Quand la Justice est faillible...

Citation :

Certains sont recrutés par de grosses entreprises, officiellement pour des conseils juridiques, mais on sait bien que leur capital essentiel est leur carnet de relations.

j'ai des exemples précis, que semble connaître Ysandre, et il est cocasse de les entendre vitupérer contre les petites délinquances alors qu'ils favorisent les grosses entourloupes, ; ils se font dans la même foulée les apôtres d'une vertu officielle - indispensable à la fonction d'élus, et les entremetteurs vénaux des fraudes et évasions fiscales.

Je me demande parfois si l'opinion publique ne montre pas une coupable indulgence pour "ces malins", au fond enviés, voire admirés. On préfère Danton à Robespierre.

Les "incorruptibles" ne sont pas honorés, ils sont craints... et salis.

Oui Robespierre, belle époque "la terreur", des guillotines de partout, c'est vrai qu'à notre époque il y a des gens qui la regrettent, les mêmes qui critiquent les islamistes qui lapident les femmes...Le problème c'est que de nos jours les Robespierres ne sont plus incorruptibles, nous avons des exemples d'un bord à l'autre de l'éventail politique...

Robespierre : la guerre à l'interieur, la guerre à l'exterieur, la trahison partout.

Pour les juges incorruptibles, on a vu quelques belles figures comme Eva Joly. Je remercie encore l'ami qui me l'a fait lire, et des Van Ruymbecke etc.

Quoi qu'on en dise la Terreur ne fut pas une des plus belles pages, de notre histoire, André Chénier ayant participé à la guerre à l'interieur j'en doute.. ...Encore heureux qu'il existe des juges honnetes...

oui, il faudrait que je lise, un jour, une monographie sur Robespierre, étant plus porté sur les grandes périodes historiques que sur les individus.

Quant à Chénier, je ne le connais pratiquement pas, et il ne me tente guère

un livre de Giorgio Fontana: Que justice soit rendue




À soixante-cinq ans, Roberto Doni est substitut du procureur général à Milan et il aimerait finir sa carrière en beauté : issu de la bonne bourgeoisie, passionné de musique classique et grand amateur des tableaux de Georges de La Tour, sa vision de la justice n’admet aucun compromis. Jusqu’au jour où Elena Vicenzi débarque dans son bureau, lui apportant les preuves qui innocentent un jeune Maghrébin, accusé d'un procès en appel où Doni est procureur. Convaincu par l’enthousiasme et la fraîcheur de cette journaliste free-lance qui réveillent en lui d’anciennes passions, le magistrat accepte de sortir des sentiers battus. Son enquête le conduira dans un monde qui lui était inconnu, celui de la banlieue milanaise multiethnique, débordant d’une vitalité parfois désespérée. Après bien des détours et de multiples conversations avec la journaliste et avec les témoins qu’elle lui a présentés, le jour du procès arrive enfin.

Efficace et élégant, ce roman nous offre aussi une réflexion très originale sur les rapports entre Justice, Loi et Vérité.




Giorgio Fontana, né en 1981, vit et travaille à Milan. Que justice soit rendue est son troisième roman, le premier traduit en France et dans d’autres pays. Il a obtenu le prix Racalmare-Leonardo Sciascia 2012.



François Bouchard enseigne la littérature italienne des XIXe et XXe siècles à l'université de Tours. Il a traduit entre autres Pietro Verri, Vittorio Imbriani, Alberto Savinio, Massimo Bontempelli, Franco Cordelli et Giuseppe Pontiggia.



Traduit de l'italien par François Bouchard

Ouf un peu d'air )à l'exterieur, enfin, Naples c'est quand même bien pollué...

Puisqu'on est à Naples vous souvenez vous de "Main basse sur la ville" de Francesco Rosi avec Rod Steiger, un superbe film sur la corruption à tous les niveaux (Année 1963)





"Spéculation immobilière et politique dans une ville d'Italie entraînée par l'urbanisation trop rapide d'un quartier à l'instigation d'un entrepreneur de droite. Les travaux provoquent une catastrophe: l'effondrement d'un immeuble vétuste. Les partis politiques s'arrachent les victimes pour faire triompher leur cause. Lion d'or du Festival de Venise 1963."

146 p.

