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Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Silence Jeu 26 Jan 2006, 16:56
Il n'y a pas de lumière qui ne soit découpée par de l'ombre. Il n'y a pas de musique qui ne soit designée par du silence et qui ne se déploie dans le silence.
De même on dessine la neige avec de l'encre noire sur une feuille blanche.
"Traité du silence", Michel Thion, Anne Weulersse (peintures), Voix d'encre.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Silence Jeu 26 Jan 2006, 16:57
Le silence est le temps de la pensée, du retour sur soi, de l'aller vers l'autre. Ceux qui ont peur du silence ont peur de la pensée. Ceux-là emplissent sans cesse notre silence de leurs bruits insignifiants. Faisons silence en nous-mêmes et leur bruit dérisoire mourra et la pensée joyeuse se déploiera.
Le silence est le temps de la résonance. Les mots sont de longue vie à ceux qui les aiment et ils ont besoin d'un long temps pour que leur sens fasse trace en nous. De même, une immobilité chaude et vibrante est le temps de la résonance des gestes.
"Traité du silence", Michel Thion, Anne Weulersse (peintures), Voix d'encre.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Silence Ven 27 Jan 2006, 09:39
De temps en temps l'oiseau N'a plus de forme. Il est le silence. Quand il revient c'est le coeur défait. On devine qu'il a passé dans la douleur. Le noir du monde. Le temps déchiré. Il n'y a rien à comprendre. Aimer c'est aussi du silence.
James Sacré, La nuit vient dans les yeux, Tarabuste.
coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
Sujet: Re: Silence Ven 27 Jan 2006, 16:36
"Eloge du silence". Marc de Smedt.
Le silence, c'est du temps perforé par des bruits. Le silence est la couleur des événements: il peut être léger, épais, gris, joyeux, vieux, aérien, triste, désespéré, heureux…
Il fonde notre regard et notre écoute. Le silence intérieur: comment, dans le tumulte des pensées, fantasmes, images qui nous habite, peut-on arriver à retrouver le silence en soi ? Artistes, poètes, philosophes, mystiques savent depuis toujours que dans l'attention au silence de la pensée s'enracine toute créativité. Que de lui, ainsi que l'exprime un Koan zen, s'élève l'esprit immortel.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Silence Sam 28 Jan 2006, 12:38
Rodenbach georges, dans son recueil, le règne du silence
Ah ! Vous êtes mes soeurs, les âmes qui vivez Ah ! Vous êtes mes soeurs, les âmes qui vivez Dans ce doux nonchaloir des rêves mi-rêvés Parmi l'isolement léthargique des villes Qui somnolent au long des rivières débiles ;
Ames dont le silence est une piété, Ames à qui le bruit fait mal ; dont l'amour n'aime Que ce qui pouvait être et n'aura pas été ; Mystiques réfectés d'hostie et de saint chrême ;
Solitaires de qui la jeunesse rêva Un départ fabuleux vers quelque ville immense, Dont le songe à présent sur l'eau pâle s'en va, L'eau pâle qui s'allonge en chemins de silence...
Et vous êtes mes soeurs, âmes des bons reclus Et novices du ciel chez les visitandines, Ames comme des fleurs et comme des sourdines Autour de qui vont s'enroulant les angélus
Comme autour des rouets la douceur de la laine ! Et vous aussi, mes soeurs, vous qui n'êtes en peine Que d'un long chapelet bénit à dépêcher En un doux béguinage à l'ombre d'un clocher,
Oh ! Vous, mes soeurs, - car c'est ce cher nom que l'église M'enseigne à vous donner, soeurs pleines de douceurs, Dans ce halo de linge où le front s'angélise,
Oh ! Vous qui m'êtes plus que pour d'autres des soeurs Chastes dans votre robe à plis qui se balance, Ô vous mes soeurs en notre mère, le silence !
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Silence Sam 28 Jan 2006, 12:40
je viens de finir Neige de Pamuk, et aujourd'hui, il neige sur mon jardin.
Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits Si douce, toi la soeur pensive du silence, Ô toi l'immaculée en manteau d'indolence Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits,
Douce ! Tu les éteins et tu les atténues Les tumultes épars, les contours, les rumeurs ; Ô neige vacillante, on dirait que tu meurs Loin, tout au loin, dans le vague des avenues !
Et tu meurs d'une mort comme nous l'invoquons, Une mort blanche et lente et pieuse et sereine, Une mort pardonnée et dont le calme égrène Un chapelet de ouate, un rosaire en flocons.
Et c'est la fin : le ciel sous de funèbres toiles Est trépassé ; voici qu'il croule en flocons lents, Le ciel croule ; mon coeur se remplit d'astres blancs Et mon coeur est un grand cimetière d'étoiles !
Rodenbach
kyoko pilier
Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 07/01/2006
Sujet: Re: Silence Sam 28 Jan 2006, 15:52
"Un silence ne ressemble pas à un autre silence on dit pourtant le silence comme on dit l'enfance comme on dit l'amour aucune enfance bien sûr aucun amour non plus ne ressemble à aucune aucun autre on a vite fait de mettre les mots au singulier on continue de ne pas dire les mots qu'on a dans la gorge on continue de ne pas entendre les craquements dans le silence les craquements ou les voitures qui passent on dit le silence on dit une voiture passe alors que tout est là ensemble la voiture les craquements le silence les choses ne veulent pas être séparées […]"
Albane Gellé, "Aucun silence bien sûr", p.13, éd. Le dé bleu
coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
Sujet: Re: Silence Sam 28 Jan 2006, 18:17
Silence
La pudeur n'a pas de clémence, Nul aveu ne reste impuni, Et c'est par le premier nenni Que l'ère des douleurs commence.
De ta bouche où ton coeur s'élance Que l'aveu reste donc banni ! Le coeur peut offrir l'infini Dans la profondeur du silence.
Baise sa main sans la presser Comme un lis facile à blesser, Qui tremble à la moindre secousse ;
Et l'aimant sans nommer l'amour, Tais-lui que sa présence est douce, La tienne sera douce un jour.
SULLY PRUDHOMME
swallow pilier
Nombre de messages : 820 Localisation : Espagne Date d'inscription : 16/03/2006
Sujet: Re: Silence Mar 05 Sep 2006, 15:26
"Elle, silencieuse la plupart du temps, et disposant à peine de quelques mots pour s´exprimer; lui, parlant sans cesse et incapable de trouver à travers des milliers de mots ce qu´elle pouvait dire à travers un seul de ses silences". A.CAMUS ( La mère et le fils," Le premier homme").
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Silence Mar 05 Sep 2006, 15:43
Les personnages de Mingarelli, quatre soldats, sont silencieux. Tout l'art de mingarelli est justement de traduire les impressions et sentiments qu'ils n'expriment pas : Mingarelli, quatre soldats.
coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
Sujet: Re: Silence Ven 13 Oct 2006, 18:10
La mort d'Isaac Babel
Ce ne fut qu'après avoir été accusé du crime de silence que Babel découvrit qu'il existait bien des types de silence différents. Quand il écoutait de la musique, il n'écoutait plus les notes mais les silences qui les séparaient. Quand il lisait un livre, il s'abandonnait entièrement aux virgules et aux points-virgules, à l'espace entre le point et la lettre majuscule de la phrase suivante. Il découvrit des endroits de silence amassés dans une pièce; les plisdes lourds rideaux, les plats profonds de l'argenterie familiale. Lorsqu'on lui parlait, il entendait de moins en moins ce qu'on lui disait, et de plus en plus ce qu'on ne lui disait pas..."
Nicole Krauss ( L'histoire de l'amour)
coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
Sujet: Re: Silence Sam 14 Oct 2006, 19:36
«Il se demande si ce qu'il a toujours pris pour la richesse du silence n'était pas en fait la pauvreté de ne jamais être entendu».
Nicole Krauss (Histoire de l'amour)
Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
Sujet: Re: Silence Sam 14 Oct 2006, 22:52
LE SILENCE DES MAISONS VIDES
Le silence des maisons vides Est plus noir que celui qui dort dans les tombeaux, Le lourd silence sans repos Où passent les heures livides.
