Siri Hustvedt

Siri Hustvedt, poétesse, essayiste et romancière américaine, originaire du Minnesota, née de parents immigrés norvégiens.

Quelques œuvres (essentiellement chez Actes Sud) :

- Les yeux bandés
- L’envôutement de Lily Dahl
- Yonder
- Tout ce que j’aimais
- Les mystères du rectangle : Essais sur la peinture
- Élégie pour un américain

Dans une bourgade du Minnesota, où tout le monde se connaît, mais où les commérages et la crédulité font bon ménage, la jeune Lily Dahl découvre la vie avec une sensualité gourmande. C'est en premier l'amour pour Edouard Shapiro, artiste juif new-yorkais dont l'étrangeté inquiète ses concitoyens. C'est encore l'amitié avec un professeur à la retraite, Mabel, vieille dame toute de finesse et de tendre sagesse. Mais c'est aussi l'envoûtement par une série de phénomènes qui se produisent autour de Lily Dahl comme si elle les attirait, et dont elle dénouera le mystère avec une téméraire obstination. D'un naturalisme discret, cette histoire est portée, de page en page, par une écriture que l'on avait découverte dans Les Yeux bandés et qui, une fois encore, sert le récit avec une discrétion égale à son efficacité.

Quelques personnages attachants ou intrigants, un monde de ploucs où Lily semble trop belle et trop jeune pour cette bourgade. Une histoire d’amour, de théâtre et d’hallucinations (ou phénomènes inexpliqués). Mais au final, je n’ai pas été entièrement séduit (convaincu) par ce roman, le premier que je tentai de cet auteur. Mais est-ce bien important mon avis ? J’avais par contre entendu beaucoup de bien de « Tout ce que j’aimais »…

Impression mitigée, mais...
A suivre, donc, peut-être...

Le mouton sauvage a écrit:

Mais est-ce bien important mon avis ?
OUI ! :yes:

Son écriture m'a vivement impressionnée dans "Tout ce que j’aimais", justement.
Une psychologie très poussée des personnages, un style dense (on lit doucement un tel livre, si riche de réflexions sur la vie, le couple, les relations humaines...), une intrigue solide (deux destins de couples en parallèle), de la tragédie, de la légèreté et en plus, un grand amour de l'art (omniprésent). C'est un régal car un des héros est artiste, d'où une mine d'infos sur la création humaine, le sens d'une oeuvre...
De nombreuses références à la peinture.

455 pages, il est dans ma bibliothèque.

C'est un tableau de Hopper en couverture, du moins un détail.

Assez tentants vos commentaires.

Arc, tu serais tentée par le mystère du triangle, essais sur la peinture ?

Oui car elle a une sacrée sensibilité et des connaissances étendues.

"Tout ce que j’aimais" : si tu l'as chez toi, plonge dedans ! Tu vas adorer ce livre, ô grand amateur de peinture !

Mais c'est le mystère du triangle ou du rectangle ?

Encore moi !

La photo de la couv. que tu montres, Mouton sauvage, est impressionnante. Je la vois mal, mais il y a une atmosphère à la "Georges de la Tour"...

Qui est le photographe ?

Arc a écrit:

Qui est le photographe ?

Un anonyme certainement...
un homme de l'ombre...
quelqu'un qui participe à des concours photos et qui remporte le prix sans être cité...

aucune indication sur la couverture...

Arc a écrit:

Mais c'est le mystère du triangle ou du rectangle ?

Présentation de l'éditeur

"La peinture est là tout d'un coup. Quand je lis un livre, quand j'écoute de la musique ou quand je vais au cinéma, c'est avec le temps que je découvre l'œuvre. Un roman, une symphonie, un film ne prennent leur sens que par la succession des mots, des notes et des images. Les heures peuvent passer, un tableau ne gagnera ni ne perdra la moindre parcelle de lui-même. Il n'a ni commencement, ni milieu, ni fin. J'aime la peinture parce que dans son inaltérable immobilité elle paraît exister en dehors du temps d'une manière impossible à toute autre forme d'expression artistique. Plus j'avance dans mon existence, plus je voudrais mettre le monde en suspens et saisir le présent avant que, dévoré par la seconde suivante, il ne devienne le passé. Un tableau crée l'illusion d'un présent éternel, d'un lieu où mes yeux peuvent se reposer comme si le tic-tac de la pendule avait cessé par magie." SIRI HUSTVEDT (extrait de l'introduction)

Elle a tout dit !

