William Burroughs

J'ai pas trouvé de fil sur lui. Donc me voila.



Quel drôle de type, hein ? Un gus qui avait une seringue à la place d'une machine à écrire. Un membre de la beat generation. Plutôt proche de Kerouac, certainement plus de Ginsberg. Mais malgré tout, électron libre dans une certaine mesure.

Propulsion dans le monde de l'étrange, de la drogue. Et surtout, de l'angoisse de la drogue. De ses obsessions et de ses psychoses. De sa violence. Du sexe et de la difficulté d'assumer son homosexualité durant un époque qui commençait tout juste à ouvrir son esprit. Le singe vous dévore la nuque.

Le cut-up. Sa technique d'écriture. Son style. Dur à avaler pour ma part au début, la pilule a du volume. Une fois le cap passé, voyage direct dans la folie. Mais avec l'assurance du retour, ce qui est donc une chance incroyable.
Qu'est-ce que c'est ? Le texte est écrit. Découpé. Réarrangé par hasard.
Avec une idée derrière le crâne : la déconstruction de la réalité. L'écriture rejoint sa - lourde - histoire de junkie.

son livre le plus connu : le festin nu. a lire en parallèle avec son adaptation cinématographique par Cronemberg.

Je ne connais pas mais ton billet donne très envie de le découvrir !

M.854 a écrit:

Je ne connais pas mais ton billet donne très envie de le découvrir !

moi aussi ! Le festin nu de William Seward Burroughs, Gérard-Georges Lemaire (Préface), (Traduction d'Eric Kahane ) folio gallimard 334 p.

queer est chez christian Bourgois 170 p., Junky chez Folio. 270 p
les titres sont explicites.

alors accrochez vous, je l'ai tenté il y a quelques mois maintenant, je n'ai pas pu aller très loin dans la lecture (du festin nu) et, à cette heure j'essaie d'oublier que j'ai l'adaptation cinéma.

Plus tard...

De cet auteur, je n'ai lu que Le festin nu et un peu de La machine molle ( mais ça ne m'a pas plu ). En revanche, le festin nu est un livre complètement hallucinant que j'ai adoré. C'est vrai que l'absence d'intrigue peut en dérouter plus d'un, mais l'humour est un régal.

Junkie m'intéresse aussi.

William Burroughs, le festin nu chez l'imaginaire de Gallimard.

l'introduction balaie rapidement toutes les mythologies de la drogue, ce n'est certes pas nouveau, mais l'expérience de l'auteur rend son ton convaincant :

Citation :

Le virus de la drogue constitue le problème médical numero un du monde moderne.
Traitant de ce problème médical, le festin nu est fatalement brutal, obscène et répugnant. lamaladie et ses détails cliniques ne sont pas pour les estomacs délicats...

Nous voila prévenus. Est-ce bien "le problème médical numéro un" ? le texte date de 1959.

le livre a été adapté à l'écran par David Cronenberg



le Festin nu Naked Lunch
USA, Canada, 1991
De David Cronenberg
Scénario : David Cronenberg, d’après le livre de William Burrough
Avec Peter Weller, Judy Davis, Ian Holmes, Judy Davis

un article sur le film et sur Cronenberg.

un film qui fout le cafard !



Bill lee, le protagoniste ex junkie s'est recyclé dans l'extermination des cafards

