Jean Genet.

Jean Genêt, les bonnes, Folio.

Citation :

Ces deux bonnes ne sont pas de garces : elles ont vieilli , elles ont maigri dans la douceur de Madame.

Citation :

Ces bonnes sont des monstres, comme nous-mêmes quand nous rêvons ceci ou cela.

Jean Genêt. "Comment jouer les bonnes".

Claire et Solange, deux soeurs domestiques, s’habillent des vêtements de Madame, et jouent respectivement chacune le rôle de l’autre, Madame et sa domestique.

Elles sont des actrices parfaites du corps social, qui jouissent de leur hypocrisie, peaufinent leurs rôles, et goûtent les répliques des personnages qu’elles incarnent.

Elles se livrent ainsi à un jeu auquel on participe en tant que spectateurs, à la fois ravis et horrifiés, aussi bien par leurs comportements et leurs intentions que par les paroles et la conduite de Madame.

Langage, mimiques et attitudes, tout est joué et démasqué dans les scènes jouées comme dans les scènes réelles.
Elles nous introduisent ainsi dans le monde de la cruauté ordinaire, celle qui se cache derrière la façade lisse et polie du quotidien.

Pas étonnant que ça fasse peur !

une réalisation avec des photos :ICI
je vais explorer ...

La première scène montre les 2 soeurs jouant le rôle de Madame et sa domestique

rotko a écrit:

Elles nous introduisent ainsi dans le monde de la cruauté ordinaire, celle qui se cache derrière la façade lisse et polie du quotidien.

Tu parles bien de ce que j'ai ressenti sur cette pièce, dont l'histoire peut sembler simple et donne du fil à retordre, fait grincer des dents sur les relations humaines, c'est un écrit à tiroirs, tu penses comprendre et hop il se trame tout autre chose.

Une belle pièce aussi que je n'ai pas vu jouée par contre mais que j'ai lu il y a des lustres "Les nègres" qu'il faut replacer dans le contexte, j'ai trouvé Ici
un début d'information.
" Les Nègres de Genet occupe une place essentielle dans l'histoire de cette déconstruction des clichés." Sylvie Chalaye - source sur le lien ci-dessus.

Je rajoute ce lien car on y parle de J. Genet mais aussi de ce qui s'est passé à la Comédie-Française et dont on a parlé.

Merci Utopie pour ces commentaires et liens stimulants. J'aimerais creuser la question en lisant ces pieces prochainement.

Et le journal d'un voleur aussi, pas lu.

Genêt n'est pas tellement connu, sauf dans certains milieux ?

Le festival d'Avignon a débuté avec les paravents de Jean Genêt, pièce mythique qui a inspiré beaucoup de metteurs en scène et fait beaucoup d bruit.
Voici les photos d'une mise en scène de Frédéric Fisbach
avec Valérie Blanchon, Christophe Brault, Laurence Mayor, Giuseppe Molino



Sur ce site cliquer sur les photos pour parcourir le diaporama.

Les mises en scène de Blin et Chéreau sont légendaires, mais comment les voir ? si on lit l'oeuvre chez Folio,



on voit avec quel soin Genêt préparait le spectacle : les couleurs des vêtements, les entrées et sorties des comédiens (chacun interprètant 4 ou 5 personnages car il y en a près de 50 ), les décors, rien n'est laissé au hasard.
Il fait intervenir des masques, des perruques, et demande aux comédiens une grande économie de gestes.

Difficile d’avoir une opinion précise des paravents de Genêt à la seule lecture.

L’Œuvre est longue et les éléments du spectacle, ces paravents qui s’élèvent les uns au dessus des autres, qui cachent les activités honteuses des vivants, à travers lesquels passent les morts, comment les imaginer ?
Les éléments visuels, par exemple dans le dixième tableau où chacun vient dessiner son activité sur le paravent, sont déterminants : on imagine que les acteurs doivent travailler leurs allures comme des danseurs, et on sent à plusieurs reprises varier le rythme de la pièce qui doit être dynamique malgré sa longueur.

L’ensemble dresse un tableau chaotique d’une fin de colonisation où la mort est omniprésente et où triomphe le désordre, soit sous l’aspect grandguignolesque de l’armée et des colons, soit dans le monde arabe où l’ordre aura du mal à surgir du bordel, dans tous les sens du terme.

La langue charrie les mots de toutes sortes, avec des volumes et des rythmes qui changent sans cesse. Les mondes des Européens et des Arabes s’engloutissent réciproquement :

Citation :

"ici, tout fout le camp, eux vers la mer, nous vers le sable".

les paravents par Frédéric Fisbach

un triomphe en Australie !


 
Les Bonnes, de Jean Genet, avec Cate Blanchett et Isabelle Huppert dirigées par Benedict Andrews
 
La mise en scène met en œuvre un dispositif de caméras vidéo dont les images sont projetées sur scène. 
 
 "Une expérience multimédia dans un grand espace entouré de cloisons vitrées. L'échelle et le mobilier suggèrent un appartement contemporain mais la scénographe ne représente en rien un espace intime authentique. Quand l'éclairage faiblit, on aperçoit des opérateurs de caméras qui font leur travail de l'autre côté des cloisons vitrées, alimentant en plans simultanés un écran suspendu au-dessus de la scène. De petites caméras dissimulées sur le plateau capturent des gros plans et des expressions spontanées",
 
: "Blanchett et Huppert se jettent dans les rôles des servantes, mais les idiosyncrasies de chacune suffisent à en faire  des sœurs tout à fait invraisemblables. Le vif éclat de Blanchett exige l'attention. Ce qui contraste avec la manière dont Huppert s'insinue dans notre conscience, par des choix de gaucherie physique et le rythme saccadé qu'elle a créé pour Solange. Elle semble toutefois entravée par les idiotismes de cette nouvelle traduction, et son accent français peut être difficile à comprendre".