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 Herman Melville

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Harelde
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MessageSujet: Herman Melville   Herman Melville EmptyJeu 28 Jan 2010, 09:24

Je viens d'entamer la lecture de White Jacket (La Vareuse blanche). Pour le moment, il ne se passe strictement rien. L'auteur nous informe de tout ce que l'on peut apprendre au sujet du bâtiment sur lequel il s'est embarqué : une frégate de guerre. Vous saurez tout ou presque : les mâts, l'équipage et sa hierarchie très complexe, l'organisation de la vie à bord... C'est très intéressant, mais Herman Melville use d'un vocabulaire de marin que tout le monde ne maitrise pas. Comme je fais partie de cette catégorie d'ignorants, j'ai cherché un lexique afin de mieux comprendre de quoi parle le narrateur.

Vous trouverez tout dans ce lexique de la marine à voile

Herman Melville Bateau-a-voile
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptyJeu 28 Jan 2010, 14:25

J'ai lu Israël Potter traduit par Philippe Jaworski, un récit allègre et mouvementé. J'ai oublié les détails, sinon que cette histoire courte m'avait bien plu.
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptyVen 29 Jan 2010, 09:25

rotko a écrit:
J'ai lu Israël Potter traduit par Philippe Jaworski, un récit allègre et mouvementé. J'ai oublié les détails, sinon que cette histoire courte m'avait bien plu.
Citation :
Le paysan Potter, enrôlé dans l'armée qui n'est pas encore américaine, est fait prisonnier par les anglais et va vivre une épopée incroyable : servir d'espion pour Benjamin Franklin, s'entretenir dans les jardins de Kew avec le roi d'Angleterre en personne, rencontrer quelques flibustiers célèbres et tenter des coups terroristes absolument insensés. Balotté comme un bois mort au milieu de l'océan, le pauvre Israel gardera toujours l'espoir et cette envie irrépressible de s'emparer d'une liberté que le monde lui refuse. L'infortune congénitale dont il est affecté le condamne au fil des scènes à enchaîner les emmerdes et les drames, mais aussi à porter en permanence sur lui l'héroïsme bravache et inconscient qui caractérise, selon Melville, l'âme américaine.
Il me semble sympa, effectivement.
Cool
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptyJeu 04 Fév 2010, 08:37

Enfin !
J'en ai enfin fini avec la Vareuse blanche (White Jacket). Un des bouquins les plus chiantissimes que j'ai eu l'occasion d'ouvrir.

Le livre est un pavé : 580 pages. Il commence doucement par nous décrire longuement la vie à bord d'un navire de guerre de la marine à voile des Etats-Unis de la moitié du XIXe siècle. On s'enrichit rapidement : le vocabulaire est riche et on apprend beaucoup à feuilleter le dictionnaire.
Puis, on avance, on avance... on avance... et le récit ne démarre jamais. Herman Melville le dit clairement à la moitié du livre : son sujet unique, c'est justement de décrire cette vie à bord de la frégate le Neversink (l'insubmersible). Et c'est tout !
Vous avez donc une succession impressionnante de très courts chapitres (près de 95 en tout) qui sont autant de petites anecdotes concernant le bateau, de la cale aux huniers, du matelot au capitaine. Point. Peu de suite, voir pas, dans un récit donc très découpé, haché.
J'ai craqué quand Herman Melville détailla les principaux articles du code de la marine... pale
J'ai terminé le bouquin tant bien que mal en sautant des chapitres entiers.


col
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptySam 13 Mar 2010, 06:16

Dans la production de Melville, deux brefs récits se détachent :
« Bartleby le scribe » et « Billy Budd, marin ». Ce sont des chefs-d'oeuvre.


