Quand la SF devient réelle...

Salut à tous,
voici ce qu'on peut lire dans l'introduction à la nouvelle « Un logic nommé Joe », dans HISTOIRES DE MACHINES, présentées par Gérard Klein, Librairie Générale Française, 1974, (page 305):

« Les experts prévoient que vers 1990 les premières consoles informatiques feront leur apparition dans les foyers. A partir d’un tel « terminal » – doté d’un clavier comparable à celui d’une machine à écrire – il sera possible de gérer son compte en banque, de savoir quel temps il fera le lendemain […] et surtout d’interroger des mémoires centrales : plus besoin d’encyclopédies, ni même de livres de cuisine. »



Voilà qui laisse rêveur!...
@+

La (bonne) SF est la vraie littérature visionnaire de notre monde.
Que penser de tous ceux qui avaient prédit un pouvoir central et hyperpuissant technologiquement ?

On appelle ça la mondialisation.


Je m'apprête à lire bientôt un grand du genre : Lem - Mémoires d'Ijon Tichy.

J'en ai lu des morceaux. Je vais me régaler. J'avais déjà été bluffée par Solaris.

Arf, je confirme! Stanislas Lem: un très grand.
Admirateur du vrai génie en la personne de l'inconnu qui à découvert que la carotte était comestible et non de tous ces fanfarons qui ont trouvé la gloire sur des champs de bataille...

Rat de cave a écrit:

Salut à tous,
voici ce qu'on peut lire dans l'introduction à la nouvelle « Un logic nommé Joe », dans HISTOIRES DE MACHINES, présentées par Gérard Klein, Librairie Générale Française, 1974, (page 305):

« Les experts prévoient que vers 1990 les premières consoles informatiques feront leur apparition dans les foyers. A partir d’un tel « terminal » – doté d’un clavier comparable à celui d’une machine à écrire – il sera possible de gérer son compte en banque, de savoir quel temps il fera le lendemain […] et surtout d’interroger des mémoires centrales : plus besoin d’encyclopédies, ni même de livres de cuisine. »



Voilà qui laisse rêveur!...
@+

Oh, très bien ! je viens de découvrir ce message !
Il est très rare que des "futurologues" réussissent réellement à prévoir quelque chose, leurs "prophéties" passées font plutôt hausser les épaules, lues 20 ou 30 ans plus tard, et alors au-delà n'en parlons pas !! mais parfois, quelqu'un tombe juste et précis, comme ici !
La vieille collection "Histoires de..." est d'ailleurs excellente, on la trouve chez les bouquinistes et petits libraires spécialisés SF, et je la recommande chaudement !

Quand je lisais Fiction mensuel d'Alain Dorémieux et que je discutais avec mon père de l'homme sur la lune, il se moquait gentiment de moi... Quelle n'a pas été sa surprise quand les américains y sont allés (je sais, il y a un doute) ! D'autres exemples sont davantage concrets et foisonnent.
Depuis Jules Verne, il faudrait recenser tout ce qui a été écrit avant que cela ne se réalise !

Earth is room enough


En rangeant un de mes anciens livres d'anglais, je suis tombée sur un passage d'ASIMOV, en anglais donc (sans doute simplifié), écrit en 1957.

Une petite fille discute avec son frère à propos du passé (on est en 2157 ) car ils ont découvert dans un grenier de leurs arrières grands-parents
un livre !

Les 2 enfants sont consternés et très déstabilisés par cette trouvaille. Ils réalisent qu'à l'époque, les enfants apprenaient grâce aux livres et aux professeurs (des vrais hommes !).

"A man ? How could a man be a teacher ?"

On voit la petite fille suivre ensuite son cours de maths. Cela se fait sur écran, car le professeur est une machine.

L'auteur a parfaitement anticipé l'ère d'internet.

Aujourd'hui, combien de sites vous initient au Russe, ou à l'algèbre ou au poker ?

Oui, déjà, les professeurs mécaniques ont pris le pouvoir et on est en 2010.

Ecrit en 1957.

Je suis restée songeuse...

