Glenmor

Ouvrez les portes de la nuit
puis les soldats conteront la belle histoire
sous la poussière des temps anciens
dérouler l'écheveau de la mémoire
ouvrez les portes de la nuit

Ils quitteront bois et montagnes,
à l'aube du jour, au temps qu'il faudra
les labours ramènent aux champs qui mènent campagne et mènera
les pluies et les tempêtes le soleil et les blés
conduisent et couronnent le bal du dernier été
ouvrez les portes de la nuit

Ils ont soufflé les feux de la tribu
avant de gagner le pays d'un diable vert
sous houppelande d'un servage inconnu
ils vont en exil au gré des hautes mers.
ouvrez les portes de la nuit

Le temps d'un instant, les brumes de suroît,
égarent les bateaux dans les rochers du nord
les cris et les larmes, la douleur et la mort
enchaînent et désarment le clan qui vivait encore
ouvrez les portes de la nuit
Ne croisez jamais leur chemin d'aventure
qui ne sait d'autre voie à la nuit pour linceul
la brigade des morts qui séant tenaient clôtures
a vidé le berceau d'un clan qui voguait seul
ouvrez, ouvrez, ouvrez les portes de la nuit

La mort et l'exil dont personne ne revient
un peuple qui se meurt chante et braille pour oublier
les demains de silence qui se comptent en refrain
ont figure violette et pour Dieu le tavernier
ouvrez, ouvrez les portes de la nuit

Ils quitteront bois et montagnes,
à l'aube du jour, au temps qu'il faudra
les labours ramènent aux champs qui mènent campagne et mènera
les pluies et les tempêtes le soleil et les blés
conduisent et couronnent le bal du dernier été
ouvrez les portes de la nuit

Ouvrez les portes de la nuit
puis nos soldats conteront la belle histoire
pour les vendanges et la moisson de demain
dévider le fil de la mémoire
ouvrez les portes de la nuit.

La Garce

Elle fut la première et douce compagne
sur les sentiers d'avril et de mai
à nous deux nous rêvions de montagne
gravir n'importe quoi jusqu'au sommet
à nous deux nous faisions des empires
elle était reine et j'étais le roi
nul ne saurait combien dire
nous étions fous sur les chemins de là-bas

elle fut ma seconde et belle tendresse
à la ride première de l'âge qui venait
les mains de labour ont souvent la paresse
des jours fatigués où le coeur dormait
à nous deux nous faisions l'héritage
elle était la maîtresse et j'étais l'amant
nul ne saurait combien le sage
nous fit les yeux durs en nous regardant

elle fut ma troisième et verte guerrière
la chevauchée d'ombre et de liberté
à nous deux nous rêvions de lumière
pour un peuple de notre parenté
j'avais le chant que dictaient ses colères
j'étais l'esclave de ses témérités
qu'ai-je bâti à bord de ses galères
puisque le temps nous a manqué

elle est toujours ma seule aimée
si la main tremble en fin de septembre
quand Ies sentiers d'avril et de mai
touchent enfin les rives de novembre
je tiens encore à la grande amitié
que me garde ma seule déesse
pourquoi la garce m'a-t-elle quitté?
Elle se nommait JEUNESSE

Voila un barde breton que je ne m'attendais pas à trouver sous ta plume et dans ton répertoire, Clmemont !

Je le connais seulement de nom. Je crois pourtant l'avoir entendu chanter avec une voix de basse.

Je viens de voir qu'il avait aussi écrit des romans. Tu les connais ?

je connais surtout ces chansons et ses poèmes. Je n'ai lu encore aucun poème. La Bretagne, c'est aussi un peu Glenmor

Citation :

La Bretagne, c'est aussi un peu Glenmor

Certes ! et j'ai connu des inconditionnels de Xavier Grall que je n'ai toujours pas lu.

J'en suis resté à Stivell et aux tri Yann, encore que leur évolution récente dans un concert en plein air ne m'avait pas enthousiasmé. Il y avait Jossic et une chanteuse. Mais pas grand entrain ce soir là.

Je ne suis pas une inconditionnelle de Glenmor (terre-mer) ni de Xavier Grall mais je trouve certains de leurs textes plaisants et plein d'énergie.

allez, un petit tour chez les tri yann les filles des forges.

j'emprunterai prochainement un disque de glenmor et un livre de xavier Grall.

Dieu me damne
si pour me faire aux raisons
qui font de l'homme un sage
il me faille ternir les folies
qui font de la peur le courage
Dieu me damne

Dieu me damne
si pour grimper les honneurs
qui font rois les ratés de la terre
il me faille renier l'âme et le coeur
du paysan que fut mon père
Dieu me damne

Dieu me damne
si pour glaner le peu d'argent
qui fait l'envie du misérable
il me faille goûter au lit du puissant
avant de m'asseoir à sa table
Dieu me damne

s'il me faut
ravir bon an mal an
à mille vierges l'innocence
pour voir ma gueule au premier plan
des plus sérieux journaux de France
Dieu me damne

s'il me faut
flatter sans raison
les fesses fânées de nos vieilles douairières
pour accrocher mon pauvre nom
aux seules gloires roturières
Dieu me damne

Dieu me damne
si pour bâtir gîte et maison
qui font de l'idiot l'honorable
il me faille défaire une seule chanson
au nom d'un crédit probable
Dieu me damne

Dieu me damne
si pour me sentir encor vivant
et survivre à l'ombre de leur colère
il me faille subir le martial talent
de ceux qui n'ont de couilles qu'à la guerre
Dieu me damne

s'il me faut
pleurer de nuit
parce qu'au jour on rit des larmes
et tronquer les couleurs de la vie
avec des mots l'orgueil et les armes
Dieu me damne

De Rêves et d'Etoiles

De rêves et d'étoiles
se tissent vos chemins
marins qui ne touchez au port
tout est calme matelot
l'océan s'endort

Les coursiers de la mer
chevauchent les nuages
les fantômes des grands fonds
s'égayent dans les vents du nord
tout est calme matelot
tout est calme à bord

Et voici que s'effrite
la dernière étoile
sous un paquet de nuit
tout est sombre matelot
l'onde est endormie

Holà ! du mât de misaine
d'où vient le vent
d'où vient la pluie

Holà ! brave capitaine
les flots battent tambour
c'est l'appel des furies
tout est peine
tout est peine matelot
tout est peine à bord

Les rêves et les étoiles
désertent vos chemins
marins qui ne touchez au port
demain c'est un autre rivage
demain c'est la joie
c'est le retour
demain c'est d'autres abordages
l'on aborde au pays
où s'effeuille l'amour
les rêves et les étoiles
tisseront vos chemins
marins qui touchez au port

Larmes d'un copain

nous avons partagé
les mêmes vents le même pain
nous avons tous deux flâné
le long des mêmes chemins
enchaînés pour la gloire
enchaînés pour l'ennui
nous avons tous deux fleuri
les mêmes victoires
et les replis de nos deux vies
nous avons partagé
les mêmes plats et ripailles
nous avons tous deux béni
nos voyous et canailles
insulté tous les grands
pour de futiles raisons
nous avons cent fois maudit
ceux qui prenaient nos filles
dans nos lits de mendiants
pour les coucher sur leur argent
nous regardons le même ciel
avec les mêmes yeux
nous parlons de la même haine
avec les mêmes voeux
le même vent nous pousse au même port
et nous aurons la même mort
si je partais demain
pour le plus long des voyages
je trouverais sur mon dernier chemin
ton sourire mouillé tes larmes de copain