Gilles Jacob est le président du Festival de Cannes. Il est aussi photographe, réalisateur, critique, auteur.
A l'image de Georges Perec, il nous livre ici des petites chroniques, parfois quelques lignes, parfois une page, qu'il commence chaque fois par "Je me souviens". Il parcourt ainsi sa vie, allant de souvenirs intimes à des souvenirs plus publics, à propos du Festival de Cannes, de films, de comédiens... Ce faisant, il éveille chez nous des souvenirs tantôt très personnels, tantôt moins. Ainsi m'est revenu en avalanche, par exemple, "Des fraises sauvages", dans un extrait de l'ouvrage que je vous livre en fin de message. Gilles Jacob porte sur les événements un regard toujours bienveillant, parfois attendri, souvent plein d'humour. Sa lecture est très agréable et je ne manquerai pas de lire d'autres ouvrages de ce personnage polytalentueux (pardon pour le néologisme).
"Je me souviens d'une scène célèbre de Bergman où, dans un sous-bois ensoleillé, une ravissante coquette cueille des fraises sauvages, bientôt troublée par un cousin voleur de baisers.
L'image de ce geste audacieux ramène à sa propre jeunesse le professeur bougon dont l'existence semblait s'être figée en même temps que les sentiments. Berceau vide, corbillard sans cocher, horloge sans aiguilles : partant de cette terrible absence de vie, le film raconte comment, sur le tard, renaissent les émotions chez un vieil égoïste. Comment revoir tout ce qu'on a raté permet de se construire enfin."