Aristophane

Aristophane, La Paix, livre de poche.

Le vigneron Trygée,las de la guerre, entreprend de delivrer la paix, prisonnière des dieux. Il enfouche donc un gigantesque bousier ailé qui le conduit dans les demeures célestes. Là il faut parlementer avec Hermès, sorte de gardien des "meubles" celestes, et surtout faire revenir sur terre la paix , qui a subi de rudes outrages par les temps qui courent... Trygée parvient à ses fins et revient avec deux créatures pulpeuses en guise de recompense ...

Nul doute que cette pièce donnait lieu à un grand spectacle. A la fin, grande celebration de l'existence, enfin retrouvée avec tous ses plaisirs fondamentaux, sous forme solide ou liquide, ou charnelle.

La limite entre le festin et l'orgie reste assez floue. Quant au public, il est sans cesse sollicité, par des allusions politiques contemporaines, par des commentaires qui démystifient le spectacle, ou par des apostrophes qui le somment de prendre parti.

Aristophane, La Paix.

Le rire, sans tabous, passe du jeu de mots à la farce la plus epicée, aux gestes et aux propos les plus hardis. La pièce d'Aristophane est riche d'insolences diverses, où on commente l'actualité et où on brocarde les puissants. On raille les va-t-en guerre, on souille les symboles et ideaux de la soldatesque. Voilà une liberté de ton qui s'est perdue en route.

Très drôle Aristophane, j'ai bossé avec "lui", un bon travail fait dans l'humour et le sourire, difficile parfois pour de jeunes comédiens (de ne pas rire) mais les textes sont bien passés et les ont étonnés.

Tu tiens à me faire ouvrir tous mes cartons

La pièce est truculente, scatolgique, mais incite surtout les gouvernés à réagir contre tous les va-ten-guerre. La voix des citoyens qui se fait entendre, c'est interessant, non ?

La mise en scène peut être spectaculaire,avec intervention de machineries, de mouvements de foule, de jolies femmes dénudées...

Lysistrata, pas mal non plus !
Quand les femmes décident de pratiquer l'abstinence sexuelle pour punir les mecs

Citation :

Si la comédie d'Aristophane, ivresse ou lyrisme, relève de la fantaisie et de la poésie par sa forme à la fois très vive et très hardie mais très fine et très arrêtée, elle appartient presque entièrement par le fond à la politique ou à la philosophie sociale.


Aristophane excelle à mettre l'idée en scène, à la revêtir d'une forme vive, dramatique et lyrique en même temps. L'imprévu de sa fantaisie, l'agilité de son esprit dans l'imaginaire, étonnent et ravissent. Il faut aller jusqu'à Shakespeare pour retrouver dans la littérature un nouvel exemple, aussi admirable, de cette puissance légère, ailée : la comédie des Oiseaux n'a d'égal que le Songe d'une Nuit d'été.
Rabelais seul, avant Shakespeare, pourrait en donner parfois une idée. Mais la langue, française du seizième siècle, quelle que soit sa richesse soudainement accrue par la féconde inondation de la Renaissance, ne peut avoir encore ni la limpidité ni la perfection de la langue attique à l'époque d'Aristophane. Celui-ci, d'ailleurs, a pour lui, outre la supériorité de la langue grecque sur toute autre langue humaine, celle de la poésie sur la prose. Et, en même temps que les vers d'Aristophane ont la couleur de ceux de Mathurin Régnier, ils ont aussi, lorsqu'il le faut, chose qui semble inconciliable, la sobriété élégante et fine de la prose de la Rochefoucauld et de Voltaire.
Précisément, ce sont les jeux exquis de cette langue unique au monde qui faisaient tout passer, même les choses les plus fortes. Le peuple grec était amoureux de sa langue - riche, musicale, souple, fantaisiste, il jouait avec elle, comme les Italiens avec leurs fioritures. De là toutes ces plaisanteries, ces onomatopées, ces choses intraduisibles. Maniée par des esprits d'élite, cette langue, qui n'eut jamais d'égale, savait conserver la beauté jusque dans l'ivresse, la grâce jusque dans les plus énormes folies. C'est ce qui purifie ces folies mêmes.

Deschanel, Émile (1819-1904)

http://remacle.org/bloodwolf/livres/deschanel/un.htm
Etude sur Aristophane.