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 Paul Harding

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soussou
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Date d'inscription : 25/02/2007

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MessageSujet: Paul Harding   Paul Harding EmptyLun 27 Mai 2013, 10:01

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Les foudroyés

Singulière destinée que celle du premier roman de Paul Harding, d’abord rejeté partout et relégué au fond d’un tiroir avant d’être édité trois ans plus tard à quelques centaines d’exemplaires, repéré grâce au bouche-à-oreille et finalement récompensé contre toute attente par le prestigieux prix Pulitzer.

Que dire de ce texte bouleversant, sinon qu’il déroule dans une langue somptueuse les visions hallucinées d’un vieillard sur son lit de mort ? Il s’appelle George Washington Crosby et il est horloger. À mesure qu’il s’affaiblit et qu’on se presse autour de lui, il convoque les fantômes de son père et de son grand-père, tissant tant bien que mal son roman familial pour donner - sait-on jamais ? - un sens à sa vie. C’est un livre de mémoire et de transmission, un « livre de mon père » qui retrace dans le désordre trois générations d’Américains moyens frappés par une malédiction. Au coeur des Foudroyés se distinguent pourtant les pérégrinations du père de George, un vendeur itinérant aux faux airs de poète qui trimballe dans sa carriole ses babillages et ses babioles. Un homme impénétrable, fantasque et fragile à la fois, victime de fréquentes crises d’épilepsie qui le pousseront à s’exiler pendant de longues années. Un père en pointillé dont le fils agonisant s’efforce de raviver les errances, les rêveries et les fulgurances à travers les paysages éblouissants de la Nouvelle-Angleterre.

« Où est mon père, pourquoi ne puis-je mettre fin à tout ce mouvement et observer les vastes agencements et trouver grâce aux contours et aux couleurs et aux qualités de la lumière où est mon père... » En bon horloger, George s’applique à saisir et à réparer le passé, animé par la conviction que toute existence a ses rouages et qu’il suffit d’imbriquer les souvenirs pour réassembler son destin. Toute la beauté du livre surgit pourtant d’enrayages, de failles et de dérèglements. Lorsque le jeu de Meccano se heurte aux mystères de l’être humain et aux caprices de la mémoire. Lorsqu’on doit soudain faire face à des actes ou à des mots qui échappent à la raison. Lorsqu’il faut se confronter, en somme, à l’expérience stupéfiante de l’étranger qui est en soi. Ainsi de ce père « éclairé par une lumière trop vive », insaisissable jusque dans ses crises d’épilepsie qui lui confèrent une aura surnaturelle et qui fonctionnent dans le texte comme autant d’épiphanies. Paul Harding excelle à décrire ces moments suspendus, lorsque l’horloge s’arrête et que les souvenirs se superposent. Au drame du temps qui passe et aux tristes transformations du paysage américain, il répond par la magie de ces foudroiements intimes qui touchent au sublime et à l’universel.

En patient horloger, l’auteur s’offre le temps de construire chacun de ces instants. À ce titre, son écriture méditative et poétique se lit d’abord comme un acte de résistance contre les règles et les artifices d’une certaine fiction américaine. À la tyrannie du genre, il impose un style hybride, passant du flux de conscience à la pure pastorale, glissant ici et là des entrées de journal aux faux airs d’encyclopédie ou de savoureux extraits d’un vieux manuel d’horlogerie. Contre la linéarité de l’intrigue, il choisit d’avancer au gré d’impressions, d’images ou d’idées, procédant par télescopages parfois au sein d’un même paragraphe, d’un personnage, d’un point de vue ou d’une époque à l’autre. À l’urgence de l’action, il préfère enfin la contemplation, laissant libre cours à son imagination et procédant, en quelque sorte, par illuminations. C’est un fauteuil, une table ou un tapis élimé qui s’anime soudain dans l’esprit délirant d’un homme agonisant. C’est un vieil Indien qui apparaît « chaque fois que les feuilles dorées, rouges et brunes balaient les chemins et s’enroulent dans les vrilles du vent ». C’est l’image de ce père, surtout, quelque part entre le fantôme, le fugitif et le fou - admirable figure du poète qui « sait l’essence véritable, la recette secrète de la forêt, de la lumière et de l’obscurité ». Si ce roman a des airs d’élégie, c’est qu’il sonne le glas et s’enivre tout à la fois de cette Amérique originelle dont s’émerveillaient Emerson ou Thoreau. Une Amérique de nature et de spiritualité - celle-là même que ressuscitent avec tant de grâce les romans de Marilynne Robinson, dont Paul Harding a suivi les ateliers d’écriture à l’université de l’Iowa.



Paul Harding 1653666005


La lumière, elle aussi, se brisait telle une immense assiette, se recollait puis se diffractait de nouveau en une myriade d’esquilles, d’éclats, de lueurs de verre et de volutes moirées traçant de concert une volte paisible et feutrée et saturant tout le champ de vision, si bien que c’est le monde entier, en fin de compte, qui paraissait se dissoudre dans le néant, ses contours ne subsistant plus que par la grâce de quelques stylets de lumière colorée.

un très bel extrait qui frole la transcendance.


Paul Harding dans Les Foudroyés, trad. de l’anglais par Pierre Demarty, 10/18


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rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

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MessageSujet: Re: Paul Harding   Paul Harding EmptyLun 27 Mai 2013, 10:42

oui, edité chez 10/18, donc belle diffusion ! trois titres dans ma médiathèque

les foudroyés,

la galerie du rossignol,

249 p L'action se situe à Londres en 1376, à la mort du fameux Prince noir. Un grand négociant, sir Thomas Springall, est assassiné. C'est alors que sir John Cranston, le coroner de Londres, entre en scène assisté de frère Athelstan, un moine dominicain aux avis judicieux et éclairés.

et

La chambre du diable -- Paul Harding ; Traduit de l'anglais par Christiane Poussier, Nelly Markovic


317 p En 1380, un Français est assassiné à Hawkmere Manor, un endroit connu sous le nom de "Domaine du Diable". Sir John Cranston et frère Athelstan sont chargés d'enquêter sur ce trépas, mais leur chemin est jonché d'obstacles. Leur compagnon, Sir Maurice Maltravers, est plus un poids qu'une aide...
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