Le cyclone

habitué(e) Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 05/02/2009

Un jeune courbaril qui avait survécu à une invasion humaine trônait majestueusement au milieu d’un champ d’immeubles. Il était le seul rescapé d’un petit bois qui abritait une faune nombreuse et variée.

Le miraculé qui ne s’expliquait toujours pas sa survie avait du, cependant, surmonter l’épreuve et combattre la solitude. Le temps passant il avait fini par accepter son sort et s’était même fait de nouveaux amis. Les enfants du quartier venaient souvent jouer, à l’ombre de ses branches feuillues. Il avait si bien appris à les aimer qu’il ne pouvait même plus se passer d’eux et souffrait de leur absence durant les jours d’école.

Ce premier matin du mois de juillet qu’il adorait parce qu’il ouvrait la porte aux grandes vacances, le soleil se leva de bonne heure inondant la terre d'un déluge de lumière et de vie. Le courbaril, en pleine croissance, déploya ses feuilles pour mieux recevoir cet élixir matinal. Après tout, pensa-t-il, il n’était pas si malheureux dans sa nouvelle existence. Pour faire passer le temps qui le séparait de ses petits compagnons, il suivait le mouvement de l’astre dans sa marche diurne sur la voûte céleste.

En milieu de matinée, l’atmosphère s’alourdit d’un bruit qui vint s’ajouter à la cacophonie humaine. Il pensa un instant à ses petits protégés mais dut, très vite, déchanter. A la place de la marmaille, il vit arriver un groupe d’hommes armés d’outils qui ne laissaient présager rien de bon sur leur intention. Tandis qu’autour de lui quelques uns érigeaient une barrière comme pour délimiter un périmètre funéraire, deux autres s’approchèrent de plus près. Après s’être consulté, l’un d’entre eux, muni d’un marteau, frappa trois petits coups sec sur son épais tronc, comme pour évaluer sa robustesse. Ils se parlèrent à nouveau avant de se retirer pour laisser la place à un exécuteur brandissant une trancheuse d’arbre.

Le bruit et la fumée l’enveloppèrent tandis que des dents d’acier s’enfonçaient dans sa chair fibreuse, juste au-dessus de ses racines. La lumière du jour peu à peu, se transforma en ténèbres et le ciel lui-même s’obscurcit avant de se retirer. Tandis que son corps massif s’allongeait au sol, dans un bruit assourdissant, son ultime plainte, une pensée lui traversa l’esprit, celle des enfants qui n’auraient plus d’arbre pour les abriter.

Peu de temps après sa disparition, un nouvel immeuble sortit de terre et s’éleva à la place qu’il avait occupée.

pilier Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005

merci Tolsto,

je pensais d'abord à un récit de SF, mais ce n'est qu'à peine une anticipation.
Ma meprise venait de mon ignorance sur un nom : pour en savoir plus on va ici. Smile

Joli texte, poétique et mélancolique sur un arbre dont j’aime bien aussi l’autre nom, le jatoba.

Me reviennent également les mots prononcés par Aimé Césaire, plantant un courbaril, à ses yeux symbolique :

« Le courbaril : l’appui sur la profondeur du sol pour l’élan médité et patient.
Le courbaril, la démarche lente mais résolue vers l’avenir. […]
Ce qui est valable pour l’arbre est valable pour l’homme. »

Merci Tolsto.

C'est un sujet malheureusement bcp d'actualité... La nature détruite par le progrès... C'est très poétiquement dit.

Animation Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007

La mort d'un arbre...très joli texte.

un réctit qui me semble une petite merveille
Merci

Triste et vrai. J'aime beaucoup, moi aussi. Merci, Tolsto

Ah oui...
J'aime beaucoup aussi.
Mais je me sens un brin mélancolique après cette lecture...
Sad

pilier Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006

très beau texte ! plein de poésie Bravo tchin!

Sujet: Noël à Kôlbo Lun 30 Nov 2009, 19:16

Sur mon blog, dans mon dernier article, « Noël à Kôlbo », je vous vivre un noël d’avant dans nos campagnes. Et cerise sur le gâteau avec le très beau poème de Florette Morand, «Voici venir Noël ».
Allez sur : http://maricelbaltus.unblog.fr/tag/noel/

habitué(e) Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 05/02/2009

Meilleurs vœux pour 2010 et après avoir souhaité la santé à tous j’invite à faire de même pour nos îles de Guadeloupe. Maintenant écouter les paroles de sagesse d’un vieil arbre créole.

« Si pakèt zannimo, rèsté dé tèt a lak, E yo jis fini pa mèt pyébwa an pak ».

Lisez la suite sur : http://maricelbaltus.unblog.fr/2010/01/01/2010-pawol-a-pyebwa/

habitué(e) Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 05/02/2009

Le vieux crabe avait épuisé toutes les années que la vie lui avait offertes et savait que son heure n’allait pas tarder à sonner. Dans cette journée finissante, les images qui défilaient devant lui entraînaient dans leurs sillages, celles du dedans que le temps passant avait peu à peu archivées.

En quinze ans, il avait réussi à échapper à ses nombreux prédateurs, au rang desquels l’homme occupait la place tout en haut de l’échelle. Il avait passé une bonne partie de son temps à apprendre à connaître celui qui savait apprécier sa chair, et qui ne ménageait point ses efforts et sa patience pour l’attraper. Il avait noté que l’intérêt de l’homme pour son crustacé favori avait évolué avec les époques, et était passé de simple nourriture à une sorte d’adoration, allant même jusqu’à lui consacrer une journée entière qu’il a nommé « la journée du crabe ». Ce jour-là pourtant les crabes n'étaient pas à la fête. Sans qu’il puisse l’expliquer, lui-même avait fini par éprouver de la sympathie pour son plus grand prédateur et le considérait même comme son meilleur ennemi. Il l’avait ainsi durant des années, secrètement et patiemment, observé dans sa course d’étapes pour faire passer le crabe, du trou où il logeait à son assiette. Du redoutable « bwèt a krab » aux recettes les plus convoitées, rien ne lui avait échappé.

Lisez la suite sur: Le crabe érudit

Sujet: Re: Le cyclone Mar 11 Oct 2011, 22:44

Surprenant. Y-a-t-il une suite ? Laughing

Sujet: Re: Le cyclone Mer 12 Oct 2011, 07:48

... euh.... la suite devrait être sur le lien, mais le lien renvoie vers un blog qui n'existe pas (plus?)

scratch

Sujet: Re: Le cyclone Mer 12 Oct 2011, 18:20

Bridget Jones a écrit:: ... euh.... la suite devrait être sur le lien, mais le lien renvoie vers un blog qui n'existe pas (plus?)

J'ai restauré le lien. Merci

Sujet: Les enfants de Kòlbo Jeu 20 Sep 2012, 15:45

une trilogie sur l’évolution de la société guadeloupéenne avec 3 pauses romanesques, les années 1960, 2000 et 2030. Cette fiction plonge le lecteur au sein d’une petite communauté créole, devenue le laboratoire du peuple guadeloupéen à construire.

Nestor, tu viens à chaque fois pour parler de ton blog ! c'est ta troisième mention !!

habitué(e) Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 05/02/2009

Une nouvelle en deux parties qui évoque le passage d’un cyclone sur la Guadeloupe dans les années soixante. A cette époque une grande partie de la population vivait dans une grande pauvreté et la solidarité était souvent la seule parade contre les situations difficiles. La petite communauté rurale de Mango réussira-t-elle à échapper à l’ouragan qui s’apprête à s’abattre sur elle ?

Allez sur: http://maricelbaltus.unblog.fr/