Eugène Ionesco

Citation :

si Ionesco est un classique, c'est essentiellement au sens scolaire du terme : La Cantatrice chauve, La Leçon ou le Rhinocéros sont toujours étudiés au lycée.

Mais beaucoup moins à l'université. Ensuite, si on regarde de plus près la façon dont il est joué, il y a un gros arbre qui cache un certain désert. Cet arbre s'appelle le Théâtre de la Huchette.

(il joue sans discontinuer La Cantatrice chauve et La Leçon depuis... 1957)

dit le Monde, qui note sa rare présence dans les grands théâtres, même s'il est joué par les troupes d'amateurs.

La preuve ? son fil n'existait pas sur GDS* !

tout l'article du Monde

Je suis présentement, en ce moment même, en train de finaliser de lire sa pièce "rhinocéros" qui m'a été demandé pour l'un de mes cours "analyse de textes" à l'université. J'aime bien son écriture.

Ionesco, je crois, a pretendu que sa pièce n'était pas une representation ou une allégorie d'un Etat totalitaire, et pourtant ça y ressemble bougrement...

L'épouse de Ionesco disait qu'il passait son temps à se contredire ... était-ce une nouvelle démonstration par l'absurde du comment lutter contre la pensée unique, qui pourrait également être le thème du "Rhinocéros" ?

Constance a écrit:

une nouvelle démonstration par l'absurde du comment lutter contre la pensée unique, qui pourrait également être le thème du "Rhinocéros" ?

c'est vrai.

le Figaro incite (1) à aller voir l'exposition ionesco à la BNF site François-Mitterrand Paris XIIIe, Jusqu'au 3 janvier

Citation :

En lui l'angoisse métaphysique et l'humour corrosif sont un alliage souvent déconcertant. On l'enferme un peu dans « le théâtre de l'absurde ». Comme Beckett, il est dans la lignée d'un Kafka

(1) Vraiment une exposition très réussie et que complète à merveille le catalogue nourri de textes savants et de témoignages émouvants dont ceux de Massin, le maître de la magie et de l'élégance graphique, écrivain lui-même, de Fernando Arrabal, esprit rebelle et grand poète, de metteurs en scène etc.

Je profite de mon bref passage pour relancer ce fil, étant donné que j'ai lu Les Chaises. =)
J'ai également lu, il y a longtemps, La Cantatrice chauve, mais le souvenir de cette pièce est lointain pour moi, du genre nébuleux de chez nébuleux.

Quel est le sujet, le thème des Chaises ? Ionesco l'explique lui-même :

Citation :

Le thème de la pièce n'est pas le message, ni les échecs dans la vie, ni le désastre moral des vieux, mais bien les chaises, c'est-à-dire l'absence de personnes, l'absence de l'Empereur, l'absence de Dieu, l'absence de matière, l'irréalité du monde, le vide métaphysique ; le thème de la pièce, c'est le rien... (cité par Frédéric Towarnicki, "Des Chaises vides... à Broadway", Spectacles, n°2, juillet 1958, et Martin Esslin, Théâtre de l'absurde)

Le mélange des tons dans Les Chaises est indéniable :

Citation :

LE VIEUX, à la Belle : Voulez-vous être mon Yseult et moi votre Tristan ? la beauté est dans les coeurs... Comprenez-vous ? On aurait eu la joie en partage, la beauté, l'éternité... l'éternité... Pourquoi n'avons-nous pas osé ? Nous n'avons pas assez voulu... Nous avons tout perdu, perdu, perdu...
LA VIEILLE, au Photograveur : Oh non, oh ! non, oh ! là là, vous me donnez des frissons. Vous aussi, vous êtes chatouillé ? chatouilleux ou chatouilleur ? J'ai un peu honte... (Elle rit.) Aimez-vous mon jupon ? Préférez-vous cette jupe ?
LE VIEUX, à la Belle : Une pauvre vie de maréchal des logis !
LA VIEILLE, tourne la tête vers la première Dame invisible : Pour préparer des crêpes de Chine ? Un oeuf de boeuf, une heure de beurre, du suc gastrique. (Au Photograveur : ) Vous avez des doigts adroits, ah... tout de mê-ê-ê-me ! oh-oh-oh-oh.

Ionesco refuse le réalisme, la logique ; de là, par exemple, ces deux répliques contradictoires :

Citation :

LA VIEILLE, au Photograveur : Nous avons eu un fils... il vit bien sûr... il s'en est allé... c'est une histoire courante... plutôt bizarre... il a abandonné ses parents... il avait un coeur d'or... il y a bien longtemps... Nous qui l'aimions tant... il a claqué la porte... Mon mari et moi avons essayé de le tenir de force... il avait sept ans, l'âge de raison, on lui criait : "Mon fils, mon enfant, mon fils, mon enfant...", il n'a pas tourné la tête...
LE VIEUX : Hélas, non... non... nous n'avons pas eu d'enfant... J'aurais bien voulu avoir un fils... Sémiramis aussi... nous avons tout fait... ma pauvre Sémiramis, elle qui est si maternelle... Peut-être ne le fallait-il pas. Moi-même j'ai été un fils ingrat. Ah !... De la douleur, des regrets, des remords, il n'y a que ça... il ne nous reste que ça...

Et puis, juste parce que c'est beau :

Citation :

LE VIEUX : J'ai laissé ma mère mourir toute seule dans un fossé. Elle m'appelait, gémissait faiblement : "Mon petit enfant, mon fils bien-aimé, ne me laisse pas mourir toute seule... Reste avec moi. Je n'en ai pas pour bien longtemps. - Ne t'en fais pas, maman, lui dis-je, je reviendrai dans un instant... J'étais pressée, j'allais au bal danser. "Je reviendrai dans un instant." A mon retour, elle était morte déjà, et enterrée profondément... J'ai creusé la terre, je l'ai cherchée... je n'ai pas pu la trouver... Je sais, je sais, les fils, toujours abandonnent leur mère, tuent plus ou moins leur père... La vie est comme cela... mais moi, j'en souffre... les autres, pas...

J'ai aimé cette pièce. J'ai été cela dit plus sensible à son aspect tragique qu'à son aspect farcesque, alors que La Cantatrice chauve, pour autant que je m'en souvienne, m'avait bien fait rire.

je lis egalement pour Ionesco son piece :"Le Roi se meurt". j'aimais son ecriture il y parle d'un sujet qui cause une malaise au beaucoup des gens, c'est la mort. On y frequente les etapes de l'agonie du roi et comment il se resigne à la fin à quitter la vie.Je pense que l'absurde chez lui est bien different que l'absurde chez Camus ou Beckett.euh...je pense qu'il voit que la mort ou le fait de ne pas decider le moment de notre mort est absurde pour lui...n'est ce pas?