J'ai profité des vacances pour m'attaquer à la trilogie de l'Opéra de Sang, de la dite T. Lee.
Cette trilogie est composée de La Danse des ombres, Le Festin des ténèbres et de Caïn l'obscur.
A premier vue, tous les clichés du genre sont réunis. Une demeure ancienne, type manoir, dont les fenêtres sont remplacées par des vitraux et ne s'ouvrent pas sur la lumière du jour. Demeure bien évidemment labyrinthique et éclairée par les flammes de l'âtre ou des candélabres. Un héros (dans le premier tome) brun, grand, ténébreux à souhait, et forcément "méchant" et impitoyable séducteur. Une héroïne étrangère au monde où elle habite, tournée vers le passé, aussi belle qu'inaccessible...semble-t-il. Dans le 2e tome, sa fille, brune à la peau blanche, femme fatale malgré son jeune âge (13 ans), tueuse cruelle et glaciale.
Au programme, toujours l'inceste, l'homosexualité, les meurtres...dans la lignée d'Anne Rice, novatrice s'il en est.
Pourtant, la lecture m'a grandement surprise. Je m'apprêtais à lancer de hauts cris, et je me suis retrouvée prise dans une lecture dont je peinais à m'arracher. L'auteur a fait le choix de récupérer les clichés du genre vampirique pour en faire quelque chose d'original dans leur traitement. Le style est d'une grande richesse au niveau du vocabulaire, les descriptions sont soignées, l'ensemble est foisonnant et travaillé.
Quant au fond, une chose m'a plu et marquée: l'auteur prend le parti de renouer avec l'essence du fantastique, cette "inquiétante étrangeté". Ici, il n'est jamais possible de savoir si nous sommes clairement dans le merveilleux et le surnaturel, ou si ces créatures ne sont que des fous, des dégénérés consanguins aux tendances morbides. T. Lee semble pressentir à chaque fois l'instant où le lecteur fait son choix entre réalité et merveilleux pour intervenir et semer à nouveau le doute dans son esprit.
Il est également appréciable que les éléments soient distillés au compte-goutte sans jamais tout livrer en bloc. T. Lee a un don pour la suggestion, les sous-entendus qui permettent à ses lecteurs de chercher, tâtonner, deviner, avancer pas à pas, se perdre parfois.
Il me reste à lire le troisième tome. J'ai préféré le premier, déplorant que le deuxième soit trop centré vers la modernité et les meurtres, au détriment des réflexions qui émaillent le premier volume. Néanmoins, cet ouvrage m'a permis de me réconcilier avec les livres sur le vampirisme, en m'offrant la possibilité d'approfondir mes connaissances dans ce domaine tout en me divertissant. Le meilleur point restant l'aisance de T. Lee à jongler avec les clichés pour les détourner et en faire autre chose que ce que l'on en attendrait.