Bartleby est un pauvre diable qui déserte le camp du diable social. Il ne préfère pas, c'est tout. Il interrompt la comédie, ne mange plus, finit à la prison des Tombes, tourné contre un mur, et meurt tranquillement dans l'herbe de la cour où on le laisse à son destin immobile. D'où venait ce spectre réfractaire ?
D'un emploi aux lettres de rebut à la poste de Washington (ce sont les dead letters brûlées périodiquement). Bartleby est devenu lui-même une lettre morte. Le très religieux Melville vous fait signe à travers saint Paul : « La lettre tue, l'esprit vivifie.» Le Diable tue dans l'attachement servile à la lettre, et Bartleby est un martyr, qui, sans rien dire, a tout compris.


Philippe Sollers sur Bibliobs

«Bartleby le scribe, Billy Budd, marin, et autres romans. OEuvres, IV», par Herman Melville, édition de Philippe Jaworski, avec David Lapoujade et Hershel Parker, Gallimard, la Pléiade

ou tout simplement chez Folio, même traduction.

Herman Melville Bart10
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptyMer 24 Mar 2010, 15:02

Je termine à mon tour Bartleby le Scribe.

Nouvelle que j'ai trouvée insolite. Je ne dirai pas agréable car ce personnage est moralement mourant. Tout d'abord travailleur et consciencieux, il se met tout à coup à refuser les tâches qui lui sont assignées (Je préférerais ne rien faire). Pour finir par ne plus rien faire du tout. Il ne travaille plus, ne sort plus de l'étude où il dort. Ne mange presque plus. Léthargie... J'imagine un pauvre diable qui tenterait vainement de remonter une pente savonneuse. Il s'échine, il s'échine sans parvenir au moindre résultat. Puis renonce, englué, glissant lui même, il attend la mort. Le récit de Melville commence à ce moment de résignation. Je pense qu'au moment ou Bartleby entre dans l'étude il est déjà perdu.

Cette histoire nous est contée par l'homme de loi, propriétaire de l'étude et dont on ne connait pas le nom. Cet homme se prend d'amitié et de compassion pour Bartleby. Il tente de l'aider. En vain, également.

Tout en lisant ce livre, je m'imaginais Fabrice Lucchini ou un Pierre Desproges, seul sur une scène brillante de sobriété et déclamant le texte de Melville.

A lire !
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptyLun 01 Nov 2010, 21:02

Je n'ai pas lu la Vareuse blanche, mais apparemment le caractère très technique de l'ouvrage serait dû au lectorat de l'époque, très friand de détails dans la littérature dont le but était essentiellement de cultiver.

J'ai lu par contre Moby Dick, qui est ma plus grande expérience littéraire à ce jour. Moi qui aime énormément l'eau, la mer, les grandes étendues et tout ce qui touche l'impression d'absolu, j'ai été comblé. Melville le décrivait comme un roman métaphysique. Dans la construction cela ressemble à une suite de scènes plus ou moins décousue, avec de nombreuses réflexions sur des sujets divers, comme la cétologie. L'écriture fonctionne comme une vague, et Giono en parle mieux que personne : " La phrase de Melville est à la fois un torrent, une montagne, une mer. (...) Mais comme la montagne, le torrent, ou la mer, cette phrase roule, s'étire et retombe avec tout son mystère. Elle emporte; elle noie. Elle ouvre le pays des images dans les profondeurs glauques où le lecteur n'a plus que des mouvements sirupeux, comme une algue. (...) Toujours elle propose une beauté qui échappe à l'analyse mais frappe avec violence. " En allant plus loin, je dirais même que la construction du livre répond à cette dynamique, et met à profit les penchants à la description de la littérature de l'époque. En s'astreignant à une lecture austère et parfois complexe, on atteint la richesse d'un récit à la mesure du cachalot traqué.