On dirait que, comme le vent Qui siffle à travers les décombres Des vieux moulins tout remplis d'ombre passe, toujours se poursuivant,
L'heure, passant par ce silence Comme si le pendule lent Qu'une antique horloge balance La comptait à pas lourds et lents,
Passe sans rien changer aux choses Dans un présent cristallisé Où l'avenir et le passé Seraient comme deux portes closes
Et dans ce silence béant On dirait, tant le temps est lisse Que c'est l'éternité qui glisse À travers l'ombre du néant.
Hector de Saint-Denys Garneau
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Silence Dim 15 Oct 2006, 06:38
beau texte (mais assez effrayant) d'un poète quebecois. Merci de ton choix qui nous instruit.
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Silence Mar 13 Oct 2009, 09:51
Silence
N'y a-t-il pas au fond de tout L'oeil du cyclone immobile Quand les hommes brisent leur bile D'un mouvement violent et triste
N'y a-t-il pas au fond de tout La mort posée douce fragile Des mots d'amour qui sont silence Un vide mûr qui se balance
N'y a-t-il pas au fond de nous Ce fond de rien et cette chance D'être présent dans notre absence D'être muet d'être secret Et de planer quand tout avance.
Marie Volta
Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
Sujet: Re: Silence Jeu 15 Oct 2009, 21:46
rotko a écrit:
Il n'y a pas de lumière qui ne soit découpée par de l'ombre. Il n'y a pas de musique qui ne soit designée par du silence et qui ne se déploie dans le silence.
De même on dessine la neige avec de l'encre noire sur une feuille blanche.
"Traité du silence", Michel Thion, Anne Weulersse (peintures), Voix d'encre.
Ce texte est superbe. As-tu lu tout le traité, Rotko ? Est-il à hauteur de cela ?
Je n'avais pas vu ce fil. Merci à Constance de l'avoir fait remonter (au passage, j'aime beaucoup l'illustration que tu as choisie pour ton poème...d'où vient-elle?)... il y a là de petites merveilles.
"Je pense à elle et chaque parole que je vous dis il me semble qu'elle l'entend dans le silence où elle est l'une après l'autre."
Claudel, Le Soulier de satin.
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Silence Ven 16 Oct 2009, 14:37
Lîlâ : j'ai trouvé cette illustration au hasard de mes pérégrinations virtuelles. Je l'avais en stock dans mes images depuis un certain temps mais, si ma mémoire est bonne, l'auteur de cette photo n'était pas mentionné ...
Dernière édition par Constance le Mar 20 Oct 2009, 13:02, édité 1 fois
Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
Sujet: Re: Silence Dim 18 Oct 2009, 12:06
Elle est vraiment belle, en tout cas.
Pour rester dans le silence, un incontournable selon moi...
