qu'aimez-vous ? le whodunit ou le polar noir ?

le whodunit (de l'anglais "Who done it?" « qui l’a fait ? ») c'est le roman à énigmes, sur le modèle anglais, non dénué d'humour, où il s'agit essentiellement de résoudre le mystère (notamment celui de la chambre close), et de trouver le vrai coupable.

Le polar noir lui, s'interesse moins au mystère qu'à l'action et au suspens ( dont le thriller) : il nous fait côtoyer les voyous dans les bas quartiers de la ville moderne.

Où vont vos préférences, et quels auteurs fréquentez-vous ?

Vous pouvez d'ailleurs contester mes définitions un peu rapides

Sans hésiter, je préfère les polars noirs, à la façon de Lehane, par exemple, car ils sont étayés par une solide réflexion sociologique, voire politique et nous présentent le monde contemporain sans artifice. Et souvent sans issue.

J'aime assez quand la psychologie est fouillée également.

Les autres, j'en lis épisodiquement, mais plus pour me "reposer".

Les polars hyperréalistes (et bien écrits) restent toujours une épreuve de vérité.

Un miroir ?

J'aime bien ta définition des whodunits.

Commettre un forfait en prenant le thé.

Le flegme British plane.

Le roman devient un jeu d'esprit, finalement.

Je n'ai jamais pu lire un Agatha Christie, je ne la supporte pas. J'avais beaucoup aimé Le mystère de la chambre jaune et les Sherlock Holmes (c'est un peu des whodunits, non ?)
J'ai lu quelques polars noirs aussi.
Je ne suis pas un grand lecteur de polar, tout compte fait.
Je me demande bien ce qui m'a pris de poster ici.

je crois que les whodunits ont perdu beaucoup de terrain. Vargas et des Anglaises réaniment un peu la flamme, mais il faut avouer que les récits ont tendance à traîner en longueur. Je n'ai lu qu'un Elisabeth George, mais je recule devant des titres de 500 pages et parfois plus.

Pourtant Elisabeth George fait parfois intervenir des problèmes sociaux actuels, avec des jeunes délinquants en chômage par exemple.

Je reproche à Vargas un style délayé : les "quatre évangélistes" qui réapparaissent, je crois (sinon châtiez-moi ) dans plusieurs romans, introduisent un pittoresque dont je me suis lassé. J'ai trouvé aussi des personnages peu vraisemblables, pour donner une touche fantaisiste au roman. comme dans pars vite et reviens tard

Quant aux dénouements, découvrir le fils caché, la soeur dissimulée, ça sent bien l'artifice qui fait long feu (après le 14 juillet !).

Vous m'indiquerez sans doute des auteurs qui n'ont pas ces travers ?

on fait encore des whodunits de nos jours
c'est bon à savoir (oui je suis inculte en littérature).

C'est vrai que certains sont reussis comme ceux qui sont sur le fil des Anglaises, Anne Perry ou en France Yvonne besson qui part sur les mêmes postulats initiaux pour les tourner ensuite dans une pirouette

son livre la nuit des autres qui était épuisé, vient de sortir en pocket, et les lecteurs en disent grand bien.

Citation :

excellent de bout en bout. Il y a une grande retenue
stylistique, combinée à une profonde noirceur, qui fonctionne très bien

dit Sholby, un fin connaisseur.

A voir ce que vous dîtes de Connelly et de grisham, et quelques autres,

sans parler de vos intentions de lecture :

Aristarque a écrit:

J'ai mis bien en vue trois romans de Michael Connelly:
"Moisson Noire 2004", un recueil des vingt meilleures nouvelles policières de l'année choisies pas le Maitre M. Connelly.
"Lumière morte", une terrible descente aux enfers de mon inspecteur préféré Hieronimus Bosch .
"Echo Park", le plus récent ; Bosch a rempilé!
Pour combattre l'ambiance qui peut devenir caniculaire, des entr'actes de quelques pages du troisième volume de la "Compagnie des Glaces"

je vois que vous n'êtes pas insensibles au roman noir

Mais quel mauvais penchants cherchons-nous à assouvir ?

