troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Mémoires, de Louis Legrand (1638-1715) Sam 24 Jan 2009, 20:25 | |
| Fils d'une immigrée espagnole, né en plein XVIIème siècle, ce Louis a réussi à bien gérer l'entreprise de papa, et il rédigea quelques conseils destinés à son fils Louis - à cette époque on se passait les entreprises de père en fils exclusivement. Alternent les récits de faits et les morales d'une façon très alerte et sincère. Malheureusement une bonne partie du texte a disparu, et nous n'en avons que les pages couvrant les années 1661, 1662, 1666, 1667 et 1668. Ce qu'il y a de réconfortant avec ce genre de récit, c'est que, puisqu'il est réservé, dans l'intention de son auteur, à un lecteur déterminé et connu, celui-là, ne cherchant pas l'obtention d'un éventuel prix littéraire, mais seulement la bonne compréhension de celui-ci, ne nous inonde pas d'une prose trop pompeuse ou alambiquée, contrairement à l'auteur de cette phrase dont, dès que vous aurez vu le point qui se trouve juste après la deuxième occurence du mot "lecture", vous aurez fini la lecture. Ce Louis, donc, ne s'est pas contenté de poursuivre le travail accompli par son père, il a dépoussiéré radicalement la maison, et, écoutant peut-être ses conseillers en communication, a conçu un nouveau logo - dans ce temps cela se nommait "devise". - Citation :
- On choisit pour corps le soleil qui, dans les règles de cet art, est le plus noble de tous, et qui, par la qualité d'unique, par l'éclat qui l'environne, par la lumière qu'il communique aux autres astres qui lui composent une espèce de cour, par le partage égal et juste qu'il fait de cette même lumière à tous les divers climats du monde, par le bien qu'il fait en tous lieux, produisant sans cesse de tous côtés la vie, la joie et l'action, par son mouvement sans relâche, où il paraît néanmoins toujours tranquille, par cette course constante et invariable dont il ne s'écarte et ne se détourne jamais, est assurément la plus vive et la plus belle image d'un grand monarque.
Le bon ménager, avant de se lancer à la conquête des marchés internationaux, doit s'assurer de la productivité de son équipe, et cela nécessite de dénicher les pommes pourries. - Citation :
- Ce fut alors que je crus devoir mettre sérieusement la main au rétablissement des finances, et la première chose que je jugeai nécessaire, fut de déposer de leurs emplois les principaux officiers par qui le désordre avait été introduit. Car depuis le temps que je prenais soin de mes affaires, j'avais de jour en jour découvert de nouvelles marques de leurs dissipations, et principalement du surintendant. (Il se nommait Fouquet.) La vue des vastes établissements que cet homme avait projetés, et les insolentes acquisitions qu'il avait faites, ne pouvaient qu'elles ne convainquissent mon esprit du dérèglement de son ambition ; et la calamité générale de tous mes peuples sollicitait sans cesse ma justice contre lui.
Enfin, avant de se lancer à l'assaut, on motive les employés ; certes les Allemands fabriquent de bonnes voitures, mais on n'hésite pas à leur contester leur proclamation de suprématie industrielle. - Citation :
- Mais pour en revenir aux empereurs d'aujourd'hui, il vous est aisé, mon fils, de comprendre par tout ce discours, qu'ils ne sont nullement ce qu'étaient les empereurs romains, ni ce qu'étaient nos aïeux. Car à leur faire justice, on doit les regarder seulement comme les chefs et les capitaines-généraux d'une République d'Allemagne, assez nouvelle en comparaison de plusieurs autres Etats, et qui n'est ni si grande ni si puissante qu'elle doive prétendre aucune supériorité sur les nations voisines.
Certes, ce dirigeant, comme un autre plus proche de nous, aimait l'or, le brillant, le bling-bling, mais il nous laissa une prose brillante de somptuosité, lui, au moins ! | |
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