J'ai également lu Bartleby le scribe, qui m'a beaucoup marqué. Je dois dire que les conditions étaient parfaites : un après-midi pluvieux, près d'une baie vitrée, en écoutant du Satie. C'est sûrement la plus belle alchimie que j'ai éprouvée pendant une lecture. Dans un premier temps, ce qui m'a le plus frappé, c'est l'incroyable tempérance du narrateur. Il paraît presque la Raison incarnée. Bartleby incarne lui, du coup, l'impasse raisonnable. C'est toute la puissance du " I would prefer not to " (difficilement traduisible) qui fait la nouvelle. On est assurément dans une atmosphère pessimiste. Ça ressemble un peu à une expérience sur un langage de la résistance, qui résonne avec les œuvres de H. D. Thoreau à la même époque.
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptyJeu 14 Juin 2012, 05:04

Le livre qui a inspiré Melville pour moby Dick

Herman Melville Na10

Nathaniel Philbrick dans the heart of the sea raconte la légende de l'Essex, le bateau poursuivi et détruit par un cachalot en 1820. Perdus en mer, seuls huit des 21 membres de l'équipage furent sauvés, après trois mois d'errance.

Il est question d'adapter à l'écran un scénario Charles Leavitt (Blood Diamond) assez proche de l'histoire mélant dérive dans l'Océan Pacifique, cannibalisme et maladies.
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MessageSujet: Herman Melville   Herman Melville EmptyJeu 01 Aoû 2013, 11:28

Herman Melville Zrxg
 
 
"À l’âge de dix-huit ans, il s’embarqua comme matelot, hanté par la passion des voyages. En 1841, il passa sur un baleinier, mais après dix-huit mois de croisière, déserta à Noukahiva et pénétra à l’intérieur de l’île où il faut fait prisonnier par les Taïpis pendant quatre mois. Il visita ensuite Tahiti et les îles Sandwich et revint à Boston en 1844. Il fit de nouveaux voyages pleins de péripéties de 1843 à 1847, puis en 1860 refit le tour du monde. Il se retira ensuite dans son domaine de Pittsfield. Ses romans et livres de voyages ont eu un grand succès […] : Typee, or marques as island (1816) […]; Mardi (1849); Redburn; White Jacket (1850), livre consacré à la vie des gens de mer; Moby Dick (1851); Israël Potter (1851); Battle Pieces (1866), etc."
 
"Les œuvres de (Nathaniel) Hawthorne exercèrent une influence profonde sur son ami Herman Melville (...) qui se fit un nom en publiant des romans exotiques inspirés des aventures maritimes de sa jeunesse. Suivant l'exemple d'Hawthorne, Melville se mit à écrire des romans remplis de réflexions métaphysiques. Dans Moby Dick, le récit d'une chasse à la baleine devient prétexte à l'examen de thèmes comme l'obsession, la nature du mal et la lutte de l'homme contre les éléments. Dans un autre roman remarquable, Billy Budd, il met en scène le conflit entre le devoir et la compassion à bord d'un navire en temps de guerre. Ses ouvrages les plus profonds se vendirent mal et, à sa mort, il était oublié depuis longtemps. Il ne fut redécouvert que dans les premières décennies du XXe siècle."
 
Biographie
 
« Comme Nathaniel Hawthorne, il descendait d'une famille riche et ancienne qui sombra brusquement dans la misère à la mort du père. Malgré une éducation patricienne, des traditions familiales de fierté et un travail acharné, Melville se retrouva démuni et sans éducation universitaire. A dix-neuf ans, il s'embarqua. Son intérêt pour la vie de marin découla naturellement de son expérience personnelle et la plupart de ses premiers romans sont directement inspirés de ses voyages en mer. On y constate la vaste expérience de la démocratie du jeune Melville et sa haine de la tyrannie et de l’injustice. Son premier livre, Typee, évoque la période qu’il a passée parmi la tribu des Taipis, soupçonnée de cannibalisme mais en fait hospitalière, aux îles Marquises, dans le Sud du Pacifique. Il y fait l’éloge de ce peuple et de son mode de vie naturel, harmonieux, et critique les missionnaires chrétiens qu’il juge beaucoup moins civilisés que les peuplades qu’ils venaient convertir.
 