Connelly est bon, je trouve.
George, j'ai laissé tomber sous le flot des détails.

Mary Higgins Clark : j'en ai lu un, que j'ai apprécié sur le moment. Mais je ne me souviens ni de son titre, ni de l'histoire, ni de rien.
Vite lu, vite oublié, ça n'est pas bon signe.

En ce moment : Arnaud Delalande - La musique des morts.
Que je trouve très bon, mais il n'est pas à caser dans les polars noirs ou les whodonits. Comme de nombreux livres, l'intrigue policière n'est qu'un prétexte à variations. Ici : musique (Paganini notamment) et spoliation des Juifs sous les nazis.

De belles pages lyriques pour les mélomanes et des morceaux hyperréalistes sur la période en question (particulièrement sur le "secret bancaire" des banques suisses qui récupérèrent les avoirs des déportés). Donc, de la poésie, du politique et de l'histoire.

Bref, le polar est multiforme.

Il m'en faut un de temps en temps.

Citation :

Le roman noir,c “est un thermomètre de la société, beaucoup plus directement que le roman classique. Evidemment, il mute, parce qu'on est dans une drôle de société, sans idéologie ni pensée politique digne de ce nom. Le roman noir d'aujourd'hui illustre ça, mais je ne le trouve pas du tout fermé.”

Rue 89 consacre une enquête au roman noir....

articles prévus sur Gérard “ SAS ” de Villiers, du big boss de la Série Noire, de Jean-Louis Debré, de Henri Loevenbruck, de Franz-Olivier Giesbert, de Caryl Férey, d »Antoine Chainas.

est-ce un bon choix ? je me le demande. Pour les SAS de Villiers, je les mettrais plus vite à la poubelle que sur mes rayonnages.

quelques affirmations à vérifier :

Citation :

« DOA, Jérôme Leroy, ou Mathias Bernardi », revendiquent la négation des valeurs de la génération précédente. Si celle-ci était à désillusionnée, utopiste et à gauche, la nouvelle est donc nihiliste et penche possiblement à droite

Jean Bernard Pouy présente une brève histoire du roman noir chez l'oeil neuf.

Sa classification n'est pas orthodoxe mais derrière les etiquettes on retrouve les noms habituels ;

Un aperçu :

- parmi les forcenés J.H Chase, vite expédié à mon sens, même si inégal et trop productif à la chaîne, Simenon dont il note 3 romans anticolonialistes,

- les pessimistes voire pires : Mac Coy, Goodis, jim Tompson qui a "la cirrhose de l'âme", et Jonquet

- Les allumés Hervé Prudhon, avec la langue chienne,

Spoiler:

Raymond Marshall (alias J.H Chase qui revient par la fenêtre) avec
Miss Shumway jette un sort Folio policier.

- les intellectuels avec Echenoz (?) Tanguy Viel et James Sallis, et une mention de carlo Emilio Gadda dont j'ai entendu parler avec l'affreux pastis de la rue des merles.Points poche.

J'ai assisté à une conférence de Claude Mesplède, "le pape du polar", qui expliquait dans quel contexte le roman noir était né aux USA.

Les soldats américains, de retour d'Europe (guerre de 1918), trouvent un pays bousculé par les idées « subversives » qui agitent le Vieux Continent, l'arrivée massive de nouveaux immigrants, la montée des syndicats, la multiplication des grèves férocement réprimées, la violence des persécutions contre les Noirs.

Tout un contexte de violence qui culmine avec la prohibition, qui entraîne la corruption de la police à tous les niveaux.

On sait aussi les dures luttes entre patronat et ouvriers, l'engagement de milices pour mater les grèves etc.

quelques titres pour s'en faire une idée :



et ce bel article sur le faucon maltais traduit par Etienne Borgers.