Ouh là, ça fait bien vingt ans que j’ai lu “Le festin nu” mais ausi “La machine molle”, “Nova express”, "Le ticket qui explosa” et “Les garçons sauvages”, mais pour ces derniers le système d’écriture du Cut-Up va si loin que cela relève davantage d’une accumulation frénétique de cadavres-exquis surréalistes bien plus que de romans dignes de ce nom, et on peut tout juste en retenir certaines combinaisons de mots assez mémorables du style: “le plomb fond à midi” ou bien certaines phrases récurentes comme “les inspecteurs buvaient du café dans des gobelets en carton”, mais j’ai quand même préféré les premières oeuvres de W.S.Burroughs comme “Queer”, “Junky” et “Exterminateur”, dans lesquelles il relate crument son quotidien d’homosexuel héroïnomane, et les petits boulots qu’il devait supporter pour se payer sa dose, notamment tueur de cafards. L’homme en lui-même est déjà assez iconique, figure marquante de la Beat Generation et habitué des séjours à Tanger. On peut le voir dans le film “Drugstore Cowboy” de Gus Van Sant où il rencontre Matt Dillon dans un institut de desintoxication et joue quasiment son propre rôle, vieux dealer de médocs, maigre avec un chapeau.

LeVoyageur a écrit:

Ouh là, ça fait bien vingt ans que j’ai lu “Le festin nu”

j'ai donc bien du retard, mais je le savais. Le livre désarçonne parce qu'il mêle les genres, encore que certains personnages lient entre eux des épisodes disparates. J'y reviendrai plus précisément.

oui, il y a un travail sur la langue avec des jeux de mots qui ont dû compliquer la tâche du traducteur !
le médecin de "bonne foi", devient de "bonne foire", et le côté parodique est omniprésent, avec un cours bien peu universitaire sur "la complainte du vieux marinier" de Coleridge

Tanger devait être un curieux endroit de création littéraire et de dévergondage, si j'en crois ce que disent MRabet/Paul Bowles

ce fil sur Burrough m'a donné envie et m'a décidé à m'acheter son Festin nu. Bon c'est vrai c'est une curiosité qui date de longtemps, je connais peu les écrivains de cette période, à part Bukovski (l'un des rares à me faire autant marrer).
Dès que je le reçois (j'habite dans un château au fond d'une forêt profonde)(je plaisante) je verrai de quoi il retourne et je vous ferai part de mes impressions. A plus.
Le grain qui a un grain.

je le lis à petites gorgées car le livre est assez déroutant pour quelqu'un comme moi qui n'en avais aucune idée. Je ne dévoilerai pas l'intrigue, si tant est qu'il y en ait une ...

Voici un exemple du ton parodique : le narrateur veut impressionner, façon roman noir, un jeune cave dans un autobus :

Citation :

Un jeune cave qui veut avoir l’air à la coule…Ça se gargarise en parlant « herbe à Marie » et « thé », ça va même jusqu’à en fumer de temps à autre et à trimbaler sur soi-même une petite provision de marijuana pour en offrir aux affranchis d’Hollywood.

- Merci petit, dis-je, je vois que tu es des nôtres.

Du coup, sa bobine s’illumine comme un billard électrique, avec des reflets de crétinisme rose bonbon.

- Le salaud, dis-je d’une voix dramatique, il m’a donné.

Je me colle contre lui et pose mes doigts gris de camé sur sa manche d’alpaga :

- Nous deux on est frères de sang, on sort de la même seringue. Et je te signale en confidence que ce bâtard va avoir droit à sa piquouse de braise (1).

(1) piqûre fatale aux mouchards car empoisonnée.

le festin nu

Par épisodes, Burroughs se lance aussi dans la peinture de cités totalitaires où il ne fait pas bon vivre, mais qui rappellent certains régimes existant ou ayant existé, ou pouvant exister.

Citation :

Tous les bancs publics de la cité furent bientôt supprimés, les fontaines bouchées, arbres et fleurs détruits. Sur le toit de chaque immeuble d’habitation (tous les citoyens étaient contrits à vivre en appartement) une énorme sirène électrique mugissait tous les quarts d’heure et, bien souvent, ses trépidations jetaient les gens à bas du lit. Des projecteurs étaient braqués sur la ville durant toute la nuit (rideaux, jalousies et persiennes étaient bien sûr prohibés).

Personne ne regardait personne, de crainte de contrevenir à la loi punissant les citoyens qui importunaient leurs semblables par des avances, verbales ou autres, dictées par un mobile quelconque, sexuel ou autre. Cafés et bars furent fermés. Il fallait une autorisation spéciale pour obtenir de l’alcool etc.