Fils d'un père breton, d'une mère algérienne, Ali-François Caillou, étudiant en droit, a été arrêté dans une manifestation pacifiste, inculpé de violences à agent, incarcéré à la prison de la Santé. La Justice l'a pris par hasard, elle le garde, elle le juge. Nulle perversion dans le fonctionnement de la machine judiciaire, dont ce livre est la scrupuleuse radiographie. Elle va honnêtement son train, selon ses habitudes, avec ses préjugés. Au bout du chemin elle broie l'innocent.

"broyé..." oui, elle broie ! et c'est horrible quand c'est injuste !
même quand c'est juste, d'ailleurs ! le mot "broyer" évoque pour moi des machoires sans état d'âme

Frissons d'assises : L'instant où le procès bascule de Stéphane Durand-Souffland, 260 p chez Denoel.

premier procès : Guy George, tueur et violeur multirécidiviste, inoccenté dans un premier cas (agressions légères) par un ADN qui n'était pas le sien retrouvé chez une victime.

un prévenu souriant, amical avec ses avocats. Confondu par son ADN et reconnu par des propies qui lui avaient échappé.

Le tout est de le faire passer publiquement aux aveux, pourtant déja enregistrés sur procès verbaux.

La défense essaie en vain de jeter d'autres pistes, le cas est évident, mais il est difficile de "faire craquer" cet individu qui demande un délai de réflexion, promettant de tout dire.

Il finit par tenir parole, décrit un bain de sang, et se lance dans une diatribe contre la justice et la société. Il a été privé de son nom (la DAAS a retenu ses deux prénoms seulement) et il n'a pas été protégé de lui-même.

Condamné à la perpétuité, avec une peine incompressible de 22 ans. Son cas montre à quel point son comportement est imprévisible, inattendu.

procés alegre; un toulousain de 33ans : 5 meurtres + viol et un viol avec tentative de meurtre

Il ne s'agit pas de faire le tour des atrocités, mais de comprendre comment on peut en arriver là.

Le procès d'assises veut tout éclairer, pour que les familles épolorées puissent faire leur deuil, et le meurtrier prendre conscience des délits communs pour ne pas rester un "monstre étiqueté", mais quelqu'un qui rejoint le camp des humains, tout en étant àl'écart de la société comme un danger.

Un point de vue qui justifie d'éclairer tous les détails, les circonstances, les modalités etc. donc une catharsis générale, et non pas un rejet total.

perpetuité avec une peine de sûreté de 22 ans.

l'accusé a remis des lettres adressées aux parties civiles.

On imagine les traumatismes de chacun des protagonistes de cette affaire, je pense aussi aux jurés bien sûr, voire aux spectateurs (j'ignore leurs mobiles, mais ces affaires les ont touchés)

Le procès de françois Besse montrerait comment un accusé devient un héros populaire !

roi de l'évasion, et condamné par contumace, l'accusé comparaît pour de vieilles affaires. Il a depuis fait des études, mûri et réfléchi, il fait son autocritique, se désavoue.

Il parle d'égal à egal avec le président du tribunal, reconnaît sa mauvaise conduite, séduit la cour et les chroniqueurs par l'analyse de ses comportements.

Compagnon un temps de Mesrine, il a fait preuve d'une ingeniosité fabuleuse pour organiser une évasion de la Santé, et des cavales, formes inattendues de prisons volontaires, reconnaît-il.

La cour le condamne à 8 ans de prison, il n'a jamais tué personne, ne s'est plus évadé, et sa peine accomplie, il s'est reconverti dans l'humanitaire en milieu carcéral.

Une forte personnalité qui impressionne.

Emile Louis et "les disparues de l'yonne"
 
7 jeunes filles handicapées ; procès en 2004.
 
Emile  Louis interpellé à Draguignan en 2000 se renseigne sur la prescription, consulte le code de procédure pénale, et avoue imprudemment 7 crimes, conduisant ensuite les enquêteurs sur les lieux d'enfouissement des cadavres.
 
Ensuite il rétracte ses aveux, se dit victime de coincidence et d'un complot,

Citation :

victime d'une bestiole, une force surnaturelle

.
 
L'habileté du président qui prend le vantard au mot finit par destabiliser le criminel : il avoue à nouveau.
 
Il fera appel, ira en cassation. Le culot du tueur est sidérant.
 
réclusion perpetuelle à perpétuite  avec peine de sûreté de 18 ans.
 
rappel de l'affaire : Il a bien failli passer à travers les mailles. Qui se souciait de filles handicapées ?

