Marc
Augé,"le tourisme et ses images". Editions rivages
Le plaisir des petites chroniques.
Marc
Augé est l'auteur bien connu d'un
"ethnologue dans le metro" - que je me promets de lire depuis longtemps. On dit aussi du bien de
"La Mère d'Arthur", du même Marc
Augé, chez Fayard.
Il s'agit ici d'un recueil de petites chroniques dont j'isole
"un ethnologue à la Baule". Tandis que d'autres regardent les seules baigneuses dénudées, l'ethnologue s'intéresse aussi à l'occupation de l'espace sur la plage (en quinconce à la Baule) et au déroulement du temps -
"l 'emploi du temps à la mer est le plus conventionnel qui soit". Les formules sont heureuses, décrivant la plage comme
"une immense salle d'attente sans espoir de départ". Le bord de mer marque aussi les classes sociales, par le choix de la plage fréquentée, et Marc
Augé s'interroge sur les villas privées qui annexent l'accès à la mer :
Voilà des gens qui veulent "s'approprier le monde ou du moins en confisquer la vue". La plage de Saint Marc Sur Mer s'identifie encore au beau film de Jacques Tati,
"les vacances de Monsieur Hulot". Marc
Augé propose des textes simples et bien écrits qui analysent notre quotidien.
Une des idées-forces de Marc
Augé est la
mediatisation de la société. Nous évoluons dans le spectacle, et adorons par exemple retrouver à Disneyland ce que nous connaissons déja par coeur. Mais quel plaisir de se faire photographier ou filmer dans ces endroits, pour pouvoir dire "j'y étais" ! ie assumer notre rôle de représentation dans ce spectacle.
Dans les "centerparks", c'est un peu différent, mais on y voit les gens devenir acteurs - et qui se prennent très au sérieux, de ces représentations d'un cadre naturel qui n'a précisément rien de naturel...
Les analyses de Marc
Augé sont fines et teintés d'un humour délicieux. Ainsi lorsqu'il parle du Mont Saint-Michel :
- Citation :
- "Les hauts lieux attirent à la fois les pélerins et les touristes. Les pèlerins pensent y ressourcer leur foi, leur vision du monde et de l'histoire, leur certitude d'exister. Les touristes ne se croient mus que par la curiosité. Mais ils se mêlent les uns aux autres. Les pèlerins assimilent volontiers les touristes à la foule communielle que le haut lieu rassemble, et les touristes, de leur côté, apprécient dans la présence des pèlerins un signe supplémentaire d'authenticité. Les groupes folkloriques leur donnent raison à tous deux."