Tracy Chevalier

Tracy Chevalier "la jeune fille à la perle", folio.
Griet, fille d'un faiencier contraint d'abandonner son metier, s'engage comme servante, et va travailler chez le peintre Ver Meer de Delft. Brimades, humiliations, travail ingrat seront desormais son lot. Dans ce grand logis où courent les enfants, le peintre Ver Meer a sa vie secrète, cet Atelier où lentement mûrit la création de ses tableaux.

Là, Griet decouvre le monde de l'art et elle s'initie au silence du créateur, jusqu' à l'assister dans son travail. Peu à peu, de façon clandestine, elle se met au service de la peinture, et servira de modèle pour la "jeune fille à la perle".

Ver Meer, peu connu des historiens, trouve sa chance avec les écrivains. Chacun connait la vénération de Proust pour l'artiste, et Tracy Chevalier s'insère dans une grande lignée : elle recrée le milieu, et au fil du récit naissent des tableaux que l'amateur reconnaît .

Concision et lumineuse transparence sont les qualités de style de Tracy Chevalier qui, dans cette Hollande du 17é siecle, joue une variante de la princesse de Cleves, côté domestique. Les silences deviennent éloquents, le quotidien prend les accents d'une tragédie, où les êtres peuvent etre broyés d'un instant à l'autre.

Ce livre donne à la peinture l' hommage de l'ecriture, et au-delà des préjugés sociaux, montre tour à tour la faiblesse d'un grand homme et la grandeur du petit peuple, qui, dans son intimité garde son mystère et sa poésie.

Tracy Chevalier, La dame à la licorne, La table ronde.

Un univers figé.

Nicolas des Innocents, artiste parisien, doit célébrer par son art la gloire de la famille De Viste. C'est l'histoire des six tapisseries de la Dame à la licorne (XVe siècle). On suit l'exécution de l'ouvrage mais surtout la vie de Nicolas, hésitant entre l'amour-passion et la gaudriole, fréquentant tous les milieux, l'oeil curieux et la main experte.

Dans un tissu romanesque, le lecteur se familiarise avec les techniques de la tapisserie, la condition de l'artiste, et les relations humaines à cette époque.

Mais je suis resté sur ma faim. Les personnages ne m'ont pas vraiment intéressé, car trop schématiques. Pourtant un petit pincement au coeur parfois pour Alienor, la jeune fille aveugle. Aucune idée originale sur "la dame à la licorne", sinon des interprétations bien connues.

Au moins dans cet univers figé et autoritaire, voit-on, parfois, les femmes décider en sous-main, selon leur bon plaisir. Mais au total ce livre manque d'âme, et on le regrette, vu le sujet, et le talent de Tracy Chevalier dans "La jeune fille à la perle".

Tracy Chevalier publie L'innocence
au quai Voltaire, un roman sur le Londres du XVIIIé siecle : celui des petites gens, celui du poéte William Blake.
Arrivent les échos de la révolution française.

rotko a écrit:

Mais au total ce livre manque d'âme, et on le regrette, vu le sujet, et le talent de Tracy Chevalier dans "La jeune fille à la perle".

Je n'avais pas eu cette impression quand je l'ai lu à la suite de La jeune fille à la perle, j'ai plutôt apprécié la liberté de ton et admiré l'habilité de Tracy Chevalier à mêler romanesque et Histoire sans que cela soit un roman historique

Par contre le suivant La vierge en bleu m'a laissée perplexe.... facile et agréable à lire comme les 2 précédents, mais peu crédible et d'un intéret contestable....

Il me semble que ce fil n'a rien à faire dans les auteurs français et d'expression française. J'ai bien vérifié, Tracy Chevalier est américaine et écrit en anglais.

j'ai été subjugée, il y a quelques années, lorsque j'ai lu la jeune fille à la perle. Comme Rotko l'évoque, les silences y sont éloquents. Lorsque je parle de ce livre j'adore le décrire ainsi "une histoire où il ne se passe rien en apparence mais captivante".
Je viens de finir la Dame à la licorne. Au début j'étais déçue, ne retrouvant pas l'enchantement de la jeune fille à la perle. Puis, j'ai apprécié le changement d'ambiance d'un livre à l'autre.
Nicolas a un côté attachant. Et pour moi qui ne connaissais pas plus que cela cette tapisserie, je trouve que c'est une très bonne introduction. En revanche, il y a peut être un peu trop de personnages, ce qui nuit à leur profondeur. La narration, faite, tour à tour par les différents personnages a été utilisée habillement je trouve.

