Maxime Ossipov, ma province.

chez Verdier.

Bien des pages d'Ossipov me rappellent le début de roman russe d' Emmanuel Carrère :

une vie immobile, des institutions corrompues, une violence latente, un alcoolisme permanent. Pas vraiment un cadre idéal que découvre ce médecin russe, à quelque 100 km de Moscou. Quelques données :

Les Russes ont peur de la mort mais n'aiment pas la vie.

Dans toutes les familles, il y a eu dans un passé proche des cas de mort violente : noyade, explosion de petard, meurtre, disparition à Moscou.

L'arriération mentale du Russe commence dès l'adolescence et progresse par la suite, même si l'homme en question devient ingénieur en chef ou agronome.

L'idiotie des autorités (de la région, du département) ne se discute pas, on peut seulement discuter des possibilités de les rouler.

L'auteur est cependant heureux d'y voir de vieilles femmes dynamiques, d'y faire des rencontres interessantes, de bien y exercer son métier, compte tenu de la population.

Ne lui parlez pas des gens arrivés : il les trouve "répugnants".

je continue ma lecture de cet auteur contemporain cultivé, qui cite ses classiques avec aisance, et me promet une nouvelle "comico-épique" de ses "démêlés avec les autorités en place".

Citation :

je continue ma lecture de cet auteur contemporain cultivé, qui cite ses classiques avec aisance, et me promet une nouvelle "comico-épique" de ses "démêlés avec les autorités en place".

c'est en effet une aventure cocasse : un maire décide de la démission d'une cardiologue très performante, et la lutte de ses collègues pour son maintien ou sa reintégration prend une dimension nationale.

Ossipov raconte tout avec ironie, sans minimiser les craintes qu'il pouvait nourrir, comme d'être interné, ou muté/déporté.

On est là dans une farce qui côtoie le tragique, et que les références de l'auteur à des oeuvres classiques situent dans un continuité de la tradition russe !!

On pourrait rêver mieux que des situations grotesques, pourtant de Gogol à Babel, le fil relie les comédies, sans que Ossipov renonce à son idéal humaniste respectable, celui de "bien faire son métier" ! Rieux n'est pas cité, on le voit pourtant en filigrane.

Ossipov complète à l'oral les renseignements donnés dans son livre. C'est "le coeur humain qui l'interesse" déclare non sans humour le cardiologue

Dans une comparaison avec les romans anglais où les noms de villages abondent, il montre que les toponymes sont peu frequents, hormis Saint petersbourg et Moscou, dans la littérature russe, y compris celle du XIXe siècle, . C'est le signe que certains endroits ne comptent pas officiellement : lieux et personnages sont abandonnés à eux-mêmes.

un exemple : il dit avoir fait des voyages dans des régions envahies par la fumée : les incendies en étaient la cause, mais nulle action n'était entreprise pour les juguler.

Les campagnes sont désertées, la population est vieillissante :le tableau sombre de la population en Russie.

La densité moyenne est en Russie extrêmement faible, moins de 9 hbts/km², mais cela
n'a qu'une signification toute relative.

Se trouvent en fait juxtaposées deux Russies, l'une
presque vide et l'autre peu peuplée à quelques rares exceptions