Molière

un entretien du figaro avec michel bouquet, grand acteur polymorphe

Il joue le malade imaginaire au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. à partir du 5 septembre.

Citation :

«J'ai beaucoup appris sur Molière dans le livre que ­Francine Mallet a consacré à sa jeunesse.(1) Il ne faut pas oublier qu'il a fait ses études au collège de Clermont avec les princes, Condé et Conti.

On voit toujours le saltim­banque, mais c'est un saltimbanque qui parlait parfaitement le latin et le grec, bonnes bases pour écrire, et qui avait reçu une éducation aristocratique. Et il y aura toujours en lui un combat entre deux manières d'exister, dans l'ordre ou le désordre.
Avec une vision aristocratique et un tempérament qui ne l'est pas du tout. Chaque pièce de Molière est un règlement de comptes avec lui-même.

Les vices qu'il peint, ce n'est pas pour les avoir observés dans le monde, mais pour les avoir pressentis en lui. L'Avare est lié à sa rupture avec Armande, où il s'est vu avec les défauts qu'il reprochait à son père.

Dans Le Misanthrope, il s'en prend à sa manie de dire la vérité, conscient de ce que cette attitude peut avoir de ridicule en société. Il met dans son théâtre son désir de sincérité absolue : mettre à nu ses défauts, pour essayer de s'en corriger, parce que c'est un être de passion et de courage.

C'est le premier auteur dramatique, je pense, qui se soit pris lui-même pour sujet, dans toute sa trivialité, non comme un moraliste qui donne un sens, indique des valeurs, mais comme un homme aux prises avec ses passions. C'est ce qui fait qu'il est si direct, si concret, si peu intellectuel, tellement dans le vif de la chair. Peut-être l'homme le plus parfaitement honnête qui ait existé.»

Molière de Francine Mallet, chez Grasset.

Le malade imaginaire est une pièce souvent sous-estimée, et que les petits Français étudient en gfénéral dans "les petites classes" ; ce qui lui donne la réputation d'être une comédie sans envergure.

- Or Molière, derrière la médecine et ses dogmes, vise les certitudes établies, présentées par des hommes de profession, comme des vérités à imposer par tous les moyens, sauf à encourir les pires dangers.

- On a fait de Béralde, le frère d'Argan, un "raisonneur", une sorte de philosophe porte-parole des idées de Molière. Il l'est sans doute, par moments, mais il joue aussi un rôle dramatique, pour équilibrer le "maniaque", et résoudre les situations conflictuelles.

Enfin Argan, le malade imaginaire, est surtout obsédé par la mort, ce qui explique bien des scènes.

« L’Avare » (1668), comédie de Molière en cinq actes et en prose, s’offre une nouvelle jeunesse, Nicolas Liautard propose une adaptation d’une pièce culte .

Citation :

L’argent ! élément clé de la comédie de Molière, réceptacle de toutes les attentes, de tous les désirs. « L’Avare » peut même se concevoir comme une pièce sur le désir, mais un désir fou, violent et irrationnel, greffé au délire égocentrique d’Harpagon

le Mague

Théâtre d’Ivry Antoine Vitez – 1, rue Simon Dereure 94200 Ivry
Métro (ligne 7) : Mairie d’Ivry – RER C Ivry

Tartuffe en tournée cette année.
Mise en scène d'Anthony Magnier, par la troupe Vive la commedia.

Prochaines dates :

Le 5 Mai 2009
Espace Barbara
59494 Petite Forêt

Du 6 Juin 2009 au 7 Juin 2009
Festival du Mois Molière
78000 Versailles

Du 6 Juillet 2009 au 27 Juillet 2009
Festival d'Avignon off
84000 Avignon

J'y vais avec le lycée le 5 mai, à Petite Forêt, vu qu'il est possible que je tombe sur Tartuffe au Bac.

Un petite photo prise lors de la célèbre scène où Tartuffe séduit Elmire, avec Orgon le mari de cette dernière totalement ridiculisé :



Nestor : j'ai reduit l'image qui pesait trop lourd

Citation :

Le malade imaginaire est une pièce souvent sous-estimée, et que les petits Français étudient en général dans "les petites classes" ; ce qui lui donne la réputation d'être une comédie sans envergure.

voir plus haut. En fait la pièce ne cesse d'être representée à bon escient avec des mises en scène très différentes

Citation :

En plein air, sur fond de vignes et de montagnes, les acteurs de ce Malade imaginaire défendent le parti de la vie. Même Argan, le fameux moribond, pousse des «ah» et des «oh» de jeune fille. Lorsqu’il fulmine, très souvent, le geignard, survêtement bleu et pantoufles, trépigne sur le lit. Quand il jubile, plus rarement, l’original sourit aux anges, comme un bébé replet.

