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 Stéphane Mallarmé

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Vincimil
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MessageSujet: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyLun 21 Aoû 2006, 20:40

Dans les années 1988-1989, j'avais acheté un reccueil de poésie de Mallarmé. Sans savoir le monde étrange qui m'attendait. J'allais découvrir une sensation littéraire et poétique que je n'avais jamais éprouvée auparavant, un peu comme si on vous présentait aujourd'hui une couleur que vous n'avez jamais vue de votre vie.

Jacques

________________________

Salut

Rien, cette écume vierge vers
A ne désigner que la coupe ;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l'envers.

Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l'avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d'hivers ;

Une ivresse belle m'engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut

Solitude, récif, étoile
A n'importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.


Dernière édition par le Mer 23 Aoû 2006, 07:05, édité 1 fois
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Vincimil
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyLun 21 Aoû 2006, 21:05

Le phénomène futur

Un ciel pâle sur le monde qui finit de décrépitude, va peut-être partir avec les nuages: les lambeaux de la pourpre usée des couchants déteignent dans une rivière dormant à l'horizon submergé de rayons et d'eau. Les arbres s'ennuient et, sous leur feuillage blanchi (de la poussière du temps plutôt que celle des chemins), monte la maison en toile du Montreur de choses Passées: maint réverbère attend le crépuscule et ravive les visages d'une malheureuse foule, vaincue par la maladie immortelle et le péché des siècles, d'homme près de leurs chétives complices enceintes des fruits misérables avec lesquels périra la terre. Dans le silence inquiet de tous les yeux suppliants là-bas le soleil qui, sous l'eau, s'enfonce avec le désespoir d'un cri, voici le simple boniment: "Nulle enseigne ne vous régale du spectacle intérieur, car il n'est pas maintenant un peintre capable d'en donner une ombre triste. J'apporte, vivante (et préservée à travers les ans par la science souveraine) une Femme d'autrefois. Quelque folie, originelle et naïve, une extase d'or, je ne sais quoi! par elle nommé sa chevelure, se ploie avec la grâce des étoffes autour d'un visage qu'éclaire la nudité sanglante de ses lèvres. A la place du vêtement vain, elle a un corps; et les yeux, semblables aux pierres rares! ne valent pas ce regard qui sort de sa chair heureuse: des seins levés comme s'ils étaient plein d'un lait éternel, la pointe vers le ciel, aux jambes lisses qui gardent le sel de la mer première." Se rappelant leurs pauvres épouses, chauves, morbides, et pleines d'horreur, les maris se pressent: elles aussi par curiosité, mélancoliques, veulent voir.

Quand tous auront contemplé la noble créature, vestige de quelque époque déjà maudite, les uns indifférents, car ils n'auront pas eu la force de comprendre, mais d'autres navrés et la paupière humide de larmes résignées se regarderont; tandis que les poètes de ces temps, sentant se rallumer leurs yeux éteints, s'achemineront vers leur lampe, le cerveau ivre un instant d'une gloire confuse, hantés du Rythme et dans l'oubli d'exister à une époque qui survit à la beauté.


Dernière édition par le Mar 22 Aoû 2006, 00:26, édité 2 fois
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Vincimil
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MessageSujet: Le poète   Stéphane Mallarmé EmptyMar 22 Aoû 2006, 00:05

Né à Paris en 1842, Stéphane Mallarmé fut, à 19 ans, bouleversé par la lecture des Fleurs du Mal. Ses premiers poèmes seront d'ailleurs d'inspiration baudelairienne.
Professeur d'anglais (il a appris cette langue afin de mieux traduire les poèmes de Poe) il exerce en province, puis à Paris, tout en poursuivant ses recherches poétiques.
Cet ami de Manet, de Zola, de Debussy, élu "Prince des poètes" en 1896, meurt deux ans plus tard. Ce créateur, en jouant sur les ressources cachées des mots, les analogies, a libéré la langue. Son oeuvre marquera toute la poésie du XXè siècle
.
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Vincimil
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMar 22 Aoû 2006, 00:10

Tristesse d'été

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux

Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

De ce blanc flamboiement l'immuable accalmie
T'a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
" Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l'antique désert et les palmiers heureux ! "

Mais ta chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas !

je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s'il sait donner au coeur que tu frappas
L'insensibilité de l'azur et des pierres.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMar 22 Aoû 2006, 07:16

Charles Mauron a écrit sur Mallarmé des textes étonnants fondés sur l'etude des propres poemes de Mallarmé où il a relevé des métaphores obsédantes.
Voici un site qui présente Charles Mauron .
Il décrypte ainsi sans l'appauvrir, un poéme où Mallarmé fait des allusions precises à une adolescente - qui pourrait être pour une part sa soeur cadette defunte. Le poème en devient plus émouvant.

