Schostakovitch sans hésitation avec la Symphonie n°13
La symphonie présente des poèmes de Evgueni Evtouchenko sur le massacre de Babi Yar ainsi que d'autres textes. La symphonie fut composée alors que régnait la censure en Union soviétique et Nikita Khrouchtchev menaça de stopper l'exécution de l'œuvre. La création eut bien lieu dans des conditions dramatiques mais en 1965 Evtouchenko fut contraint de réécrire la première strophe de son poème pour proclamer que des Russes et des Ukrainiens non juifs avaient péri aux côtés des juifs à Babi Yar. La partition avec le texte original a été à nouveau publiée en 1970.symphonie influencée par la musique de Mahler et Mousorgski.https://youtu.be/YOmfNobfeqw
Tout ici hurle en silence
par Evgueni Evtouchenko,
Sur Babi Yar, pas de monument.
Un ravin abrupt, telle une dalle grossière.
L’effroi me prend.
J’ai aujourd’hui le même âge
que le peuple juif.
Il me semble là — que je suis juif.
Me voici, errant dans l’ancienne Egypte,
Là agonisant, sur cette croix,
Dont, jusqu’à ce jour, je porte les stigmates.
Il me semble
que Dreyfus, c’est moi.
Les boutiquiers me dénoncent et me jugent.
Je suis emprisonné.
Pris dans la rafle. Poursuivi comme une bête,
couvert de crachats, calomnié.
Et les petites dames, en dentelles de Bruxelles,
glapissent et me plantent leurs ombrelles dans le visage.
Il me semble — que je suis le gamin de Bialystok.
Et le sang du pogrom ruisselle.
Les piliers de bistrot se déchaînent,
puant la vodka et l’oignon.
Et moi, jeté au sol à coups de bottes, sans force,
je supplie en vain mes bourreaux.