Euh, "pris le pouvoir" est un peu fort, on n'en est pas à ce que les éducateurs et parents aient abandonné le CONTROLE de l'éducation de leurs gamins aux logiciels...
Mais sinon, en effet, Crevette c'est frappant, et les grands romanciers de SF (et là, c'est Azimov, ce n'est pas rien!) se sont justement montré bien meilleurs futurologues que les professionnels patentés ! souvenez-vous, en 2000, on nous a ressorti bien de "sérieuses" études antérieures prophétisant les voitures volantes ou les hélicos attachés aux épaules pour ce tournant de millénaire, alors que ce n'est pas viable. Non techniquement, mais pour d'autres raisons (imaginez l'heure de pointe, et le nombre d'accidents mortels dans toutes les grandes villes !).
Cependant je ne connais pas de récit ayant imaginé à l'avance le téléphone portable et son fantastique essor / impact social, ni les consoles de jeux. Il y en a peut-être eu ? en fait moi je me passionne seulement pour la "vieille" SF, de 1900 à 1950 environ, donc j'ai beaucoup de lacunes.

Crevette a écrit:

La (bonne) SF est la vraie littérature visionnaire de notre monde.
Que penser de tous ceux qui avaient prédit un pouvoir central et hyperpuissant technologiquement ?

Elle est aussi un excellent moyen de comprendre la présent avant même d'anticiper un quelconque avenir. Ces auteurs projettent en effet à partir de leur propre époque et spéculent sur un -- parmi d'autres -- futur possible. Le cas du courant cyberpunk est très parlant de ce point de vue : ce n'est plus une prospective tablant sur 100 ans voire plus mais bien sur un futur immédiat. L'objectif n'est toujours de "viser juste" mais parfois de critiquer, d'interpréter, la société de l'époque à laquelle l'auteur rédige son oeuvre.

J'ai eu l'occasion d'en parler avec d'autres par ici :
https://grain-de-sel.1fr1.net/post.forum?mode=reply&t=3640&sid=b3e98d4630593cf1234812af0a20fdf6

Ysandre a écrit:

Quand je lisais Fiction mensuel d'Alain Dorémieux et que je discutais avec mon père de l'homme sur la lune, il se moquait gentiment de moi...

Au XIXème et début XXème siècle, on prenait bien plus au sérieux chez le bon bourgeois ce que l'on nommait le parapsychisme (table tournante et autres apparitions spectrales pour aller vite). Ceux qui prévoyaient les voyages dans l'espace, par exemple, étaient en effet considérées aux mieux comme de doux-dingues auxquels on n'accordait, de fait, bien peu de foi.

oui, de doux dingues ! (rire) mais moi, je prenais très au sérieux Asimov, Philippe José Farmer, le poétique Ray Bradbury et les autres, pour Papa, c'était une façon de prolonger mon enfance, mes livres de contes de fées, je "voyais" le futur en qq sorte ! rien ne me paraissait impossible, j'étais très jeune...
J'avais une prédilection pour les auteurs anglo-saxons qui me paraissaient plus fiables et mieux informés sur les recherches scientifiques de l'époque, Asimov avait une formation scientifique et il extrapolait à travers ses connaissances.

Au-delà de l'aspect "science dure" de ce qui est nommé l'Âge d'or de la S.F. (des années 40' à 60' environ) regroupant des auteurs (Van Vogt, Campbell, Asimov pour n'en citer que quelques-uns) revendiquant l'exactitude scientifique dans leurs écrits, s'est développé à partir des années 60' une ouverture à d'autres sciences et un renouveau esthétique. Le courant [i]New age[/] prenant alors le pas sur celui de la [i]Hard science[/]

J'ai lu quelques romans des auteurs de cet Âge d'or, mais je tiquais sur le manque de soin apporter au style littéraire, le soucis de rigueur scientifique prévalant alors (j'y inclue Philip K. Dick, dont le style un poil "cracra" s'expliquait, lui, pour d'autres raisons). Cela m'avait à l'époque éloigné de ce genre littéraire.

C'est par l'intermédiaire du courant cyberpunk que la reconciliation s'est produite. Ce courant littéraire marie en effet l'exigence scientifique de la Hard science en maintenant l'intérêt porté aux sciences humaines et au mélange des genres, le tout en maniant une écriture esthétiquement plus .

W. Gibson est surement l'auteur le plus représentatif de ce mouvement, inter-genres (lire à ce sujet Bibliothèque de l'Entre-Mondes de F. Berthelot), inter-disciplinaire, et ceci en "usant" d'un style très allégorique et poétique. Il fait partie de ces artistes qui pour moi dissolvent cette frontière arbitraire entre science, mysticisme, et art au sens large. Il est à la recherche, entre autres choses, des nouvelles formes artistiques qui pourraient émerger du web, "lieu" de rencontre des réseaux informatiques.

En bref, un bon voyage multi dimensionnel en perspective .