne fait que courber l'échine sans se poser trop de questions, ça perd tout intérêt. Et la soi-disant "confrontation" des deux mondes est totalement absente. Le roman est une longue (longue longue longue) caricature de l'homme d'affaires le plus riche du monde, le roi du hamburger, d'origine française et forcément pauvre - ben voyons - et ce qui aurait pu être une farce jubilatoire, une satire efficace, se réduit à une série de clichés baignés dans la pire des vulgarités, vulgarité cachée (mal cachée) sous de superfétatoires imparfaits du subjonctif qui -même si je peux les aimer ailleurs - sont ici ridicules et malvenus.
Bref, j'ai détesté ce bouquin. J'imagine qu'il est là parce qu'il est publié au Seuil...

j'ai fait un essai avec Salvayre, mais elle n'était pas mon genre.

B.W son prochain livre paraîtra au Seul dans fiction et Cie

B.W est représentant d’une grande maison d’édition. Lydie Salvayre raconte comment il se détourne de ses activités, même reussies, lorsqu'il les ressent comme un carcan.

Citation :

Sa passion, c’est la course sur 800 mètres. Il gagne un championnat national, mais la discipline d’une Fédération l’étouffe, il s’en va.etc.

Seuil.

croyez-vous comme Lydie Salvayre le dit à propos de jimi Hendrix, à

Citation :

la puissance suicidaire de tout véritable créateur ?

.

Le 18 août 1969 à l'aube, devant le parterre dévasté de Woodstock, Jimi Hendrix déchire le silence au son sauvage de sa guitare pour jouer l'hymne américain. C'est un cri. Et ce cri, telle est la conviction de Lydie Salvayre, seul Jimi Hendrix pouvait lui donner toute sa puissance. Parce qu'il est noir, de cette minorité qu'on envoie volontiers mourir au Vietnam.

Parce qu'il est aussi Cherokee, de cette minorité peau-rouge niée dans ses droits et dans sa dignité. Parce que sa mère a sombré dans l'alcool et a dérivé vers la mort. Et parce qu'enfin la musique a été sa seule balise, cette musique dont il fut un explorateur trop génial pour être tout à fait compris par son époque. Mais son manager le poussait à des tournées exténuantes et répétitives.

Spoiler:

Entre overdoses de synonymes et poésie tendance quinoa bio, «Hymne» de Lydie Salvayre, qui se veut un hommage à Jimi Hendrix, est d'abord un hymne à elle-même

un article pas aimable pour Lydie

c'est la grande mode, parfois organisée par les éditions sonatine, pour qu'un écrivain rende hommage à un musicien.

Je ne defendrai pas Lydie Salvayre.