André Frédérique

J'aime beaucoup aussi, mais sur le net, je n'ai trouvé que celui-ci :

Les beignets

A la porte va voir
Si l’on vient.

Je fais des beignets
Pour père.

Maman rien que
la pluie.

La pâte est d’or
et frit.

Ton père ton père
rentre-t-il de son cercle.

Les beignets cuisent
Sens voir.

La rue est déserte
et noire.

Ils vont être brûlés
et secs.

C’est un cimetière
cette nuit.

Tant pis s’ils sont froids
Mais entends…

La voix de Bertrand
est froide aussi

Ils sont quatre
qui marchent

Quatre qui portent
un lourd paquet

Quatre qui peinent
et pleurent

Quatre qui sont
vivants

Et un mort…
à ce qu’ils disent

Jette les beignets d’or
Maman
papa est mort
D’accident.

André Frédérique

Léon Deubel et lui (avec quelques autres de mes chouchous) font partie de l'anthologie des poètes maudits, parue chez Seghers.

Un peu léger pour cet immense poète qui fait le bonheur des initiés, hésitants à le faire connaître au tout venant ... André Frédérique se riait des curés, des militaires, des infirmes, et surtout des ringards, "ceux qui ont de l'eau chaude dans la tête", expression dont il est l'inventeur ... dans ses pharmacies, qu'il menait inévitablement à la faillite, il recevait sa clientèle costumé en Louis XIV ... déguisé en prêtre jouant de l'hélicon, il posait devant son officine ...
Entre autres, il fut l'initiateur de sketches pour la bande des Branquinols de Robert Dhéry; il fréquenta Jean Carmet, Chaval, Alexandre Vialatte, et Jean Tardieu qui lui a offert de travailler pour le Club d'essai de la Radioffusion française ...
La bibliographie de Frédérique tient en "trois éclats de rire grinçants" : "Histoires blanches", publié grâce à Queneau; "Aigremorts, Poésie sounoise", et "La grande fugue", roman inachevé ...
A l'âge de 42 ans, le 17 mai 1957, au 38, rue de Frémicourt, il se suicide en mélangeant un coktail de Gardénal, de cognac et de gaz ... quelques heures auparavant, André Frédérique plaisantait : "Se suicider ? Après les vacances !" ...



http://www.koikadit.net/AFrederique/afrederique.html






Spéléologie (Ana, 1944)

Spoiler:

bonjour Constance
le poème "la légende des siècles" me semble assez mélancolique, je dirai plat; comme s'il annonçait déjà une vision macabre; je me pose la question et je la pose;
pourquoi des poètes se suicident-ils? André frédérique, gérard de nerval, ceux-là que nous enseignent les de belles choses nous montrent la vie si belle à vivre, nous montrent le reve inaccessible; c'est dire que dans leur subconscient, l'amour de la vie est immense.
www.bencherif.unblog.fr
www.ronsard.e-monsite.com

Bonsoir Bencherif,

Ces poètes sont en révolte contre les mathématiciens de la morale, de l'injustice, et contre l'oppression enfermante du quotidien mais, dotés de la prescience de ce que pourrait être la beauté de la vie, ils sont affligés d'une implacable lucidité qui les mène ad nauseam à constater son inutilité théâtrale ... alors, se refusant à marchander, monnayer, et troquer leurs rêves d'absoluité contre l'ombreuse illusion de la réalité, ces "petits marchands de bonheur" à la sauvette préfèrent abdiquer et tirer leur révérence à ce monde absurde ... enfin, c'est ainsi que je le conçois ...

bonjour Constance,

merci pour ces éclairages ; mais je ne parle pas pour le cas de morale de l'acte; mais d'abord de la construction de la personnalité;; si l'on prend Gérard de Nerval, on constate qu'il était malade mentalement et donc il n'était pas tout à fait maitre de sa volonté; quant à son génie, il est hors de doute qu'il fut avéré;

d'ailleurs Jean Giraudoux en fait l'éloge; cependant pour André Frédérique, je ne sais s'il était vraiment terrassé par une maladie mentale;

rotko donne ton avis harelde , aussi.

www.bencherif.unblog.fr
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Bonsoir Bencherif,

En aucun cas, mon propos n'a tenu de la morale, mais d'une interprétation qui, il est vrai, n'est que ma propre appréhension de la psyché de ces poètes qui traversent l'existence en météores, parce qu'inaptes à accepter le monde tel qu'il est ...
De par sa pathologie, Gérard de Nerval ne peut évidemment pas être assimilé à ces poètes ...
André Frédérique appartient à cette famille de désespérés de la vie, néanmoins d'après une étude datant d'après-guerre, l'âge moyen d'un poète-écrivain n'était que de 53 ans, ainsi la liste est longue de ces"désemparés", mal dans leur siècle, qui ont choisi de se donner la mort ou se sont autodétruits portés par leur rêve d'absoluité avec son corollaire mortifère : l'irrésistible appel du Néant ...

je ne connais pas assez pour avoir un avis. j'ecoute

Ou bien lit "l'anthologie des poètes maudit", par Pierre Seghers, éditions Belfond.