Satan dans le désert
DIEU EST UNE BALLE.
Une conclusion choc pour un livre choc.
Un de ces polars effroyables de réalisme, qu’on lit de temps en temps seulement.
Car il faut pouvoir affronter la violence.
Celle soigneusement cachée par une société hypocrite : les Etats-Unis.
La Californie...
Avec son étendue désertique prêtant à toutes les divagations et à tous les excès : le sinistre Charles Manson en fit son territoire de chasse.
Et pour cause !
Cette tragédie hante tout le livre et fait figure de leitmotiv.
L’affaire commence par un épouvantable carnage. Meurtre d’un couple et kidnapping d’une enfant.
Le père de l’enfant, un bon flic chrétien et sans grande épaisseur (Dieu nous a dispensé tous ses bienfaits, n’est-ce pas ?) se trouve happé par la spirale chaotique du mal, du mal total, du mal SANS DIEU.
Il est aidé, pour retrouver son enfant, par une ex camée, qui fut membre d’un groupe de fanatiques sanglants, dont Cyrus est le sombre gourou (voyez-y un Manson plus vrai que nature, sadique et fou). Elle soupçonne la bande à Cyrus, à raison.
Le flic et la défoncée forment un couple antithétique à souhait. Elle fut contrainte à 12 ans de suivre Cyrus, droguée, violée, déglinguée et ne croit en rien d’autre qu’en la réalité du crime et de la douleur.
Lui est encore débonnaire et candide, habitué au quotidien ordinaire d’un flic. Il est aspiré en enfer...et va découvrir le tréfonds de l’âme humaine.
Leurs conversations sont passionnantes. Truffées de réflexions métaphysiques, duelles, sur l’éternel combat du bien et du mal.
Il n’arrive pas à renoncer à Dieu, à un « sens ». Elle sait qu’il n’y en a aucun, que les choses arrivent sans raison, sans justification et que la moralité n’est qu’un mythe bon à rassurer les douillets de la vie.
Cet échange aussi naturel qu’intelligent est une des grandes forces de ce livre et lui confère une extraordinaire profondeur existentielle.
C’est assez rare dans un polar.
Car en outre, l’auteur ne néglige ni l’action, ni le suspens, ni une certaine atmosphère aride, desséchée, sans horizon.
La langue est incisive et effilée comme une dague...
A lire absolument.
"Les mots de Boston Teran vous hantent longtemps après que vous avez refermé son livre. Je suis encore sous le choc "
Harlan Cohen
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