Un website entièrement consacré à William Burroughs:
http://theo.underwires.net/
(cliquer sur la photo pour accéder au menu)

merci pour le lien

Iconoclaste et sulfureux, le festin nu provoque le lecteur dans des champs divers :

On a parlé du cours interactif de l’université d’Interzone où élèves et professeurs échangent des répliques ubuesques. La séance termine sur un tableau symbolique, illustrant l’idée qu’enseigner, c’est parfois donner des perles à des cochons

Citation :

Des verrats font soudain intirruption(1), le Professeur dé détend comme un colosse et verse des perles pleins seaux dans l’auge du bauge

.

Avec la grande fête chez A.J, on assiste à une farce porno- grotesque où les participants s’envoient dans le spirmament (1) avec fauteuil à vibreur et accessoires de cirque meurtriers que je lése au lecteur le soin de découvrir. C’est le grand délire !

Citation :

« Le Vieux le pourchasse en vociférant des jurons son dentier s’échappe de sa bouche, siffle au-dessus de la tête du gamin. Le Vieux court plié en avant, les tendons de son cou bandés comme des torons d’acier. Une grande giclée de sans noir au passage de la clôture et il retombe dans l’herbe, momie décharnée, des ronces poussent entre ses côtes, les fenêtres de sa cahute volent en éclats (barbes de verre poussiéreux fichés dans le mastic noirci), les rats sillonnent le plancher et, les après-midi d’été, les voyous viennent se masturber dans cette pénombre suffocante, cueillent les baies qui fleurissent les os de son cadavre et se barbouillent de jus violacé… »

(1) mots-valises évidents. La traduction d’Eric Kahane m’a beaucoup plu.

Je me devais de laisser un premier post ici...

En dehors de la technique du cut-up (inspirée par Bryon Gysin) Burroughs avait une formidable prose, et chaque paragraphe pris séparément est généralement un "trip" littéraire hallucinant...

Voilà c'est fait.

J'ai lu uniquement la trilogie de Burrouths (la nova...).
Je n'ai pas du tout aimé. On dirait qu'il couche sur le papier un de ses phantasmes homosexuels. C'est vulgaire, incompréhensible, bizarre.

cathyHu a écrit:

C'est vulgaire, incompréhensible, bizarre.

Voilà qui peut assez bien définir l'écriture de Burroughs, du moins pour les deux derniers adjectifs, si on compare avec d'autres écrivains, c'est vrai qu'il décrit un peu l'incompréhensible, qu'il n'hésite pas à être vulgaire (comme beaucoup de la beat generation), et que le bizarre est sa matière, comme la drogue, mais n'est-il pas bizarre de confier sa vie et sa peau à une substance comme l'héroïne? Le Festin nu contient d'incroyables trouvailles d'écriture, de descriptions des hommes, résumés parfois en un seul adjecif (le "camé diagonal", entre mille autres).

Le film adapté du Festin nu n'est quand même pas une superbe réussite, mais en effet, en l'absence de schéma narratif typique, c'était dur d'en faire un long métrage, plusieurs courts kaléidoscopique eussent peut-être été plus judicieux, mais le cinéam grand public n'en est pas friand (quoique de toutes façons ce film n'est pas "grand public", comme le livre qu'il tente d'adapter, comme quoi il y a une continuité)...

ignatius a écrit:

cathyHu a écrit:

C'est vulgaire, incompréhensible, bizarre.

Voilà qui peut assez bien définir l'écriture de Burroughs, du moins pour les deux derniers adjectifs, si on compare avec d'autres écrivains, c'est vrai qu'il décrit un peu l'incompréhensible, qu'il n'hésite pas à être vulgaire (comme beaucoup de la beat generation), et que le bizarre est sa matière, comme la drogue, mais n'est-il pas bizarre de confier sa vie et sa peau à une substance comme l'héroïne? Le Festin nu contient d'incroyables trouvailles d'écriture, de descriptions des hommes, résumés parfois en un seul adjecif (le "camé diagonal", entre mille autres).

