rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: on se moque de l'auteur ! Dim 09 Sep 2012, 16:20 | |
| Jean-François Kierzkowski 2012 : Prix Fiction du Conseil Général de Loire-Atlantique pour En route pour le Goncourtune brève présentation de cette BD, avec quelques planches. la répétition de dessins quasi identiques comme symbole de l'auteur en arrêt devant des difficultés renouvelables ! la première phrase, le choix du titre, la phrase suivante, le prénom du héros, un synonyme ne vaudrait-il pas mieux ? Traquer les mots inutiles > il ne reste rien ! je recommande ce petit album où les histoires en trois vignettes se suivent, tout en restant autonomes. | |
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rotko pilier
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| Sujet: Re: on se moque de l'auteur ! Lun 10 Sep 2012, 05:50 | |
| la lettre de refus
- Allo Matthieu ! j'ai une bonne nouvelle : les éditions gallimard m'annoncent qu'ils regrettent de ne pas me publier !
- j'attends une semaine, le temps de les faire gamberger, et je les rappelle pour leur dire qu'on peut trouver une solution...
- ah ah ? les pauvres ! la semaine va être dure pour eux ! je les imagine rongés par les regrets dans leurs petits bureaux... | |
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rotko pilier
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| Sujet: Re: on se moque de l'auteur ! Lun 10 Sep 2012, 11:00 | |
| Chez Camus, dans la peste, Grand, bien qu'épargné par Camus, est un peu égratigné dans son souci d'écriture. sa première phrase lui cause des soucis : - Citation :
- Par une belle matinée du mois de mai, une élégante amazone parcourait, sur une superbe jument alezane, les allées fleuries du Bois de Boulogne.
« Comment va l’amazone ? » demandait souvent Tarrou. Et Grand répondait invariablement : « Elle trotte, elle trotte », avec un sourire difficile. Un soir, Grand dit qu’il avait définitivement abandonné l’adjectif « élégante » pour son amazone et qu’il la qualifiait désormais de « svelte ». « C’est plus concret », avait-il ajouté. Une autre fois, il lut à ses deux auditeurs la première phrase ainsi modifiée : « Par une belle matinée de mai, une svelte amazone, montée sur une superbe jument alezane, parcourait les allées fleuries du Bois de Boulogne. »
– N’est-ce pas, dit Grand, on la voit mieux et j’ai préféré : « Par une matinée de mai », parce que « mois de mai » allongeait un peu le trot.
Il se montra ensuite fort préoccupé par l’adjectif « superbe ». Cela ne parlait pas, selon lui, et il cherchait le terme qui photographierait d’un seul coup la fastueuse jument qu’il imaginait. « Grasse » n’allait pas, c’était concret, mais un peu péjoratif. « Reluisante » l’avait tenté un moment, mais le rythme ne s’y prêtait pas. Un soir, il annonça triomphalement qu’il avait trouvé : « Une noire jument alezane. » Le noir indiquait discrètement l’élégance, toujours selon lui.
– Ce n’est pas possible, dit Rieux.
– Et pourquoi ?
– Alezane n’indique pas la race, mais la couleur.
– Quelle couleur ?
– Eh bien, une couleur qui n’est pas le noir, en tout cas !
Grand parut très affecté.
– Merci, disait-il, vous êtes là, heureusement. Mais vous voyez comme c’est difficile.
– Que penseriez-vous de « somptueuse » ? dit Tarrou.
Grand le regarda. Il réfléchissait :
– Oui, dit-il, oui !
Et un sourire lui venait peu à peu.
À quelque temps de là, il avoua que le mot « fleuries » l’embarrassait. Comme il n’avait jamais connu qu’Oran et Montélimar, il demandait quelquefois à ses amis des indications sur la façon dont les allées du Bois étaient fleuries. À proprement parler, elles n’avaient jamais donné l’impression de l’être à Rieux ou à Tarrou, mais la conviction de l’employé les ébranlait. Il s’étonnait de leur incertitude. « Il n’y a que les artistes qui sachent regarder. » Mais le docteur le trouva une fois dans une grande excitation. Il avait remplacé « fleuries » par « pleines de fleurs ». Il se frottait les mains. « Enfin on les voit, on les sent. Chapeau bas, messieurs ! » Il lut triomphalement la phrase : « Par une belle matinée de mai, une svelte amazone montée sur une somptueuse jument alezane parcourait les allées pleines de fleurs du Bois de Boulogne. » Mais, lus à haute voix, les trois génitifs qui terminaient la phrase résonnèrent fâcheusement et Grand bégaya un peu. Il s’assit, l’air accablé. Puis il demanda au docteur la permission de partir. Il avait besoin de réfléchir un peu. | |
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| Sujet: Re: on se moque de l'auteur ! | |
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