Moby Dick, le chef-d’œuvre de Melville, est l’épopée du navire baleinier Pequod et de son capitaine, Achab, cet «impie, semblable à un dieu», dont la poursuite obsessionnelle de la baleine blanche, Moby Dick, mène le navire et son équipage à leur perte. L’œuvre, roman d’aventures, réaliste, renferme une série de méditations sur la condition humaine. Tout au long de ses pages, la chasse à la baleine est une grandiose métaphore de la quête de la connaissance. Des catalogues et des descriptions réalistes des baleines et de l’industrie baleinière émaillent le récit, mais tous ces passages ont des connotations symboliques. Au chapitre quinze consacré à la baleine franche, le narrateur explique que cette dernière appartient aux stoïques tandis que le cachalot compte parmi les platoniciens, référence à deux grandes écoles de philosophie.
 
Certes, le roman de Melville est philosophique, mais il est également tragique. En dépit de son héroïsme, Achab est condamné et peut-être même damné. La nature, si belle soit-elle, demeure étrangère et potentiellement mortelle. Moby Dick, la grande baleine blanche, est une existence cosmique, impénétrable, qui domine le roman comme elle obsède Achab. Les faits relatés sur les cétacés et la chasse à la baleine ne suffisent pas à expliquer Moby Dick; au contraire, ils auraient plutôt tendance à devenir des symboles et chacun d’eux est relié en un réseau cosmique à chacun des autres faits. Cette idée de correspondance ne signifie pourtant pas que les hommes sont capables de «lire» la vérité dans la nature, comme le croit Emerson. Derrière les faits qu’accumule l’auteur, il y a une vision mystique – bonne ou maléfique, humaine ou inhumaine, cela n’est jamais expliqué.
 
Le roman est moderne dans sa tendance à ne se référer qu’à lui-même. Herman Melville y commente souvent les processus de l’écriture, de la lecture et de la connaissance. Ainsi, l’un des chapitres de Moby Dick est une étude exhaustive dans laquelle le narrateur tente une classification à laquelle il renonce, affirmant que rien de grand ne peut jamais être mené à bien («Dieu me garde de jamais finir quoi que ce soit. Tout ce livre n’est qu’un brouillon – voire un brouillon de brouillon. O Temps, Force, Argent et Patience»). Cette idée d’un texte littéraire considéré comme une version imparfaite ou un brouillon abandonné est très contemporaine.
 
Achab s’entête à imaginer un monde héroïque, hors du temps, un monde d’absolus dans lequel il se dressera au-dessus de ses hommes. Dans sa folie, il exige un texte terminé, une réponse. Mais le roman montre que, de même qu’il n’existe pas de textes achevés, il n’y a pas de réponses définitives sauf, peut-être, dans la mort.
 
Certaines références littéraires résonnent dans tout le roman. Achab, par exemple, dont le nom est celui d’un roi de l’Ancien Testament, désire une connaissance totale, faustienne, divine. Comme Œdipe dans la tragédie de Sophocle, qui paie le tribut tragique d’un savoir néfaste, Achab est aveuglé avant d’être blessé à la jambe et enfin tué. Moby Dick se termine sur le mot «orphelin». Ismaël, le narrateur est un errant semblable à un orphelin. Son nom lui vient de la Genèse dans l’Ancien Testament: Ismaël était le fils d’Abraham et d’Agar – la servante de Sarah, épouse d’Abraham. Ismaël et sa mère furent chassés dans le désert par le patriarche.
 
Il y a d’autres exemples encore. Rachel (une des femmes de Jacob) est le nom du bateau qui recueille Ismaël à la fin du livre. Enfin, la baleine métaphysique rappelle aux lecteurs juifs et chrétiens le récit biblique de l’aventure de Jonas, jeté par-dessus bord par des matelots persuadés qu’il leur portait malheur. Avalé par un «grand poisson», selon le texte de la Bible, il vécut un certain temps dans son estomac avant d’être rejeté sur la terre ferme, grâce à l’intervention divine. En essayant d’échapper au châtiment, il ne fit qu’accroître ses souffrances.
 