Procès Fourniret
 

Citation :

"le plus insoutenable de la dernière decennie"

dit le chroniqueur judiciaire, où comparaissait un "tueur en série déterminé, un pervers absolu qui s'emploie à pervertir son propre procès".
 
Pourtant c'est un moment de fou rire qu'il raconte, l'expliquant par l'insupportable tension de ce procès.
 
En peu de pages,- je laisse le moment paradoxalement hilarant qu'il rapporte, Durand-Souffland explique comment Fourniret à rencontré Monique Olivier, sa complice, par un échange de courriers. Il était alors en prison pour une agression sexuelle, et a recruté Monique O par une petite annonce.
 
Le rôle qu'elle a joué auprès de lui dans ses meurtres est glaçant !
 
Fourniret (tueur de 7 jeunes filles sinon plus) a été condamné à "perpetuité réelle", peine incompressible, et sa compagne, à laperpétuité aussi, mais avec une peine de sûreté de 28 ans.
 
l'article de Libé sur tout cette affaire.
 
le couple Fourniret-Olivier a en enfant :
 

Citation :

De cette monstrueuse union est né en enfant, Sélim Fourniret. Qui peut dire ce que ce gamin a vu, ou entendu, et dans quelle mesure, ses parents l'ont épargné ? Les abjects, Michel Fourniret et Monique Olivier, n'en ont pas fini avec le mal, et lèguent à Sélim, un bien sordide héritage

un juré brise le secret du délibéré. Chef-cuisinier d'une cinquantaine d'années, Thierry Allègre a siégé il y a quelques mois dans une cour d'assises d'appel pour y juger un homme, accusé d'un viol sur mineur qu'il avait toujours nié.

En racontant les discussions qui ont précédé le verdict, Thierry Allègre encourt un an de prison et 3 750 € d'amende. Un risque qu'il prend parce que, dit-il, « je veux pouvoir me regarder dans une glace ». Il en est convaincu : sans les magistrats professionnels, l'accusé aurait été acquitté.

Particulièrement partiale, la présidente de la cour d'assises aurait manipulé les jurés, assure-t-il. Ce que l'intéressée, jointe au téléphone, se refuse de contester.

Le Parisien.

Sophie Kepes

Probe et libre : Un écrivain juré d'assises


le récit d’une expérience marquante vécue au palais de justice de Paris.

En 2007, Sophie Képès est convoquée au Palais de justice de Paris. Elle est désignée en tant que juré de cour d'assises. Passant de la fierté au doute ' il va certainement s'agir d'envoyer quelqu'un en prison ' elle ne cherche pourtant pas à se désister. Comme Gide en 1912, elle est curieuse de participer à ce moment de la vie démocratique. Il faut dire qu'à la différence de Gide, elle sait qu'elle n'aura à envoyer personne à l'échafaud.

Après la désignation, l'auteure est par trois fois tirées au sort, pour juger trois affaires de viol et d'abus sexuels sur mineurs. Déjà nombreux à l'époque de Gide, les crimes sexuels constituent aujourd'hui la majorité des affaires jugées aux assises.

C'est à la narration de ces trois affaires que Sophie Képès nous invite dans cet ouvrage. Mais au-delà, elle nous donne à voir ce que c'est que juger lorsqu'on est citoyen et, par des références régulières au texte de Gide, elle nous montre ce qui a changé ou non en cent ans de justice de la République

Intime conviction sur Arte à 20h50 le vendredi 14 février.

ou l'histoire d'un procès d'assises, une enquête criminelle inspirée de faits réels.

le médecin légiste Paul Villers, joué admirablement par Philippe Torreton, a appelé un soir son ami le commandant de gendarmerie Guinet pour le prévenir que sa femme s'était tirée une balle dans la tête à leur domicile conjugale de Bayonne, dans la salle de jeux des enfants. On apprend que la gendarmerie a classé rapidement l'affaire considérée comme un suicide.

Mais ce n'est pas du goût du capitaine de police Judith Lebrun, interprétée avec justesse par Camille Japy, qui rouvre l'enquête. Petit à petit le doute s'installe: et si Paul Villers avait lui-même tué son épouse? Finalement, le docteur Villers est mis en accusation devant la cour d'assises.