troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Mme de Caylus, Souvenirs (1673-1729) Ven 16 Jan 2009, 14:17 | |
| Le texte en lui-même fait 100 pages, les notes 80 pages. Parmi les annotateurs figure Voltaire ; un grand nombre de citations de St-Simon viennent compléter les portraits. Mme de Caylus enfant fut enlevée aux huguenots par sa tante Mme de Maintenon qui s'attacha à élever de manière discrète les bâtards qu'avait eu Louis XIV avec la Montespan, mais aussi qui eut à coeur de fonder St-Cyr, établissement d'instruction des jeunes filles nobles et désargentées, où furent notamment jouées des pièces de Racine. Un moment disgrâciée à cause de son aptitude à singer les grands de la cour, Mme de Caylus brille de naturel dans ses Souvenirs, sorte de badinage, de flânerie où elle narre comme bon lui semble, au gré des ressouvenances. On y voit comment le roi est passé du feu de la Montespan au calme de la Maintenon, on y sent, à travers quelques passages des lettres de la Maintenon à son confident l'abbé Gobelin, la lutte d'une femme tiraillée entre la vertu et l'amour ; son mariage secret avec Louis XIV y est juste suggéré. Il s'agit en quelque sorte de "mini mémoires de St-Simon", une galerie de portraits peints de manière alerte et jamais ennuyeuse, en témoigne ce petit morceau : - Citation :
- C'est cette même maréchale d'Albret accusée, malgré sa dévotion et son mérite, d'aimer un peu trop le vin ; ce qui paroissoit d'autant plus extraordinaire en ce temps-là que les femmes n'en buvoient presque jamais, ou du moins ce n'étoit que de l'eau rougie. Je me souviens, à propos de la maréchale et de son goût pour le vin, d'avoir ouï raconter que se regardant au miroir, et se trouvant le nez rouge, elle se dit à elle-même : "Mais où est-ce que j'ai pris ce nez-là ?" Et que M. de Matha de Bourdeille, qui étoit derrière elle , répondit, entre bas et haut : "Au buffet."
Ce que je recherche le plus dans mes lectures, c'est la vie ; et elle est présente dans ce petit ouvrage qui respire à chaque page. - Citation :
- M. de Nevers avoit accoutumé de partir pour Rome de la même manière dont on va souper à ce qu'on appelle aujourd'hui une guinguette, et on avait vu madame de Nevers monter en carrosse, persuadée qu'elle alloit seulement se promener, entendre dire à son cocher : A Rome !
| |
|