Manière claire pour le metteur en scène Alain Knapp de discréditer la maladie. Et belle performance du comédien Pierre-Isaïe Duc, qui confirme le talent comique qu’on lui supposait. Autour de lui, la troupe d’acteurs romands mène la charge avec un bel appétit.

l'article du temps

Avec mon prof de français nous avions vu Le Tartuffe avec Gérard Deuxpardeux : http://www.imdb.com/title/tt0088229/. Un forumeur archiviste (ou documenté) saurait-il me dire si l'on peut se le procurer ? Merci.

je trouve Tartuffe ou l'imposteur
De Michel Galabru,

Avec Depardieu, à ma connaissance il n'est pas en DVD. Resterait à le trouver en cassette...

J'ai eu l'occasion de voir la pièce "le Médecin malgrè lui" mise en scène par Dario Fo dans la tradition de la Commedia dell'Arte.
Ce fut un régal.
Arte l'avait retransmise avec une autre (médecin volant); par contre, je ne sais pas s'il existe des dvd.

http://www.cndp.fr/Tice/Teledoc/dossiers/dossier_medecins.htm

hé, dario Fo, ce n'est pas rien !

Citation :

il reçoit en 1997 le Prix Nobel de Littérature. C'est la première fois qu'un homme de théâtre acteur-auteur-metteur en scène reçoit une telle distinction.

Apparemment pas de DVD, pour le médecin malgré lui mais des cassettes de 2003.

j'ai eu l'occasion cet été d'aller voir l'Avare, en plein air, dans les ruines de l'abbaye de Villers la Ville (Belgique), mis en scène par Gildas Bourdet. C'était.. comment dire.. super !!!

J'avais déjà vu Gildas Bourdet mettre en scène Molière, dans le Malade Imaginaire à la Comédie Française il y a presque 20 ans..

Non seulement Molière est un auteur sans âge, mais Gildas Bourdet reste a toujours été et décidément il le restera mon metteur en scène préféré.

S'il y a des parisiens parmi vous, on passe à Paris en Novembre, le Saperleau, de ce même Gildas Bourdet.. J'ai bien l'intention de faire la route pour y aller et je ne saurai que trop vous le conseiller !!

Amphitryon en 1668, après Tartufe

Quel besoin ont les dieux d’intervenir dans les affaires humaines et de semer la zizanie dans les couples ? Jupiter se prend d’amour pour Alcmène, femme d’Amphitryon, et sous l’apparence du mari réussit à devenir son amant, à l’insu de la belle.

Quant à Mercure, le messager des dieux, il a pris la place de Sosie, le domestique de la maison, et s’est montré grossier et distant envers Cleanthis, la femme de Sosie.

Comme le dit Sosie, le vrai domestique :

Citation :

C'est un fait à n'y rien connaître,
Un conte extravagant, ridicule, importun :
Cela choque le sens commun;
Mais cela ne laisse pas d'être.

Les femmes sont-elles contentes ? Non !

Alcmène se voit reprocher par son mari une nuit d’amour à laquelle il et elle ne comprennent rien, tandis que Cleanthis fait grief à Sosie de s’être montré trop peu empressé auprès d’elle.

Les déguisements des dieux ont été traités par Plaute, Euripide, jusqu’à Giraudoux, 38 e auteur d’un Amphitryon 38, et comme on le voit, la situation fantasmatique d’un amant déguisé en mari crée le trouble dans les ménages.

Berangère jannelle a mis en scène Amphitryon dont on peut voir quelques images sur cette page.

Malgré une langue qui a vieilli dans cette pièce, Amphitryon atteint le public et le touche par sa rancoeur sociale : les grands se croient tout permis : avec leurs hommes de main (ici Mercure) ils nous cocufient, fiers de leurs belles paroles, alors que le vrai merite revient à ceux qui font le travail (ici Amphitryon, héros de la bataille).

Les acteurs emportent l'adhésion du public, car les doubles sont à s'y méprendre, grâce a des artifices vestimentaires efficaces.

