Oleg Kulik

Né en 1961 à Kiev (Ukraine), Oleg Kulik s'installe à Moscou au début des années 1980. Et détermine deux attitudes possibles face à la situation de l'art contemporain, mais aussi du monde qui l'entoure : la supplication, ou la violence. Lécher les bottes, ou les mordre. Il opte pour la seconde solution, et crée le concept de "zoophrénie", une nouvelle façon d'aborder les rapports entre l'homme et l'animal.

- Le Monde -

Des photos présumées pornographiques et zoophiles de l'artiste russe Oleg Kulik ont été retirées de la FIAC (Foire internationale d'art contemporain) de Paris vendredi après-midi après l'intervention de la police, a-t-on appris de source policière.

Selon les premiers éléments de l'enquête, un douanier a signalé mercredi dernier au Parquet de Paris la présence de photographies pornographiques et à caractère zoophile signées Oleg Kulik, un artiste consacré et reconnu internationalement.

L'article complet ici.

J'ai lu la nouvelle ce matin mais je ne connais pas du tout ses photos.
Dans le fond, prêche t-il en faveur des animaux ? (Dans l'article du Monde, l'épisode dans l'abattoir le laisse entendre).

Ou cherche t-il la provoc ?

Il est rarissime que la censure s'exerce sur des lieux d'expo, surtout à la FIAC, lieu ouvert à toutes les audaces, par définition.

Parfois, les associations ont même du mal à interdire les expos avec animaux vivants (et ça s'est bien développé ces dernières années).

Je préfère ne pas voir ces images présumées porno + zoophiles.

Communiqué de l'AFP

Citation :

© AFP - LIONEL BONAVENTURE
Les photos de l'artiste russe Oleg Kulik ont été emportées car considérées à caractère zoophile ou pornographique.
La Foire International d'Art Contemporain (FIAC) s'est achevée au Grand Palais à Paris sur un parfum de controverse. Vendredi 24 octobre, des policiers en civil, envoyés par le commissariat du 8 ème arrondissement, sont venus décrocher des clichés de l'artiste russe Oleg Kulik, au motif qu'elles représentent des scènes pornographiques ou zoophiles.

Direction le commisariat du 8ème pour les œuvres et les deux responsables de la galerie moscovite XL. Au final, ces derniers sont rentrés en Russie. En ce qui concerne les photos incriminées, elles ont été rendues au directeur de la FIAC, Martin Bethenod. Mais les clichés doivent rester sous clés tant qu'un magistrat n'a pas levé la saisie.

Cette saisie a beaucoup surpris et choqué le monde artistique d'autant plus que les photos en question ont déjà été exposées à plusieurs reprises notamment à Paris lors de l'exposition " Sots art" l'hiver dernier, ou encore à la biennale de Venise.

Ce qui me gène dans tout ça, c'est qu'on saisisse des œuvres, comme on poursuit en justice un créateur de poupées qui n'ont de vaudou que le nom, et puis progressivement, on interdit telle ou telle manifestation artistique, on supprime des crédits culturels, les artistes ou galeristes finissent par s'autocensurer ... C'est le chemin dangereux qui se dessine.

Tout à fait d'accord...!

Pour moi cela s'apparente à de la censure et j'ai même hésité à le poster ici.

Les photos ne sont pas nouvelles, cette exposition doit certainement faire le tour de l'Europe, mais une minorité de "bien-pensants" décide que ce n'est plus de l'art. Donc où commence l'art ? Qu'est-ce qu'un artiste qui ne peut s'exprimer que dans une ligne directrice érigée par ces bien-pensants ?

Peut-être qu'il aurait mieux valu comprendre la démarche de l'artiste ou d'expliquer ce que représentait réellement la signification de ces clichés avec son chien...

Et d'après ce que j'ai pu comprendre, dans cette nouvelle Russie de la fin des années 90, Oleg se sentait perdu, déboussolé et ne se considérait pas mieux que son chien. Pour lui, homme ou chien, il n'arrivait pas à choisir et se définissait lui-même comme un animal... Donc rien à voir avec de la zoophrénie...

Il y a deux ou trois ans, une association bien pensante a assigné en justice un directeur de musée (à Bordeaux, je crois). Son crime : une exposition de peinture classique montrant des enfants nus. "Incitation à la pédophilie" parait-il.

A ce compte-là, il va falloir détruire une bonne partie de la peinture religieuse classique. Que de seins, de sexes d'enfançons, de croupes charnues, de mâles attributs ...
Commençons par la Chapelle Sixtine, tiens ! C'est vrai, ça : Adam est tout nu et Dieu tient dans ses bras de jeunes gens de sexe incertains, mais fort jeunes ; en plus, il les touche... et ces doigts qui se tendent ? N'y aurait-il pas quelque sous-entendu freudien ?

