Je possède à la maison un de ses recueils :
Une âme en incandescence, traduit et présenté par claire Malroux
"Oses-tu voir une âme en incandescence?" Émily Dickinson lance un défi à ses lecteurs. Tout est en effet vécu par elle dans la fulgurance de l'instant ou dans la simultanéité des émotions. Son Art tient précisément dans l'effort pour porter le temps à l'incandescence, n'en retenir que l'absence blanche, les instants où il se nie lui-même ou explose pour se changer en éternité. (Passage de la quatrième page de couverture).***
I would not paint -- a picture --
I'd rather be the One
Its bright impossibility
To dwell -- delicious -- on --
And wonder how the fingers feel
Whose rare -- celestial -- stir --
Evokes so sweet a Torment --
Such sumptuous -- Despair --
I would not talk, like Cornets --
I'd rather be the One
Raised softly to the Ceilings --
And out, and easy on --
Through Villages of Ether --
Myself endued Balloon
By but a lip of Metal --
The pier to my Pontoon --
Nor would I be a Poet --
It's finer -- own the Ear --
Enamored -- impotent -- content --
The License to revere,
A privilege so awful
What would the Dower be,
Had I the Art to stun myself
With Bolts of Melody !
Traduction :
Je ne voudrais pas peindre - un tableau -
Mais plutôt être Celui
Qui sur la brillante impossibilité
S'attarde - avec - délice
Et se demande ce qu'éprouvent les doigts
Dont la rare - céleste - fièvre -
Évoque un si exquix Tourment -
Un aussi somptueux - Désespoir -
Je ne voudrais pas parler, comme le Cornet -
Mais plutôt être Celui
Doucement porté vers les Plafonds -
Et dehors, et plus loin -
À travers des Villages d'Éther -
Un ballon relié
Par une simple lèvre de Métal -
Pile de mon Ponton -
Ni ne voudrais être Poète -
C'est plus subtil - de posséder l'Oreille -
Éprise - impuissante - comblée -
La licence de révérer,
Privilège si auguste,
Que serait le Don si j'avais
L'Art de me foudroyer moi-même
De Mélodie !
Ce que j'en pense : J'aime l'intensité de ces/ses poèmes.
Ces/ses poèmes émis en saccades figent les mots, figent l'instant T aussi intensément qu'un peintre. Et l'instant T pris dans les Tourments des émotions se meurent en l'incandescence de l'éternité, et demeurent, éternellement.
Éternellement au travers des yeux du lecteur.