Luigi Pirandello

Luigi Pirandello, Six personnages en quête d'auteur, L'Avant-Scène N° 1018.
ISSN 00451169
De l'illusion et du vrai au théâtre.
Une troupe d'acteurs se prépare pour une répétition tout en déplorant le manque de bonnes pièces théatrales :

Citation :

"Il ne nous arrive plus de France une seule bonne pièce, et [nous] en sommes réduits à monter celles de Pirandello auxquelles on ne comprend pas grand chose ! -et que l'auteur semble avoir écrite pour ne plaire ni aux acteurs, ni aux critiques, ni au public ".

La répétition n'a pas encore commencée, malgré les différents préparatifs que survient une famille de six personnes cherchant un auteur de théâtre. Ils prétendent être des personnages réels, plus vrais que les rôles interprètès par les comédiens. La confusion règne sur le plateau sous la forme d'un dialogue et d'une confrontation entrer les deux groupes de personnes. Finalment le directeur du théâtre accepte d'ecouter leur histoire, et même de représenter leur drame.

On a donc à la fois le procès du théatre, de ses conventions, de l'illusion qu'il produit, et les exigences de ceux qui veulent être représentés et qui ne se reconnaissent ni dans leurs personnages, ni dans la représentation de leur drame. Le miroir est mis en question par ceux -là même qu'il veut reflèter. Où est la fiction, où est la réalité ? comment parvenir à la vérité dans et par l'Art ?

Entre Ashes to Ashes de Pinter, et Six personnages en quête d'auteur, je ne vois guère de point de comparaison sinon que, dés leur arrivée au théâtre, les personnages déclarent porter en eux un drame douloureux, ce qui est assurément le cas du couple de la pièce de Pinter.

Cette dissociation entre les personnages et les acteurs, et les réactions des personnages devant leur représentation par les acteurs, illustrent deux points intéressants et contradictoires : l'absence d'identité permanente des personnages en même temps que leurs vérités successives. En découlent des "interprétations" qui renouvellent la vision qu'on peut avoir d'eux.
Un exemple serait celui de Médée l'empoisonneuse, représentée comme un monstre ou comme un femme trahie qui agit par désespoir. Les mythes et les personnages sont féconds et on ne fnit pas de les interroger. cf. Antigone, Hamlet, Phèdre etc...
Ils sont des métaphores de la condition humaine prise entre vérité et simulation, se distribuant dans des apparences, qu'on appelle "rôles" au théâtre mais aussi "rôles" dans le monde social.

Les parisiens ont bien de la chance. L'ouverture du theâtre de montreuil se fait avec ce soir on improvise de pirandello, une pièce réputée impossible à monter.

Sur "tout arrive" (France-culture) on estime le pari gagné. D'autres sont plus réservés, comme les trois coups

Citation :

Monter une pièce qui, comme Ce soir on improvise, a le théâtre pour sujet, dans une salle où rien n’a encore jamais été joué, était une belle idée. D’autant que cette pièce est pour Pirandello l’occasion de faire surgir une foule de personnages passionnés, exubérants et exaltés pour raconter le théâtre, les affres de la création et le monde dans ce qu’il a de plus drôle et de plus tragique.

L’auteur invite sur sa scène une procession religieuse sicilienne, une dispute dans un cabaret glauque, un scandale à l’Opéra, où se jouent des œuvres de Verdi, un terrain d’aviation sur lequel fait irruption une chanteuse désespérée, etc...

Si j'ai bien compris on voit aussi le fantôme de pirandello : dommage qu'il parle !

Se trouver mise en scène de stanislas Nordey au théâtre de Rennes.

le compte rendu assez dithyrambique de cet article laisse pourtant apparaître quelques réserves en bémol :

On y retrouve cette économie de gestes faite de répétitions et cette diction proprement théâtrale qui ont le don d’exaspérer certains spectateurs. La fidèle Claire-Ingrid Cottanceau excelle à ce jeu, qu’elle pousse ici à la limite de la caricature, sans doute pour souligner le côté artificiel de son personnage, proche du stéréotype des confidentes dans le théâtre classique. Vincent Dissez n’est pas loin de l’égaler dans certaines scènes, et il faut bien dire qu’on le souhaiterait parfois plus naturel, à l’exemple de Frédéric Leidgens (le comte Gianfranco Mola).

La version que j'en ai entendue était plus sévère, elle disait que des comediens en ligne, sans se regarder les uns les autres, débitant leur texte pour le public de façon saccadée dans les justes de Camus, et dans une moindre mesure chez Pirandello, est bien loin d'emporter l'adhésion des spectateurs.

les billet ci-dessus sont tout-à-fait d'actualité ; En effet


SE TROUVER passe au THEATRE DE LA COLLINE (GRAND THEATRE) Du 13 mars 2012 au 14 avril 2012

Un extraordinaire portrait de femme et d’actrice. Donata Genzi, dispersée en de multiples personnages, n’arrive plus à être elle, ni même à être ; pour se trouver, elle tente une aventure sentimentale et fuit le théâtre. Une mise en scène de Stanislas Nordey avec Emmanuelle Béart.