heiner muller (+ isabelle huppert)

Me voilà à Paris, il fallait donc bien que je paye le luxe d'une pièce de théâtre jouée par une "célébrité". Du coup, hier j'ai acheté un billet pour Quartett d'Heiner Muller interprété notamment par I. Huppert.

Pourquoi cette pièce : parce que j'aime le travail d'Huppert et parce que j'avais beaucoup aimé Hamlet-machine de Muller.
Bon évidemment, je m'y suis prise trop tard, toutes les "bonnes" places étaient prises, du coup je me trouve à un endroit improbable où si je suis sûre d'entendre, pour voir je crains de me tordre le coup (... c'est beau les théâtres à l'italienne mais c'est pas pratique et en plus c'est sectaire (moins t'as d'argent, moins tu profites du spectacle))

Compte rendu après le 21 novembre.

Même si la place n'est pas la meilleure, tu as bien de la chance...

Ma très chère
Et bien-aimée
Petite Couinie

Pense à te faire
Une jolie toilette
Pour aller
Au théastre
Car là-bas
Les vieux monsieurs
N'auront d'yeux
Que pour toi, ma jolie

Alors sois belle
Ambassadrice
De GDS*
N'y va pas en rangers !!!

me voilà revenue de cette soirée.

Mes impressions à chaud en quelques mots :
je déteste les théâtres à l'italienne où je me casse le dos parce que je ne vois que la moitié de la scène (c'est pour ça qu'on paye moitié moins cher.. :silent: )

Mise en scène très statique, qui rappelle les théâtres nô dans le mouvement des corps et les sonorités.
Beaucoup de couleurs très symboliques
Des phrases répétées en boucle, l'impression que le temps s'entortille, se suspend, se pend par les pieds...
Quelques râtés aussi : un chant du diable qui rappelle grossièrement le bélzebuth de Coluche, maladroit

La musique était superbe (d'ailleurs je viens d'aller voir sur internet qui est le compositeur, apparemment ce serait le même que celui qui a fait celle de In the mood for love)
Des effets de lumière bien pensé : du rouge, du bleu, du vert, du blanc, des projos qui suivent une main, un visage. l'impression de regarder une peinture. Une ébauche.
Un échange des rôles entre Valmont et Merteuil, qui finalement donne un poids énorme à la femme, qui alors montre Valmont comme une esclave de la féminité. Un point de vue décalé, propre à cettemise en scène là je pense.

Un texte qui frappe, qui tone, qui vrombit, qui grogne, des effets sonores qui bouleversent (l'impression qu'un être se fait étrangler, étouffer.. qu'on lui arrache la vie à petits feux)
Des corps qui se touchent peu mais qui dans l'espace s'electrisent

Merci Queenie pour ce reportage bien ficelé, pour ceux comme moi qui ne pourront pas voir le spectacle.
En lisant tes mots il me semble le voir, il ne me manque plus que les mots de la pièce pour mon imagination. Merci !!!

On m'a fait travaillé sur Hamlet-Machine et j'aimais bien.

Quartett - Heiner Muller
Mise en scène, scénographie, lumières de Bob Wilson
avec Isabelle Huppert, Ariel Garcia Valdes
et Rachel Eberhart, Philippe Lehembre, Benoît Maréchal

Musique originale : MICHAEL GALASSO
Traduction : Jean Jourdheuil et Béatrice Perregaux

Au théâtre de l’Odéon du 28 septembre au 02 décembre 2006
En suivant ce lien, vous pourrez voir diverses infos et documents :

Le spectacle : Présentation - Extrait - Entretien avec Robert Wilson
Quartett, dossier de presse (117.9 Ko)
Lettre 61 - Quartett - Baal - Hey Girl ! - Cassandre - Le Grand Inquisiteur (981.5 Ko) - Les dates

La pièce : Quartett, dossier pédagogique (811.2 Ko) - Müller Heiner - Wilson Robert

voici les photos récupérées sur le petit livret

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j'espère que j'ai bien fait comme il fallait cher NEstor

Je n'étais pas d'accord avec moi-même, j'ai donc édité ce message.

Heiner Müller semble être cet espèce de porche (mystique) entre une espèce de réalité intangiblement poétique et une réalité théâtrale dissoute. Je crois que la meilleur façon de définir Heiner Müller c'est tant sa volonté de destruction complète du langage où les mots se donnent un écho vocationnel qui sert l'acteur dans la déconstruction appliquée du théâtre conventionnel - heurter sans volonté de ne faire qu'heurter : apprendre à apprivoiser son émotion, ses émotions et sa psyché.

Quelle chance à ceux qui sont allés voir Isabelle Huppert !