Oui, sur le point de la censure, je suis d'accord avec vous.
Chaque sensibilité doit pouvoir s'exprimer.

Pour l'instant, MS, les photos que tu montres se prêtent à des tas d'interprétations, mais je ne vois pas pourquoi elles devraient être cachées.
Celles qui ont été censurées étaient dans ce style ?

Je ne sais pas quelles sont/étaient les intentions de Oleg Kulik, mais la première photo - celle de l'homme mangeant dans la gamelle de son chien sous sa surveillance, comme celle de l'homme à poil lisant à côté de son chien, me font vraiment rire.

je trouve les protagonistes excellents dans leurs rôles de composition.

Vive l'homme, meilleur compagnon du chien !

Moi, c'est le toutou placide qui m'intrigue !
Quelle prestance !


Les courbes masculines sont magistralement rendues dans la dernière photo ! Beau travail formel. :yes:

Dans les années 1990, il marchait à quatre pattes et jappait comme un chien. De nos jours, il se prendrait plutôt pour Dieu, et met en scène Les Vêpres de la Vierge, un opéra de Monteverdi, au théâtre du Châtelet à Paris. Oleg Koulik est un bon témoin des métamorphoses russes de ces dernières années. «J’ai envie maintenant de faire des liturgies», explique-t-il dans son appartement atelier du centre de Moscou, où les gris-gris tibétains se mêlent aux photos de lui en dogue. «Dans mes voyages au Tibet, j’ai découvert des cérémonies très joyeuses, où tout le monde, de l’ascète au simple paysan, est réuni. Je voudrais réconcilier l’église et le cirque, imaginer de nouvelles façons de faire vivre la prière… C’est un peu ce que je tente avec Les Vêpres de la Vierge. Je transforme le théâtre du Châtelet en temple et je compte bien secouer le public, le désorienter et le détendre, pour faire passer mon message. Il n’y a qu’un seul Dieu : l’homme vivant, à côté de toi. Ma religion, c’est croire que la vie a un sens», confie l’artiste, promettant un grand renfort d’éclairages, écrans vidéo et effets sonores.

La dernière fois qu’Oleg Koulik a fait parler de lui à Paris, c’était à l’automne dernier, lorsque la police française a saisi à la Foire internationale d’art contemporain (Fiac) des photos le représentant en animal, nu et féroce. «Pour moi, c’était un cadeau de la vierge Marie, s’amuse-t-il. Je ne pouvais pas rêver d’une meilleure réclame.» Cette fois-ci au Châtelet, il espère bien sûr un nouveau scandale «grandiose». Tous ceux qui se souviennent de Koulik nu, le cou pris dans un collier à pointes, mordant les critiques d’art à l’entrée de la Kunsthaus de Zürich, seront peut-être surpris de le voir s’adonner maintenant au culte. Mais Dieu ne date pas d’hier dans la vie d’Oleg Koulik. «Dans mon enfance, mon grand-père m’emmenait à la cathédrale Saint-Vladimir de Kiev et faisait parler les icônes, se souvient-il. Il me racontait Adam et Eve, tous nus, qui croquent la pomme. Le serpent qui séduit Eve… Pour moi, tous ces crimes et ces intrigues faisaient l’effet d’un très grand polar…»

La suite de l'article sur Libé...

Bernique a écrit:

Ce qui me gène dans tout ça, c'est qu'on saisisse des œuvres, comme on poursuit en justice un créateur de poupées qui n'ont de vaudou que le nom, et puis progressivement, on interdit telle ou telle manifestation artistique, on supprime des crédits culturels, les artistes ou galeristes finissent par s'autocensurer ... C'est le chemin dangereux qui se dessine.

Je n'avais pas vu ce fil.
Je suis sidérée, il doit me rester des brins de naïveté, d'espoir.
Le chemin qui se dessine dans tous les domaines est noir.

En ce moment Les Vêpres de la Vierge, de Claudio Monteverdi. Mise en scène d'Oleg Kulik. Avec l'Ensemble Matheus et le Choeur du Châtelet, Jean-Christophe Spinosi (direction). Théâtre du Châtelet.

dans le Monde

Citation :

Le théâtre m'a demandé ce que je voudrais faire. J'ai dit, une liturgie. Ils ont dû me prendre pour un fou et ils ont raccroché. Un mois plus tard, le directeur m'a rappelé pour me parler d'un oratorio, Les Vêpres de la Vierge. Je leur ai posé quelques questions : "Est-ce que je suis libre pour la mise en scène ? Oui. Est-ce que je peux la transposer dans un temple tibétain ? Oui. Est-ce que je peux ne pas être très respectueux envers la religion ? Oui. Est-ce que je peux faire participer les spectateurs ? Oui, jusqu'à un certain point..." Là, je me suis dit qu'ils étaient aussi fous que moi. Mais il n'y a rien dans ce travail qui puisse constituer un blasphème.

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