Nicole Caligaris, le paradis entre les jambes.

En 1981, à Paris, le Japonais Issei Sagawa tue et mange une étudiante néerlandaise. Assoiffé de notoriété, il a toujours revendiqué le caractère esthétique de son acte.

Toute l'histoire.

Le 13 mars 1984, la Cour de Cassation confirme l'irreponsabilité. Le 21 mars 1984, Issei Sagawa retourne au Japon, d'abord en hopital psychiatrique puis, le non lieu prononcé en France marquant l'abandon des poursuites judiciaires, libre, en 1986,

date à partir de laquelle il mène une existence très médiatique, participe à des shows télévisés, mettant en scène son cannibalisme, donne des conférences, figure dans des films, fait l'objet d'un court métrage remarquable dOlivier Smolders, Adoration, 1986, d'une biographie, le Japonais Cannibale de patrick Duval, Stock 2001, d'une chanson des Rolling Stones, d'une chanson des Stranglers, voyage, fait l'objet d'un reportage qui le montre en Hollande acompagné d'une jeune femme au physique de top model, écrit des livres sur son expérience cannibale, fait l'objet de romans, dont la lettre de Sagawa de jûrô Kara, publié en 1983, à partie d'une correspondance entre Kara et Sagawa, qui obtient le prix Akutagawa.

p 14 de Nicole Caligaris.

j'avais lu la lettre de sagawa lors de sa parution. Très bon livre.

je lis le paradis entre les jambes, drôle de titre , où Nicole Caligaris, ancienne condisciple de Issei Sagawa et de Renée Hartevelt, dans un séminaire sur le surréalisme, parle aussi de sa propre histoire.

lecture en cours, mais parfois le style de l'auteur surprend, dans la mesure où la fulgurance des images prime sur la clarté du discours.

Elle a du mal à accepter une certaine conception de la féminité qu'on a voulu lui imposer (nattes bien nettes et jupe plissée), ainsi que des "servitudes physiques" qui, pour moi, n'évoquent rien évidemment. Mais je continue ma lecture.

Nicole Caligaris ne s’attarde nullement sur du sordide ou du graveleux. Elle se livre à des réflexions qui touchent à la fois à sa sexualité, au religieux et à la peinture, éléments qui touchent à cette affaire.

Ainsi elle parle de Lucian Freud, de Bacon, et de leur portraits qui, semble-t-il, font ressortir de la représentation de l’humain un aspect délabré de viande corruptible.

Bon ! Voyons le cannibalisme dans l’ordre religieux

« Torturé, humilié de son vivant, le corps du christ est transmuté par la mort en substance dont, autorisée par un rite de purification, l’ingestion symbolique réunit l’homme et le divin. Acte étrange qui place le Dieu en victime du sacrifice. »

« Le Christ sacrifié est le seul corps humain qu’il nous soit possible d’ingérer symboliquement, au cours d’une cérémonie sacrée qui ne rompt pas le sanctuaire du corps de l’homme, qui le perpétue au contraire. »

L’ennui (pour moi) est que ces réflexions sont décousues, comme si l’auteur profitait de ses dernières lectures pour les appliquer à son sujet. Il manque, je crois, la maîtrise qu’on attendrait d’un sujet dominé, ou du moins d’interrogations qui suivraient un chemin donné. L’auteur en parait conscient

[mon] livre. s’en va par tous les bouts, vainement. Plus que pour aucun de mes livres, je dois laisser ce texte à ses défauts, laisser l’entreprise même à son énigme. Ce que veut être ce livre, je l’ignore. Je m’efforce de retrouver ce fait divers dans mon existence, de retrouver son contact, là où le hasard l’a placé, à l’origine de ma vie littéraire.

Ah bon? Et moi qu’est-ce que je deviens là-dedans ?

Je retire donc mes billes. Salut Nicole !

Rotko se chasse lui-même du "paradis..."