Les références historiques enrichissent aussi la matière de son roman. Le Pequod porte le nom d’une tribu indienne de Nouvelle-Angleterre disparue; ainsi ce nom donne à penser que le navire est voué à disparaître. En fait, la chasse à la baleine était une industrie importante, surtout en Nouvelle-Angleterre, et fournissait l’huile, source d’énergie, en particulier pour les lampes. C’est ainsi que la baleine déverse littéralement sa «lumière» sur l’univers. La chasse à la baleine était expansionniste par nature et liée à l’idée de destinée manifeste, puisque les Américains devaient parcourir le monde à la recherche de leurs proies (en fait, l’Etat d’Hawaii est passé sous domination américaine, parce qu’il servait de principale escale pour les navires baleiniers américains). Les membres de l’équipage du Pequod représentent toutes les races et plusieurs religions, ce qui érige l’Amérique autant en symbole de l’esprit universel qu’en creuset démographique. Enfin, Achab incarne la version tragique de l’individualisme démocratique américain. Il affirme sa dignité d’individu et ose s’opposer aux forces inexorables de l’univers.
 
L’épilogue du roman tempère la tragique disparition du navire. Melville ne cesse d’insister sur l’importance de l’amitié et de la communauté multiculturelle de l’humanité. Après le naufrage, Ismaël est sauvé par le cercueil qu’a fabriqué son ami intime: le courageux harponneur tatoué, le prince polynésien Queequeg. Les dessins primitifs, mythologiques, du cercueil résument l’histoire du cosmos. Ismaël est sauvé de la mort par un objet de mort. De la mort surgit la vie, en fin de compte.
 
On a dit de Moby Dick que c’était une «épopée naturelle» – une superbe mise en scène du drame de l’esprit humain sur fond de nature primitive – à cause du mythe de la chasse, du thème initiatique, du symbolisme édénique de l’île, de la manière positive dont sont traités les peuples de l’ère prétechnologique et de la quête d’une re-naissance. Par cette façon de camper l’humanité seule face à la nature, le roman est éminemment américain. L’écrivain Alexis de Tocqueville avait prédit dans son œuvre publiée en 1835, De la démocratie en Amérique, que ce thème s’imposerait car c’était l’un des résultats de l’avènement de la démocratie : Les destinées humaines, l’homme, pris à part de son temps et de son pays, et placé en face de la nature et de Dieu, avec ses passions, ses doutes, ses prospérités inouïes et ses misères incompréhensibles deviendront pour ces peuples l’objet principal et presque unique de la poésie […]. Tocqueville pense que, dans une démocratie, la littérature se penchera surtout sur «l’homme dans les profondeurs de sa nature immatérielle» et non sur les simples apparences ou les distinctions superficielles de classe ou de position sociale. Il est certain que Moby Dick et Typee, comme Les Aventures d’Huckleberry Finn et Walden correspondent bien à cette description. Ces œuvres constituent des célébrations de la nature qui remettent en cause la civilisation urbaine, fondée sur la société de classes. »
 
Katharyn VanSpanckeren, Esquisse de la littérature américaine. Ouvrage publié par l'Agence d'information des Etats-Unis
Oeuvres
 

 
 
Adaptations cinématographiques des oeuvres de Melville
 
1956 - Moby Dick. Drame de John Huston avec Gregory Peck. Adaptation réussie du roman de Melville. Gregory Peck excellent dans le rôle, exigeant, du capitaine Achab.
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MessageSujet: Re: Herman Melville   Herman Melville EmptyJeu 01 Aoû 2013, 16:16


très interessantes considérations, Soussou, sur les valeurs symboliques et références bibliques dans Moby dick. La conférence que j'ai entendue, et qui se faisait l'écho de l'étude de Pétillon sur le roman américain voyait dans Moby Dick un ouvrage fondateur de la littérature americaine, dans son inspiration protestante, et ses digressions savantes sur les baleines et le matériel, présences fréquentes dans les romans américains : on s'y promène, semblant oublier le fil narratif, mais pour y revenir par la suite.

La position de l'écrivain, comme attablé sa tâche, n'avait pas retenu l'attention de mon conférencier.
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