La dame à la licorne m'avait amusée. Il y a pas mal d'humour dans ce roman.

Je viens de finir L'innocence.
C'est une lecture agréable, facile, mais je ne pense pas qu'il m'en restera grand chose, si ce n'est la vision de tableaux juxtaposées : Londres populaire ; le cirque ; le poète ; le cimetière ; Londres des beaux quartiers.
J'ai trouvé les personnages assez stéréotypés : la brave gosse débrouillarde, l'escroc, le menuisier honnête et taiseux, la fille abusée, le patron de cirque truculent ...

Tous ces personnages sont évidemment des prétextes pour nous faire découvrir la ville du XVIIIe et sa vie fourmillante.

J'apporte une impression nuancée à la Jeune fille à la perle, que je souhaitais lire depuis longtemps et que j'ai sans doute idéalisée.

Je ne nie pas le charme discret mais redoutable de l'écriture de l'auteure.

Toutefois, j'attendais autre chose qu'un peintre à peu près muet et s'exprimant par monosyllables (quasiment) et qu'une chronique répétitive sur le dur labeur et les humiliations permanentes des domestiques.

Parfois, ce tableau m'a lassée.

En outre, on parle en résumé "d'innocence corrompue". J'ai dû louper la marche !

Où ça ?

Une enfant simple qu'on jette dans une réalité sociale impitoyable (servir autrui pour manger, tout encaisser...), qui rêvasse sur un homme inaccessible.

Déçue.

Ce livre ne m'avait pas laissé de souvenir impérissable... Jusqu'à ce que j'en vois l'adaptation de Peter Webber avec Colin Firth, Scarlett Johansson et Cillian Murphy.. Il met en valeur les couleurs de Vermer, le jeu des acteurs (qui sont frigorifiés) est sobre et très théâtral. Comme un bon Bergman..

Crevette a écrit:

En outre, on parle en résumé "d'innocence corrompue". J'ai dû louper la marche !

Où ça ?.

le titre n' indique pas lepeintre, mais oriente vers le modèle : la jeune fille à la perle

quant à l'innocence corrompue, je t'indique la marche : la perforation de l'oreille pour y mettre la perle - et ainsi réaliser le tableau, est une belle métaphore

"La fille a la perle" - je crois que tout - l'epoque, le travail du "plus grand des petits hollandais", le portrait de la fille - est ecrit avec allegresse et c'est une bonne lecture.
"La dame a la licorne" - encore une "explosion" d'un style et d'un recit emballant, mais je prefere le premier livre. Au Musee de Cluny j'ai admiré ces cinq fameuses tapisseries et je pensais à Nicolas en souriant.
Je vais commencer "Burning Bright" qui en francais porte le titre "Innocence". Le livre vient d'etre traduit en bulgare et comme je travaille dans une bibliotheque, j'ai acces a tout ce qui parait, je suis privilegiée
Bonne journée!

La Dame à la licorne

Insipide.
J’avais apprécié la subtilité des relations alliées à l’harmonie des couleurs et à la création artistique dans « La jeune fille à la perle ». Un livre finement écrit et discrètement sensuel.
Mais ici tout reste convenu. La traditionnelle histoire des relations sentimentales et familiales sans aucune originalité et emplie de poncifs. Si ce n’est qu ‘elle se situe vers la fin du Moyen-Age, mais la description d’époque reste superficielle et aligne les banalités. Elle se dilue dans la romance. Juste un certain intérêt peut-être, pour qui ne connaît pas, dans les chapitres à Bruxelles, pour le travail des lissiers. Oui, j’avoue être déçue et m’être quelque peu ennuyée.

C'est exactement ce que j'ai pensé, et il fallait un très bon livre pour aborder ces thèmes mythiques :

celui de la licorne, animal fabuleux, les tapisseries sur lesquelles planent les interrogations sur la signification (on a bien sûr des interprétations), les circonstances de création, et la destinataire.