Mercè Rodoreda - [Espagne]

La mort et le printemps :



Immédiatement, on se retrouve plongé dans un lieu extraordinaire, une sorte de village originel aux moeurs et coutumes bien mystérieuses. Mais est-on bien certain que tout commence ici ? Ce village ne pourrait-il pas aussi être le dernier ?
Il n'y a pratiquement aucune intrigue dans ces pages. Et pourtant ce roman nous happe littéralement et nous tient en haleine jusqu'aux toutes dernières pages. Mercè Rodoreda (dont je n'avais jamais entendu parler il y a de cela quelques semaines encore) nous emmène, de son écriture simple et naïve mais à la poésie lumineuse, à la découverte d'une nature primitive et violente, maîtresse du destin des Hommes. Parlons-en, justement, de ces Hommes qui peuplent cet étrange lieu. Qui sont-ils réellement ? D'où viennent leurs rites cruels et inquiétants ? Et que craignent-ils réellement ? Ne pourrait-on pas imaginer qu'ils craignent cette nature qu'ils n'ont cessé de maltraiter à travers le temps ? Et dont le vengeance ne peut être qu'impitoyable ? Cette oeuvre insaisissable offre de multiples pistes d'interprétation. De mon côté, je suis tombé dessus par le plus grand des hasards, et n'en suis toujours pas revenu.

Bonne pioche, shepp

du coup, je me renseigne

Elle a aussi écrit La Place du Diamant (Editions Gallimard, collection l'Imaginaire).

Citation :

A Barcelone, l'héroïne, Colometa, rencontre un beau garçon, Quimet, qui sera l'homme de sa vie et la cause aussi d'un certain nombre de ses malheurs.

Elle symboliserait le renouveau litteraire catalan.

Merce Rodoreda a publié chez actes sud un recueil de nouvelles « comme de la soie ».

Des nouvelles
« peuplées de funambules, d’exilés de femmes inquiètes, séduite par la lassitude ou la mort » dit justement l’éditeur.

Dans la nouvelle-titre, comme dans Ada Liz, la première du recueil, on hésite entre le récit vécu et le rêve, voire le cauchemar.

Un soldat s’enfuit des tranchées sous les obus, on le retrouve ensuite blessé à l’hôpital. Que s’est-il passé entre-temps ? A-t-il vraiment rencontré cette jeune fille à qui il a confié son désarroi et manifesté son affection ? Ou n’est-ce pas plutôt le fruit de son délire après la blessure ?

Citation :

« je suis venu, lui dit-il, par le passage des désirs et m’en irai par le sentier des souvenirs »

Dans Comme de la soie, une femme pense à son compagnon défunt, enterré loin de là mais qu’elle retrouve dans son rêve. On y entend des bruits d’ailes et d’envol, des ombres qui s’échappent quand on voudrait les atteindre.

Oui, Mercè Rodoreda cultive un onirisme qui séduit son lecteur.

la meilleure nouvelle à mon goût : la pluie

mais d'abord une identification de la citation

Citation :

la pluie lui remémora les vers fameux de Valery et elle se demanda sic'étaient les vers qui avaient fait la renommé de Valéry, ou si c'était Valery qui avait passé les vers à la postérité.

je ne vois pas quels sont ces vers fameux chez Valéry

Citation :

"Suis-je amoureuse?" se demanda-t-elle en gagnant la cuisine. Elle ne put résister à la tentation de manger un gateau.

Une femme attend une visite, elle s'apprête, se parfume, se regarde, et s'examine : c'est dur de s'engager, même dans une aventure :

Citation :

S'il était fidèle il serait exigeant, sévère, sérieux, et vieillirait lentement. S'il ne l'était pas, il serait condescendant, compréhensif, souffrirait du coeur et s'enfermerait dans un monde d'où elle serait exclue.

Incertitudes de l'attente, à tel point que s'insinue la tentation de s'absenter de la maison pour faire echec au rendez-vous. Oui, mais à l'exterieur il pleut.

j'aime beaucoup cette nouvelle et je vous la recommande.