L'artiste et son travail

Sur une idée de Fontelle un autre débat !

Fontelle a écrit:

D'autre part (Bon, ça va encore faire l'objet d'une discussion, tant mieux...)

Quelle idée vous vient à propos du travail de l'écrivain ?

J'ai dit "partager", Utopie n'est pas d'accord.

Et vous ?

Bonne idée, voilà des questions qui me trottaient depuis longtemps dans la tête.

Fontelle a écrit:

On écrit POUR toucher le maximum de personnes, parce qu'on a qqchose à partage

J'ai répondu ::

Je ne sais pas pourquoi mais ce n'est pas l'idée qui me venait en pensant au travail de l'écrivain.

En fait, c'est la question que je me pose, écrit-on pour être lu ? et pour le maximum de personnes ?

J'ai mis un titre "l'artiste et son oeuvre" car je pense que la question se pose pour tous les artistes qui créent.

A part quelques cas exceptionnels, un auteur qui ne souhaiterait pas être lu n'aurait que faire d'écrire, non ?

on voit même des producteurs d'écrits n'avoir pour seul but dans leur promenades sur Internet de promouvoir leurs textes.

A tel point qu'on a été obligé de mettre des mises au point sur GDS* comme quoi les sites perso (de pub) sont réservés aux contributeurs.

Camus cite le cas d'un auteur qui a commis un crime dans le seul but - avoué, d'attirer l'attention du public sur ses productions écrites. J'ai oublié son nom

je suis assez d'accord avec Fontelle : écrire ou produire pour transmettre, pour communiquer, même si parfois on entend parler de thérapie personnelle par l'écriture ou un autre art : si l'écrit ou l'oeuvre n'interesse pas autrui, parce qu'autrui ne se sent pas concerné, on peut émettre des doutes sur son intérêt.

je parle evidemment dans des conditions normales de diffusion.

Je suis d'accord sur "Thérapie personnelle"

Mais toutes les jeunes personnes qui écrivent un "journal secret" ne sont pas publiées :idea:

Enfin presque, vu ce qui parait.... :hum:

D'accord avec Utopie (pour changer).
"Partager" n'est pas la première chose qui me viendrait à l'idée.
Et je pense que beaucoup d'auteurs, même ceux qui ont des oeuvres publiées, gardent des choses dans leurs tiroirs sans les montrer à personne.
Trois raisons me viennent à l'esprit, au débotté.
Parfois, on a juste besoin de se parler, à soi, non?
Et garder une trace, aussi.
Et puis exprimer un moment ou un sentiment intense, non pour le partager (surtout pas!) mais pour le prolonger, ou le sublimer.
A part peut-être le premier, ces cas ne relèvent pas, pour moi, de la thérapie. Ce sont plutôt des prolongements de la pensée. Voire des pensées tout court.

Effectivement on écrit pour soi dans des journaux, des notes personnelles... je fais la différence avec des écrits élaborés, travaillés, remaniés...

un exemple simple, au ras des pâquerettes : écririez-vous à votre seul usage et sous la même forme ce que vous présentez sur GDS* ?

rotko a écrit:

Effectivement on écrit pour soi dans des journaux, des notes personnelles... je fais la différence avec des écrits élaborés, travaillés, remaniés...

un exemple simple, au ras des pâquerettes : écririez-vous à votre seul usage et sous la même forme ce que vous présentez sur GDS* ?

Alors comme ça, nous écrivons au ras des paquerettes?


Tu as presque raison, Rotko.
Je vais prendre l'exemple de la glorieuse époque où je prenais le temps de tenir un blog de lectures. Je n'écrivais pas pour être lue mais parce que j'étais lue. Cela me faisait vraiment du bien de faire l'effort de synthétiser et critiquer mes lectures, et comme je ne l'aurais pas fait toute seule (je ne suis même pas fichue de tenir à jour une liste de lecture), je publiais les articles sur le blog où je me mettais moi-même la pression pour m'obliger à rédiger une note sur chaque lecture.
D'ailleurs, j'ai arrêté maintenant et ça va mieux...
Je ne dis pas que le partage ne peut pas être une motivation puissante, mais pas forcément la principale (à mon avis).

L'intitulé du fil précise l'artiste, ce qui exclut le journal de bord de la midinette.

(dois-je preciser que je ne vise personne ! au ras des pâquerettes, c'etait pour "votre seul usage").

Utopie:

Citation :

écrit-on pour être lu?

A ce sujet, j´adore les auteurs qui asseyent leur lecteur à côté, tandis qu´ils travaillent, et l´interrogent, et se me mettent à sa place imaginant mille reactions/interpretations.
Celà se sent très bien par exemple chez Auster, mais John Banville reste le maître incontestable de cette courtoisie de l´auteur envers son lecteur.
Je leur en suis très reconnaissante car je sens que je fais partie de leur composition finale:chapeau:
L´interactivité n´est pas née avec l´informatique.
J´évite d´ailleurs un peu les auteurs qui écrivent en fonction d´une thérapie personnelle comme par exemple la perte d´un enfant. Et il y en a beaucoup!
De toute maniere, les romans-témoignages, documents, confessions, ce n´est pas mon rayon.

Sterne et Diderot excellent dans ce genre de dialogue avec le lecteur, et Balzac met la main sur le coeur en se défendant de faire des descriptions trop longues.

Proust au début de Sodome et Gomorrhe entame aussi un débat, mais se fâche contre les récriminations du supposé lecteur !

Citation :

Taisez-vous ! et laissez-moi reprendre mon récit !

Explorer un domaine ou une technique, ou un pan d'univers, me semblerait un verbe interessant pour qualifier la recherche de l'artiste en précisant toutefois que ce domaine n'est pas d'avance connu, mais qu'il le découvre en même temps qu'il s'y enfonce.

je pense à Georges Perec avec W ou le souvenir d'enfance par exemple.

Quittons la litterature, et voyons la peinture que certaines graines pratiquent avec bonheur (oui, je le pense vraiment). Il ne s'agit pas d'un accouchement où viendrait sur la toile un tableau déjà tout fait dans la tête, mais d'une ...

C'est sans doute à vous de le dire, non ?

rotko a écrit:

Quittons la litterature, et voyons la peinture que certaines graines pratiquent avec bonheur (oui, je le pense vraiment). Il ne s'agit pas d'un accouchement où viendrait sur la toile un tableau déjà tout fait dans la tête, mais d'une ...

C'est sans doute à vous de le dire, non ?

Il y a quand même un peu de ça. On ne se met pas à peindre n'ayant aucune idée dans la tête. Je pense que tout travail créatif nécessite un préalable et que ce préalable commence dans la tête. Maintenant ... Il ne s'agit pas non plus d'un accouchement d'une chose déjà toute faite. Le plus dur reste à faire : mettre son idée en forme. En littérature, par exemple (oui parce que la peinture je ne connais pas bien ^^) il ne suffit pas d'avoir une idée et de la mettre sur papier pour devenir un écrivain. Il y a une véritable construction qui s'opère (construction de/par le langage). Chaque écrivain, en somme, se crée un langage qui lui est propre et qui est le reflet de l'espace romaneque, fictionnel, qu'il s'est petit à petit forgé. En gros, je dirais que le travail de l'artiste est de construire, mettre en forme une idée, tout en sachant que la signification de son oeuvre procède à la fois du contenu (référent) et du signe avec lequel il choisit de s'exprimer.

Mais je pense qu'en Photographie, la question du travail de l'artiste pose problème. Dans quelle mesure peut-on parler de construction ? S'agit-il d'effectuer des montages ou alors est-ce trouver le bon sujet au bon moment ?