Ah, il est à lire ce livre là !

je commence donc tout ce que j'aimais chez Babel.
si je prends le tout début :

Citation :

quelques minutes après avoir lu la cinquième et dernière lettre [de Violet], Bill avait changé d'avis sur son mariage avec Lucille, il était sorti de l'immeuble de Green Street et s'était dirigé droit vers l'immeuble de Violet....

Changer d'avis sur son mariage signifie pour moi renoncer à épouser, ce qui m' a lancé sur une fausse piste puisque je trouve un couple Bill-Lucille.

Alors, cette traduction ?

oui je trouve beaucoup de références exactes (au sens de non romanesques) au monde de la peinture et de la critique picturale.

Surtout, tu nous diras si tu aimes.

ARC

Citation :

Son écriture m'a vivement impressionnée dans "Tout ce que j’aimais", justement.
[…] C'est un régal.

D'accord !

Le début m’a un peu désarçonné puisque je ne m’y retrouvais pas dans les protagonistes du couple qui se défaisait et dans celui qui se créait.

Deux éléments caractéristiques m’ont frappé :

- Il s’agit d’un récit qui ne s’attarde pas sur des scènes précises avec des dialogues qu’on entendrait en temps direct. Le personnage principal raconte des faits passés en les situant sous un éclairage d’ensemble.

- le narrateur a toujours dans la vie courante le souci d’un détail visuel : il montre une attitude passive par un tableau brossé en quelques phrases.

Citation :

Nous trouvions Grâce assise dans la chambre où [notre fils] dormait. Les lumières étaient toujours éteintes. Grâce ne lisait pas, ne tricotait pas, ne s’occupait à rien. Elle restait assise en silence sur sa chaise.

Pour les oeuvres de l’artiste (Bill), il précise des détails qui situent ce tableau sous nos yeux:

Citation :

C’était la tête et le torse d’une femme vue de dos. Le mot SATAN était écrit en grosses lettres sur sa peau entre les omoplates. Devant la photo se trouvait l’image d’ue autre femme agenouillée sur le sol. Elle avait été peinte sur une toile épaisse et puis découpée. Pour son dos et ses bras exposés, Bill avait utilisé des tons nacrés de peu idéalisée rappelant Titien. La chemise de nuit qu’elle avait retroussée sur ses épaules était d’un bleu très pâle. […]

à suivre.

C'est dense, n'est-ce pas ?

ouin c'est dense, et je parlerai des relations humaines que tu as mentionnées.

les petites phrases, genre maximes, qu'il glisse au passage ne sont jamais des truismes.

Par curiosité, tu me diras sur combien de jours tu as étalé ta lecture. Je te dirai pour mon cas, après.

j'ai lu 300 pages de tout ce que j'aimais depuis mercredi dernier c'est-à-dire en 7 jours, mais certaines soirées de lecture furent courtes. Je te tiendrai au courant pour la suite : au maximum 3 soirées, je suppose.

Il m'aura fallu 10 jours, évidemment entrecoupés par le quotidien.
Je lisais 50 pages par 50 pages. Tant le fond est riche.

J'ai terminé plus vite que prévu, car la fin se dévore comme un roman policier, mais à enjeu humain :

on découvre des comportements, on s'interroge sur eux, et on comprend le sens du titre : tout ce que j'aimais.

Un livre à conseiller, et je ne crois pas qu'Arc me désavoue, puisque c'est elle qui me l'a indiqué.

Siri Hustvedt, La Femme qui tremble. Une histoire de mes nerfs
Traduit de l’anglais par Christine Le Boeuf, Actes Sud, 280 pp

A partir d'une experience personnelle, La Femme qui tremble s'affirme comme une approche aussi ambitieuse qu'inédite de l'histoire des pathologies mentales, aborde sans détour les rapports de la maladie avec le geste créateur, et délivre une parole d'humilité solidaire de la souffrance de "l'autre".
un entretien sur libération.