Apparition

La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
– C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.
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Vincimil
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MessageSujet: Le Tombeau d'Edgar Poe   Stéphane Mallarmé EmptyJeu 31 Aoû 2006, 11:14

LE TOMBEAU D'EDGAR POE

Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange!

Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.

Du sol et de la nue hostiles, ô grief!
Si notre idée avec ne sculpte un bas relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne

Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.
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Vincimil
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MessageSujet: Poème de Poe   Stéphane Mallarmé EmptyJeu 31 Aoû 2006, 12:26

LE CORBEAU

Une fois, par un minuit lugubre, tandis que je m'appesantissait, faible et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié - tandis que je dodelinais de la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt, comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre, - cela seul et rien de plus.

Ah! distinctement je me souviens que c'était en le glacial Décembre: et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je souhaitais le jour; - vainement j'avais cherché d'emprunter à mes livres un sursis au chagrin de la Lénore perdue - de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore, - de nom! pour elle ici, non, jamais plus!

Et de la soie l'incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural me traversait - m'emplissait de fantastiques terreurs pas senties encore: si bien que, pour calmer le battement de mon coeur, je demeurais maintenant à répéter: "C'est quelque visiteur qui sollicite l'entrée, à la
porte de ma chambre - quelque visiteur qui sollicite l'entrée à la porte de ma chambre, c'est cela et rien de plus."

Mon âme se fit subitement plus forte et, n'hésitant davantage: "Monsieur, dis-je, ou Madame, j'implore véritablement votre pardon; mais le fait est que je somnolais, et vous vîntes si doucement frapper, et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre, que j'étais à peine sûr de vous avoir entendu." Ici j'ouvris grande la porte: les ténèbres et rien de plus.

Loin dans l'ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m'étonner et craindre, à rêver des rêves qu'aucun mortel n'avait oser rêver encore; mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe; et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté "Léonore!" Je le chuchotai - et un
écho murmura de retour le mot "Léonore!" purement cela et rien de plus.

Rentrant dans la chambre, toute l'âme en feu, j'entendis bientôt un heurt en quelque sorte plus fort qu'auparavant. "Sûrement, dis-je, sûrement c'est quelque chose à la persienne de ma fenêtre. Voyons donc ce qu'il y a et explorons ce mystère - que mon coeur se calme un moment et explore ce mystère: c'est le vent et rien de plus."

Au large je poussai le volet, quand, avec maints enjouement et agitation d'ailes, entra un majestueux corbeau des saints jours de jadis. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta ni n'hésita un instant; mais, avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de ma chambre - se percha sur un buste de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre - se percha, siégea et rien de plus.

Alors cet oiseau d'ébène induisant ma triste imagination au sourire, par le grave et sévère décorum de la contenance qu'il eut: "Quoique ta tête soit chue et rase, non! dis-je, tu n'es pas, pour sûr, un poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de Nuit - dis-moi quel est
ton nom seigneurial au rivage plutonien de Nuit." Le Corbeau dit: "Jamais plus."

Je m'émerveillai fort d'entendre ce disgracieux volatile s'énoncer aussi clairement, quoique sa réponse n'eût que peu de sens et peu d'à-propos: car on ne peut s'empêcher de convenir que nul homme vivant n'eut encore l'heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre - avec un nom tel que "Jamais plus."

Mais le Corbeau perché solitairement sur ce buste placide, parla ce seul mot comme si mon âme, en ce seul mot, il la répandait. Je ne proférai donc rien de plus; il n'agita donc pas de plume, - jusqu'à ce que je fis à peine davantage que marmotter: "D'autres amis déjà ont pris leur vol, - demain il me laissera comme mes espérances déjà ont pris leur vol." Alors l'oiseau dit: "Jamais plus."

Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée: "Sans doute, dis-je, ce qu'il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l'impitoyable Désastre suivit de près et de très près suivit jusqu'à ce que ses chansons comportassent un unique refrain; jusqu'à ce que les chants funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de: "Jamais - jamais plus."

Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai soudain un siège à coussins en face de l'oiseau, et du buste, et de la porte; et m'enfonçant dans le velours, je me pris à enchaîner songerie à songerie, pensant à ce que cet augural oiseau de jadis, - à ce que ce sombre, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau de jadis signifiait en croassant: "Jamais plus."