Dashiell Hammet et sa moisson rouge inaugurent le hard boiled.

la collection quarto relance un dashiell Hammett bien malmené par les différents traducteurs.

Au final, une quinte flush de romans, dont trois chefs-d’oeuvre : Moisson rouge, La Clé de verre et Le Faucon de Malte. Un texte de Chandler, The Simple Art of Murder, en prologue : la toute première analyse formulée noir sur blanc de l’apport de Hammett au genre.

tout l'article

Signalons aussi l'exposition « Le mystère Hammett : naissance du roman noir américain » à la BILIPO jusqu’au 27 mars 2010...

à la BiLiPo, 48 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris, charmant endroit au fond d'une impasse, et si on descend la rue cardinal lemoine, on se retrouve au musée du crime de la prefecture de police, voilà où mènent les mauvaises pentes et penchants

Citation :

Panneaux, documents originaux et inédits, affiches, photos, éditions rares de ses romans et nouvelles (issues des fonds de la BILIPO ou de collections privées), tentent de recomposer l’univers d’un écrivain américain que cinq romans, plus d’une cinquantaine de nouvelles, des articles critiques, des scénarios et une abondante correspondance ont rendu universellement célèbre.
Natalie Beunat, spécialiste de Dashiell Hammett et traductrice, est commissaire de cette exposition.

Je préfère l'action et le suspens, donc les thrillers.

J'ai lu quelques Marie Higgins Clark et j'en garde un bon souvenir mais vague, c'était il y a longtemps ...

A une époque, je lisais les "thrillers médicaux" de Robin Cook, où l'intrigue se passe dans le monde hospitalier ou de la recherche médicale, avec en filigrane la question de l'éthique, des abus des sociétés pharmaceutiques, de l'erreur médicale, de l'ego surdimensionné des médecins spécialistes (qui virent carrément psychopathes, de quoi avoir des crises d'angoisse si on doit aller à l'hôpital !!).
Comme l'auteur est médecin de formation, il se laisse aller dans le jargon médical et c'est parfois difficile à suivre.

Un de ses romans m'a marquée, "Risque mortel" (peu original comme titre mais l'histoire vaut le coup):
une infirmière hérite d'une maison à Salem et s'y installe avec son nouveau compagnon, chercheur. Ils découvrent une nouvelle molécule du bonheur dans des moisissures de la cave, créent une société pour l'exploiter et passent sur des étapes de l'expérimentation, attirés par l'appât du gain. Parallèlement, des cadavres d'animaux atrocement déchiquetés apparaissent dans la région ...

Spoiler:

Un genre que j'aime bien aussi, pour la détente, ce sont les "thrillers ésotériques" dont la mode a été lancée par Dan Brown avec son Da Vinci Code. Des innocents impitoyablement pourchassés en raison de secrets immémoriaux qu'ils cherchent à exhumer en même temps que d'échapper aux assassins. Tout y passe : les cathares, l'Atlantide, l'apocalypse, les crânes de cristal, les templiers ... avec plus ou moins de réussite !

On rejoint par certains aspects la question de la credibilité du récit. Les romans de Robin Cook l'Américain reposent sur la peur et les fantasmes de gens comme moi qui redoutent les piqûres, mais les cliniques avec des chirurgiens démoniaques ne sont pas monnaie courante, et surtout pas si bien équipées qu'on veut bien le faire croire.

idem pour les thrillers prétendument documentés sur les Cathares ou l'opus dei etc.

A ceux-là je préfère morts pour memoire de Didier Daeninckx qui a bien etudié ses sources sur la manifestation d'octobre 1961 et sa répression, qui a suivi de près le dossier de Maurice Papon.

Avec lui, comme avec Jean Amila (la lune d'Omaha) le contexte historique est respecté, voire révélé au grand public.

Dans sa préface de terres brûlées, une anthologie du roman noir, dont on reparlera, Cesare Battisti note rapidement l’évolution des genres, en particulier du roman feuilleton populaire survivant sous la forme du roman policier qui, lui-même, puise dans le roman réaliste, et devient le roman noir.