Le film adapté du Festin nu n'est quand même pas une superbe réussite, mais en effet, en l'absence de schéma narratif typique, c'était dur d'en faire un long métrage, plusieurs courts kaléidoscopique eussent peut-être été plus judicieux, mais le cinéam grand public n'en est pas friand (quoique de toutes façons ce film n'est pas "grand public", comme le livre qu'il tente d'adapter, comme quoi il y a une continuité)...

Kerouac fait aussi de la beat generation (non ?) et il était moins vulgaire.
Je n'ai pas vu ce film le festin nu mais je viens de parcourir ton blog. C'est décalé, pas politiquement correct mais bien écrit. Cela me plait. Tu as les coordonnées de mon blog si tu veux y faire un tour...

cathyHu a écrit:

Kerouac fait aussi de la beat generation (non ?) et il était moins vulgaire.
Je n'ai pas vu ce film le festin nu mais je viens de parcourir ton blog. C'est décalé, pas politiquement correct mais bien écrit. Cela me plait. Tu as les coordonnées de mon blog si tu veux y faire un tour...

Bien sûr, c'est même lui qui a trouvé le nom du "Festin nu", si je ne dis pas de bêtise.

Merci, je vais aller voir le tien.

Non vous ne dites pas de bétises !
C'est en effet lui qui a trouvé ce titre de Naked Lunch, mais c'est également lui qui aida Burroughs à trier parmi ses écrits pour les organiser de manière à constuire ce roman.

La Machine molle de William Burroughs, interdite en Turquie.


484 pages chez Christian Bourgois.


en 10/18 218 pages.

" De même que. Jérôme Bosch représentait les détails les plus effroyables et les plus diaboliques avec une infinie délicatesse et un humour à la Puck qui nous évoquent les châteaux de l'horreur dont l'Enfer est peuplé, de même Burroughs nous laisse avec la vision intime, détaillée de ce que pourrait être l'Enfer, un Enfer qui peut-être nous attend, produit final et apogée de la révolution. Au bout de la médecine est la drogue, au bout de la vie est la mort, au bout de l'homme est peut-être l'Enfer qui nous vient des vanités de l'esprit.

La galerie de monstres, génies à demi fous, infirmes, charlatans, criminels, pervers et bêtes en putréfaction de l'œuvre de William S. Burroughs déploie, comme nulle part ailleurs, la panoplie moderne des vanités de l'esprit humain, des excès malfaisants qui apparaissent quand l'idée de puissance personnelle ou intellectuelle est placée au-dessus des compassions de la chair. "

Norman Mailer

Je suis en train de lire Le festin nu, c'est déconcertant au début, ça part dans tous les sens, c'est surement lié à la technique d'écriture (le cut-up, je ne connaissais pas et j'étais curieuse de voir ce que ça donnait), et puis on s'habitue, je me suis dit, tu ne vas pas tout comprendre, mais bon je persiste, l'écriture même si elle est crue (et j'ai l'impression que ça amuse Burroughs, qu'il en rajoute), elle reste agréable, je passe des petits moments sympa.
Je le trouve souvent drôle, complètement décalé et des fois je fais , et je sais toujours pas si je tiendrais jusqu'au bout....

Burroughs a écrit des romans de dingue, mais il a également eu une vie de dingue, et même un peu plus...
Copain de Kerouac, on le découvre au naturel dans le Rouleau original de Sur la Route.
Dans son cas, la réalité dépassa parfois la fiction, pas toujours pour le meilleur...

J'ai tenté de lire il y a 3 ans de cela, le festin nu, j'ai eu beaucoup de mal à suivre, j'ai dû abandonné en cours de route...
Est-ce particulier à ce livre ? Ou tous ses ouvrages sont écrits avec le même style ?