Cela, je m'assis occupé à le conjecturer, mais n'adressant pas une syllabe à l'oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon sein; cela et plus encore, je m'assis pour le deviner, ma tête reposant à l'aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière de la lampe, housse violette de velours qu'Elle ne pressera plus, ah! jamais plus.
L'air, me sembla-t-il, devint alors plus dense, parfumé selon un encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans sa chute, tintait sur l'étoffe du parquet. "Misérable! m'écriai-je, ton Dieu t'a prêté - il t'a envoyé par ses anges le répit - le répit et le népenthés dans ta mémoire de Lénore! Bois! oh! bois ce bon népenthés et oublie cette Lénore perdue!" Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

"Prophète, dis-je, être de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon! Que si le Tentateur t'envoya ou la tempête t'échoua vers ces bords, désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée - vers ce logis par l'horreur hanté: dis-moi véritablement, je t'implore! y a-t-il du baume en Judée? Dis-moi, je t'implore." Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

"Prophète, dis-je, être de malheur, prophète, oui, oiseau ou démon! Par les cieux sur nous épars - et le Dieu que nous adorons tous deux - dis à cette âme de chagrin chargée si, dans le distant Eden, elle doit embrasser une jeune fille sanctifiée que les anges nomment Lénore, - embrasser une rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore." Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

"Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin esprit," hurlai-je en me dressant. "Recule en la tempête et le rivage plutonien de Nuit! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage du mensonge qu'a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon! quitte le buste au-desus de ma porte! ôte ton bec de mon coeur et jette ta forme loin de ma porte!" Le Corbeau dit: "Jamais plus!"

Et le Corbeau, sans voleter, siège encore, - siège encore sur le buste pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon qui rêve, et la lumière de la lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre: et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s'élèvera - jamais plus.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyJeu 31 Aoû 2006, 15:06

Le corbeau, c'est la traduction faite par Mallarmé du texte de POE.

Voici un petit poème de Mallarmé qui n'est pas dans les manuels scolaires.

UNE NEGRESSE ...

Une négresse par le démon secouée
Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux
Et criminels aussi sous leur robe trouée
Cette goinfre s’apprête à des rusés travaux :

A son ventre compare heureuses deux tétines
Et, si haut que la main ne le saura saisir,
Elle darde le choc obscur de ses bottines
Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir.

Contre la nudité peureuse de gazelle
Qui tremble, sur le dos tel un fol éléphant
Renversée elle attend et s’admire avec zèle,
En riant de ses dents naïves à l’enfant ;

Et, dans ses jambes où la victime se couche,
Levant une peau noire ouverte sous le crin,
Avance le palais de cette étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.

Poésies (1887).
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptySam 02 Sep 2006, 16:48

J'y vais moi aussi de ma petite citation mallarméenne, avec le fameux sonnet en or et yx.

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore.
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore).
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
De licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir encor
Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.

Je lance une question qu comité très restreint de ce fil: la poésie de Mallarmé peut-elle se lire sans l'aide d'aucune critique poétique ou analyse littéraire ?
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptySam 02 Sep 2006, 16:55

Au fait, Jacques, ton achat du recueil de Mallarmé en 1988-1989 c'était pendant l'âge d'or de nos études sur le site de LLN. Tu as étudié quoi là-bas (ou là haut, c'est selon) ?
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptySam 02 Sep 2006, 19:03

Doit-on lire systematiquement tous les poemes d'un recueil ? Certains nous plaisent, d'autres ne nous arrêtent pas.

Si comme dans le cas de Charles Mauron, on découvre une grille qui permet d'ouvrir de sportes et de libérer des images, tant mieux.


Il y a deux ans une exposition avait lieu à nantes :
Citation :
L'art moderne selon Mallarmé, soit les effets de la poétique de Mallarmé dans l'art du XXe siècle.Une relecture de l'histoire de l'art moderne, à partir de l'influence fondamentale de Stéphane Mallarmé, de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1960.

L'exposition met en valeur quelque six cents oeuvres de plus de deux cents artistes à partir de la collection permanente du Musée des Beaux-Arts de Nantes et d'emprunts prestigieux auprès de nombreux musées et collections privées (avec le concours exceptionnel de la BnF et du Centre Pompidou-Musée national d'art moderne). A partir des avant-gardes historiques jusqu'à l'art des années 60, les effets de la poétique mallarméenne s'entrecroisent et se mêlent, fondant ainsi une véritable généalogie artistique. Il ne s'agit pas d'un panorama des échanges entre art et poésie au XXe, mais d'une (large) sélection d'oeuvres d'inspiration mallarméenne

Mais la plupart des visiteurs la voyaient sans les references mallarméennes. Des conferences avaient été organisées pour éclairer le public. Je ne les avais pas suivies. L'exposition était assez deroutante par moments, mais on y glanait des images, des rapprochements. La curiosité fera plus tard son chemin.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptySam 02 Sep 2006, 20:32

rotko a écrit:
Doit-on lire systematiquement tous les poemes d'un recueil ? Certains nous plaisent, d'autres ne nous arrêtent pas.

