Héritier, le sel de la vie

voici le lien pour écouter ces petits plaisirs qui font le sel de la vie

Ils sont juste suggérés, ce ne sont pas les plaisirs du sexe, ou les joies et affres de la Passion, les satisfactions parfois profondes du travail réussi.

mais les baisers dans le cou,

croquer des radis,

recevoir ou donner un baiser spontané

L'auteur s'adresse p 17 au lecteur

Citation :

Et vous, qu'est-ce qui vous manquerait le plus si tout cela devait disparaître de votre vie ?

- les fous rire sans doute surtout dans cette "sinistrose";

- les bons repas conviviaux et la sieste ensuite ;

- lire en bonne compagnie, un passage de Bolano pour illustrer :

Citation :

" Étendu sur le lit, sans lumière mais les yeux ouverts, j'ai essayé de penser aux événements des derniers jours avant de m'endormir. Ensuite, j'ai rêvé que je n'avais plus de fièvre et que j'étais avec Ingeborg dans cette même chambre, sur le lit, chacun en train de lire un livre, mais en même temps très unis, je veux dire : tous les deux certains que nous étions ensemble même si nous restions absorbés dans nos lectures respectives, tous les deux sachant que nous nous aimions."

Citation :

- les fous rire sans doute surtout dans cette "sinistrose";

entièrement d'accord avec toi, Cléo ! si je n'avais plus de fou-rires, ça voudrait dire beaucoup de choses, et puis... par exemple dès mon réveil, je suis allée t^^ater le temps dans mon jardin, il fait très doux, il devrait faire beau.. j'ai regardé l'avancée de l'éclosion des boutons de fleurs, j'ai flairé l'air, ça sent bon ! j'ai gouté ma brioche grillée avec délectation, et puis j'ai pris Minie dans mes bras. Elle a léché le bout de mon nez pour me dire bonjour, et tout ça m'a rendu heureuse. Menus plaisirs du matin

Oui les plaisirs les plus simples sont souvent les meilleurs. Je rajoute : prendre le temps de vivre. Notre société est trop dans l'urgence.

menus plaisirs :
les mots gentils que les Grains m'écrivent et qui me touchent infiniment,
quand je les fais rires avec mes bêtises,
quand j'en console un qui a de la peine,
quand j'écris un poème sur GDS* et qu'il plait à quelqu'un,
quand j'ai mal et que ça passe......

"les conversations de mes grands mères"

dit Françoise Heritier : je sais que celles-là ne s'aimaient pas et se chamaillaient sur des liens de parenté, dressant des généalogies pour s'affronter. Là aurait été, selon l'interessée, un déclic pour le metier d'anthropologue qu'elle exerce actuellement au collège de France, excusez du peu !

revenons au sel,

"retrouver ses clés"

j'aime aussi entendre les disputes de couples à propos des clés :

- c'est toi qui as fermé..

- mais non ! tu es retourné, tu avais oublié ton sac, etc

- tu n'as pas refermé la porte et le chat s'est enfui !!!
- mais si, je l'ai fermée ! j'en suis sûr !
- alors... où il est, le chat ?

je cite un passage pris au hasard pour qui n'aurait pas écouté les liens audio

" ramasser des vers luisants, sentir à la sauvette dans la rue l'odeur d'eau de Cologne de sa grand mère, admirer les robes de Peau d'Ane, rêver d'avoir les jambes longues et fine ou l'air mélancolique des madones intaliennes leur bébé sur les genoux, ou la blondeur artistique et pâle de Tilda Swinton,

avoir voulu mourir sur place le jour (ancien) où Claude Lévi-Strauss vous a demandé ex abrupto si vous aviez quelque chose à dire après un exposé auquel vous n'aviez rien compris, se jurer de ne jamais faire le même coup à quiconque, choisir avec soin un bracelet pour une amie, réconforter une âme en peine, recevoir des marrons glacés..."

Revenir longuement en crawl au bord de la plage, avec un courant arrière, dans une eau fraîche.

avoir, dans le matin bleuté, arrosé les fleurs du jardin en pensant : "elles doivent être heureuses, toute cette eau fraîche ...", et les avoir contemplées avec attention et tendresse, être émue par leur vie trop courte, est-ce que ça pense, une fleur ?
avoir laissé l'eau couler longtemps au pied de l'albizia pour le remercier : tous ces papillons duveteux, roses dans le vert du feuillage ! il est beau, l'arbre.
avoir regarder les graminées blondes et fragiles bouger dans la brise, avec l' élégance, la délicatesse de danseuses ... elles se déploient, se replient, retombent comme lasses et puis dansent à nouveau. Elles couvrent et découvrent tour à tour les géraniums vivaces, roses de leurs petites fleurs veinées de rouge.
avoir enlevé les roses mortes du rosier grimpant qui tache de pourpre le mur blanc...

le plaisir de manger des courgettes, fraîchement cueillies.

le bonheur du jour...c'est ma petiote qui, à la sortie de son travail, vient me montrer sur elle le beau maillot de bain qu'elle s'est achetée avec mon chèque (pour sa réussite au bac)
le bonheur, c'est de la voir marcher, tournoyer, pour me faire admirer comme il lui va bien ! et puis me prendre dans ses bras et m'embrasser encore !

- avoir arpenté cette nuit les couloirs du temps, un siècle passé depuis longtemps, me souvenir encore du rêve, comme si j'avais vécu "ailleurs, hier" un court instant.
- respirer la nuit qui s'attarde au jardin, écouter ..... l'océanchut !