Ouf... je viens de terminer Journal de trêve de Frederic Berthet, un pavé...
Meilleur extrait:
"Ce qu'il y a de terrible dans l'insomnie, c'est que non seulement elle est un châtiment en soi, mais en plus il va encore falloir être condamné à la fatigue pendant toute la journée".
C'est si vrai...
Critique Telerama
C’est un document intime, brut et imparfait, mais d’une lumineuse authenticité. On imagine Berthet prendre des notes, jeter pensées et aphorismes ici et là. On y est, on le voit, on le tient : ceci est un cahier d’écrivain. On y découvre quelques perles (« Ecrire : se sortir de l’eau soi-même en se tirant par les cheveux ») et pas mal de formules avortées. Beaucoup de répliques suaves, couchées là en attente d’être sublimées. Des fragments inspirés de ses récentes lectures (Saul Bellow, Kafka, saint Augustin). Et quelques ébauches d’un grand roman (Trêve) qui ne viendra jamais.
Telle est l’ironique conclusion de l’auteur : à la certitude de son talent s’ajoute celle de son échec. A 25 ans, Berthet écrit : « Tout déjà raté : soulageant. » Il vise la perfection, reprend ses phrases sans cesse, les malmène à la serpe et fauche dans l’orgueil pour mieux sculpter l’œuvre. Cela donne une paperasse foutraque et pure, que la pudeur éditoriale condamne généralement aux tiroirs. Or c’est en ouvrant ces tiroirs qu’on libère l’inconscient. Et, avec lui, ces charmants êtres de papier, une Constance, une Johana, un Jérémie, qu’on recroisera à peine changés dans les nouvelles. Des adolescents qui, à l’image de l’auteur, vivent leur oisiveté avec le sentiment de l’intelligence en eux, comme une provocation. Journal de Trêve n’est pas aussi élaboré que son lointain aïeul, le Journal des Faux-Monnayeurs de Gide. Mais il est (presque) aussi passionnant. Mieux que la genèse d’un roman, voici le radieux constat de son impossibilité