Je n'ai jamais aimé un recueil de poésies dans son intégralité, certains textes me touchent, me parlent, d'autres pas. Même chez les poètes que j'aime beaucoup.
Il me semble qu'on ne peut pas porter un jugement global sur un recueil de poèmes comme on peut le faire à propos d'un roman.
Chaque poème est en soi une oeuvre...à découvrir de façon presque isolée.
Je n'arrive pas à lire un recueil de poèmes d'un coup. Je ne voudrais même pas le faire. Je pose le recueil. J'y reviens souvent si je l'aime...
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyDim 03 Sep 2006, 05:06

Cen'est pourtant pas le sentiment de quelques poètes qui revendiquent une unité de leur recueil ; Baudelaire parle d'une chaîne secrète des fleurs du mal et Apollinaire n' a pas choisi le titre alcools au hasard

Citation :
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie

Ta vie que tu bois comme une eau de vie
.

Eau-de-vie était le premier titre envisagé par Apollinaire, comme le rappelle ICI, J. M. Maulpoix qui étudie la question.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyDim 03 Sep 2006, 08:01

Bien sûr qu'il y a une unité qui fait que l'ensemble de poèmes constitue un recueil mais, pour moi, lire un recueil du début à la fin me fait un peu le même effet que la visite d'une exposition consacrée à un peintre...
J'avance peu à peu devant tous les tableaux, il y en a certains devant lesquels je voudrais pouvoir m'attarder très longtemps, d'autres qui présentent à mes yeux moins d'intérêt...A la sortie, je garde une impression globale mais il n'empêche que ce sont juste quelques tableaux qui resteront gravés en ma mémoire, que je voudrais revoir, et qui font que, peut-être, pour pouvoir les avoir sous les yeux à volonté (en reproduction, hélas!) j'achèterai le catalogue de l'exposition ou un très beau livre consacré à l'oeuvre de l'artiste.

Il en va ainsi, pour moi, d'un recueil de poèmes...Chaque texte mérite une attention soutenue que je ne pourrais pas leur accorder en faisant, l'une après l'autre, tourner les pages jusqu'à la fin du recueil...
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMer 14 Jan 2009, 17:12

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui !

Un cygne d'autrefois se souvient que c'est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n'avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l'ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie,
Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s'immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMer 14 Jan 2009, 17:17

Moon a écrit:
Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui !
...

J'ai eu la chance d'apercevoir brièvement grâce à mes cours de lettre la richesse de ce poème. Les interprétations sont nombreuses. A ce propos il existe un livre qui lui est entièrement consacré.

Mallarmé au tombeau de J-C Milner

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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMer 14 Jan 2009, 19:20

A Alain : je pense que quelqu'un qui a déjà pratiqué l'analyse littéraire, connaît un peu l'histoire de la littérature, peut lire Mallarmé sans analyse à côté. Après, la complexité de son oeuvre est telle que des textes nécessitent à mon sens une explication, quelque chose qui montre ce que l'on ne saisit pas forcément au premier abord dans ces bijoux sont clos sur eux-mêmes, et tant le style littéraire de cet auteur est parfois difficile à appréhender.

J'ai lu dernière ses Poésies. Le sonnet en X me fascine depuis des années pour ce vers: "Aboli bibelot d'inanité sonore". Mais ce texte même, je n'y aurais au premier abord rien compris sans analyses fournies à côté.

Il faut, je crois, éviter d'aborder cet auteur à froid, pour éviter de rester étranger à sa démarche et aux difficultés de compréhension qu'elle présente.

Après, certains de ses poèmes sont beaucoup plus faciles d'accès que d'autres...

A noter la récurrence de certains termes, comme la notion d'abolition ou celle d'azur.

L'Azur

De l'éternel azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs
Le poète impuissant qui maudit son génie
A travers un désert stérile de Douleurs.

Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
Avec l'intensité d'un remords atterrant,
Mon âme vide, Où fuir?
Et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant?

Brouillards, montez! versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Que noiera le marais livide des automnes
Et bâtissez un grand plafond silencieux!

Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse
En t'en venant la vase et les pâles roseaux
Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse
Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux.

