Grain de sel - Forum littéraire et culturel
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum littérature, roman, polar, poésie, théâtre, BD, SF, auteurs et livres du monde entier sur le forum littéraire et tous les arts, cinéma, peinture ...

Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots.
 
AccueilPortail*Dernières imagesIndex auteursS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, 144 Hz, FreeSync ...
399 € 499 €
Voir le deal

 

 William Gaddis

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Loudon Dodd
pilier
Loudon Dodd


Nombre de messages : 105
Date d'inscription : 30/03/2006

William Gaddis Empty
MessageSujet: William Gaddis   William Gaddis EmptyLun 03 Avr 2006, 23:06

Comme je suis paresseux, et sans scrupules, je vole cet article sur le dernier roman de ce géant de la littérature américaine (enfin, il parait : pour ma part je n'ai lu que celui-là, que j'ai trouvé génial) sans plus de vergogne que s'il s'agissait du sac d'une petite vieille :

Citation :
Mort en 1998, l'Américain William Gaddis a laissé un testament en forme d'accusation. Le projet d'un roman devenu confession ?

Publié à titre posthume, le dernier livre de William Gaddis, dans sa rage, son exubérance et son pessimisme sonne comme un avertissement qui nous parviendrait trop tard. Un homme, mourant mais plein d'une colérique énergie, tente de rassembler les notes éparses d'un essai qui l'a habité toute sa vie. Cloué dans son lit où il saigne, il veut montrer que le monde actuel, plus que jamais, répond à l'attente de Platon qui souhaitait que soit éliminé l'artiste de toute société. Le divertissement (" cette quête du plaisir abrutie et trouble ") associé à la science et à la technologie provoque la fin de l'art, de la culture. Les esprits médiocres exigent la mort de l'élite. À l'origine des moyens donnés à cette éradication de l'artiste (et plus tard de l'humain, cloné), il y aurait... le piano mécanique.
D'abord parce que le piano mécanique, avec son système de rouleau perforé est l'ancêtre des systèmes binaires qui ont donné naissance à l'ordinateur. Ensuite, parce qu'il permet de jouer Mozart sans artiste. Le piano mécanique exclut le pianiste au profit du divertissement de chacun (tout le monde peut jouer Mozart) : " on pourrait dire que l'art est devenu alors bien public pour les personnes à peine instruites Mona Lisa et La Cène sont devenues de l'art de calendrier à suspendre au-dessus de l'évier de la cuisine ". La thèse est séduisante. Elle est surtout servie par une langue hachurée et pressée, une logorrhée folle qui puise ses références dans toute l'histoire de la musique, la philosophie et la littérature. L'homme malade semble constitué de toutes ses lectures qu'il tente de réunir en un seul corps, un livre, un écrit, le sens de sa vie. C'est une encyclopédie qui se déverse, en une hémorragie exaspérée.
Le roman se déroule en un immense monologue. Mais la voix du personnage, extravagant, peu à peu semble devenir celle de l'auteur lui-même, perdant sa part fictionnelle au fur et à mesure que la mort gagne. Cela est d'autant plus troublant que le mourant n'est plus un personnage mais un écrivain encore vivant qui utilise ses dernières forces pour disparaître dans son oeuvre. Comme un corps qui se constituerait dans l'antichambre de la mort.
En postface, le fils de William Gaddis explique l'origine de cet ultime livre. Le projet, à la source, laisse percevoir une architecture plus volumineuse, telle celle de Les Reconnaissances (Gallimard, 1973), de J.R. (Plon, 1993), Gothique charpentier (Bourgois, 1988) ou de Le Dernier Acte (Plon, 1997). La mort en a modifié les plans. Ce sont des dernières paroles dès lors qui s'écrivent et elles sont violentes. Puisant à l'encre noire d'un Thomas Bernhard, à la technique d'un Joyce, au caractère d'un Flaubert, le narrateur s'emporte : contre le monde littéraire, contre la bêtise et contre cet effacement de la figure humaine dont il devient, involontairement, le symbole.
Il évoque Pynchon (dont il n'a jamais été aussi proche) sauvé in extremis de l'affront d'obtenir le prix Pulitzer. Il cite Flaubert : " La presse est une école d'abrutissement parce qu'elle dispense de penser " auquel il reprend le désir de " vivre assez longtemps pour déverser encore quelques seaux de merde sur la tête de ses concitoyens ". Il cherche ses mots, cherche ses notes, le temps presse, la médecine le vide de son être, il en appelle à Nietzsche, à Melville, condamné à écrire pour le public, il entre vindicatif dans la cohorte des artistes et penseurs morts, suicidés, internés. Et se tait. Définitivement. Dans l'inachèvement de cet ultime écart de conduite.