Une mention speciale pour les deux Sosie, l'un dans le rôle du poltron, l'autre, brutal et très malicieux.

Un dispositif scénique élaboré (un plan incliné à 30°, tournant) donne dynamisme et relief à la pièce. J'ai moins apprécié le fond sonore de philippe Glass, mais l'accent mis sur le voyeurisme, des acteurs comme des spectateurs, permet une vraie reflexion sur le théâtre.

Pour pimenter le spectacle de cette pièce grivoise, quelques accessoires et gags coquins font rire le public.

Au final, un "régal" dans la représentation d'une pièce composite, un peu acide, que la mise en scène rend fort attrayante.

amphitryon


Alcmène épouse d'Amphitryon, abusée par les apparences, accorde à Jupiter le "repos du guerrier" que méritait... son mari

Suite à Corneille dans l'ombre de Molière : Histoire d'une découverte paru en 2003 chez les Impressions nouvelles, Dominique Labbé poursuit son filon Corneille/ Molière

La thèse

L'auteur de deux comédies aujourd'hui bien oubliées - Le Menteur et La Suite du Menteur - est également celui de L'Ecole des femmes, du Misanthrope, de Tartuffe, du Dom Juan, de L'Avare, des Femmes savantes... Il a aussi écrit l'essentiel du Bourgeois gentilhomme et du Malade imaginaire. Il s'agit de Pierre Corneille et non point de Molière. La collaboration entre les deux hommes a duré pendant plus de 15 ans

La méthode

Comment identifier l'auteur d'un texte inconnu ou d'origine douteuse ? Il annonce enfin la révolution que les mathématiques appliquées et l'informatique



Si deux et deux sont quatre, Molière n'a pas écrit Dom Juan
de Dominique Labbé 256 pages Editeur : Max Milo

La démonstration de Dominique Labbé fera plaisir à Merwyn : il se fonde sur des chiffres qu'il dispose en tableau : c'est là !

Professeur de littérature française à Paris-IV-Sorbonne, Georges Forestier occupe la chaire des études théâtrales du XVIIe siècle, et a établi une nouvelle édition des oeuvres complètes de Molière dans "la Pléiade"

Dom Juan, s'appelle désormais Le Festin de pierre. Publiée à Paris neuf ans après la mort de Molière (1673),Dom Juan a été censuré et cette version la plus censurée a été constamment reproduite et diffusée jusqu'au milieu du XIXe siècle.


Forestier fait aussi justice de la part pretendûment autobiographique dans l'oeuvre de Molière et notamment dans le malade imaginaire. A l'époque la presse exprime sa stupéfaction devant la brutalité de sa mort.

Enfin, il modifie l'image de son public qui n'était pas populaire, et il prouve en mentionnant le prix des places :

Citation :

Les moins chères coûtaient quinze sous, c'est-à-dire trois quarts de livre, et les plus chères valaient six livres. Qui pouvait se les payer, quand un valet gagnait deux livres par mois et un journalier cinquante livres par an ?

le public de Molière, ce sont "les marchands de la rue Saint-Denis", c'est-à-dire des bourgeois. Bien sûr, il pouvait y avoir dans les salles des laquais, des valets ou des hommes d'épée. Mais, d'une part, ce n'était qu'une toute petite partie de son public, et, d'autre part, ce n'était pas son public cible.

Cf.l'article du Monde des livres qui donne aussi laparole à Denis Poldalydès pour la manière de "dire" Molière.

J'ai trouvé un Tartuffe par la Comédie-Française, à la télé en 1975, découpé en onze morceaux : https://www.youtube.com/watch?v=wyWm8S5ERUU&feature=related. Il n'est pas mal du tout, surtout le personnage de Tartuffe, répugnant à souhait !

Troglodyte a écrit:

le personnage de Tartuffe, répugnant à souhait !

C'est pas du tout le cas du Tartuffe joué actuellement à Aubervilliers : un homme maigre, très angoissant, et dont la puissance ne serait pas brisée par le dénouement de Molière - conventionnel et nécessité par les circonstances.

Une pièce reconstruite d'après Molière, prévient le programme, mais tout-à-fait dans son esprit.

La critique est excellente, pour le jeu des acteurs, leurs acrobaties, et leur actualité : on reconnaît des contemporains, disent les spectateurs de cette pièce, encensée !

Citation :

Un « Tartuffe » plein de vie !