Encor! que sans répit les tristes cheminées
Fument, et que de suie une errante prison
Eteigne dans l'horreur de ses noires traînées
Le soleil se mourant jaunâtre à l'horizon!

- Le Ciel est mort. - Vers toi, j'accours! donne, ô matière
L'oubli de l'Idéal cruel et du Péché
A ce martyr qui vient partager la litière
Où le bétail heureux des hommes est couché.

Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle vidée
Comme le pot de fard gisant au pied d'un mur
N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idée
Lugubrement bâiller vers un trépas obscur...

En vain! L'Azur triomphe, et je l'entends qui chante
Dans les cloches. Mon âme, il se fait voix pour plus
Nous faire peur avec sa victoire méchante,
Et du métal vivant sort en bleus angelus!

Il roule par la brume, ancien et traverse
Ta native agonie ainsi qu'un glaive sûr
Où fuir dans la révolte inutile et perverse?
Je suis hanté. L'Azur! L'Azur! L'Azur! I'Azur!

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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMer 14 Jan 2009, 19:56

Citation :
la complexité de son oeuvre est telle que des textes nécessitent à mon sens une explication

Je crois que tu réponds à la question posée à la page 1 de ce fil. Pour certains auteurs, on a besoin d'un "passeur", d'un introducteur, et je mentionnais Charles Mauron et son étude sur les métaphores obsédantes.

On voit ainsi d'un poème à l'autre circuler des images qui ont une signification personnelle pour le poète. Les repérer, et avoir un aperçu de leur signification, permet d'ouvrir une porte d'accès à leur univers. Je dirais la même chose pour Hugo dont tu viens de parler.

On a aussi besoin d'être introduit dans le monde de Shakespeare.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMer 14 Jan 2009, 21:40

Effectivement, je répondais à l'interrogation d'Alain.

Je ne connais pas cet ouvrage, il faudrait que je me penche dessus. Mais cela semble d'autant mieux correspondre que la métaphore est l'une des clefs de l'écriture mallarméenne et de son fonctionnement...

Par contre, à la différence de V. Hugo ou de Shakespeare, son inconvénient c'est aussi cette langue profondément élitiste. Pour le Sonnet en X, par exemple, pas mal de mots m'étaient inconnus avant la lecture de ce texte. ça nuit un peu à la compréhension. Razz

Ce n'est pas le cas avec Hugo ou Shakespeare qui sont, sous ce prisme, plus accessibles...Même si je suis d'accord pour la notion d'introduction. Encore qu'on peut dire cela de quasiment toute la littérature, finalement...
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptySam 14 Fév 2009, 11:27

Citation :
A quoi bon la merveille de transposer un fait de nature en sa presque disparition vibratoire selon le jeu de la parole cependant, si ce n’est pour qu’en émane, sans la gêne d’un proche ou concret rappel, la notion pure ? Je dis : une fleur ! et, hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d’autre que les calices sus, musicalement se lève, idée rieuse ou altière, l’absente de tous bouquets.


Éternel et magnifique Mallarmé.

J'ai depuis toujours en tête un mot de Michon dans ses Vies minuscules, génial aussi : "comme un pauvre Mallarmé fascinant l'auditoire d'un meeting prolétarien"
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptySam 14 Fév 2009, 12:30

Le pb est que Mallarmé ne s'adresse pas du tout à un public large, il pratique l'hermétisme conscient et délibéré. Ne dit-il pas

Citation :
un poeme est un mystère dont le lecteur doit chercher la clé ?

D'autres poètes pensent différemment, et pour ceux qui atteignent le grand public, on pensera à Boris Vian, à Prévert, et aux compositeurs de chansons...
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMar 17 Fév 2009, 09:25

Oui, Rotko, et c'est pour ça que Mallarmé est souvent critiqué. On lui reproche cet hermétisme du langage, cette fois de placer le poète dans une tour d'ivoire, cet élitisme de l'écriture.

Et concrètement, c'est vrai qu'il faut parfois s'accrocher pour le lire...et surtout le comprendre !
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MessageSujet: sujet Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMar 22 Sep 2009, 21:37

Accueil | Tous les auteurs | Poème au hasard Stéphane MALLARME (1842-1898)
Recueil : Stéphane MALLARME (1842-1898)


Apparition
La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
- C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMer 23 Sep 2009, 06:26

Vraisemblablement une evocation de sa jeune soeur défunte.
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MessageSujet: Re: Stéphane Mallarmé   Stéphane Mallarmé EmptyMer 23 Sep 2009, 19:22

Superbe texte, Amadak !

Merci de nous le faire partager.
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