Agonie d'agapÈ
William Gaddis
Traduit de l'américain
par Claro
Plon, " Feux croisés "
132 pages, 15 e

http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=17965
("Le Matricule des Anges " - article signé : TG)
Revenir en haut Aller en bas
rotko
pilier
rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

William Gaddis Empty
MessageSujet: Re: William Gaddis   William Gaddis EmptySam 08 Avr 2006, 15:25

contrairement à ce que pourrait laisser croire le commentaire ci-dessus -au demeurant interessant, Agonie d'agape est un livre court de 117 pages effectives, et écrit gros.

Donc pas de raison de s'en priver !

la preuve, je viens de l emprunter... Wink
Revenir en haut Aller en bas
https://grain-de-sel.1fr1.net/forum.htm
rotko
pilier
rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

William Gaddis Empty
MessageSujet: Re: William Gaddis   William Gaddis EmptyVen 14 Avr 2006, 15:49

Loudon Dodd et sa signature :

Citation :
Tous ceux qui paraissent fous le sont, et encore la moitié de ceux qui ne le paraissent pas.

trouvent un écho chez William Gaddis citant la pensée de Pascal :

Citation :
« les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie que de n’être pas fou »
Revenir en haut Aller en bas
https://grain-de-sel.1fr1.net/forum.htm
Loudon Dodd
pilier
Loudon Dodd


Nombre de messages : 105
Date d'inscription : 30/03/2006

William Gaddis Empty
MessageSujet: Re: William Gaddis   William Gaddis EmptyVen 14 Avr 2006, 21:32

Ah ! oui, tiens...

Pourtant l'auteur de cette maxime était un adversaire idéologique de Pascal.
Revenir en haut Aller en bas
rotko
pilier
rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

William Gaddis Empty
MessageSujet: Re: William Gaddis   William Gaddis EmptyLun 17 Avr 2006, 05:21

Oui dans cet ultime livre, Agonie d'agape chez Plon, Gaddis se montre souffrant et incapable de mettre la main sur des documents ou des idées ou des thèmes qu'il voudrait retrouver. Si bien que par moments le livre ressemble à la tirade de jacky dans "En attendant Godot", en moins mecanique, mais parfois difficile a suivre.

Gaddis ronchonne : contre la condition humaine, contre son echec a avoir voulu traiter certains thèmes pendant sa vie, contre les impôts qui vont taxer ses filles après sa mort. Il en veut surtout à la technologie qui a transformé les gens en consommateurs alors qu'ils pouvaient être acteurs. Ecouter un morceau de Bach par un interprète génial...ou mediocre ne devrait pas dissuader les amateurs de le jouer par eux-mêmes.

Facilités de l'epoque, recours systematique à la technique, et vulgarisation à tout crin, voila qui nourrit la colère desordonnée et impuissante de l'ecrivain.

Est-ce facile à lire ? il procède par allusions en se referant à des ouvrages ou à des conceptions, plus ou moins célèbres sans doute, mais qu'il faut saisir au vol. On risque dans ses récriminations de retrouver à peu de frais nos propres ressentiments.
Revenir en haut Aller en bas
https://grain-de-sel.1fr1.net/forum.htm
Loudon Dodd
pilier
Loudon Dodd


Nombre de messages : 105
Date d'inscription : 30/03/2006

William Gaddis Empty
MessageSujet: Re: William Gaddis   William Gaddis EmptyVen 21 Avr 2006, 23:48

rotko a écrit:
On risque dans ses récriminations de retrouver à peu de frais nos propres ressentiments.
Un ami à qui j'avais prêté le livre avait estimé, avec quelques arguments, que le narrateur était un fasciste (il s'appuyait notamment sur les citations de Tolstoï et de Kipling).

Attention donc avec les identifications à ses propres ressentiments...
Revenir en haut Aller en bas
rotko
pilier
rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

William Gaddis Empty
MessageSujet: Re: William Gaddis   William Gaddis EmptySam 22 Avr 2006, 11:52

Fasciste le narrateur ? bah, ca m'étonne, il est elitiste parce que mecontent de lui et bougon, ce qui est comprehensible vu son état de santé. Il ya de l'humeur dans ses considérations (comme on dit un "billet d'humeur"). Loudon, j'ai reconnu ton avatar, c'est Boulgakov !
Revenir en haut Aller en bas
https://grain-de-sel.1fr1.net/forum.htm
Contenu sponsorisé





William Gaddis Empty
MessageSujet: Re: William Gaddis   William Gaddis Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
William Gaddis
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» William Blake
» William Gass
» William Cliff
» William Styron
» William Faulkner

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Grain de sel - Forum littéraire et culturel :: FICTION :: Littérature américaine-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser