La guerre d'Algérie

On en parlé à plusieurs reprises, notamment à propos du livre "des hommes" de Laurent Mauvignier. A l'occasion de la presentation de ce livre, des anciens appelés d'Algérie disaient le long silence qu'ils ont observé, et le traumatisme psychologique subi.

Regroupés dans une association , ils renoncent à leur pension d'ancien combattant (610 € par an) et la reversent à l'association pour en faire bénéficier l'Algérie, sous forme d'une aide économique, d'échanges de savoir faire, et de rencontres.

Mehdi Lallaoui a consacré plusieurs films à cette guerre qui ne disait pas son nom (il a fallu attendre 1999 pour qu'on parle de guerre, et non d'événements ou de pacification).

J'ai vu hier soir En finir avec la guerre, film présenté par 4ACG (anciens appelés et amis contre la guerre), et commenté par eux, avec des témoignages très émouvants - et instructifs.

Ils ont expliqué leurs silences à l'époque, et dit leur difficulté à témoigner maintenant de ce qu'ils ont fait sur ordre.

Le film comportait cette belle chanson LE SOLDAT D'ALGÉRIE , Paroles : G. Guillou - Delahaye
Musique : Traditionnelle - arr : Melaine Favennec

que vous pouvez lire et écouter sur ce site.

471 p. chez l'Harmattan.

Ici s'expriment, longtemps après, les appelés et rappelés qui ont passé entre 18 mois et 30 mois en Algérie, à faire "du sale boulot".

Sujet très intéressant!

Un documentaire était passé à la télé, réalisé par le grand spécialiste de la guerre d'Algérie, Benjamin Stora.

A voir ou à revoir

Quelques passages d'une interview qui fait réfléchir.

"On est toujours dans la guerre des mémoires, où chaque camp dit : "Ma souffrance est supérieure à la vôtre, mes morts sont plus nombreux." Cinquante ans après la fin de la guerre, il serait temps d'en finir avec cette logique mémorielle communautaire. Je souhaiterais que la France et l'Algérie respectent toutes les victimes : Algériens, harkis, immigrés, pieds-noirs, appelés. Ne serait-ce que par considération pour les morts. "

Certains veulent d'ailleurs en finir avec la logique mémorielle tout court, comme par hasard, c'est toujours les mêmes.

Sa position est intéressante et apporte un élément de réponse face à l'attitude très à la mode consistant à dire: ''nous n'avons pas à nous excuser"

L'interview sur l'Express

@Aglaé ton premier lien n'est pas bon

Citation :

chaque camp dit : "Ma souffrance est supérieure à la vôtre, mes morts sont plus nombreux."

le livre guerre d'Algérie, guerre d'indépendance cité plus haut donne aussi la parole à des anciens de l'ALN. Il était question, disaient les auteurs, de donner en sous titre au livre "regards croisés", puis l'idée en a été abandonnée au profit de Paroles d'humanité.

Ont donc collaboré au livre des partisans des deux camps, et aussi d'anciens pieds noirs de l'association pieds noirs progressistes à qui le cineaste Mehdi LAllaoui donne laparole dans le court métrage les parfums de ma terre.

Oui, c'est intéressant. De manière générale, il ne me semble pas que les pieds noirs pleurant leur pays soient brimés.

Il serait aussi instructif de se pencher sur les pieds noirs qui ont été favorables à l'indépendance de l'Algérie. A lire pour cela, l'ouvrage Ni valise ni cercueil de Pierre Daum qui lève le voile sur les 200 000 français qui ont fait le choix de ne pas partir.

France culture souligne:

Ceux-là, qui les connaît ? Depuis un demi-siècle, les seules voix audibles sont celles des Rapatriés de 1962. Et parmi eux, qui entend-on en général ? Les plus nostalgiques de l'Algérie française, ceux qui affirment qu'ils sont "tous partis", qu'ils n'avaient d'autre choix que "la valise ou le cercueil".

De ceux qui sont restés, aucun ouvrage, aucun article, ou presque, n'a jamais parlé. Preuves vivantes qu'un autre choix était possible, ils ont toujours été, au mieux, ignorés des Pieds-noirs de France ; au pire, considérés comme "traîtres" pour être restés vivre avec les "Arabes".

Une pensée pour Jean Sénac

Jean Sénac, né à Béni-Saf en Oranie (Algérie française) le 29 novembre 1926 et assassiné à Alger le 30 août 1973, est un poète qui avait rejoint dès 1955 la cause de l'indépendance algérienne.

l'article de Wikipedia

«L’heure est venue pour vous de m’abattre, de tuer

En moi votre propre liberté, de nier Ça n’est plus bien

La fête qui vous obsède. Soleil frappé, des années saccagées

Remontera

MON CORPS».

Jean Sénac

voir aussi jean Sénac le réfractaire qui donne beaucoup de précisions sur son destin.

Tout d'abord merci beaucoup pour avoir rendu compte à vos visiteurs de la projection-débat animée par 4acg à St Nazaire, hier.

Je précise que désormais la retraite de combattant que les adhérents de 4ACG reversent pour des actions solidaires est de 610 € par an.

En ce qui concerne le réalisateur du film " En finir avec la guerre" votre lien ne signale pas les dernières réalisations.

Un relevé plus récent se trouve sur notre site à cet endroit: http://www.4acg.org/spip.php?article18

On peut y visionner plusieurs films de Mehdi Lallaoui: Les massacres du 8 mai 1945 à Sétif , le film projeté lundi à St Nazaire, des Extraits du manifeste des 121,

ainsi que le dernier film de 31m de Mehdi " La moudjahida et le parachutiste" qui est en exclusivité en avant première sur notre site et qui sera projeté au festival

FIDEL (Festival images de la diversité et de l’égalité) à Paris le 19 octobre.

oui, bonjour jourocos,

Merci pour les mises au point. En particulier les grains apprécieront que Mehdi Lallaoui ait traité dans le silence du fleuve le 17 octobre 1961.

Sur ce sujet, l'association 4ACG écrit à l'actuel président de la république :

Citation :

la reconnaissance en crimes d’Etat des répressions du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962, serait de nature, nous en sommes convaincus, à jeter les bases d’une véritable relation d’amitié entre la France et l’Algérie.

rotko a écrit:

oui, bonjour jourocos,

Merci pour les mises au point. En particulier les grains apprécieront que Mehdi Lallaoui ait traité dans le silence du fleuve le 17 octobre 1961.

Sur ce sujet, l'association 4ACG écrit à l'actuel président de la république :

Citation :

la reconnaissance en crimes d’Etat des répressions du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962, serait de nature, nous en sommes convaincus, à jeter les bases d’une véritable relation d’amitié entre la France et l’Algérie.

.

Bonsoir,

Le 17 octobre 2011, cinquantième anniversaire du massacre, Mehdi et ses amis avaient organisé un défilé, entre les Grands boulevards et le Pont St Michel, qui a été un succès. De nombreux manifestants portaient des pancartes, chacune rappelant l'identité d'une victime. C'était très émouvant.
J'ai réalisé un petit film de 19 m qui est ici: https://www.dailymotion.com/video/xlu1yt_17-octobre-2011-a-paris-plus-de-5000-manifestants-du-rex-au-pont-saint-michel-pour-reclamer-verite-e_news et qui montre ce défilé et les interventions finales dont celle de Stephane Hessel.

Cette année nous avions l'espoir de voir la vérité officiellement établie...ce n'est pas gagné !

jourocos a écrit:

Cette année nous avions l'espoir de voir la vérité officiellement établie...ce n'est pas gagné !

Merci bien Jourocos pour ces informations.

En effet, la violence de la guerre d'Algérie reste un grand taboo. On continue d'esquiver le sujet et on demeure très vague sur certains épisodes.

Certaines choses restent apparemment difficiles à reconnaître, comme le fait de fêter la libération le 8 Mai 1945 tout en massacrant à Sétif et à Guelma ceux qui veulent obtenir la leur de l'autre côté de la Méditerranée.

Je suis évidemment pour qu'on assume et reconnaisse une bonne fois pour toutes l'étendue d'ignominies qui ont été commises.

Papon était aux commandes...
Le 8 février 1962, métro Charonne : la police tue des manifestants anti-OAS

Cet épisode de la vie politique française témoigne une fois de plus de l’amnésie historique de l’État français, sur certains sujets. Pendant des années, le drame du 8 février 1962 sera relégué aux oubliettes de l’histoire officielle. Il faudra attendre quatre décennies pour voir la réouverture des dossiers sur la guerre d’Algérie, le début d’une prudente autocritique de la part de l’État, et pour que la lumière commence à se faire sur les événements qui ont coûté la vie aux huit victimes de cette terrible journée.

tout l'article.

j'en ai entendu parler, mais autant en avoir le coeur net, si je puis dire.

Un source très intéressante pour en savoir plus sur la guerre d'Algérie: Les carnets secrets de la guerre d'Algérie où Jacques Duquesne rassemble documents historiques inédits, témoignages et images des atrocités.

Certaines photos sont éprouvantes: elles montrent la violence commise par les deux camps (notamment le FLN et AOS), avec cependant un accent important sur les tortures organisées par le gouvernement français.

Un article de l'Express qui a choisi des photos softs pour illustrer la présentation.

Ouvrage à consulter!

Pierre Bourdieu.
Images d’Algérie. Une affinité élective

Exposition des photos prises entre 1958 et 1961, du 16 juin au 04 novembre 2012 au CHÂTEAU DE TOURS.


L'expo a donné lieu à un catalogue où l'on peut retrouver l'ensemble des images commentées.

Je vais la mettre sur notre site 4acg.org...car aucun adhérent de 4acg ne nous l'avait signalé. Mieux vaut tard que jamais !