Citation :

Du gros Scotch vert fluo, une bonne photocopieuse, des comédiens divins et du travail… C’est tout ce qu’il faut à Gwenaël Morin pour mettre en scène le « Tartuffe » de Molière. Et il y a quelque chose de très vivifiant et de très accessible dans ce décor artisanal et dans l’état d’excitation permanent dans lequel sont plongés les comédiens. Quelque chose qui emprunte autant au cartoon qu’à la tragédie et qui mélange les registres avec une intelligence propre au théâtre populaire.

tout l'article.

Hier matin, je ne sais plus quel post m'a mis à l'idée de relire "Les femmes savantes". Chose faite l'après-midi assis sur une souche dans un bois ensoleillé. Me suis bien amusé à cet exercice jusqu'à cette réplique de Martine qui m'a mis en joie égrillarde (Acte V - scène IV) :

"Les savants ne sont bons que pour prêcher en chaise ;
Et pour mon mari, moi, mille fois je l'ai dit,
Je ne voudrais jamais prendre un homme d'esprit.
L'esprit n'est point du tout ce qu'il faut en ménage ;
Les livres cadrent mal avec le mariage ;
Et je veux, si jamais on engage ma foi,
Un mari qui n'ait point d'autre livre que moi,
Qui ne sache A ne (ni) B, n'en déplaise à madame,
Et ne soit, en un mot, docteur que pour sa femme".

Encore faut-il au mari bien choisir son ouvrage, intéressant mais pas trop, long sans être barbant, sinon il n'a pour ressources que de se constituer une bibliothèque ou d'user de livres de prêt. Quant à jouer au docteur....

je ne suis pas sûr que Martine pensait aux livres de prêt, mais je ne suis pas sûr non plus , qu'en dehors du mari, elle n'envisageait pas pour elle même, quelques découvertes annexes...

Albert a écrit:

je ne suis pas sûr que Martine pensait aux livres de prêt, mais je ne suis pas sûr non plus , qu'en dehors du mari, elle n'envisageait pas pour elle même, quelques découvertes annexes...

Certes, la gaillarde semble avoir les pieds bien sur terre, faisant ainsi présumer de sa propension à les tenir en l'air. ( Cette remarque ne vise que la "Martine" des "Femmes savantes")

Il y a du vrai dans la formule

Citation :

Un mari qui n'ait point d'autre livre que moi,
[...]Et ne soit, en un mot, docteur que pour sa femme".

Combien de femmes se plaignent des activités de leur mari alors qu'elles voudraient être le centre quasi unique de son attention...

rotko a écrit:

Combien de femmes se plaignent des activités de leur mari alors qu'elles voudraient être le centre quasi unique de son attention...

Oui, mais à l'impossible, nul n'est tenu.

Dans la foulée des "Femmes savantes", lecture de "Tartuffe" avec ceci à l'acte V, scène 7 :

"Nous vivons sous un Prince ennemi de la fraude,
Un Prince dont les yeux se font jour dans les coeurs,
Et que ne peut tromper tout l'art des imposteurs.
D'un fin discernement sa grande âme pourvue
Sur les choses toujours jette une droite vue ;
Chez elle jamais rien ne surprend trop d'accès,
Et sa ferme raison en tombe en nul excès."

Autres temps... autre Prince...

Est-ce un remerciement, un éloge courtisan, ou sous une forme diplomatique un exhortation à ne pas se laisser aveugler ?

j'opte pour le 3e point, qui n'est d'ailleurs pas exclusif des autres.

rotko a écrit:

Est-ce un remerciement, un éloge courtisan, ou sous une forme diplomatique un exhortation à ne pas se laisser aveugler ?

j'opte pour le 3e point, qui n'est d'ailleurs pas exclusif des autres.

J'avoue avoir du mal à suivre le raisonnement qui mène à ces interrogations. Ce qui était du temps de Molière ( "Nous vivons sous un Prince ennemi de la fraude") est devenu : nous vivons sous un Prince ami de la fraude ; ( "D'un fin discernement sa grande âme pourvue, sur les choses toujours jette sa droite vue ") D'un discernement nul sa petite âme pourvue, sur les choses toujours jette sa mauvaise vue ; ( "Et sa ferme raison ne tombe en nul excès"), et sa raison débile tombe toujours en excès ; etc....

Remerciement, éloge, exhortation : pas vraiment.Et à qui ? Je n'ai pas précisé le nom de la Principauté.