Dans le roman d’énigme, le crime est une aberration exceptionnelle qui écorne sans l’entamer le système normatif en vigueur.

Le roman noir poursuit un chemin chaotique : tout y est permis, les moyens employés pour le « rétablissement de l’ordre » n’obéissant ni à des lumières scientifiques ni à des impératifs moraux.

Le représentant du bien n’est autre que celui qui combat un adversaire donné à un moment donné.

Il en résulte des rapports souvent ambigus entre criminel et victime.

Le roman noir est actuellement fécond et contamine d’autres genres où il se camoufle.

Le roman à énigme s’englue dans la « correction« , tandis que le roman noir cultive son « incorrection » dans la traversée de l’enfer.

J'ai également une préférence pour les thrillers sans être une grande lectrice.

Le premier roman noir que j'ai lu, était un classique ; excellentissime classique ! c'était : Les dix petits nègres - d'Agatha Christie - j'avais 16 ans... ça remonte à loin.
Cependant, j'avais été soufflée par la mystériosité qui tourne autour de l'île "aux nègres" - tant et si bien que je ne pouvais pas me détacher du livre et de son histoire. L'intrigue était très forte. J'avais vraiment aimé ; à tel point que je m'en souviendrai toute ma vie.

Par la suite, je n'ai pas vraiment relu de livre de cette auteure, ni du Mary Higgins Clark ou du Pierre Bellemare.

Je me suis concentrée sur des ouvrages de Stephen King qui m'avait portée aux frontières du roman noir et du fantastique. Mais, je ne lis plus de King, ce temps-là est révolu.
Sauf un bémol sur le fil de la fin de trentaine, car l'avant dernier que j'ai lu, sortait du contexte. Ce n'était pas un roman de King, c'était d'une auteure inconnue qui en avait après Stephen King dans : "La femme qui voulait tuer Stephen King." J'avais vraiment aimé, c'était à la fois intriguant, il y avait de la recherche et même s'il y avait comme une sensation de manque, ça donnait l'envie de poursuivre. C'était de grâce plein d'humour ! J'avais bien ri... Un polar noir assez hilarant !

Mis à part cela, le dernier roman que j'ai lu mettant en oeuvre le suspense, le fantastique et la terreur - et je trouve ce roman divinement noir, c'est : Le vide de Patrick Sénécal - un pavé de 642 pages - qui demande un suivi rigoureux. Cependant, tension et émotions fortes sont à l'honneur !

Personnellement j'aime bien les deux avec sans doute une préférence pour le roman noir avec Ian Rankin, par exemple ou James Lee Burke. Des romans qui vont au delà d'une simple histoire et qui posent des questions profondes voir existentielles. De temps en temps un bon thriller cela détend. Mais j'aime bien aussi les PD James, so british... Au fait, je suis normand...

http://www.grenault.net

kurtbosh a écrit:

Mais j'aime bien aussi les PD James, so british... Au fait, je suis normand...

Donc vendu aux Anglais(es) ?

Bah, personne n'est parfait.

Guy

pure plaisanterie, Guy !

oui, comme toi j'opte pour Burke, et de temps en temps j'ai envie de lire Elmore leonard ou donald Westlake.

rotko a écrit:

pure plaisanterie, Guy !

oui, comme toi j'opte pour Burke, et de temps en temps j'ai envie de lire Elmore leonard ou donald Westlake.

J'ai lu "Loin des yeux" d'Elmore Leonard mais je n'ai pas trop accroché. Le style me dérange un peu... Pas encore lu Donald Westlake.

Je n'ai pas vraiment de références à donner mais je pense que je préfère le polar noir. Je trouve que c'est très intéressant quand l'auteur nous parle de la dimension humaine ou sociale d'une ville.

Mais le mieux pour moi, ce sont des livres où on doit retrouver le coupable et où l'aspect "noir" avec psychologie des personnages ... est très important.