Le fou d'Elsa (extrait)
Il y a des choses que je ne dis à Personne Alors Elles ne font de mal à personne Mais Le malheur c'est Que moi Le malheur le malheur c'est Que moi ces choses je les sais
Il y a des choses qui me rongent La nuit Par exemple des choses comme Comment dire comment des choses comme des songes Et le malheur c'est que ce ne sont pas du tout des songes
Il y a des choses qui me sont tout à fait Mais tout à fait insupportables même si Je n'en dis rien même si je n'en Dis rien comprenez comprenez moi bien
Alors ça vous parfois ça vous étouffe Regardez regardez moi bien Regardez ma bouche Qui s'ouvre et ferme et ne dit rien
Penser seulement d'autre chose Songer à voix haute et de moi Mots sortent de quoi je m'étonne Qui ne font de mal à personne
Au lieu de quoi j'ai peur de moi De cette chose en moi qui parle
Je sais bien qu'il ne le faut pas Mais que voulez-vous que j'y fasse Ma bouche s'ouvre et l'âme est là Qui palpite oiseau sur ma lèvre
O tout ce que je ne dis pas Ce que je ne dis à personne Le malheur c'est que cela sonne Et cogne obstinément en moi Le malheur c'est que c'est en moi Même si n'en sait rien personne Non laissez moi non laissez moi Parfois je me le dis parfois Il vaut mieux parler que se taire
Et puis je sens se dessécher Ces mots de moi dans ma salive C'est là le malheur pas le mien Le malheur qui nous est commun Épouvante des autres hommes Et qui donc t'eut donné la main Étant donné ce que nous sommes
Pour peu pour peu que tu l'aies dit Cela qui ne peut prendre forme Cela qui t'habite et prend forme Tout au moins qui est sur le point Qu'écrase ton poing Et les gens Que voulez-vous dire Tu te sens comme tu te sens Bête en face des gens Qu'étais-je Qu'étais-je à dire Ah oui peut-être Qu'il fait beau qu'il va pleuvoir qu'il faut qu'on aille Où donc Même cela c'est trop Et je les garde dans les dents Ces mots de peur qu'ils signifient
Ne me regardez pas dedans Qu'il fait beau cela vous suffit Je peux bien dire qu'il fait beau Même s'il pleut sur mon visage Croire au soleil quand tombe l'eau Les mots dans moi meurent si fort Qui si fortement me meurtrissent Les mots que je ne forme pas Est-ce leur mort en moi qui mord
Le malheur c'est savoir de quoi Je ne parle pas à la fois Et de quoi cependant je parle
C'est en nous qu'il nous faut nous taire
Louis Aragon (1963)
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Silence Mar 20 Oct 2009, 13:03
Le silence
Silence... silence... Sur les cimes, dans les vallées, Sur la neige immaculée, Dans les parcs, dans les plaines... Le monde retient son haleine.
Les ruisseaux ne murmurent plus Comme dans les caves, Comme dans les vignes C'est le silence, c'est le silence
Le ciel se tait... Le vent se tait Comme si c'était un jour d'été... C'est le silence, c'est le silence Mais ceci n'est Qu'une apparence! ... Interroge-le ! Est-il muet ? Ecoute-le bien Entends-le bien
Il te dira combien je t'aime
Sous ma poitrine mon coeur se tait De nostalgie et d'espérance... Dans le bonheur, dans la souffrance Le mot sublime est le silence, C'est le silence, c'est le silence, C'est l'ivresse de l'espérance ! ...
Puis-je espérer ? tu seras mienne ? C'est un mot vain, Je le sais bien... Le désespoir dans l'espérance C'est le silence, c'est le silence
Mais ceci n'est Qu'une apparence Interroge-le ! Est-il muet? Ecoute-le bien Entends-le bien Il te dira combien je t'aime
Emir Kamuran
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Silence Sam 24 Oct 2009, 13:58
Silence ineffable de l'heure
Silence ineffable de l'heure, Où le cœur aimant sur un cœur Se laisse aller et s'endort Sur un cœur aimant qu'il adore. Musique tendre des paroles Comme un sanglot de rossignol, Si tendre qu'on voudrait mourir Sur la bouche qui les soupire L'ardente ivresse de la vie Fait défaillir l'amant ravi Et l'on n'entend battre qu'un cœur. Silence et musique de l'heure.
Paul Bourget
Constance pilier
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Sujet: Re: Silence Jeu 29 Oct 2009, 10:45
La dernière douane
Depuis que le silence n'est plus le père de la musique depuis que la parole a fini d'avouer qu'elle ne nous conduit qu'au silence les gouttières pleurent il fait noir et il pleut
Dans l'oubli des noms et des souvenirs il reste quelque chose à dire entre cette pluie et Celle qu'on attend entre le sarcasme et le testament entre les trois coups de l'horloge et les deux battements de sang
Mais par où commencer depuis que le midi du pré refuse de dire pourquoi nous ne comprenons la simplicité que quand le coeur se brise
Nicolas Bouvier
(Le dehors et le dedans, poèmes)
Constance pilier
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Sujet: Re: Silence Sam 07 Nov 2009, 15:34
Dans cette chambre aux poutres de noire fumée un fantôme semble patiner sans bruit mais le silence sans personne ni rien me perce douloureusement de bien d'histoires
Ce silence de mes pensées cette horreur de fils d'argent sur mon front avec comme paradoxal un chant d'éveil qui me cause là où le raisin remercie la vigne à la croisée des doigts légers
Je tends l'oreille comme un sourd et ça bruite du côté de l'éternité murmures de naissance d'un monde qu'on prétend nouveau
Murmures d'oiseaux, végétaux libres cette science d'une force simple porteuse d'émotion donc de vie meuble que l'on sait promise mortelle
Quand le nuage danse et frissonne pour ensuite tremper le pré ou courber le fruit sensuel qui sera cueilli à point et mûr, doré
Je tends l'oreille sous le vent qui en profite pour détacher la noix de son logis sans voix et moi dans mon pressentiment je suis mûr aussi et rassuré.
Ivan Peitchev
(Traduction/adoption d'Alain Simon)
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Silence Mer 11 Nov 2009, 11:13
Amer breuvage du silence quand la dernière voix s'est tue et qu'il faut repartir dans la nuit seul face aux pans d'ombre menacés par l'absence de toute clarté amer breuvage du silence distillé goutte à goutte dans l'alambic souterrain des veines on voudrait qu'un seul cri arrache un frisson aux lichens de l'ombre qu'un appel fraternel décime le troupeau des mots pétrifiés dans la glace du mutisme
Francis Giauque
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Silence Jeu 12 Nov 2009, 15:12
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Silence Dim 22 Nov 2009, 10:19
Tu ne dis jamais
Je vois le monde un peu comme on voit l'incroyable L'incroyable c'est ça c'est ce qu'on ne voit pas Des fleurs dans des crayons Debussy sur le sable A Saint-Aubin-sur-Mer que je ne connais pas Les filles dans du fer au fond de l'habitude Et des mineurs creusant dans leur ventre tout chaud Des soutiens-gorge aux chats des patrons dans le Sud A marner pour les ouvriers de chez Renault Moi je vis donc ailleurs dans la dimension quatre Avec la Bande dessinée chez mc 2 Je suis Demain je suis le chêne et je suis l'âtre Viens chez moi mon amour viens chez moi y a du feu Je vole pour la peau sur l'aire des misères Je suis un vieux Bœing de l'an quatre-vingt-neuf Je pars la fleur aux dents pour la dernière guerre Ma machine à écrire a un complet tout neuf Je vois la stéréo dans l'œil d'une petite Des pianos sur des ventres de fille à Paris Un chimpanzé glacé qui chante ma musique Avec moi doucement et toi tu n'as rien dit
Tu ne dis jamais rien, tu ne dis jamais rien Tu pleures quelquefois comme pleurent les bêtes Sans savoir le pourquoi, et qui ne disent rien Comme toi, l'œil ailleurs, à me faire la fête
Dans ton ventre désert je vois des multitudes Je suis Demain C'est Toi mon demain de ma vie Je vois des fiancés perdus qui se dénudent Au velours de ta voix qui passe sur la nuit Je vois des odeurs tièdes sur des pavés de songe A Paris quand je suis allongé dans son lit A voir passer sur moi des filles et des éponges Qui sanglotent du suc de l'âge de folie Moi je vis donc ailleurs dans la dimension ixe Avec la bande dessinée chez un ami Je suis Jamais je suis Toujours et je suis l'Ixe De la formule de l'amour et de l'ennui Je vois des tramways bleus sur des rails d'enfants tristes Des paravents chinois devant le vent du nord Des objets sans objet des fenêtres d'artistes D'où sortent le soleil le génie et la mort Attends, je vois tout près une étoile orpheline Qui vient dans ta maison pour te parler de moi Je la connais depuis longtemps c'est ma voisine Mais sa lumière est illusoire comme moi
Et tu ne me dis rien, tu ne dis jamais rien Mais tu luis dans mon cœur comme luit cette étoile Avec ses feux perdus dans des lointains chemins Tu ne dis jamais rien comme font les étoiles.