Ca m'a l'air passionnant.
En même temps, il y a un écueil à éviter, un peu dans l'ère du temps : tout expliquer par la neurologie.

Les sentiments, les émotions, les impressions*...

Avant, on expliquait tout par Dieu. Maintenant, par le cerveau.

Mais que nous reste t-il ?


*A ce tarif là, on va dire que les peintres n'obéissent qu'à des impulsions électriques colorées ???

Mince alors ! J'suis pas d'accord.


Y a autre chose, mais quoi ???

215 pages
Editeur : Actes Sud

Lorsque, après trente ans de mariage, Boris prononce le tant redouté mot pause, Mia, poétesse en mal de reconnaissance, bascule dans la folie, le temps d’une fulgurante “bouffée délirante” qui lui vaut un torpide séjour en hôpital psychiatrique.

jeudi 5 mai 2011 France Inter.

Citation :

17:09 : Le grand entretien de François BUSNEL

François BUSNEL

Siri Hustvedt

avec : Siri HUSTVEDT

La femme qui tremble

"En 2005, alors qu'elle vient à peine de commencer à prononcer le discours préparé en l'honneur de son père disparu deux ans auparavant, Siri Hustvedt voit soudain tout son corps secoué par d'irrépressibles tremblements. Aussi effrayée que stupéfaite, elle constate que cette crise n'affecte cependant ni son raisonnement ni sa faculté de s'exprimer. Afin de cerner la nature de ce spectaculaire - et, bientôt, récurrent - phénomène de dissociation, Siri Hustvedt va entreprendre d'aller à la rencontre de cette "femme qui tremble", ce Doppelkgänger dont elle vient de découvrir l'existence. Pour y parvenir, la romancière, de longue date fascinée par les phénomènes liés aux désordres psychiques, va s'engager dans une recherche approfondie. Assistant, puis participant activement, à des séminaires de neuropsychologie tout en s'impliquant dans des ateliers d'écriture en lien avec des institutions psychiatriques officielles, l'écrivain ne manque pas d'accueillir également, pour étayer son enquête, les inépuisables témoignages que délivrent, sur le sujet, non seulement les oeuvres littéraires qui l'ont nourrie mais aussi les découvertes dont sa pratique personnelle de l'écriture est le constant laboratoire. Synthèse d'un parcours placé sous le signe de la rigueur intellectuelle et d'une réquisition, parfois douloureuse, de l'opaque mémoire affective individuelle, La Femme qui tremble s'affirme comme une approche aussi ambitieuse qu'inédite de l'histoire des pathologies mentales, aborde sans détour les rapports de la maladie avec le geste créateur, et délivre une parole d'humilité solidaire de la souffrance de "l'autre". "

Pour un public motivé, certainement, mais un ouvrage passionnant !
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Siri Hustvedt est très documentée sur tout ce qui concerne le cerveau, les cerveaux, l'esprit, le "moi", les maladies neurales, la neuropsychiatrie, la mémoire, la conscience, que de sujets fascinants ! Pour moi, en tout cas, j'ai dévoré cet essai avec une immense curiosité. Je suis également admirative de son courage, pour accepter ce qu'elle vit, ses tremblements, pour passer outre et continuer à donner des conférences, ainsi que pour sa curiosité intellectuelle et humaine.

J'allais oublier de vous poster un extrait :
"C'est par la lecture que nous nous rapprochons le plus de cette pénétration de l'esprit d'un autre. La lecture est l'arène mentale où des styles de pensées différents, tels le dur et le tendre, et les idées qu'ils engendrent deviennent le plus apparents. Nous avons accès au narrateur interne d'un inconnu. Lire, après tout, est une façon de vivre à l'intérieur des mots d'autrui. Sa voix devient, le temps de la lecture, mon narrateur ou ma narratrice. Je conserve, bien entendu, mes facultés critiques personnelles, et je m'interromps pour me dire : "Oui, il a raison sur ce point" ou "Non, il oublie complètement celui-là" ou encore "Ca, c'est un cliché", mais plus la voix sur la page est convaincante, plus je perds la mienne. Je suis séduite et m'abandonne aux mots de l'autre."